Jean Clair

Jean Clair, pseudonyme de Gérard Régnier, né le à Paris, est un conservateur général du patrimoine, écrivain, essayiste volontiers polémiste[1] et historien de l'art français.


Pour les articles homonymes, voir Clair et Régnier.

Ancien directeur du musée Picasso, il est membre de l'Académie française depuis mai 2008.

Biographie

D'un père agriculteur au passé socialiste et d'une mère fervente catholique, Jean Clair naît dans le 6e arrondissement de Paris. Adolescent, il pratique le scoutisme au sein des Scouts de France[2]. Il fait toutes ses études à Paris : élève aux lycées Jacques-Decour, dont il est renvoyé pour avoir vilipendé un professeur de français, et Carnot, il devient lauréat Zellidja, et entre ensuite en hypokhâgne au lycée Henri-IV, qu'il quitte en cours d'année[3]. Il prépare ensuite un doctorat ès lettres à la faculté des lettres et sciences humaines puis s'oriente vers la philosophie et l'histoire de l'art à la Sorbonne, où il est l'élève de l'historien de l'art André Chastel et du philosophe Jean Grenier[1], puis un doctorat de philosophie en art au Fogg Art Museum de l'université Harvard grâce à une bourse du financier Arthur Sachs[4] ; dans le cadre de ses études, il passe une année aux Pays-Bas et une autre en Belgique[3]. Lorsque éclate la guerre d'Algérie, il est un temps proche de l'Union des étudiants communistes[5].

Jean Clair s'introduit dans le monde littéraire et devient le chroniqueur d’art de La Nouvelle Revue française, dirigée notamment par Marcel Arland, Georges Lambrichs et Jacques Réda. Le choix du pseudonyme « Clair », en 1962, annonce sa carrière d'écrivain dans laquelle il publia un roman, Les Chemins détournés. Ce texte exprime une nostalgie de ses séjours d’enfance et d’adolescence dans les fermes et dans les campagnes que ses parents avaient quittées avec lui pour partir dans les villes.

Pour son premier poste, il est affecté au musée de l'Orangerie, mais trouve ce milieu « tellement poussiéreux, tellement bourgeois »[3]. Reçu au second concours de recrutement de conservateur des musées de France en 1966, il est conservateur assistant jusqu'en 1969, puis conservateur au musée national d'Art moderne durant dix ans, et du cabinet d'art graphique du Centre Pompidou entre 1980 et 1989. Nommé conservateur général du patrimoine en 1989, il dirige jusqu'en 2005 le musée Picasso de Paris[4]. Il a également été commissaire d'un grand nombre d'expositions nationales telles que « Duchamp » (1977), « Les réalismes » (1980), « Vienne » (1986), « Marcel Delmotte » (1987), « L'âme au corps » (1993), « Balthus », « Zoran Music » (1995), « Szafran », « Mélancolie » (2005), « Crime et châtiment » (2010) et a dirigé la Biennale de Venise du Centenaire. En 2018-2019, il est commissaire de l'exposition « Sigmund Freud. Du regard à l'écoute » au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme à Paris[6].

Rédacteur en chef des Chroniques de l'art vivant de 1970 à 1975, il est professeur d'histoire de l'art à l'École du Louvre entre 1977 et 1980, et fonde les Cahiers du musée national d'Art moderne qu'il dirige de 1978 à 1986[1]. Il prend régulièrement part aux débats qui entourent l'art contemporain et la diffusion de l'art[1].

Dans plusieurs ouvrages, il dénonce la tournure de l'art contemporain qui aurait rompu avec la tradition artistique européenne[7].

En , il intègre le comité éditorial du magazine L'Incorrect[8].

