Élections fédérales allemandes de 2021
Les élections fédérales allemandes de 2021 (en allemand : Bundestagswahl 2021) auront lieu le afin de renouveler les membres du Bundestag. À l'issue de ces élections fédérales débutera la vingtième législature de la République fédérale d'Allemagne.
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Élections fédérales allemandes de 2021 | ||||||||||||||
598 sièges du Bundestag (Majorité absolue : 300 sièges) | ||||||||||||||
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Type d’élection | Élections législatives | |||||||||||||
CDU/CSU – Armin Laschet | ||||||||||||||
Sièges en 2017 | 246 | |||||||||||||
SPD – Olaf Scholz | ||||||||||||||
Sièges en 2017 | 153 | |||||||||||||
AfD – Alice Weidel et Tino Chrupalla | ||||||||||||||
Sièges en 2017 | 94 | |||||||||||||
FDP – Christian Lindner | ||||||||||||||
Sièges en 2017 | 80 | |||||||||||||
Linke – Dietmar Bartsch et Janine Wissler | ||||||||||||||
Sièges en 2017 | 69 | |||||||||||||
Grünen – Annalena Baerbock | ||||||||||||||
Sièges en 2017 | 67 | |||||||||||||
Chancelière fédérale | ||||||||||||||
Sortant | ||||||||||||||
Angela Merkel CDU |
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Direction fédérale des Élections | ||||||||||||||
La chancelière sortante, Angela Merkel, ne se représente pas, ouvrant la voie à une succession interne tumultueuse avec l'élection de Annegret Kramp-Karrenbauer, par la suite remplacée par Armin Laschet après des résultats décevants aux élections dans les Länder. De leur côté, les sociaux-démocrates connaissent également plusieurs crises depuis leur défaite aux dernières législatives, la présidence du parti changeant plusieurs fois de tête, conduisant à une remise en cause en interne de leur participation à la grande coalition.
Contexte
Ces élections ont lieu dans le contexte du départ annoncé du pouvoir de la chancelière Angela Merkel, après quinze années passées à la tête du gouvernement allemand. Après les résultats décevants de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) aux élections régionales en Bavière et en Hesse, Angela Merkel quitte en effet la présidence du parti fin 2018 afin d'ouvrir la voie à sa dauphine Annegret Kramp-Karrenbauer, élue à la tête du parti en décembre de la même année[1].
Les mauvais résultats de la CDU aux élections européennes de mai 2019 — les plus bas que le parti ait jamais obtenu lors d'un tel scrutin —, ainsi que la montée d'une tendance plus conservatrice au sein de la CDU en réponse à celle du parti d’extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) conduisent cependant Kramp-Karrenbauer à se retirer en février 2020[2]. Le 33e congrès de la CDU organisé en janvier 2021 voit la victoire au second tour d'Armin Laschet, qui prend la tête du parti afin de mener la CDU aux législatives de septembre[3].
Organisation
Système électoral
Les députés (Mitglieder des Bundestages, MdB) sont élus pour une législature (Wahlperiode) de quatre ans au scrutin majoritaire uninominal et proportionnel par compensation.
Conformément à la loi électorale fédérale, le Bundestag se compose de 598 députés, dont 299 élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans 299 circonscriptions.
Le jour du scrutin, chaque électeur dispose de deux voix :
- la « première voix » (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription (Direktkandidaten im Wahlkreis) ;
- la « seconde voix » (Zweitstimme) lui permet de voter pour une liste de candidats présentée dans le cadre de son État fédéré (Landesliste).
À l'issue du dépouillement, l'intégralité des 598 sièges est répartie au scrutin proportionnel de Sainte-Lagüe sur la base des secondes voix entre les partis politiques totalisant plus de 5 % des suffrages exprimés au niveau national ou qui l'ont emporté dans au moins trois circonscriptions.
Une fois la répartition proportionnelle effectuée, les sièges alloués à chaque parti sont pourvus en priorité par les députés fédéraux élus au scrutin majoritaire. Les sièges non pourvus avec les « premières voix » sont ensuite comblés par les candidats présents sur les listes régionales.
Avec un tel mode de scrutin, il est possible pour un parti de remporter plus de sièges au scrutin majoritaire que ce que la répartition proportionnelle lui accorde. Ces mandats supplémentaires (Überhangmandat) sont conservés et des mandats complémentaires (Ausgleichsmandat) sont attribués aux autres partis afin de rétablir la proportionnalité de la représentation parlementaire. Le nombre total de députés fédéraux se trouve ainsi augmenté.
Convocations des élections
La convocation des élections fédérales est une prérogative propre au président de la République fédérale, qui doit toutefois tenir compte des recommandations du gouvernement fédéral. Comme le prévoit l'article 39 de la Loi fondamentale, ladite convocation doit être rendue publique entre quarante-six et quarante-huit mois après l'ouverture de la législature sortante.
Législature
La 20e législature du Bundestag, issue des élections fédérales de , doit durer quatre ans, sauf si celle-ci devait être abrégée par une dissolution qui serait décidée, à certaines conditions, par le président de la République fédérale. C'est après l'ouverture de cette législature que devront débuter les traditionnelles tractations propres à la formation d'un gouvernement fédéral.
Principaux partis
Sondages
Campagne
CDU-CSU
Le candidat du parti, Armin Laschet, entend s'inscrire dans la continuité de la chancelière Angela Merkel, en particulier en matière d'orthodoxie budgétaire. Il s'oppose ainsi à l’introduction d’un impôt sur la fortune comme le souhaitent les partis de gauche, propose de supprimer la taxe de solidarité et de réduire de 30 % à 25 % l’imposition maximale sur les bénéfices des entreprises. Il fait de la baisse des taux d’endettement des administrations publiques l'une des priorités de son programme économique[10].
