Président fédéral (Allemagne)

Le président fédéral (Bundespräsident) est le chef de l’État de la République fédérale d’Allemagne, dont les compétences politiques et institutionnelles sont régies par le titre V de la Loi fondamentale de 1949[1].

Pour les articles homonymes, voir Président fédéral et Président fédéral (Autriche).

Président fédéral de la République fédérale d'Allemagne
(de)Bundespräsident der
Bundesrepublik Deutschland

Étendard du Président fédéral.


Titulaire actuel
Frank-Walter Steinmeier
depuis le

Création
Mandant Assemblée fédérale
Durée du mandat Cinq ans, renouvelable une fois
Premier titulaire Theodor Heuss
Résidence officielle Château de Bellevue
(Berlin)
Villa Hammerschmidt
(Bonn)
Site internet bundespraesident.de
Logo du président fédéral.

S'il assume une charge essentiellement honorifique, le président fédéral est, d'une manière générale, considéré comme une figure morale importante, garante des institutions du pays. Ainsi, il promulgue les lois, signe les traités et propose au Bundestag un candidat à la fonction de chancelier fédéral.

S'il est parfois assimilé à l'exécutif[2], le président fédéral est généralement considéré comme une personnalité étant « au-dessus des partis » et « au-dessus des trois branches du gouvernement »[3] ; à ce titre, il fait figure de « pouvoir neutre ».

Élu pour un mandat de cinq ans par l'Assemblée fédérale, il ne peut concourir pour un second mandat présidentiel consécutif qu'une seule fois, et ce pour la même durée.

Il dispose d'une résidence officielle, le château de Bellevue, à Berlin. Par ailleurs, la villa Hammerschmidt, à Bonn, ancienne résidence officielle des présidents fédéraux allemands lorsque Bonn était la capitale de la République fédérale, est mise à sa disposition comme résidence de villégiature.

L'actuel président fédéral est, depuis le , le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, ancien ministre fédéral des Affaires étrangères.

Élection présidentielle

Indépendance de la fonction

Selon l'article 55 de la Loi fondamentale, le président fédéral, lorsqu'il exerce ses fonctions, ne peut appartenir ni au gouvernement ni à un organe législatif de la Fédération ou d'un Land. Il ne peut également exercer aucune fonction publique rémunérée, aucune profession industrielle ou commerciale ni aucun métier. Il ne peut pas faire partie de la direction ou du Conseil d’administration d’une entreprise poursuivant des buts lucratifs. Avant d'entrer en fonction, il est sommé de démissionner de toutes les fonctions qu'il puisse occuper.

De même, selon le paragraphe 22 de la loi électorale européenne, un député européen d'origine allemande élu au poste de président doit immédiatement quitter ses fonctions au Parlement européen, avant d'entrer en fonction.

Conditions d'une candidature

D'après l'article 54 de la Loi fondamentale, tout citoyen allemand ayant le droit de vote au Bundestag et ayant 40 ans révolus le jour de l'élection, est éligible à la fonction présidentielle. À ce jour, le plus jeune titulaire de cette fonction est le conservateur Christian Wulff, âgé, lors de son élection, de 51 ans.

Tout membre de l'Assemblée fédérale peut être candidat s'il dépose son consentement écrit conformément à l'article 9 alinéa 1 de la loi consacrée à l'élection présidentielle[4].

La sélection des candidats avant l'élection est, de façon générale, déterminée par la distribution partisane des votes à l'Assemblée fédérale et par les considérations tactiques des partis. Selon la situation, les partis tentent de trouver, par un processus interne, un candidat de leur rang, susceptible d'être élu par l'Assemblée fédérale.

