Édouard-Alfred Martel

Édouard-Alfred Martel, né le à Pontoise et mort le à Saint-Thomas-La-Garde[Note 1], est considéré comme le fondateur de la spéléologie moderne.

Pour les articles homonymes, voir Martel.

Édouard-Alfred Martel
Édouard-Alfred Martel par Nadar.
Naissance
Pontoise
Décès
Saint-Thomas-la-Garde[Note 1]
Nationalité France
Profession
Autres activités
Formation
licence de droit
Distinctions
Commandeur de la Légion d'honneur,
Médaille d’or des Épidémies

Compléments

Fondateur de la spéléologie moderne

Biographie

Édouard-Alfred Martel est né à Pontoise, en Seine-et-Oise le . Enfant d’une famille de juristes, il fait ses études au lycée Condorcet à Paris. Très tôt, il devient passionné de géographie et de sciences naturelles et il remporte en 1877 le premier prix de géographie au concours général. Il est grand lecteur de l’œuvre de Jules Verne.

En 1866, en vacances avec ses parents, il visite les grottes de Gargas dans les Pyrénées. D'autres voyages lui permettent de parcourir l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. En 1879, il visite les grottes d’Adelsberg (grotte de Postojna) en Slovénie, vaste ensemble de cavernes.

En 1886, après avoir terminé son service militaire, il obtient une licence de droit et il devient avocat agréé près le tribunal de commerce de la Seine.

Martel consacre ses loisirs et vacances à voyager à travers la France. Pendant ses déplacements, il effectue des travaux de cartographie. Dès 1883, il s’intéresse aux plateaux déserts des Causses, façonnés par les gorges du Tarn, de la Jonte, de la Dourbie et du Lot.

La maison natale d'Édouard-Alfred Martel, 1 rue de la Forêt, Hardelot, au centre ancien de Pontoise.

En juin 1888, il commence sa carrière de spéléologue à Bramabiau (Gard). Il s’engage ainsi avec quelques compagnons dans une cavité rocheuse où s'engouffre un ruisseau connu sous le nom de Bonheur et reparaissant plus loin à l'abîme de Bramabiau. Cette expédition reconnaît deux kilomètres de galeries. Ce même mois de juin, il explore avec la même équipe la grotte de Dargilan en bordure des gorges de la Jonte (Lozère) sur un kilomètre et demi. La spéléologie est née.

En 1889, il publie un recueil d’observations, qu’il intitule Les Cévennes et dans lequel il décrit cette région et ses beautés. Il visite également le puits de Padirac près de Rocamadour, un abîme vaste et profond qui s'ouvre sur le causse de Gramat. Il y découvre une rivière souterraine, à 100 mètres de profondeur. Martel et son cousin Gaupillat partent à sa découverte avec un canot et explorent deux kilomètres de nouvelles galeries.

En , il épouse Aline de Launay, fille du photographe Alphonse de Launay et sœur de Louis de Launay, professeur de géologie et futur membre de l'Académie des sciences. La collaboration de Louis de Launay apporte une base scientifique à certaines publications de Martel, notamment aux articles de la revue La Nature, dont Martel et de Launay sont successivement rédacteurs en chef.

En 1892, il explore le Tindoul de la Vayssière, près de Rodez (Aveyron).

En 1894, il publie Les Abîmes, un ouvrage dans lequel il décrit les merveilles du monde souterrain qu’il a découvert et visité pendant les six campagnes qu’il a menées de 1888 à 1893. Au cours de cette période, il a visité et répertorié plus de 230 cavités et grottes. Il a reconnu 250 kilomètres de galeries dont il a effectué des relevés et tracés précis. Nombre de ces lieux sont signés de son nom sur les parois[1]. Il narre dans cet ouvrage ces explorations effectuées en compagnie de Louis Armand, un de ses amis forgeron qui devient plus tard son contremaître.

Sculpture de Joseph Malet représentant le buste d'Édouard-Alfred Martel.

En 1895, il élargit son champ de recherche et organise des expéditions en Irlande et en Angleterre. Il découvre le lac souterrain des Marble Arch Caves (en) en Irlande du Nord. Dans le Yorkshire, il réalise la première descente dans le gouffre de Gaping Gill, un puits arrosé de 110 mètres. Cette même année, il fonde la Société de spéléologie et lance un bulletin périodique, Spelunca.

En 1896, Il est invité par l'archiduc Louis-Salvador, cousin de l'empereur autrichien François-Joseph. Avec son contremaître et compagnon Louis Armand, il explore le sous-sol de l'île de Majorque. Dans la grotte du Drach près de Porto Christo, il découvre le lac souterrain le plus grand de l'époque.

Allant d’exploits en exploits, il multiplie les explorations. Sa priorité va aux souterrains des Causses. Il explore également les grottes et cavernes des régions calcaires de Savoie, du Jura, de Provence et des Pyrénées. Il a parcouru toute l’Europe, la Belgique, la Dalmatie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro, où il étudie le cours de la Trebišnjica, la plus longue rivière souterraine du monde. Il se rend aussi en Grèce.

En 1897, dixième campagne de fouilles et découverte avec Louis Armand d’un puits naturel sur le causse Méjean en Lozère, qui devient plus tard l’aven Armand.

En 1899, il quitte définitivement la vie professionnelle pour se consacrer uniquement à ses recherches scientifiques.

En 1905, il explore le grand canyon du Verdon toujours avec son contremaître et ami Louis Armand, et quelques autres.

Vers la même époque, il ne veut pas reconnaître l'art pariétal paléolithique (Font de Gaume et Niaux) et se querelle avec l'abbé Henri Breuil, préhistorien déjà célèbre.

En 1906, il est le premier à explorer les gorges de Kakouetta[2].

