Balthus

Balthus, pseudonyme de Balthasar Kłossowski, parfois dit Kłossowski de Rola[1], né le à Paris[2], mort le à Rossinière (Suisse), est un peintre figuratif français d'origine prussienne[3], devenue polonaise.

Il est le frère de l'écrivain et dessinateur Pierre Klossowski. Leur mère Elisabeth Spiro est peintre, comme leurs oncles le peintre allemand ashkénaze Eugene Spiro et le peintre autrichien Emil Trebicky.

Pour le poète Antonin Artaud,

« [la peinture dramatique de Balthus] ramène au jour quelque chose d'une époque électrique de l'histoire, un de ses points où le drame se joue[4]. »

Biographie

« La meilleure façon de commencer est de dire, Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures », telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui en 1968, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques[5].

Le Roi des chats  titre d’un de ses autoportraits peint à 27 ans  a en effet toujours souhaité s’entourer d’une aura de mystère, ce qui a sans aucun doute contribué à occulter sa personnalité et son œuvre aux yeux du grand public.

Dans ce tableau, le peintre, en pied et le corps déformé, peint sur un fond ocre jaune. À sa gauche un chat se frotte à ses jambes trop longues, alors que sur un tabouret à sa droite repose un fouet sous lequel est écrit en anglais « The portrait of H.M, the King of Cats painted by Himself, MCMXXXV[6] ». « Son autoportrait est à la fois ironique, teinté de comique, d’emphase mélodramatique et de solennité » et décrit l’art de Balthus comme « celui qui laisse ses sujets en paix mais qui veut inquiéter le spectateur[7] », par une étrangeté explorant rêveries et pulsions secrètes plus ésotériques qu’érotiques.

Une enfance artistique

Portrait de Louise Vernet avec son chat (1808) par Théodore Géricault.
Un des portraits d'enfants dont l'œuvre de Balthus semble procéder.

Rare et discret, il l'est dès sa naissance, un 29 février ; un anniversaire qui fait aussi partie de la « légende Balthus » et que son « grand ami » Rainer Maria Rilke (amant de sa mère, Baladine) ne manquait jamais de souhaiter avec une lettre.

Prussiens, d'ascendance protestante et polonaise pour son père, Erich Klossowski, historien d’art, peintre et décorateur de théâtre, et ashkénaze [8]et russe par sa mère Baladine Klossowska, peintre également et élève de Pierre Bonnard, ses parents se sont mariés à Londres en 1908 pour vivre leur amour. Balthus naît à Paris, mais sa famille, du fait de ses origines allemandes, se réfugie en Suisse lors de la Première Guerre mondiale, puis ils sont hébergés à Berlin par Eugene Spiro et Emil Trebicky [9]. Ses parents se séparent peu après et il passe son enfance avec son frère Pierre dans la région de Genève, près de leur mère et bientôt de Rilke, tout en effectuant de longs séjours chez leur père à Munich ou à Berlin chez leurs oncles.

Baladine rencontre le poète Rilke en 1919 : le jeune Balthasar Klossowski a 11 ans. Installés à Conches, près de Genève, Balthus suit les cours de la sculptrice Magrite Bay et de son amie la graveuse sur bois Dora Timm et ce régulièrement jusqu'en 1923[10]. En 1921, le garçon publie son premier livre de dessins, Mitsou, avec une préface de Rilke, lorsqu'il a quatorze ans. Il signe le recueil du surnom de « Baltusz » qu'on lui donnait à l'époque et qu'il transformera en « Baltus », puis en « Balthus » par la suite. En 1922, il échoue à entrer à l'école des Beaux-Arts de Berlin.

Durant son adolescence, il rencontre les nombreuses relations de sa mère et de Rilke qui viennent lui rendre visite : André Gide, Maurice Denis, Pierre Bonnard, Albert Marquet,Julius Meier-Graefe ou Wilhelm Uhde. Il pose avec son frère à de nombreuses reprises pour son oncle Eugene Spiro, et à travers lui connaît aussi bien la Sécession de Munich que viennoise ou berlinoise.

Premières expositions

Piero della Francesca, détail du Rêve de Constantin (fresque) Arezzo.
Balthus est profondément marqué par la géométrisation des corps que met en pratique Piero della Francesca.

