Émile Dewoitine

Émile Dewoitine, né le à Crépy-en-Laonnois et mort le à Toulouse, est un industriel et constructeur aéronautique français. Il fut surnommé « mimile-bras-de-fer », en raison de sa ténacité et de son intransigeance.

Il s'est associé avec Marc Birkigt, le président d'Hispano-Suiza, pour créer la société Dewoitine[1] et, grâce à d'importantes usines implantées à Toulouse, il a supervisé la production de plus d'une cinquantaine de modèles d'avions différents jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Émile Dewoitine est considéré comme le père fondateur des usines toulousaines Aérospatiale[2].

Jeunesse et Première Guerre mondiale

Émile Dewoitine s'intéresse à l'aviation dès l'enfance. Il fait ses études secondaires à Reims avant d'entrer à l'École Breguet à Paris. Il effectue son service militaire dans les Écoles d'aviation militaire en 1911, y recevant son baptême de l'air en février de la même année. Il devient sapeur-aérostier puis mécanicien avion à l'École Blériot d'Étampes, et participe sur biplans Farman à des raids en Algérie et en Tunisie.

Il termine son service militaire en février 1914 mais est mobilisé dès l'entrée en guerre. En 1915, il est muté sur le front russe où on lui confie la direction des usines Anatra d'Odessa et de Simféropol, où des bombardiers Voisin sont construits sous licence[3]. Il revient en France en , à la suite de la Révolution russe.

À son retour, il fut affecté au Service des fabrications de l'aéronautique (SFA) chez Latécoère à Toulouse. La société Latécoère doit produire des Salmson 2 A2 sous licence et c'est Dewoitine qui est chargé de mettre les lignes de production en place. Le premier appareil de série vole en mai 1918, et plus de six cents appareils seront produits avant l'arrêt de la production en . Dewoitine est démobilisé en 1919 et démissionne de chez Latécoère en 1920.

Société anonyme des avions Dewoitine

Assemblage du fuselage d'un Dewoitine D.333 en 1934. Celui-ci était entièrement en duralium.

Dewoitine s'installe à Toulouse et crée sa propre société aéronautique : la Société anonyme des avions Dewoitine (SAD) en octobre 1920. Il met au point un chasseur monoplace, le D.1, répondant à un programme technique émis par la Direction de l'aéronautique. Le dossier qu'il présente est accepté et deux prototypes sont commandés en 1921. Le D.1 effectue son premier vol en novembre 1922, et sera un succès. La Marine nationale en commande 30 et il sera exporté vers de nombreux pays. Marcel Doret, embauché comme chef pilote par Dewoitine, bat en décembre 1924 trois records mondiaux avec le D.1.

Dewoitine travaille également sur divers projets de bombardiers ou d'avions de transport de passagers, mais va s'orienter dans un domaine très différent : le vol à voile. Il crée le P.1 en , planeur dont la voilure est partiellement souple. Il est suivi du P.2, version agrandie du P.1. Les deux modèles de planeurs font preuve de bonnes performances. Ils sont suivis par le P.3 que Dewoitine conçoit avec l'aide de Robert Castello. Le , le P.3 tient l'air pendant 8 heures 36 minutes. Ce temps ne pourra pas être homologué mais les performances des planeurs Dewoitine sont ainsi démontrées.

De 1925 à 1927, Émile Dewoitine s'installe à Thoune en Suisse où il construit le D.27.

A partir de 1930, il est le premier à construire un avion monocoque. Il devient également un partisan du chasseur monoplan : il travaille, sur des spécifications d'appels d'offres du ministère de l'Air, aux D.50 puis D.500, D.510 et D.520, ce dernier étant de taille face aux avions de la Luftwaffe lors des combats de la bataille de France en 1940.

En 1931, le Trait d'Union est le premier avion en France à parcourir 10 000 km (en circuit fermé) sans ravitaillement.

En 1940, après l'armistice, il part aux États-Unis où il envisage avec l'aide du général Arnold et d'Henry Ford, de fabriquer des avions de chasse. Rappelé en France par le régime de Vichy, il est interné, jugé puis acquitté. Il travaille à Paris pour la firme allemande Arado à la direction d'un bureau d'études de 200 personnes[4]. Il part en zone occupée où il est affecté à la Société industrielle pour l'aéronautique (SIPA).

Craignant d'être inquiété à la Libération pour des raisons politiques car « recherché pour intelligence avec l'ennemi et atteinte à la sureté extérieure de l'État[4] », il part en Espagne en 1944, où il sympathise avec Georges et Maud Guilbaud[5] et d'où il gagne l'Argentine en pensant pouvoir continuer son activité technique[4]. Il y lancera le I.Ae. 27 Pulqui I en 1947, premier avion à réaction argentin[4]. Le 9 février 1948 il est condamné par la cour de justice de la Seine, par contumace, à 20 ans de travaux forcés, l'indignité nationale et la confiscation de ses biens[4]. De retour en France en 1953, après une amnistie négociée[4], il ne peut reprendre une activité aéronautique[4]. Après un séjour en Patagonie où il exploite un élevage de 8 000 moutons[4], il s'installe de nouveau en Suisse[4], puis à Toulouse[4].

Sources

  • Air et Cosmos, no 1255, .
  • Dewoitine D.26 sur le site de l'AMPA.
  • Raymond Danel et André Bérenger, Le Génie créateur d’Émile Dewoitine, article dans « Pionniers, revue aéronautique », en deux parties : no 56,  ; et no 57, .
  • Raymond Danel, Émile Dewoitine, Larivière, coll. « Docavia » (no 18),

Notes et références

  1. Gens de chez nous, Conseil de l'Aisne.
  2. Raymond Danel, Émile Dewoitine, créateur des usines de Toulouse de l'Aérospatiale, janvier 1982, Docavia/Larivière.
  3. Dewoitine dans Mach 1, Encyclopédie de l'Aviation, vol. 3, p. 842, Éditions Atlas, 1980.
  4. Éric Conan, « La cavale des maudits », L'Express, 12 août 1993, consulté le 21 avril 2010, texte intégral sur le site lexpress.fr.
  5. Maud de Belleroche, Le Ballet des crabes, Filipacchi, 1975.

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