L'importance de ces tractations lors des élections et les modalités de sélection ont conduit à des débats concernant une possible modification de la Loi fondamentale afin que le président fédéral soit élu au suffrage universel direct, c'est-à-dire par le peuple allemand lui-même. À l'origine, les rédacteurs de la Loi fondamentale avaient choisi une forme indirecte, car ils croyaient que celle-ci permettrait d'élire un chef d’État qui, bien qu'accepté par le plus grand nombre, serait isolé de la pression publique et pourrait, de ce fait, travailler en toute indépendance en sa qualité de garant des institutions. Cependant, les partisans d'une élection au suffrage universel direct estiment que cette forme rendrait le processus électoral dans son ensemble plus transparent et ramènerait des décisions politiques officieuses au premier plan.

Processus électoral

La composition de l'Assemblée fédérale reflète le système fédéraliste de l'Allemagne : elle se compose de la totalité des membres du Bundestag et d'un nombre égal de délégués élus à la proportionnelle par les législatures des Länder[5]. Les délégués de chaque Land, élus par les Landtage, ne sont pas nécessairement membres de la législature qu'ils représentent. Ainsi, il peut s'agir de personnalités publiques tels que des acteurs, des artistes, des responsables d'organisations importantes[N 1].

Au total, l'Assemblée générale compte plus de 1 000 membres. La Loi fondamentale exige qu'elle soit convoquée au plus tard trente jours avant l'expiration du mandat du président (qui est de cinq ans)[6]. L'Assemblée est convoquée et présidée par le président du Bundestag. Depuis 1979 jusqu'en 2009, toutes ces conventions se sont déroulées le , date de la fondation de la République fédérale en 1949. La première exception eut lieu lors des élections de 2010 car Horst Köhler a démissionné de son poste avant la fin de son mandat. La convention de l'année 2012 eut lieu le , anniversaire des premières élections libres en RDA.

Le président fédéral est élu au cours d'un scrutin secret par les membres de l'Assemblée. Si après deux tours de scrutin, aucun candidat n'a atteint la majorité absolue, un troisième tour est organisé au cours duquel est élu celui qui obtient le plus grand nombre de suffrages exprimés (ce qui est arrivé en 1969, 1994 et 2010)[7]. Le mandat du président dure cinq ans, il s'agit donc d'un quinquennat. Celui-ci est renouvelable une fois. La plupart des spécialistes du droit constitutionnel estiment que l'expression : « une seule réélection immédiate est permise »[N 2] de l'article 54 de la Loi fondamentale[8], signifie qu'il est possible d'être élu plus de deux fois à condition que ces deux mandats ne soient pas consécutifs.

Prestation de serment

L'élu se declare dans les deux jours après avoir été informé sur l'élection s'il l'accepte. Selon l'article 54 alinéa 7 de la Loi fondamentale et le § 10 de la Loi sur l'élection du président fédéral (Bundespräsidentenwahlgesetz BPräsWahlG), son mandat commence immédiatement avec la fin de mandat du précédent, mais non pas avant l'arrivée de la déclaration d'acceptation au président du Bundestag.

Lors d'une session conjointe du Bundestag et du Bundesrat, le nouveau président fédéral prête serment, devant le président du Bundestag, qui lui présente un exemplaire de la Loi fondamentale. Le serment que doit prêter le président entré en charge est prévu dans l'article 56 alinéa 1 de la Loi fondamentale :

« Ich schwöre, dass ich meine Kraft dem Wohle des deutschen Volkes widmen, seinen Nutzen mehren, Schaden von ihm wenden, das Grundgesetz und die Gesetze des Bundes wahren und verteidigen, meine Pflichten gewissenhaft erfüllen und Gerechtigkeit gegen jedermann üben werde. So wahr mir Gott helfe. »

 Article 56 de la Loi fondamentale

« Je jure de consacrer mes forces au bien du peuple allemand, d’accroître ce qui lui est utile, d’écarter de lui tout dommage, de respecter et de défendre la Loi fondamentale et les lois de la Fédération, de remplir mes devoirs avec conscience et d’être juste envers tous. Que Dieu me vienne en aide ! »

 Article 56 de la Loi fondamentale

L'appel à l'aide de Dieu concluant le serment peut être omis, car il s'agit d'une volonté religieuse émise par le président élu. Un président dont le mandat est renouvelé pour la seconde fois ne prête généralement pas serment[9],[10].