Il est rédacteur en chef de La Nature de 1905 à 1909, puis se consacre à la Société de géographie dont il a été élu président.

En 1912, il visite pendant trois jours la Mammoth Cave dans le Kentucky[Note 2].

Édouard Alfred Martel décède le à Saint-Thomas-la-Garde, non loin de Montbrison, dans la Loire. Il est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris (33 chemin de Massena, D22, L2).

Il a été lauréat de l'Académie des sciences, président de la section d'Hydrologie scientifique du Comité national de géodésie et de géophysique, membre de la Société de géographie et membre de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze[3].

Protection de l'eau

Le , il est fortement intoxiqué après l'absorption d'un bouillon de veau au gouffre de Laberrie, à Catus dans le Lot. Un cadavre de veau en décomposition avait pollué l'eau que Martel avait bu à la résurgence : la source de Graudenc à 250 mètres au sud à vol d'oiseau[4]. Il adressa un courrier au Préfet du Lot au sujet de cet empoisonnement.

En 1894, il démontre dans Les abîmes que « la présence de matière en décomposition au fond d'un gouffre pouvait contaminer une source distante de quelques centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres ». Dans ses écrits, il n'a de cesse de dénoncer la pollution des eaux par les cadavres d'animaux. Le , il fait plaider sa cause à la Chambre des députés.

Grâce à l'action conjointe de Martel et du professeur Eugène Fournier, l'article 28 fut introduit dans la loi relative à la santé publique du . Il interdisait le jet de cadavres d'animaux et de détritus putrescibles dans les grottes. Ce texte officiel est plus connu sous le nom de loi Martel. Elle fut par la suite abrogée et remplacée par d'autres textes de loi.

Le , il devint membre titulaire du Conseil supérieur d’hygiène publique de France.

Titres et distinctions

Rayonnement international

D'après Bernard Gèze[5] : « C'est incontestablement à Édouard-Alfred Martel que l'on doit la véritable naissance de la Spéléologie non seulement en France mais dans le monde entier. Les Russes le reconnaissent comme père de leurs recherches souterraines car il a décrit des cavernes de Transcaucasie ; les Américains ont officiellement rendu hommage à sa mémoire le jour où, suivant ses directives, ils ont réussi à trouver la liaison entre Mammoth-Cave et Flint-Ridge-Cave dans le Kentucky, portant ainsi à près de 500 km les galeries topographiées dans un seul réseau karstique ; on a dénommé des grottes en son honneur jusque dans le Karzt type et des gouffres Martel un peu partout, y compris pour l'un des deux plus gigantesques qui soient connus dans des quartzites (au Venezuela) ; il y a des clubs Martel dans toute l'Europe, mais aussi jusqu'au Japon et à Cuba. Je me permettrai d'ajouter que c'est certainement en souvenir de lui que l'on m'a fait l'honneur de me choisir, en tant que Français, comme premier président de l'Union Internationale de Spéléologie, lors de sa fondation à Ljubljana (Slovénie) en 1965 ».

Œuvres principales

L'œuvre de Martel compte plus de 1 000 publications.

Notes et références

Notes
  1. Certains auteurs placent le lieu du décès à Saint-Thomas-la-Garde où il avait l'habitude de passer ses vacances au château de La Garde, plutôt qu'à Montbrison.
  2. Il prédit alors le parcours d'une rivière souterraine entre Mammoth Cave et Flint Ridge Cave. Cette rivière ne sera découverte que plusieurs dizaines d'années plus tard.
Références
  1. [Bigot 2011] Jean-Yves Bigot, « Signatures et graffitis anciens des cavités naturelles », Spelunca, no 124, , p. 44-46 (lire en ligne [PDF] sur alpespeleo.fr, consulté en ).
  2. http://www.sainte-engrace.com/tourisme-pays-basque.html
  3. « Martel Édouard-Alfred », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques (C.T.H.S.) (consulté le ).
  4. Édouard-Alfred Martel, Les Abîmes, Paris, Delagrave, , relié (ISBN 2-7348-0533-2), chap. XVI (« Le Causse de Gramat - Les Goules »), p. 339-340
  5. Bernard Gèze a été le premier président de l'Union Internationale de Spéléologie lors de sa fondation en 1965. Le texte cité est tiré de : Bernard Gèze (1985) - « Origines et évolution de la Géospéléologie française », sur Comité français d'histoire de la géologie (consulté le ), Travaux du Comité français d'histoire de la géologie, 2e série t. III no 2, Comité français d'histoire de la géologie, Paris, p. 11-25

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel André et al., La plume et les gouffres : correspondance d'Édouard Alfred Martel (1868-1936), Association Édouard Alfred Martel, Meyrueis, 1997, 608 p. ill.
  • Norbert Casteret, Martel, explorateur du monde souterrain, Gallimard, 1943.
  • C. Chabert, M. de Courval, E.-A. Martel, 1859-1938 : bibliographie, impr. Marcelin, Autun, 1971.
  • Collectif, L'homme qui voyageait pour les gouffres (hommage à E.A. Martel), Actes du Colloque de Mende, 17-, Archives départementales de la Lozère, 1999, 421 p.
  • Brigitte et Gilles Delluc, Les mésaventures du spéléologue Édouard-Alfred Martel avec la préhistoire et l’abbé Henri Breuil, in Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1998, 125, p. 627-655
  • Le film Expédition dans les ténèbres de Bernard Kliebhan, 58 minutes, Allemagne, 1994. Producteur Hessischer Rundfunk avec Arte. page E.A.MARTEL sur le site Kliebhan
  • « Les grandes figures disparues de la spéléologie française », Spelunca (Spécial Centenaire de la Spéléologie), no 31, , p. 65-69 (lire en ligne [PDF])

Articles connexes

Liens externes

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