Balthus part pour Paris avec sa mère Baladine et son frère Pierre en 1924. Ils s'installent rue Malebranche. Là ils reçoivent la visite de Klaus Mann, Pierre-Jean Jouve, Jean Cassou ou Pierre Leyris. Il y suit l'enseignement de Pierre Bonnard. Il peint ses premiers tableaux, et copie le tableau Narcisse et Écho de Nicolas Poussin au musée du Louvre suivant les conseils de Maurice Denis[11].

En 1925, Rilke lui dédie le poème Narcisse. En 1926, il va en Italie étudier les peintres de la Renaissance, en particulier les fresques de La Légende de la Vraie Croix de Piero della Francesca à Arezzo, ainsi que celles de Masaccio à Florence qui ont une influence déterminante sur son style. Il écrit dans ses mémoires :

« De Piero della Francesca, j'ai tant appris : sa manière d'occuper l'espace dans ses tableaux, de le diviser, de loger des diagonales qui donne l'ordre à l'ensemble[12]. »

En 1929, il expose pour la première fois à Zurich, sans grand succès. En 1932, il revient à Paris. Il illustre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, dont la thématique plastique deviendra centrale dans le reste de son œuvre, en particulier dans les tableaux La Chambre, Les Enfants, Les Poissons rouges[13] et rencontre Antonin Artaud, qui voit en Balthus son double[14]. Balthus devient le scénographe, décor et costumes des Cenci, pièce d'Antonin Artaud[15] dont le thème central est la souffrance injuste des enfants, la culpabilité du père destructeur et l'inceste[16].

Balthus s'installe dans un premier temps au 4 de la rue de Furstemberg dans le quartier Saint-Germain-des-Prés puis, non loin de là, à partir de 1936, cour de Rohan (quartier de la Monnaie) où il résidera plusieurs années. En 1933, il rencontre Derain et Giacometti qu'il revoit à Berne.

Il entre en contact avec le mouvement surréaliste par l'intermédiaire de Pierre Loeb, et participe à la revue Minotaure, mais il ne se sent guère de point commun avec la mouvance d'André Breton : Balthus récuse la notion d'inconscient freudien. Il expose à la galerie Pierre Loeb en 1934 une série de tableaux mettant en avant des jeunes filles à la pose équivoque, thème qui crée le scandale et qui fera sa célébrité ultérieurement. Mais l'exposition est un échec, aucun tableau n'est vendu[17]. Il réalise alors son autoportrait en « roi des chats » en 1935, dont le titre fait directement allusion à Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. La thématique des contes pour enfants, terribles et terrorisants, apparaît par des citations plus ou moins directes, en particulier Struwwelpeter, « Pierre l'ébouriffé » en français que sa mère Baladine lui avait offert. Balthus affirme qu'il peint comme il avait vu les contes dans son enfance[13]. En 1936, il expose à Londres la série Les Hauts de Hurlevent. Il entame des séries de portraits, qu'il appelle ses « monstres », dont celui de Derain, puis de Miró avec sa fille Dolores (1937), aujourd'hui tous deux au Moma de New York. Il peint alors les portraits de Lady Abdy, Thérèse, Marie-Laure de Noailles, Lady Schuster, la baronne Alain de Rothschild

Il se marie en 1937 avec Antoinette de Watteville (1912-1997) à Berne, ils partent en voyage de noces avec Isabel Rawsthorne (1912-1992[11]). Cette dernière lui sert de modèle dans plusieurs toiles, dont La Toilette[18] et Jeune fille en costume d'amazone[19].

En 1938 se tient sa première exposition à New York avec la galerie Pierre Matisse. La même année, il peint Thérèse rêvant[20] qui présente une jeune femme, dont on ne sait si elle est adulte ou enfant, assoupie posant un pied sur un tabouret alors qu'un chat au premier plan lape une assiette de lait, faisant de la jeune fille l'emblème du peintre :

« Les petites filles de Balthus sont aujourd'hui un lieu commun au même titre que les gares de Delvaux, la pipe de Magritte ou les ready-made de Duchamp[21]. »

La Seconde Guerre mondiale et les années 1950

Gustave Courbet, Portrait de Juliette Courbet (1844), une des œuvres de Courbet admirée et citée par Balthus.