Le serment n'est pas constitutif pour l'entrée en charge. Il s'agit d'une obligation du président déjà en charge[10].

Compétences du président fédéral

Les fonctions du président fédéral sont précisées au titre V de la Loi fondamentale. Toutefois, les tâches du « premier homme de l’État » à l'échelon national et international dépassent largement celles que lui assigne la Constitution du pays. Ainsi, les désignations de « notaire fédéral suprême », de « premier représentant de l’État » ou de « figure d’intégration », décrivent des aspects supplémentaires de la fonction de président fédéral.

En sa qualité de chef de l’État, les tâches suivantes lui reviennent :

  • il représente la Fédération en vertu du droit international public ;
  • il accrédite les représentants diplomatiques ;
  • il a, au niveau fédéral, le droit de grâce, qu'il n'a que partiellement délégué à d'autres institutions fédérales ;
  • il signe, délivre et promulgue les lois fédérales qui sont publiées dans le Bundesgesetzblatt (Journal officiel) ;
  • il peut proposer un candidat à l'élection au poste de chancelier, le nommer et le révoquer ;
  • nommer et révoquer les ministres fédéraux sur proposition du chancelier ;
  • nommer et révoquer les juges fédéraux, les fonctionnaires fédéraux, les officiers et sous-officiers, sauf décision contraire des ordres et décrets ;
  • dissoudre le Bundestag si celui-ci n'arrive pas à élire un chancelier après trois tours de scrutin ou si le vote de confiance a échoué ;
  • promulguer l'adoption de l'état de défense en cas d'attaque ;
  • convoquer le Bundestag ;
  • convoquer la Commission sur le financement des partis politiques d'après la loi sur les partis politiques.

Dans de nombreux cas, le contreseing du chancelier fédéral ou du ministre compétent est nécessaire, conformément à l'article 58 de la loi fondamentale. Cependant, la nomination et la révocation du chancelier ainsi que la dissolution du Bundestag ne nécessitent pas le contreseing d'un tiers. Ce sont des fonctions réservées au président fédéral.

Compétences diplomatiques

Le président fédéral occupe la première place dans l'ordre protocolaire. Il est l'organe constitutionnel qui représente la République fédérale d'Allemagne en Allemagne. Il exerce cette représentation en assurant par son action et ses apparitions en public la visibilité de l'État, c'est-à-dire son existence, sa légitimité, sa légalité et son unité.

À l'étranger, il représente l'Allemagne en tant que chef de l'État. Il accrédite les diplomates allemands (généralement par la lettre d'accréditation) et reçoit les lettres d'accréditation des représentants des organisations internationales et des diplomates des États étrangers. Formellement, c'est aussi lui qui désigne les représentants de l'Allemagne pour les négociations et signe les instruments de ratification de traités internationaux même si la décision dans ce domaine appartient en fait au gouvernement et au Bundestag.

Nomination, puis révocation des membres du gouvernement fédéral

Après des élections au Bundestag, le président propose au premier tour de scrutin un candidat ou une candidate au poste de chancelier conformément à l'article 64 de la Loi fondamentale. Légalement, la proposition du président est libre. Cependant, tous les présidents ont jusqu'alors proposé un candidat issu de la coalition gagnante à l'élection générale. Ce candidat doit recueillir une majorité absolue des suffrages exprimés par les membres du Bundestag. Si ce n'est pas le cas, le Bundestag peut choisir son candidat dans les 14 jours. S'il n'y parvient pas, le président fédéral peut soit choisir le candidat à la chancellerie n'ayant reçu qu'une majorité relative, si c'est le cas, soit dissoudre le Bundestag. Dans ce cas, le contreseing du gouvernement fédéral n'est pas nécessaire.

