Groupe Latécoère

Latécoère est un équipementier aéronautique spécialiste des aérostructures et des systèmes d'interconnexion. Fournisseur de premier rang des grands constructeurs aéronautiques (Airbus, Boeing, Bombardier, Dassault Aviation et Embraer), Latécoère emploie aujourd’hui près de 5 000 personnes à travers le monde. Le siège social du groupe est basé à Toulouse et la société est cotée à Euronext depuis 1985. Fondée en 1917 par Pierre-Georges Latécoère, l’entreprise est dirigée depuis le par Thierry Mootz[1].

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Groupe Latécoère

Création 1917
Fondateurs Pierre-Georges Latécoère
Forme juridique Société anonyme à conseil d'administration
Action Euronext : LAT
Siège social 135 rue de Périole
31000 Toulouse
 France
Direction Pierre Gadonneix (président du conseil d'administration), Thierry Mootz (directeur général)
Activité Aerospatiale et defense
Filiales Letov
Effectif 4 172 ()
SIREN 572050169
Site web Site officiel Latécoère

Capitalisation 364 M € en 09/2019
Chiffre d'affaires 413 M€ en 2020
Résultat net -22 M€ en 2020

Histoire

Les débuts en tant qu'avionneur

Salmson 2A2 -Vol inaugural de l'Aéropostale.

À la mort de son père en 1905, Pierre-Georges Latécoère reprend l'entreprise familiale et se tourne rapidement vers les constructions ferroviaires. En 1906, à 20 ans, il est diplômé de l'École centrale des arts et manufactures[2]. L'entreprise décroche en 1911 un important contrat pour la livraison de 1500 wagons pour La Compagnie du Midi[3]. C’est pendant la Première Guerre mondiale que l’entreprise se diversifie dans la production de caisses de munitions, puis de munitions (7 millions d’obus), de cantines ambulantes (2 500), puis d'ambulances. En , à la faveur de cadences trop élevées pour les usines Blériot, Farman et Breguet, il hérite d'une commande de 1 000 biplans de type Salmson par marché d'État.

À la fin des hostilités, l’armée a réceptionné 512 Salmson, tandis qu'une centaine d'autres subsistent sur les chaines d’assemblage[4]. Pierre-Georges Latécoère a alors l'idée de transformer ces machines de guerre en avions de transport et de créer une ligne aérienne postale entre la France et l'Amérique du Sud. Le , il fonde la Compagnie Espagne-Maroc-Algérie (CEMA), dite Lignes Aériennes Latécoère. En 1922, près de 1 500 000 lettres et 920 passagers ont déjà emprunté la ligne[5]. Sa compagnie est leader mondial, avec 3 000 kilomètres de réseau, 75 avions, 22 pilotes et 120 mécaniciens ou aides-mécaniciens[6]. À partir de cette date, l’exploitation des lignes est séparée de la construction des avions. La compagnie de transport est baptisée CGEA (Compagnie Générale d’Entreprises Aéronautiques). L’activité d’avionneur est intitulée SIDAL (Société Industrielle d’Aviation Latécoère)[7].

En 1925, la ligne relie Dakar et des navires acheminent le courrier jusqu'à Natal au Brésil. En 1924, La mission Roig pose les premiers jalons de la ligne Natal-Buenos Aires en Amérique du Sud. Antoine de Saint-Exupéry, qui pilote sur la ligne Toulouse-Perpignan-Barcelone dès 1926, puis sur le tronçon Casablanca-Dakar, est nommé chef d'aéroplace au Maroc, à Cap Juby (Tarfaya). Lorsque Pierre-Georges Latécoère cède sa compagnie en 1927, elle parcourt depuis Toulouse, l’Espagne, l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal et le Brésil. Le courrier passe avec une régularité atteignant les 99 %[8]. Marcel Bouilloux-Laffont, le nouveau propriétaire, la rebaptise Compagnie Générale Aéropostale (CGA) et développera son réseau en Amérique du Sud. Et c’est notamment sur les actifs de cette compagnie qu’Air France naitra en 1933[9].

Pierre-Georges Latécoère se concentre désormais sur la production d’avions et d’hydravions au sein de la SIDAL. Par contrat, il fournit des aéronefs à l’Aéropostale. En 1930, c’est sur le Laté 28-3 Comte de la Vaulx, un hydravion de près de 20 mètres d’envergure, que Jean Mermoz effectue la première traversée commerciale de l’Atlantique Sud - entre Saint-Louis (Sénégal) et Natal (Brésil)[10]. Réputés pour leurs qualités de vol, leur fiabilité, et leur robustesse, les Laté 28 seront fabriqués à une cinquantaine d’exemplaires.