Balthus est mobilisé en Alsace au début de la Seconde Guerre mondiale mais est rapidement démobilisé pour des raisons mystérieuses. Il s'installe alors à Champrovent en Savoie, puis à Fribourg en Suisse, où naissent deux de ses fils, Thadeus et Stanislas, et à Cologny près de Genève à partir de 1942. Il expose à la galerie Moos de Genève en 1943. Il rencontre l'éditeur Albert Skira et André Malraux en 1945. Cette même année, il se sépare de sa femme et retourne à Paris. Il y achève Les Beaux Jours[22] en 1946.

Il y réalise les décors et les costumes d'une pièce d'Albert Camus, L'État de siège, et peint La Chambre[22] en 1947-1948). En 1950, il effectue les décors de l'opéra Così fan tutte de Mozart au festival d'Aix-en-Provence. À cette époque, il lie une relation discrète avec la fille de Georges Bataille, Laurence[23] (1930-1986) qui vit alors avec sa mère Sylvia Bataille et Jacques Lacan. En 1952, la Lefèvre Gallery lui consacre sa première exposition londonienne[17].

En 1953, Balthus quitte Paris pour le château de Chassy[24], à Montreuillon, Nièvre, dans le Morvan, en Bourgogne, où il reste jusqu'en 1961, après l'avoir loué puis acheté[25], et où il s'installe avec sa nièce par alliance Frédérique Tison. Il y achève La Chambre et Le Passage du Commerce-Saint-André[26]. Il y peint plusieurs paysages, vus de ses fenêtres, dont les deux Jeune fille à la fenêtre, de 1955 et 1957, deux portraits de Colette, la fille des métayers de Chassy. Il se crée un personnage de dandy et d’aristocrate « féodal », alors que son appartenance à la noblesse est non établie et fantasmée[27], et que sa mère est issue d'une famille juive pratiquante[28].

En 1956, Balthus est exposé au MoMA de New York. En novembre à Chassy, il reçoit la visite d’Alberto et Annette Giacometti et du galeriste Pierre Matisse. Il peint Grand paysage à l'arbre[29].

Directeur de la Villa Médicis à Rome

Le Carré des Niobides imaginé par Balthus à la Villa Médicis.
La façade de la Villa Médicis, côté jardins.
L'obélisque de la villa Médicis copie moderne de l'original aujourd'hui à Florence.

En 1961, Balthus est nommé directeur de l'Académie de France à Rome, à la villa Médicis, par André Malraux. Il reste 16 ans en poste marquant profondément l'institution. Setsuko Ideta (en) (née en 1943), jeune étudiante japonaise francophone et peintre qu'il a rencontrée à Tokyo en 1962 et dont il est amoureux, l'y rejoint. Elle lui sert de modèle dans plusieurs tableaux dont La Chambre turque[30]. Il l'épouse en 1967 au cours d'un voyage au Japon[31].

Lors de son séjour romain, à son initiative[32], Balthus rénove la villa Médicis, ses ateliers et les jardins[33] en leur redonnant l'esprit qu'ils avaient au XVIe siècle[34]. Son élève et pensionnaire, le sculpteur Michel Bourbon (1937-2014) réalise la copie de l'obélisque Médicis en poudre de marbre et résine synthétique, placé au centre du jardin de la villa à l'endroit où était au XVe siècle l'original aujourd'hui à Florence dans le jardin de Boboli. Ils réalisent ensemble, avec la même technique, le Carré des Niobides ou Jardin des Dioscures, installation de copies de statues antiques et académiques présentées avec humour[35].

Balthus intègre le décor de Horace Vernet qu'il a fait restaurer à la villa Médicis dans sa toile La Chambre turque. Son successeur, l'historien d'art Jean Leymarie, qui professe son admiration pour le peintre, respectait cette ré-invention et l'empreinte du Maître dans la Villa[36]. Sous le règne du « prince de la villa Médicis », l'institution est un des hauts lieux de l'influence française dans la vie culturelle et mondaine de Rome. Les relations avec les pensionnaires ne sont pas toujours aisées comme en témoignera Hervé Guibert dans son récit L'Homme au chapeau rouge.

Vue depuis le château de Balthus à Viterbe.

En 1970 Balthus acquiert le Castello di Montecalvello, près de Viterbe, au nord de Rome qu'il entreprend de faire restaurer.