Initialement favorite du scrutin, la CDU chute de 27 à 20 % d'intentions de vote entre début aout et début septembre, en partie à cause des faux pas de son chef de file Armin Laschet, lequel était notamment apparu hilare lors d'un déplacement dans une commune victime des inondations de la mi-juillet en Rhénanie[11]. La CDU est également affaiblie par plusieurs affaires de corruption et scandales politico-financiers, comme le scandale Wirecard et le versement de pots-de-vin à des députés conservateurs par des fabricants de masques durant la pandémie de Covid-19 (affaire des masques). Enfin, des tensions internes alimentées par un très fort courant national-libéral se sont également rajoutés à la campagne[12].
Die Linke
Le parti de gauche met en avant les questions sociales, appelant à une meilleure répartition des richesses. Il propose de créer un prélèvement exceptionnel Covid-19 sur les plus riches et de rétablir l’impôt sur la fortune. Il revendique également une hausse du salaire minimum à 12,50 euros de l’heure (contre 9,60 euros actuellement), l'introduction d'un système de plafonnement des loyers et des investissements plus ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Sur les questions de politique internationale, il souhaite apaiser les tensions entre les États occidentaux et la Chine et la Russie, la dissolution de l’OTAN et la création d’un « organisme multilatéral de sécurité commune » pour désamorcer les conflits[13].
Principaux thèmes abordés
Au mois de , d'importantes inondations remettent la question climatique au centre des débats. Le Parti social-démocrate appelle à « tout faire pour arrêter le réchauffement climatique » tandis que la CDU/CSU souhaite « accélérer les mesures de protection du climat »[14]. À la fin juillet, 56 % des Allemands estiment que ces inondations rendent la lutte contre le changement climatique « encore plus importante qu’avant » et 73 % pensent que le gouvernement n'agit pas suffisamment dans ce domaine. Seuls les sympathisants du parti AfD sont majoritairement d’un avis opposé[15].
À la suite de ces événements, six jeunes de moins de 30 ans débutent à la fin du mois d' suivant une grève de la faim face au palais du Reichstag. Ils demandent un dialogue sincère avec les responsables des principales formations politiques avant la tenue du scrutin et la mise en place d'une convention citoyenne pour décider de mesures ambitieuses pour le climat[16],[17],[18].
Résultats
National
Partis | Sièges de circonscription | Sièges de liste | Total sièges |
+/− | ||||||||||||
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Votes | % | Sièges | +/− | Votes | % | +/- | Sièges | |||||||||
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne[n 1] (CDU) | ||||||||||||||||
Union chrétienne-sociale en Bavière[n 1] (CSU) | ||||||||||||||||
Total Unions chrétiennes (CDU/CSU) | ||||||||||||||||
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) | ||||||||||||||||
Alternative pour l'Allemagne (AfD) | ||||||||||||||||
Parti libéral-démocrate (FDP) | ||||||||||||||||
Die Linke (Linke) | ||||||||||||||||
Alliance 90 / Les Verts (Grünen) | ||||||||||||||||
Électeurs libres (FW) | ||||||||||||||||
Parti communiste allemand (DKP) | Nv | |||||||||||||||
Autres | - | |||||||||||||||
Indépendants | ||||||||||||||||
Suffrages exprimés | ||||||||||||||||
Votes blancs et nuls | ||||||||||||||||
Total | 100 | 299 | 100 | - | 299 | 598 | 111 | |||||||||
Abstention | ||||||||||||||||
Inscrits / participation |
Détaillé
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Notes et références
Notes
Références
- (de) Frankfurter Allgemeine Zeitung GmbH, « Liveblog zum CDU-Parteitag: Annegret Kramp-Karrenbauer ist neue Vorsitzende der CDU », sur FAZ.NET, faz (consulté le ).
- (en) « Pressure mounts on Merkel's heir apparent before state elections », sur the Guardian, (consulté le ).
- « Succession. En Allemagne, Armin Laschet, nouveau visage de la CDU », sur Courrier international, (consulté le ).
- « Armin Laschet devient le dauphin de Merkel en Allemagne », Orange Actualités, (lire en ligne, consulté le ).
- « Allemagne: Olaf Scholz sera le candidat du SPD à la chancellerie », Challenges, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Weidel und Chrupalla sind Spitzenkandidaten », Tagesschau, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Christian Lindner bleibt Vorsitzender und wird Spitzenkandidat », StN, (lire en ligne, consulté le ).
- (de) « Janine Wissler und Dietmar Bartsch: Führungsgespann der Gegensätze als Spitzenkandidaten der Linken », Frankfurter Rundschau, (lire en ligne, consulté le ).
- « Allemagne: Annalena Baerbock, pari des Verts pour la chancellerie », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- « En Allemagne, Armin Laschet se pose en héritier naturel d’Angela Merkel », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- « Allemagne : Olaf Scholz conforte sa position de favori dans la course à la chancellerie », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Bruno Odent, « Allemagne. À un mois des législatives, le SPD passe en tête », sur L'Humanité,
- Odile Tsan, « Allemagne. Die Linke, la force d’un programme », sur L'Humanité,
- « En Allemagne, les inondations obligent les politiques à prendre le climat « plus au sérieux » », sur Reporterre, .
- « En Allemagne, la campagne électorale des législatives bouleversée par les inondations », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- (en) « The German activists starving themselves to make politicians face the climate crisis », sur the Guardian, (consulté le )
- « Allemagne: des jeunes en grève de la faim face à la "catastrophe climatique" », sur Sciences et Avenir (consulté le )
- (de) « Hungerstreik wegen der Klimakrise: Sie hungern weiter », Die Tageszeitung: taz, (ISSN 0931-9085, lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
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