Enfin, le président charge le chancelier de nommer les ministres fédéraux. Sur ce point il n'a, au mieux, qu'un droit de regard. Si le chancelier fédéral souhaite se séparer d'un des ministres fédéraux, le président fédéral ne peut pas s'y opposer, mais peut, à titre personnel, demander les raisons de cette révocation.

Le président fédéral ne peut pas refuser la démission du chancelier.

En vertu de l'article 69 alinéa 3 de la Loi fondamentale, « le Chancelier fédéral, à la requête du Président fédéral, ou un ministre fédéral, à la requête du Chancelier fédéral ou du Président fédéral, est tenu de continuer à gérer les affaires jusqu’à la nomination de son successeur ». La seule exception notable à cette requête eut lieu lors du départ de Willy Brandt en 1974. Willy Brandt avait demandé à ne pas poursuivre ses activités officielles jusqu'à la nomination de son successeur. Le président fédéral Gustav Heinemann accepta cette demande, et le vice-chancelier Walter Scheel occupa la fonction de chancelier pendant quelques jours.

De même, le président n'est pas impliqué dans la nomination du vice-chancelier. C'est une décision en conformité avec l'article 69 alinéa 1 de la Loi fondamentale.

Autres nominations

Le président nomme les juges fédéraux, les fonctionnaires fédéraux et des officiers militaires. Toutes ces nominations requièrent le contreseing du chancelier ou du ministre fédéral compétent[11].

Promulgation des lois

Après le contreseing du ministre fédéral compétent et du chancelier fédéral, les lois fédérales sont signées par le président fédéral : il s'agit de la promulgation. Toutefois, en tant que gardien du droit de la Constitution, le Président doit, avant de promulguer la loi, vérifier si elle a été adoptée en conformité avec les dispositions de la Loi fondamentale. Dans la pratique, et selon l'opinion majoritaire, la procédure a un aspect formel (les dispositions procédurales de la Loi fondamentale), et un aspect matériel (droits fondamentaux, définition des buts de l’État, organisation de l’État). S'il estime la loi conforme, il la promulgue. Dans le cas contraire, il reste obligé de la promulguer afin de permettre le recours au Tribunal constitutionnel fédéral.

Jusqu'à présent, les présidents fédéraux ont, par huit fois, refusé de grossoyer des lois fédérales et donc ne pas les signer. À certaines occasions, le président a critiqué quelques erreurs dans la procédure législative, tandis que d'autres fois il s'agissait de manquements matériels à la Loi fondamentale.

  • Theodor Heuss a signé en 1951 la « loi sur la gestion des revenus et société » pour des raisons purement formelles car il n'y avait pas de consentement du Bundesrat.
  • Neuf ans plus tard son successeur Heinrich Lübke a refusé de signer la « loi sur le personnel opérationnel et commercial ». Il y voyait une ingérence inadmissible dans la liberté professionnelle[12].
  • Par deux fois Gustav Heinemann a rappelé ses limites au législateur : pour la loi sur l'ingénierie (1969) et aussi la loi sur les architectes (1970) car il considérait que cela ne relevait pas de la compétence du législateur.
  • En 1976, la « loi sur la simplification du refus de service militaire » a été arrêtée par Walter Scheel.
  • En 1991, le président fédéral Richard von Weizsäcker a rejeté la « dixième loi modifiant la loi sur le trafic aérien », qui prévoyait la privatisation de l'administration gérant le trafic aérien, pour inconstitutionnalité matérielle. Il ne l'a donc pas signée. Cela a conduit à l'introduction de l'article 87d, alinéa 1, phrase 2 dans la Loi fondamentale qui autorise la législature à déterminer si elle a conçu la gestion du trafic aérien en termes de personne morale de droit public ou de droit privé. La loi a alors de nouveau été votée et, cette fois-ci, le président l'a promulguée.
  • En , Horst Köhler n'a pas signé la loi modifiant le contrôle du trafic aérien pour cause d'incompatibilité avec l'article 87d alinéa 1 de la Loi fondamentale[13]. En décembre 2006, il a rejeté la loi sur l'information des consommateurs car elle serait contraire, selon lui, à l'article 84, alinéa 1, phrase 7 de la Loi fondamentale qui interdit au gouvernement fédéral de transférer par la loi des tâches aux communes[14].