En 1968 naît son fils Fumio, qui meurt deux ans plus tard ; sa fille Harumi naît en 1973.

Le Grand Chalet de Rossinière

En 1977, à la fin de son mandat romain, le peintre prend le thé au Grand Chalet de Rossinière, en Suisse, il s'en éprend et l'achète. Il y vivra jusqu'à sa mort avec son épouse et leur fille, Harumi. Travailleur infatigable, selon son fils Stanislas :

« Il se lève très tôt. Son atelier est orienté pour recevoir la lumière du nord. Il travaille toute la journée et ne déjeune pas. Quand la lumière baisse, comme il ne travaille jamais à la lumière artificielle, il rentre, mange un sandwich et se repose[21]. »

Ses toiles sont présentées dans de nombreuses expositions de par le monde et il est encensé par la presse et les critiques. Il apparaît, dans les interviews filmés et les reportages, vêtu d'un costume traditionnel japonais comme sa femme et sa fille, qui donne de lui une image ascétique.

En 1983 ont lieu plusieurs rétrospectives à Paris (Centre Pompidou), New York, Kyoto.

En 1991, Balthus reçoit le Praemium Imperiale japonais pour l’ensemble de son œuvre.

De 1994 à 1996, il a comme secrétaire l'écrivaine d'origine chinoise Shan Sa[37] qui participe à l’organisation de ses expositions à Taiwan, Hong Kong et Pékin.

Le , il meurt au grand Chalet de Rossinière.

Sa dernière toile s'intitule Le Peintre et son modèle.

Sa veuve, Setsuko Klossowska de Rola, gère la Fondation Balthus depuis 1998.

Famille

L'œuvre

Balthus photographié par Oliver Mark, Rossinière 2000.
L'atelier de Balthus, cour de Rohan à Paris.

L'œuvre peint de Balthus, figuratif, est relativement peu abondant et se répartit en deux grands thèmes : des paysages (dont le fameux paysage dit de « Larchant 1939 ») qui sont « inertes et calmes » suivant le mot d'Antonin Artaud[4] , des portraits et quelques scènes de genre (La Rue[39] où figure une citation directe de Picasso) ; peintures qui puent « la mort, la peste et les épidémies »[4].

Dans une première partie de sa carrière, jusqu'aux années 1950, son œuvre est profondément marqué par Courbet[40] et Géricault, avec une texture ample et des couleurs sombres, puis, dans une seconde partie, son œuvre est marqué par des textures plâtreuses avec de nombreuses citations de la Renaissance et de Piero della Francesca en particulier.

L'artiste a réalisé durant sa vie trois cents peintures environ, dont beaucoup ne sont pas datées[41].

Déclarant ne pas aimer les artistes, il se veut le continuateur de « ses véritables contemporains » que sont les peintres de la Renaissance, Pisanello, Masaccio et Piero della Francesca[21]. Parlant de son projet pictural, il écrit dans une lettre à sa première femme :

« Je veux y mettre beaucoup, beaucoup de choses, de la tendresse, de la nostalgie enfantine, du rêve, de l’amour, de la mort, de la cruauté, du crime, de la violence, des cris de haine, des rugissements et des larmes ! Tout cela, tout ce qui est caché au fond de nous-mêmes, une image de tous les éléments essentiels de l’être humain dépouillé de sa croûte épaisse de lâche hypocrisie ![42] »

Artiste méticuleux  certains tableaux nécessitant plusieurs années pour être achevés et après de nombreuses études préparatoires , Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence[43] :

« Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente, non. Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu. »