En 1934, Air France est équipée d’un Laté 300 pour le tronçon maritime France — Amérique du Sud[11] (près de 19 heures de traversée entre Saint-Louis et Natal). Le Croix-du-Sud, cet hydravion quadrimoteur de 45 mètres est capable de parcourir 4 800 kilomètres. La doctrine de la compagnie nationale consiste alors à faire voler des avions à roulettes sur les terres et des hydravions au-dessus des mers. En 1935, c’est au tour du Latécoère 521, baptisé Lieutenant de Vaisseau Paris, d’entrer en service. Son rayon d’action est pratiquement de 6 300 kilomètres. Il conquiert le ruban bleu de l’Atlantique Nord en près de 28 h 30 min de vol entre Port-Washington et Biscarosse en 1939. Lors de ce vol extraordinaire, c’est Henri Guillaumet le chef de bord et premier pilote.

En 1937, une vaste usine sort de terre à Anglet pour accueillir le Laté 298, un hydravion monoplan triplace mis en service l’année suivante. Ce bombardier-torpilleur de la Marine nationale, sera le plus construit des hydravions français avec 127 exemplaires (fin de service en 1951).

Toutefois, en 1936 la quasi-totalité de l’industrie aéronautique est nationalisée, et regroupée en 1937 au sein de six entreprises. Une alliance est ainsi faite avec Breguet Aviation, qui avait également échappé à la nationalisation, au sein d'une coentreprise (la Société Méridionale d’Aviation). En 1939, Pierre-Georges Latécoère, rationalise son outil industriel et vend les sites de Toulouse-Montaudran, Anglet et Biscarosse à Louis Breguet. Une nouvelle usine voit le jour rue de Périole à Toulouse. On y fabrique l’hexamoteur Laté 631 surnommé « le paquebot des airs», un fleuron de la compagnie Air France capable de parcourir 6 000 kilomètres avec une cinquantaine de passagers. Pierre-Georges Latécoère décède en 1943, et le Laté 631, cet hydravion de 75 tonnes, reste en service jusqu’au milieu des années 1950.

Diversification en tant qu'équipementier

En 1948 débute une diversification de l’entreprise vers les engins spéciaux. Le missile anti-sous-marin lance-torpille Malafon équipera notamment la Marine nationale française jusqu’en 1997. Latécoère participe également à la production de l’Armagnac (1er vol en 1949), ainsi qu’au programme Caravelle (1er vol en 1955)[12]. Viennent ensuite la fabrication de parties du chasseur franco-britannique Jaguar (mise en service en 1973) et du Super Etendard de Dassault (1978). Les collaborations vont s’enchaîner pour l’avionneur devenu équipementier de rang 1 et acteur de la structuration du schéma industriel de l’aviation moderne.

L’année 1989 voit Latécoère fabriquer le pavillon de l’A330/340 d’Airbus. En 1997, le bureau d’études BEAT spécialisé dans l’outillage devient filiale à 56 % du groupe Latécoère. En 1998, Latécoère rachète l’activité câblage électrique embarqué de Fournié Grospaud, donnant ainsi naissance à LATelec[13] (aujourd’hui Latécoère Systèmes d’Interconnexion) et ouvre une unité de production en Tunisie. LATelec fabrique les meubles avionique de l’A330/340. En 2000, Latécoère rachète l’ex-avionneur tchèque Letov pour sa branche Aérostructures[14]. Parallèlement à cette phase d’internationalisation accrue, l’entreprise gagne le câblage complet du Falcon 7/8X de Dassault Aviation et la réalisation du fuselage arrière en 2001. Une usine de gros tronçons est inaugurée à Gimont (Gers). Latécoère ouvre ensuite successivement un nouvel atelier dédié aux aérostructures au Brésil (2004), afin de se rapprocher de son client Embraer[15], et une filiale à Hambourg en 2005, notamment pour les études de câblage électrique des aménagements intérieurs de l’A380. Cette même année Boeing confie les portes du 787 à Latécoère – elles sont composites, c’est une première dans l’aéronautique. L’entreprise devient la seule entreprise française à opérer sur l’aérostructure du Dreamliner. BEAT passe cette même année filiale à 100 % du groupe et devient LATecis. En 2007, LATelec rachète la Société Landaise d’Electronique à Liposthey (Landes) en particulier pour la production de câblages du Falcon 7/8X de Dassault Aviation[16]. En 2012, Latécoère crée une filiale mexicaine à Hermosillo, dédiée à la fois au câblage embarqué et aux portes[17]. En 2013, le Groupe Latécoère est sélectionné pour la conception et la fabrication des portes E2 d’Embraer. C’est au Maroc que Latécoère implante en 2015 un atelier de câblage pour les programmes Airbus A350 et A320 - soit un investissement de 10 millions d’euros sur 5 ans[18].

