Siège de Sébastopol (1854-1855)

Le siège de Sébastopol est l'épisode principal de la guerre de Crimée. Pénible et meurtrier, il dura onze mois, du au . Le choléra, le scorbut et d’autres maladies firent de nombreux morts. Dans ses Récits de Sébastopol, Léon Tolstoï détailla le siège avec un style mêlant le reportage et la fiction.

Siège de Sébastopol (1854 – 1855)
Franz Roubaud, Siège de Sébastopol (1904, détail), Sébastopol, musée du Panorama de Sébastopol.
Informations générales
Date
Lieu Sébastopol, Crimée
Issue Victoire franco-britanno-ottomane
Belligérants
Empire ottoman
 Empire français
Empire britannique
Royaume de Sardaigne
Empire russe
Commandants
François Canrobert
Aimable Pélissier
Michel Bizot
FitzRoy Somerset
Omer Pacha
Vladimir Kornilov
Pavel Nakhimov
Édouard Totleben
Forces en présence
75 000 hommes[1]
140 000 à la fin du siège[2]
15 000 Piémontais[2]
40 000 soldats[2]
20 000 marins[2]
Pertes
~15 000 morts et blessés29 800 morts et blessés

Guerre de Crimée

Batailles

Chronologie de la guerre de Crimée

Coordonnées 44° 37′ nord, 33° 31′ est
Géolocalisation sur la carte : Crimée

Pour les articles homonymes, voir siège de Sébastopol.

Préparatifs

En , les troupes alliées (britanniques, françaises et sardes) atteignirent la Crimée et commencèrent le siège de Sébastopol, port d'attache de la Marine impériale russe sur la mer Noire dont la flotte menaçait la Méditerranée, mais avant que la ville ne fût encerclée, l'armée impériale russe parvint à s'en échapper.

Au début du mois d'octobre, les troupes du génie françaises et britanniques utilisèrent deux bases : les Français principalement le port fortifié de la baie de Kamiech et les Britanniques la base de Balaklava où ils font construire une ligne de chemin de fer. Ensuite, la construction d'une ligne de siège commença autour des hauteurs de Cherson au sud de Sébastopol. Les troupes creusèrent des abris, des tranchées et installèrent leurs canons.

Baie et ville de Kamiech ; en vert sur le plan du génie français publié par Niel à gauche et le port de Balaklava à droite.

L'armée russe et son commandant le prince Alexandre Menchikov partis, la défense de Sébastopol avait été confiée aux vice-amiraux Vladimir Alexeïevitch Kornilov et Pavel Nakhimov, assistés par l'ingénieur en chef de Menchikov, le lieutenant-colonel Édouard Totleben. Les forces militaires disponibles pour défendre la ville étaient de 4 500 miliciens, 2 700 artilleurs, 4 400 marins, 18 500 hommes d'équipage et 5 000 ouvriers, soit un total d'environ 35 000 hommes.

Pour protéger le port, les Russes commencèrent par saborder leurs navires dont ils utilisèrent les canons comme artillerie et les équipages comme soldats. Ces navires coulés volontairement, en 1855 comprenaient le Grand-Duc Constantin, le Ville de Paris (de chacun 120 canons), le Brave, l'Impératrice Maria, le Chesme, le Yagondeid (84 canons), le Kavarna (60 canons), le Konlephy (54 canons), la frégate à vapeur Vladimir, les bateaux à vapeur Thunderer, Bessarabia, Danube, Odessa, Elbrose et Krein.

À la mi-, les Alliés avaient 120 canons prêts à tirer sur Sébastopol ; les Russes en avaient environ trois fois plus pour riposter et se défendre des attaques de l'infanterie.

Le siège

La bataille débute le . L'artillerie russe détruit un dépôt de munitions des Français, réduisant les canons de ceux-ci au silence. Les tirs britanniques sur le dépôt russe dans la redoute de Malakoff tuent l'amiral Kornilov, privent les canons russes de munitions et ouvrent une brèche dans les défenses de la ville. Cependant, Français et Britanniques ne lancent pas leur infanterie à l'assaut de la ville et une issue rapide fut probablement manquée.

Au même moment, les navires alliés pilonnent les défenses russes, avec des résultats décevants, les navires se voyant infliger plus de dégâts qu'il n'en causent aux Russes. Les bombardements continuent les jours suivants mais les Russes parviennent à réparer les dégâts causés en travaillant la nuit. La même situation va se répéter tout au long du siège.