Peintures

  • 1933 : La Rue
  • 1933 : La Toilette de Cathy
  • 1933 : Alice dans le miroir
  • 1933 : La Caserne
  • 1933 : La Fenêtre Le modèle est la jeune Elsa Henriquez.
  • 1934 : La Leçon de guitare (collection privée[42]) L'œuvre « met en scène une jeune fille renversée sur les genoux d’une femme, le sein droit sorti de sa chemise. Une main tire les cheveux de l’enfant, l’autre lui écarte les jambes[44]. » Sans doute son œuvre la plus célèbre, elle provoqua d'intenses controverses.
    À quoi Balthus répondit dans une lettre adressée à Antoinette de Watteville dans les années 1930 : « C’est une scène érotique. Mais comprends bien, cela n’a rien de rigolo, rien de ces petites infamies usuelles que l’on montre clandestinement en se poussant du coude.
    Ce tableau représente une leçon de guitare, une jeune femme a donné une leçon de guitare à une petite fille, après quoi elle continue à jouer de la guitare sur la petite fille. Après avoir fait vibrer les cordes de l’instrument, elle fait vibrer un corps[44]. »
  • 1935 : Le Roi des chats
  • 1938 : Thérèse rêvant[44]
  • 1941-1943 : Paysage de Champrovent
  • 1944-1946 : Les Beaux Jours[45], Hirshhorn Museum and Sculpture Garden (Washington)
  • 1974 : Katia lisant
  • Le Peintre et son modèle (Centre Pompidou, Paris) La texture de la toile comme souvent chez Balthus est lourde, empâtée de chaux et évoque ou imite les fresques murales de la Renaissance italienne. La toile présente un homme de dos à contre-jour ouvrant un rideau à droite, au premier plan une adolescente[46] lit, agenouillée et appuyée sur une chaise basse avec, derrière elle, une table qui porte une corbeille de pomme. La pièce rappelle les ateliers de la Villa Médicis, pourtant le tableau est peint à Rossinière, en Suisse.
    Pour Jean Leymarie, c'est le mur nu souvenir italien, « d’une substance admirablement vivante, vibrante » qui forme le sujet principal du tableau ; ainsi « une mélancolie certaine se dégage de ce théâtre immobile, sur fond de couleurs délicatement usées, mettant en scène l’étrange relation entre un peintre sans pinceau et sans chevalet, tourné vers l’extérieur, et un modèle dont le statut est tout aussi incertain[47]. »

Expositions

Écrits, correspondance, entretiens

  • 1921 : Mitsou, préface de Rainer Maria Rilke, Zurich, Rotapfel-Verlag[49] ; réédition en fac-similé de l'édition originale, Paris, Librairie Séguier, 1988 ; réédition reliée accompagnée d'un CD, Paris, Les Belles Lettres-Archimbaud, coll. « Romans, Essais, Poésie, Documents », 2010, 94 p. (ISBN 978-2251443980)
  • 1998 : Balthus, les dessins. Réflexions sur le dessin, accompagné de « Balthus et la couleur des lignes » de Jean-Pierre Faye, Paris, Adam Biro, Archimbaud (ISBN 2-87660-231-8)
  • 2001 : Balthus à contre-courant, entretiens avec Costanzo Costantini, trad. de l'italien par Nathalie Castagné, postface par Jan Michalski, Montricher (Suisse) - Paris, éd. Noir sur Blanc (ISBN 2-88250-105-6)
  • 2001 : Balthus, Correspondance amoureuse avec Antoinette de Watteville, Paris, Buchet/Chastel, coll. « Littérature française », 498 p. (ISBN 978-2283018606)
  • 2016 : Mémoires de Balthus, textes rassemblés par Alain Vircondelet, Monaco-Paris, Le Rocher, 296 p. (ISBN 978-2268040363)
  • 2017 : Balthus, entretiens avec Sadruddin Aga Khan, Yehudi Menuhin, Théodore Monod, Paris, Riveneuve éditions, Archimbaud éditeur (ISBN 978-2-36013-448-9)

Références à Balthus dans des œuvres artistiques

Au cinéma

Dans le film de François Truffaut Domicile conjugal (1970 ; scène reprise in extenso dans L'Amour en fuite, 1979), les deux personnages principaux, Antoine Doinel (interprété par Jean-Pierre Léaud) et sa femme Christine (Claude Jade), se sont disputés et vivent séparément. À un moment donné, Christine décroche du mur un petit dessin d'environ 25 × 25 cm et le tend à son mari qui est venu voir leur enfant, Alphonse :

« Christine : – Tiens, prends le petit Balthus.
Antoine : – Ah, le petit Balthus, je te l'ai offert, il est à toi, garde-le. »

Ce dessin présente au premier plan un personnage sombre (peut-être de dos), dans une allée avec des arbres sur la gauche. Il ne ressemble à rien de ce que Balthus aurait dessiné et ne figure pas dans le catalogue raisonné, mais les recherches continuent pour l'identifier[réf. nécessaire].