En 2016, dans le cadre de son plan de transformation, le groupe se recentre sur l’aéronautique et cède Latécoère Services (ex-LATecis). À partir de 2017, toutes les sociétés du groupe capitalisent sur le nom de marque « Latécoère ». L’entreprise dispose alors de deux branches : Aérostructures (portes et fuselages) et Systèmes d’Interconnexion (harnais EWIS, meubles avionique, équipements et systèmes, bancs de tests). En 2017, la branche Systèmes d’Interconnexion signe un contrat avec Mitsubishi Aircraft Corporation concernant le développement de l’EWIS (Electrical Wiring Interconnection System) de son jet régional MRJ 90. 2018 voit l’ouverture à Toulouse d’une usine destinée à la production de pièces élémentaires métalliques ainsi qu'a Plovdiv, en Bulgarie[réf. nécessaire].

Fin , la direction du groupe annonce de sévères coupes dans le budget affecté par la crise du Covid-19[19]. Au total, 475 postes sur 1 500 devraient être supprimés en France, alors que plus d'un millier de postes ont déjà été affectés sur la vingtaine de sites situés à l'étranger[20].

Actionnaires

Nom Répartition capital Droits de vote
SCP SKN Holding I SAS 65,62% 65,71%
Public 33,63% 33,71%
Salariés 0,58% 0,58%
Autodétention 0,17%

Mise à jour au 31/03/2020 avec un document de 2019[21]

Le groupe

Latécoère est partenaire des grands avionneurs mondiaux. Le groupe développe et industrialise des solutions dans les domaines des Aérostructures (tronçons de fuselage, portes, etc.) et des Systèmes d'Interconnexion (câblages, systèmes embarqués, etc.).

Latécoère se positionne sur tous les segments de l'aéronautique : avions commerciaux avec Airbus et Boeing, avions régionaux avec Embraer et Bombardier, avions d'affaires avec Dassault Aviation, avions militaires avec Dassault et Airbus.

Le , Latécoère s'implante en Inde, à Belagavi, où il ouvre une usine de 4 400 m² dédiée à la production de harnais électriques en septembre 2019[22].

En 2021, le fonds d'investissement américain Searchlight Capital Partners, principal actionnaire de Latécoère, fait voter par le conseil d'administration une augmentation de capital de 193 millions d'euros ainsi que le rachat pour un montant annoncé de 30 millions d'euros de la société belge Technical Airborne Components, dont Searchlight Capital Partners est également l'actionnaire principal[23],[24].

Chiffre d'affaires

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En 2002, l'effectif était de 1 713 personnes, avec un chiffre d'affaires de 168,5 millions d'euros.[25]

En 2005, l'effectif était de 3 053 personnes, avec un chiffre d'affaires de 355 millions d'euros.

En 2006, le groupe employait 3 412 personnes (dont 2 200 en France) et son chiffre d'affaires était de 436 millions d'euros.

En 2008, Latécoère a été l'entreprise sélectionnée par Airbus pour reprendre les sites industriels de Méaulte et Saint-Nazaire mais les négociations ont été rompues unilatéralement par Airbus en raison d'une "conjoncture économique mondiale et la faiblesse du dollar".[26] Ces mêmes justifications avaient été avancées pour expliquer l'arrêt des négociations quant à la reprise d'autres sites similaires en Allemagne.[27],[28]

En 2014 l'effectif du groupe était 4 703 personnes, avec un chiffre d'affaires de 664,1 M€. L'exercice s'est terminé avec un résultat net proche proche de l'équilibre (0.1 M€).[29]

Latecoère Aeroservices (31700 Cornebarrieu) est placée en redressement judiciaire.[30]

le groupe cède ses activités Latécoère Services (France, Espagne, Royaume-Uni, Canada, Allemagne) à l'industriel Groupe ADF.

