< Intégration de Riemann
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L'objectif de ce cours est d'apprendre à étudier la convergence (et éventuellement à faire le calcul) d'intégrales dont une borne est infinie comme :

ou encore avec au moins une borne où la fonction n’est pas définie et a une limite infinie comme :

.

Définitions et premières propriétés

Définition

On suppose dans la définition suivante (et même dans toute la suite) que le seul « problème » est sur la borne (on procéderait de même en cas de problème sur la borne d’en bas) :

Définition : intégrale généralisée (ou impropre)

Soit une fonction définie et continue par morceaux sur un intervalle avec .

On appelle intégrale généralisée de entre et la limite suivante :

.

L'intégrale est dite convergente si cette limite existe et est finie et divergente dans le cas contraire.

Le symbole n'a de sens que si cette limite (éventuellement infinie) existe.

Exemple

Soit . Montrer que converge si et seulement si , et calculer dans ce cas la valeur de cette intégrale.

Fin de l'exemple
Remarque
  • Soit . On a si et seulement si les deux limites et existent et si leur somme est égale à .
  • si et seulement si pour toutes fonctions telles que et (où est par exemple ou ), on a .
  • Il ne suffit donc pas, pour que , qu'il existe deux fonctions telles que et et telles que . Par exemple, pour toute fonction impaire, mais cela n'implique aucunement que converge (penser à la fonction , dont la primitive n'a pas de limite en l'infini, et pour laquelle même n'a pas de limite quand puisqu'elle vaut par exemple pour et pour ).

Premières propriétés

Il y a linéarité des intégrales généralisées convergentes.

Cela se démontre en utilisant les propriétés des intégrales et en passant à la limite.

Enfin, il y a les « fausses intégrales généralisées », celles où l’on règle le problème par prolongement par continuité de la fonction à intégrer :

Exemple
est convergente.

Il suffit de remarquer que le prolongement par continuité en de est :

Fin de l'exemple

Calcul explicite

Comme dans le premier exemple ci-dessus, il est parfois possible, pour déterminer la nature d'une intégrale impropre en , d'expliciter la fonction par les techniques habituelles de calcul d'intégrales et de primitives (intégration par parties, changement de variable, etc. : voir la leçon Intégration en mathématiques et ses exercices), afin de calculer ensuite sa limite quand tend vers .

Exemple de Riemann

Le premier exemple de référence à connaître est :

Soit .

  • L'intégrale impropre
    converge si et seulement si .
  • L'intégrale (impropre en si )
    converge si et seulement si .

Autres exemples

Montrer que converge si et seulement si .

Montrer que .

Convergence absolue et théorème de comparaison

Théorème de comparaison pour les intégrales généralisées

On considère dans tout ce paragraphe des fonctions à valeurs positives.

Lemme

Soit continue par morceaux sur .

converge si (et seulement si) la fonction est majorée sur .

Fin du lemme

Voici maintenant le théorème central de ce paragraphe :

Théorème de comparaison (intégrales généralisées)

Soient et deux fonctions continues par morceaux sur telles que .

  • Si converge, alors converge aussi.
  • Si diverge, alors diverge aussi.
Fin du théorème


Exemple

Montrer que converge.

Fin de l'exemple

On rappelle que le « problème » est sur la borne d’en haut (c'est donc en que l’on effectue la comparaison de et ) :

Corollaire : intégration des relations de comparaison

Soient et deux fonctions continues par morceaux et positives sur .

  1. On suppose que (ce qui est vrai en particulier si ).
    • Si converge, alors converge aussi.
    • Si diverge, alors diverge aussi.
  2. Si , alors les intégrales et sont de même nature (soit toutes les deux convergentes, soit toutes les deux divergentes).

Pour un rappel sur les relations de comparaison, voyez Fonctions d'une variable réelle/Relations de comparaison.


Exemples
  • Montrer que converge.

  • Intégrales de Bertrand. Démontrer que :
    • converge si et seulement si α > 1 ou (α = 1 et β > 1) ;
    • converge si et seulement si γ < 1 ou (γ = 1 et β > 1).
Fin de l'exemple

Mais que faire pour des fonctions qui ne sont pas nécessairement positives ? Il faudra souvent tenter d’utiliser la convergence absolue :

Convergence absolue

Définition : convergence absolue

Soit une fonction continue par morceaux sur .

L'intégrale est dite absolument convergente si l'intégrale converge.

Théorème

Toute intégrale absolument convergente est convergente.

Fin du théorème


Exemple

Montrer que l'intégrale est absolument convergente.

et converge. Le théorème de comparaison permet de conclure.

Fin de l'exemple

Un exemple classique d'intégrale semi-convergente, c'est-à-dire convergente mais non absolument, est l'intégrale de Dirichlet .

Règle d'Abel

Théorème

Soient localement Riemann-intégrable sur et décroissante et de limite nulle en . Si la fonction est bornée, alors l'intégrale converge.

Fin du théorème


Exemples
  • Pour tout réel , l'intégrale converge : soit par application du théorème ci-dessus, soit en intégrant par parties :
    ,
    cette dernière intégrale étant absolument convergente.
  • Pour toute fonction continue d'intégrale convergente, l'intégrale converge : soit par application du théorème ci-dessus, soit en intégrant par parties, après avoir remarqué que toute primitive de est bornée (car continue et admettant une limite finie en ) :
    ,
    cette dernière intégrale étant absolument convergente.
Fin de l'exemple

Note

  1. Avec un peu plus d'efforts, on peut aussi, comme dans le cas α = 1, faire une comparaison avec des intégrales de type Riemann : voir par exemple B. Beck, I. Selon et C. Feuillet, Maths MP Tout en un, Hachette Éducation, 2006 [lire en ligne], p. 305 .
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