Dans neuf cas, bien que les présidents aient signé des lois fédérales, leur promulgation fut accompagnée d'une déclaration publique présentant les doutes quant à la constitutionnalité. Pour exemple, Karl Carstens avec, entre autres, la Loi sur la responsabilité de l’État de 1981 ; Richard von Weizsäcker lors de la réforme du financement des partis politiques et la loi sur l'énergie atomique de 1994 ; Johannes Rau avec la loi sur l'immigration de 2002 et Horst Köhler avec la loi sur la sécurité aérienne de 2006.

Contrôle formel

Le président dispose d'un droit d'examen formel de la procédure d'adoption de la loi au regard des dispositions procédurales de la Loi fondamentale. Que ce contrôle soit un droit ou une obligation fait l'objet d'un débat. Si certains considèrent que le droit d'examen formel du président suffirait, d'autres sont partisans de l'implication du Bundesrat du fait de la limitation de la compétence présidentielle formulée dans les articles 78, 81, alinéa 2, et 115d de la Loi fondamentale.

Contrôle matériel

L'examen d'aspect matériel consiste en la vérification de la conformité avec les droits fondamentaux, les objectifs et l'organisation de l’État.

Dissolution du Bundestag

Le président peut dissoudre le Bundestag. Ce pouvoir, d'une portée considérable, est limité à deux cas précis.

Lorsque le Bundestag ne réussit pas à élire un chancelier avec les votes de la majorité de ses membres, le président a la possibilité de nommer un chancelier minoritaire ou, dans un délai de sept jours, de dissoudre le Bundestag[15]. Dans ce cas, l'ordonnance de dissolution ne nécessite pas le contreseing du gouvernement fédéral.

De même, le président peut dissoudre le Bundestag lorsque celui-ci rejette la question de confiance du chancelier[16].

Il y a eu trois dissolutions du Bundestag : le par Gustav Heinemann ; le par Karl Carstens ; le par Horst Köhler. Chaque dissolution a été « provoquée », le chancelier fédéral organisant sa défaite lors d'un vote de confiance en vue d'anticiper les élections fédérales par l'abstention de sa propre majorité.

Droit de grâce

En vertu de l'article 60, alinéa 2 de la Loi fondamentale, le président fédéral exerce le droit de grâce. Cela signifie qu'il a autorité pour révoquer ou commuer une peine pénale ou disciplinaire dans des cas individuels.

Cependant, le président ne peut pas décréter la renonciation ou la commutation d'un ensemble d'infractions. Cela exige une loi promulguée par le Bundestag en conjonction avec le Bundesrat.

En raison de la structure fédérale de l'Allemagne, le président fédéral est seul responsable du traitement de certaines affaires criminelles (par exemple l'espionnage et le terrorisme) et de certaines procédures disciplinaires contre les fonctionnaires fédéraux, les juges fédéraux et des militaires.

Pour les autres infractions, le droit de grâce relève de la compétence juridictionnelle du Land.

Responsable des honneurs et des décorations

La tâche de remettre les honneurs et décorations aux personnes s'étant distinguées en rendant service à la nation relève traditionnellement du chef de l’État. Le président remet les décorations suivantes :

Le président est aussi l'autorité suprême en matière d'honneurs et décorations dans la République fédérale d'Allemagne. Il peut, par exemple, accorder aux citoyens allemands la permission d'accepter et de porter une décoration étrangère ou d'accepter des titres étrangers.

Dans l'accomplissement de sa tâche, le président fédéral est assisté par la chancellerie des honneurs et décorations du bureau du président qui fournit des informations et qui, en coopération avec les chancelleries d’État et les sénats des seize Länder, prépare et met en œuvre les décisions du président fédéral dans ce domaine.