En 2019, le chiffre d'affaires du groupe s'élève à 484 298 400€.[31]

En 2020, le chiffre d'affaires du groupe était de 297,3 M€ (en baisse de 39%, principalement en raison de la baisse des cadences des principaux avionneurs à cause de la pandémie COVID-19[32]). Le groupe a subi une perte de 183,9 M€. [33]

Sous-traitance

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Latécoère participe en tant que sous-traitant à la construction des avions suivants :

Missiles conçus pour la Marine nationale française

Avions

Hydravions

Composition du groupe Latécoère

  • CCA (France)
  • Latécoère (France, Brésil, États-Unis, Mexique, République Tchèque)
  • Latécoère wiring (France, Tunisie, Mexique)
  • LATelec GmbH (Allemagne)

Notes et références

  1. « Thierry Mootz nouveau directeur général du Groupe Latécoère », Entreprises Occitanie, (lire en ligne, consulté le )
  2. Martine Laporte, Escale. Sur les routes du ciel, de Latécoère à Air Franc, Editions Michel Laffont, , p. 15
  3. Jean-Marc Olivier, 100 ans de technologies aéronautiques, Editions Privat, , p. 20
  4. Martine Laporte, Escale. Sur les routes du ciel, de Latécoère à Air France, Editions Michel Laffont, , p. 29
  5. Martine Laporte, Escale. Sur les routes du ciel, de Latécoère à Air France, Editions Michel Laffont, , p. 109
  6. Jean-Marc Olivier, Latécoère, 100 ans de technologies aéronautiques, Editions Privat, , p. 36
  7. Laurent Albaret, Pierre-Georges Latécoère. Correspondances (1918-1928), Editions Privat, , p. 12
  8. Bernard Bacquié, Les carnets de la ligne - Tomes 2&3. L’Amérique & L’Aéropostale, Editions Latécoère, , p. 31
  9. Jean-Marc Olivier, Latécoère, 100 ans de technologies aéronautiques, Editions Privat, , p. 35
  10. Bernard Bacquié, Les carnets de la ligne - Tome 1. Pierre-Georges Latécoère, Editions Latécoère, , p. 62
  11. Martine Laporte, Escale. Sur les routes du ciel, de Latécoère à Air France, Editions Michel Laffont, , p. 237
  12. Jean-Marc Olivier, Latécoère, 100 ans de technologies aéronautiques, Editions Privat, , p. 54
  13. « Une filiale de Fournié Grospaud rachetée par Latécoère », La Dépêche, (consulté le )
  14. « Latécoère : croissance externe en République Tchèque », Boursier.com, (consulté le )
  15. « Latécoère s'implante au Brésil », L'Usine Nouvelle, (consulté le )
  16. « L'équipementier Latécoère rachète la Société Landaise d'Electronique », Les Échos, (consulté le )
  17. « Latécoère : Nouveau site de production au Mexique », La Dépêche, (consulté le )
  18. « Latécoère ouvre sa première usine marocaine à Casablanca », L'Usine Nouvelle, (consulté le )
  19. « Aviation latecoere : Le plan de restructuration de Latécoère fait tomber l'action à un plancher historique », sur tradingsat.com, (consulté le )
  20. « Face à la crise, Latécoère taille dans ses effectifs en France », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  21. « Document Universel de Référence 2020 », sur latecoere.aero (consulté le )
  22. « Latécoère s'implante en Inde », sur Air et Cosmos (consulté le )
  23. « Latécoère se recapitalise pour participer à la consolidation de l'aéronautique », sur Les Echos, (consulté le )
  24. Muriel Image, « Latécoère : recapitalisation et nouveau directeur général », sur Le Revenu, (consulté le )
  25. « Latécoère a bien résisté en 2002 », sur Les Echos, (consulté le )
  26. « Latécoère : le projet de changement de dimension tombe à l'eau », sur Boursier.com (consulté le )
  27. « Airbus et Latécoère interrompent les négociations », sur www.journal-aviation.com (consulté le )
  28. « LATECOERE : Le groupe renonce à céder ses sites français », sur m.investir.lesechos.fr (consulté le )
  29. Latécoère, « Rapports annuels et semestriels », sur www.latecoere.aero (consulté le )
  30. « Liquidation judiciaire Latecoere Aeroservice à Cornebarrieu (791583909) - ProcedureCollective.fr », sur www.procedurecollective.fr (consulté le )
  31. « LATECOERE (TOULOUSE) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 572050169 », sur www.societe.com (consulté le )
  32. Latécoère, « Rapports financiers S1 2020 »
  33. « LATECOERE (TOULOUSE) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 572050169 », sur www.societe.com (consulté le )

Bibliographie

  • Jean Cuny, Latécoère, les avions et hydravions, Paris, Larivière, coll. « Docavia » (no 34), , 400 p. (ISBN 2-907051-01-6)

Liens externes

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