D'octobre à , les batailles de Balaklava et d'Inkerman ont lieu de l'autre côté de la ligne de siège. Après Inkerman, les Russes comprennent que le siège de Sébastapol ne sera pas levé grâce à une bataille traditionnelle. Ils transfèrent donc leurs troupes petit à petit dans la ville pour aider les défenseurs. Vers la fin novembre, le temps se dégrade et l'hiver dévaste les campements alliés et leurs réserves de nourriture. Les hommes et les chevaux tombent malades et souffrent de la faim dans ces conditions difficiles.

Alors que Totleben fait étendre les fortifications autour du Grand Redan, l'ingénieur en chef britannique John Burgoyne cherche une solution pour prendre Malakoff, action qu'il juge indispensable pour s'emparer ensuite de Sébastopol. Des travaux sont entrepris pour rapprocher les Alliés de Malakoff. En réponse, Totleben fait creuser des fossés d'où les Russes peuvent tirer sur leurs assiégeants. Ces fossés deviennent alors l'objectif premier des Alliés.

Une fois l'hiver passé, les Alliés peuvent rétablir leurs routes d'approvisionnement. Une voie ferrée est utilisée pour amener des vivres de Balaklava jusqu'au front, livrant plus de 500 canons et des munitions. À partir du (le dimanche de Pâques[Lequel ?][3]), les Alliés reprennent le bombardement des défenses russes. Le , le général Michel Bizot, qui commandait le Génie, est touché par une balle russe et meurt quelques jours plus tard (le ). Le , l'amiral Nakhimov meurt d'une blessure à la tête infligée par un tireur d'élite allié. Le , les Français parviennent à s'emparer de la position fortifiée de Malakoff grâce à un assaut parfaitement coordonné. La forteresse devient alors intenable et les Russes l'évacuent après avoir détruit ses fortifications. Trois jours plus tard, la ville de Sébastopol finit par se rendre.

Bien que Sébastopol se soit défendue héroïquement et que son attaque ait coûté la vie à de nombreux Alliés, sa chute marque le début de la défaite russe lors de la guerre de Crimée.

Franz Roubaud, Siège de Sébastopol (1904), Sébastopol, musée du Panorama de Sébastopol.

Batailles pendant le siège

Batailles visant à briser le siège

Décoration

  • « Sébastopol 1854-55 » est inscrit sur le drapeau des régiments cités lors de cette bataille.

Anecdotes

La cloche de l'église Notre-Dame-du-Travail de Paris est une prise de guerre provenant de Sébastopol[4].

La statue de Notre-Dame de France qui surplombe la ville du Puy-en-Velay a été construite avec la fonte issue des canons russes de la prise de Sébastopol.

Au jardin des Tuileries subsiste une partie du « butin de Sébastopol ». Une statue représentant une sphinge, rapportée de Sébastopol, orne l'entrée de la terrasse du Bord-de-l'Eau. En réalité, le « butin de Sébastopol » comportait des sphinges jumelles ainsi que des reliefs. Ils ont été triomphalement exposés dans le jardin après la guerre de Crimée. Puis les deux sphinges ont été installées de part et d'autre de l'entrée du jardin, entre la terrasse et le pavillon de Flore du palais des Tuileries. Lors de la création du souterrain Lemonnier, la sphinge de droite a été retirée. Elle est aujourd'hui dans les réserves du musée du Louvre. Sa réinstallation est en projet[réf. nécessaire].

Mortier Sébastopol à Addis-Abeba en Éthiopie.

Téwodros II, roi des rois d'Éthiopie, a nommé un des mortiers Sébastopol, en référence au siège de Sébastopol. Ce mortier est exposé sur la place Téwodros, avenue Churchill à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

La citation J'y suis, j'y reste est une citation prêtée au général français Mac Mahon[5] après la prise de la redoute de Malakoff lors du siège de Sébastopol.

Notes et références

  1. Jean-Paul Bled, « Il y a 160 ans, le siège de Sébastopol », Le Figaro, (lire en ligne)
  2. Unger 2018.
  3. romain ou orthodoxe ?
  4. Visite de l'église de Notre-Dame-du-Travail sur le blog pietondeparis.canalblog.com (20 mai 2009).
  5. François Semur, « "J'y suis, j'y reste" », Historia, no 9 Spécial, , p. 49 à 51.

Voir aussi

Bibliographie

  • Gérard Unger, Histoire du Second Empire, Perrin, , 512 p. (ISBN 978-2-262-07641-2, lire en ligne). .

Articles connexes

Liens externes

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