Positions politiques

Cas historiques

Les attributions et les pouvoirs du président fédéral sont beaucoup moins étendus que ceux autrefois détenus par le président du Reich dans la Constitution de Weimar. Le président Hindenburg avait fait un usage funeste de ses pouvoirs, vers la fin de la République de Weimar, ce qui a facilité l’établissement du totalitarisme nazi.

En élaborant la Loi fondamentale, le Conseil parlementaire en tira donc les conséquences et réduisit considérablement les attributions et les pouvoirs du président fédéral qui ne peut, par exemple, plus désigner seul le chancelier ni promulguer des « décrets d'urgence » (Notverordnungen).

Le président fédéral n'est pas non plus chef des armées. Il ne suffit cependant pas d'établir une comparaison avec la fonction de président du Reich pour cerner toutes les caractéristiques de sa charge. Remodelée par la Loi fondamentale, la fonction suprême se définit essentiellement par rapport aux autres organes constitutionnels.

Discours

Traditionnellement, juste après sa prestation de serment, le président fédéral délivre un discours d'investiture dans lequel il présente sa définition de la fonction présidentielle et les ambitions qui sont les siennes pour son mandat.

Au cours de son mandat, le chef de l'État prononce de nombreux discours, plus ou moins importants, qui confortent son statut d'arbitre politique et de garant des institutions de l'État fédéral. Richard von Weizsäcker, qui dénonçait régulièrement le passé fasciste de l'Allemagne et les atteintes aux libertés, et Johannes Rau, qui présenta ses excuses à la Knesset de l'État d'Israël au nom de son pays pour les crimes de l'Holocauste juif, ont notamment marqué les esprits pour la qualité de leur éloquence. Plus récemment, le président Joachim Gauck profite de ces occasions pour dénoncer l'extrémisme, défendre l'idée européenne et appeler à un rôle accru de l'Allemagne sur la scène diplomatique européenne.

Statut présidentiel

Statut en droit pénal et civil

Au cours de son mandat présidentiel, le président fédéral dispose d'une immunité judiciaire. Elle ne peut être levée que sur la décision du Bundestag, après un vote des parlementaires, et ce à la suite d'une affaire dont les faits semblent justifiés.

Ainsi, seul Christian Wulff a démissionné, son immunité présidentielle mise en cause après son implication dans un scandale financier et sous la pression populaire.

Résidences

Le président fédéral disposait d'une résidence officielle, le château de Bellevue, situé à Berlin. Ayant été l'objet de grands travaux entre 2004 et 2006, le château n'accueille plus désormais les appartements présidentiels. Depuis, le président fédéral et sa famille disposent d'une villa située dans le quartier de Dahlem.

Avant le transfert de la capitale fédérale à Berlin, la résidence présidentielle officielle, la villa Hammerschmidt, se situait à Bonn, l’ancienne capitale du temps de la partition en deux Allemagnes. Elle est devenue, depuis, une résidence de villégiature pour le président fédéral.

Revenu

Le président fédéral reçoit un salaire correspondant à dix neuvièmes de la rémunération du bureau du chancelier. Selon le budget fédéral de 2010, son salaire était de 199 000  auquel il convient d'ajouter 78 000  d'indemnisation de frais[17]. Ces frais servent à payer les domestiques de la résidence officielle, celle-ci étant entièrement meublée par le président fédéral[17].

Après avoir quitté sa fonction, des émoluments continuent à lui être versés à titre honoraire[18]. L'ancien président conserve un bureau et un secrétaire auprès de l'administration de la présidence fédérale.

Succession

En cas de vacance du poste, survenue à la suite du décès du président fédéral ou à la démission de celui-ci, c'est le président du Bundesrat, la Chambre haute allemande, qui assure l'intérim[19].

Ce cas est intervenu deux fois depuis 1949 :

Il faut savoir qu'un président fédéral intérimaire ne dispose pas de pouvoirs aussi étendus qu'un président fédéral dit « de plein exercice ».