Dans Péril en la demeure de Michel Deville, les allusions à Balthus font partie de la trame même du film. Celui-ci baigne dans un érotisme cérébral directement inspiré de l'œuvre du peintre, la reproduction d'un tableau de Balthus, représentant une demeure, y est aperçue à plusieurs moments-clés de l'intrigue, dont le personnage principal donne des leçons de guitare à une adolescente aguicheuse, qu'il rejoindra dans la scène finale.

En littérature

  • Dans ses Messages révolutionnaires (publié en 1979, rédigé en 1936), Antonin Artaud consacre un article à « La jeune peinture française et la tradition ». Il y est principalement question de Balthus, dont il est fait l'éloge, présenté comme « ascète », « surnaturel » (c'est-à-dire plus-que-surréaliste), et comme l'un des rares représentants d'une peinture de la « révélation », opposée à une tradition de la renaissance dite de « représentation ».
  • Dans le roman L'Incognito (1989) d'Hervé Guibert, Balthus apparaît sous le nom de Doria. Cette autofiction se déroule à l'« Académie espagnole » pour transposer l'Académie de France à Rome dont Balthus fut le directeur de 1961 à 1977. Il est notamment question d'une photographie volée[50].
  • Dans le roman Hannibal (1999), de Thomas Harris, il est fictionnellement affirmé que Balthus est le cousin du Dr Hannibal Lecter : « son cousin qui vivait en France, le célèbre peintre Balthus » (chapitre 54).

Notes et références

  1. Le titre de comte Kłossowski de Rola, quelquefois ajouté à son nom, est sans fondement. Cfr. Nicolas Weber, « Le Corbusier, un personnage complexe qui prête à la polémique », sur Le Monde, .
  2. Selon la transcription dans l'acte no 397, dans l'état-civil de la ville de Paris 6e arrondissement, naissance de 1909.
  3. Son grand-père Victor Kłossowski, catholique, s'est converti au protestantisme et naturalisé prussien, sa grand-mère Doerk de Freval est prussienne de Breslau, in Biographie.
  4. In Antonin Artaud, Je ne sais pas pourquoi la peinture de Balthus… (1936), éditions Gallimard, Paris, 2006 ; lire en ligne.
  5. C'est ainsi que débute l'introduction de John Russell à son catalogue.
  6. « Le portrait de H.M, le roi des Chats peint par lui-même. 1935 ».
  7. In Judicaël Lavrador, « Hors des sentiers Balthus, à Bâle », Libération, le 17 décembre 2018.
  8. Elisabeth Dorothea Spiro est la cadette des neuf enfants du hazzan lituanien et compositeur Abraham Baer Spiro (1833-1903) et de Fanny Form (1837-1901) originaire de Minsk.
  9. in Biographie.
  10. in Sabine Rewald,Balthus Cats and Girls,Metropolitan Museum of Art New York, New York, 2013, p146.
  11. In « Derain, Balthus, Giacometti. Une amitié artistique », musée d'Art moderne de la ville de Paris, du 2 juin au 29 octobre 2017, chronologie, p. 5.
  12. Alain Vircondelet, Mémoires de Balthus, chap. 43, éditions du Rocher, 2016.
  13. Alain Vircondelet, op. cit., p. 83.
  14. In Jean Clair, Balthus 100e anniversaire, Fondation Pierre Gianadda, 2008, 271 p.
  15. In Evelyn Grossman, La Défiguration : Artaud - Beckett - Michaux, éditions de Minuit, 2014.
  16. In Juan Carlos Sánchez León, L'Antiquité grecque dans l'œuvre d'Antonin Artaud, Presses universitaires de Franche-Comté, 2007, p. 59.
  17. Voir biographie de Balthus.
  18. 1933, Centre Pompidou, Paris.
  19. 1932, collection Stanislas Klossowski.
  20. Met, New York.
  21. In Hervé Gauville, « Balthus, un grand classique », Libération, 19 février 2001.
  22. Washington, Smithsonian Institute.
  23. Laurence Bataille fut actrice et psychanalyste, Balthus a peint plusieurs portraits d'elle.
  24. Il semblerait qu'il y a deux châteaux de Chassy, l'un à Chassy, l'autre à Montreuillon, et les deux communes revendiquent d'y avoir vu passer Balthus…
  25. Le château de Chassy dans WP ne semble pas avoir Balthus comme propriétaire (en tout cas, non mentionné).
  26. 1952-1954, collection particulière.
  27. A. Yacob, « Balthus, un exil volontaire au château de Chassy », Dossier de l'art, no 153, p. 50-57.
  28. In biographie.
  29. Centre Pompidou.
  30. 1963-1966, Paris, Centre Georges-Pompidou.
  31. Le mariage est célébré à Tokyo le 3 octobre 1967.
  32. « Balthus découvre une villa quasi abandonnée. Décorée et meublée comme une préfecture de la IIIe République, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. "Elle avait été très négligée pendant de longues années, dira-t-il, et lorsque je suis arrivé les murs étaient enduits de plusieurs couches d’une peinture hideuse." Son souhait est de restituer à l’édifice et à son jardin leur état d’origine, de renouer le dialogue avec Rome et de moderniser l’institution. Le nouveau directeur fait exécuter des copies des statues qui étaient en place avant 1770, met au jour les frises peintes pour le cardinal Ricci, redonne vie à la “chambre turque” d’Horace Vernet. Il fait aménager une galerie d’exposition avec sept grandes salles au rez-de-chaussée et dote la villa d’infrastructures contemporaines. "Rendre tout son lustre à la villa Médicis fut pour moi une véritable obsession. C’était une affaire qui avait quelque chose à voir avec la vie spirituelle, une manière de conserver la vie", avouera-t-il. »