Œuvres

Romans et essais

  • Les Chemins détournés, Paris, Gallimard, 1962
  • Marcel Duchamp ou le Grand Fictif, Paris, Galilée, 1975
  • Delvaux : catalogue de l'œuvre peint, en collaboration avec Michel Butor et Suzanne Houbart-Wilkin, Bruxelles, Production de la Société nouvelle d'éditions internationales, 1975
  • Considérations sur l’état des Beaux Arts, Paris, Gallimard, 1983
  • Marcel Delmotte, œuvres de 1919 à 1950, édité par Galerie Isy Brachot, Bruxelles, 1987
  • Méduse. Contribution à une anthropologie des arts du visuel, Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l'inconscient », 1989
  • Le Voyageur égoïste, Paris, Plon, 1989
  • Le Nez de Giacometti, Paris, Gallimard, 1992
  • Les Métamorphoses d’Éros, Paris, Réunion des musées nationaux, 1996
  • Sam Szafran, Paris, Skira, 1996
  • Éloge du visible. Fondements imaginaires de la science, Paris, Gallimard, Collection « Connaissance de l'inconscient », 1996 (ISBN 2070746755)
  • La Responsabilité de l’artiste, Paris, Gallimard, coll. « Le débat », 1997
  • Balthus, Catalogue raisonné de l'œuvre complet, avec Virginie Monnier, Paris, Gallimard, 1999
  • La Barbarie ordinaire. Music à Dachau, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2001
  • Court traité des sensations, Paris, Gallimard, 2002
  • Du surréalisme considéré dans ses rapports au totalitarisme et aux tables tournantes, Paris, Mille et Une Nuits, 2003
  • La Grande Parade. Portrait de l'artiste en clown (dir.), Paris, coéd. Gallimard / Musée des beaux-arts du Canada, 2004
  • Journal atrabilaire, Paris, Gallimard, 2006
  • Malaise dans les musées, Paris, Flammarion, 2007, Prix du livre incorrect 2008 ; trad. en espagnol Malestar en los museos, Gijón, TREA, 2011 (ISBN 978-84-9704-607-7)
  • Lait noir de l’aube, Paris, Gallimard, 2007
  • Autoportrait au visage absent, Paris, Gallimard, 2008
  • La Tourterelle et le Chat-huant, Paris, Gallimard, 2009
  • Zoran Music : Apprendre à regarder la mort comme un soleil, avec Charles Juliet et Ida Barbarigo, Paris, Somogy, 2009
  • L’Hiver de la culture, Paris, Flammarion, 2011
  • Dialogue avec les morts, Paris, Gallimard, 2011
  • Hubris, Paris, Gallimard, 2012
  • Le Temps des avant-gardes : Chroniques d'art (1968-1978), Paris, La Différence, coll. « Essais », , 320 p. (ISBN 978-2-7291-1994-2, présentation en ligne)
  • Les Derniers Jours, Paris, Gallimard, 2013
  • Ricardo Cavallo. Systole et diastole, Les Cahiers dessinés, 2013.
  • La Part de l’ange. Journal 2012-2015, Paris, Gallimard, 2016

Poésie

  • Onze chansons puériles (Éditions l’Échoppe), dont « les sarbacanes » mélodie de Jean-Marc Boudet pour chant, hautbois et piano.

Citation

« J'appartiens à un peuple disparu. À ma naissance, il constituait encore 60 % de la population française. Aujourd'hui, il n'en fait même pas 2 %. Il faudra bien un jour reconnaître que l'événement majeur du XXe siècle n'aura pas été l'arrivée du prolétariat, mais la disparition de la paysannerie. »

 Les Derniers Jours (2013, p. 135).

Distinctions

Jean Clair est élu à l'Académie française au fauteuil de Bertrand Poirot-Delpech le au premier tour de scrutin par 16 voix contre 7 face à Pierre Bergé[9]. Il est reçu sous la Coupole le par Marc Fumaroli.

Il est membre de l'Académie du Morvan depuis 2010.

Prix

Décorations

Notes et références

  1. Éric Biétry-Rivierre, « Jean Clair, un “atrabilaire” sous la Coupole », Le Figaro, 23 mai 2008.
  2. « Réception de Jean Clair, de l'Académie française, sous la Coupole », sur www.canalacademie.com (consulté le )
  3. Astrid de Larminat, « Jean Clair, le réactionnaire assumé », Le Figaro, encart « Culture », lundi 4 novembre 2013, page 48.
  4. Notice biographique, Who's Who in France.
  5. Virginie Bloch-Lainé, interview de Jean Clair, émission À voix nue sur France Culture, 3 septembre 2012.
  6. Programme de l'exposition « Sigmund Freud. Du regard à l'écoute », site du Musée d'art et d'histoire du judaïsme consulté le 31 octobre 2018: .
  7. Voir, par exemple, l'article critique : Allain Glykos (introd. de Baudouin Jurdant), « Une affaire peut en cacher une autre [À propos de l'affaire Jean Clair] », Alliage (culture, science, technique), Nice, ANAIS (diff. Seuil), nos 35-36 « Impostures scientifiques. Les malentendus de l'affaire Sokal », , p. 293-313 (ISSN 1777-5515 et 1144-5645, lire en ligne)
  8. « Faites-le taire », L'Incorrect, no 1, , p. 10.
  9. « Jean Clair entre à l'Académie française » dans Le Monde du 23 mai 2008.
  10. Décret du 16 mai 2008 paru au Journal officiel de la République française du 17 mai 2008.

Liens externes

  • Portail de l’histoire de l’art
  • Portail de l’Académie française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.