En outre, le président Heinrich Lübke a démissionné le , soit deux mois et demi avant la fin de son mandat, mais il l'avait annoncé dès , permettant la tenue d'une élection présidentielle anticipée sans intérim.

Présidents fédéraux successifs

Depuis 1949, douze hommes furent élus présidents fédéraux :

# Nom Parti Début de mandat Fin de mandat Mandats
Karl Arnold CDU Intérim
1 Theodor Heuss FDP 2
2 Heinrich Lübke CDU 2
3 Gustav Heinemann SPD 1
4 Walter Scheel FDP 1
5 Karl Carstens CDU 1
6 Richard von Weizsäcker CDU 2
7 Roman Herzog CDU 1
8 Johannes Rau SPD 1
9 Horst Köhler CDU 2
Jens Böhrnsen SPD Intérim
10 Christian Wulff CDU 1
Horst Seehofer CSU Intérim
11 Joachim Gauck Ind. 1
12 Frank-Walter Steinmeier SPD En fonction

Conjoint du président

Le conjoint du président fédéral est, à titre général, considéré comme la « Première dame d'Allemagne ».

Le conjoint du président fédéral peut peser un certain poids sur la scène publique. Ainsi, ces dernières années, de nombreuses Premières dames ont été considérées comme des atouts importants du mandat présidentiel de leurs époux. Par exemple, Eva Köhler, qui fut très populaire, s'est vivement engagée en faveur du développement du continent africain, soutenue en cela par le président Horst Köhler ; de même, Bettina Wulff, la plus jeune Première dame du pays depuis 1949, a joué un rôle public notable lors du court mandat présidentiel de son mari, le président Christian Wulff.

En 2012, la journaliste Daniela Schadt, compagne du président Joachim Gauck, devenait la Première dame de l'Allemagne. Pour la première fois depuis 1949, le couple présidentiel n'est pas marié.

Notes

  1. Ainsi, Horst Köhler, lors de son élection, en 2004, était directeur général du FMI, et n'a donc pas exercé de fonctions parlementaires.
  2. En allemand : « Anschließende Wiederwahl ist nur einmal zulässig ».

Sources

Références

Bibliographie

  • Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne [« Grundgesetz für die Bundesrepublik Deutschland »] (lire en ligne)
  • (de) Manfred G. Schmidt, Das politische System der Bundesrepublik Deutschland, Munich, C.H. Beck, , 128 p. (ISBN 3-406-50871-5, lire en ligne)
  • (de) Gesetz über die Wahl des Bundespräsidenten durch die Bundesversammlung (BPräsWahlG) (lire en ligne)
  • (de) Klaus Stern, Das Staatsrecht der Bundesrepublik Deutschland, Bd II. Staatsorgane, Staatsfunktionen, Finanz- und Haushaltsverfassung, Notstandsverfassung, Munich, C.H. Beck, , 1544 p. (ISBN 978-3-406-07018-1)
  • (de) Eberhard Jäckel et Horst Möller, Von Heuss bis Herzog – die Bundespräsidenten im politischen System der Bundesrepublik, Stuttgart, Hermann Rudolph, Deutsche Verlagsanstalt, (ISBN 3-421-05221-2)
  • (de) Robert C. van Ooyen, Jahrbuch des öffentlichen Rechts der Gegenwart : Der Bundespräsident als „Integrationsfigur“?, vol. 57, Tübingen, Mohr Siebeck, , p. 235–254
  • (de) Günther Scholz, Die Bundespräsidenten : Biographien eines Amtes, Bonn, Bouvier, , 529 p. (ISBN 3-416-02573-3)
  • (de) Daniel Lenski, Von Heuss bis Carstens. Das Amtsverständnis der ersten fünf Bundespräsidenten unter besonderer Berücksichtigung ihrer verfassungsrechtlichen Kompetenzen, Berlin, Kirchhof & Franke, (ISBN 978-3-933816-41-2, lire en ligne)

Compléments

Articles connexes

Liens externes

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