     in Vincent Freylin, Valeurs actuelles, « Villa Médicis, la France à Rome », le 14 juin 2012.

  33. Voir le site de la villa Médicis.
  34. Michel Conil-Lacoste, « Le peintre Balthus veut rendre la villa Médicis à sa pleine vocation culturelle par un rapprochement des disciplines », Le Monde, 17 février 1961.
  35. Voir sur la-croix.com.
  36. « Au-delà du tableau, la réouverture de la Chambre turque, restaurée avec le concours de la Fondation du patrimoine et la Fondation Total, est un hommage au long règne de Balthus, qui dirigea la Villa Médicis de 1961 à 1977. "Il a dépoussiéré l'institution en y introduisant le cinéma, la BD, une bibliothèque contemporaine et en y organisant d'importantes expositions (Poussin, Giacometti, Derain)", confie la commissaire de l'exposition, Cécile Debray. Pour Jean Clair, de l'Académie française, il faudrait restaurer la villa dans l'état exact où l'avait laissée Balthus. Car il l'a transformée en véritable œuvre d'art en jouant avec la peinture des murs et le mobilier. »

     in Les Échos, « Balthus et la réouverture de la chambre turque », le 13 novembre 2015.

  37. « Shan Sa - Biographie », sur shan-sa.com (consulté le ).
  38. In Keith Richards, Life, Paris, éditions Robert Laffont, 2010 (ISBN 978-2-2211-1251-9).
  39. 1933, MoMA, New York.
  40. Balthus a été président des « Amis de Courbet » de 1992 à 1998.
  41. Entretien avec Jean Clair, « L'exposition anniversaire à la Fondation Gianadda », Dossier de l'art, no 153, p. 2-16.
  42. « Balthus, peintre de la lenteur », France Culture, L'art est la matière par Jean de Loisy, le .
  43. Metin Arditti, Dictionnaire amoureux de la Suisse, Place des éditeurs, , 416 p. (ISBN 978-2-259-25329-1, lire en ligne).
  44. « Balthus aux enchères, une vente qui divise » par Valentin Etancelin, Le HuffPost du .
  45. Huile sur toile (148 × 199 cm).
  46. Il s'agit de Cybèle Bertoni, fille de Denyse Bertoni, journaliste et critique d'art ; à lire sur tate.org.uk.
  47. In Jean Leymarie, Balthus, Genève, Skira, 1982.
  48. Musée d'Art moderne de la ville de Paris.
  49. (notice BnF no FRBNF35284732).
  50. Cf. Jean-Pierre Boulé, Hervé Guibert. L'entreprise de l'écriture du moi, qui évoque également la photo Le comte et la comtesse Klossowski de Rola, 1988, reproduite dans Hervé Guibert. Photographies, Gallimard, 1993.

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