Tabagisme
Le tabagisme est l'« intoxication aiguë ou chronique de nature physiologique et psychique provoquée par l'abus du tabac »[1]. Par extension, ce terme désigne également la consommation de tabac en général[2],[3]. Il est parfois spécifié tabagisme actif par opposition au tabagisme passif qui qualifie l'inhalation involontaire de la fumée de tabac contenue dans l'air environnant, ou l'inhalation de dépôts secondairement en suspension dans l'air (tabagisme résiduel). Outre la dépendance, le tabagisme est responsable de nombreuses maladies dont plus d'une dizaine de cancers différents et des maladies cardiovasculaires, qu'il soit actif ou passif. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable dans le monde, ce qui en fait un problème majeur de santé publique.
Historique
Le tabac a été fumé en premier lieu par les Amérindiens depuis des temps indéterminés. En 1556, André Thevet introduit la plante en Europe et la cultive près d'Angoulême. C'est par Jean Nicot, diplomate français au Portugal, qu'il est popularisé en France. La première illustration botanique du tabac est donnée par Nicolas Monardes en 1571.
Appelé nicotiane en l'honneur de son découvreur, le tabac rencontre un grand succès à la cour de France, où on lui prête des vertus médicinales.
L'introduction du tabac rencontre toutefois une forte opposition dès son introduction. Le sultan Mourad IV, à la tête de l'empire ottoman de 1623 à 1640, essaie de l'interdire au nom de la morale et de la santé publique. À la même époque, l'empereur de Chine Chongzhen publie un édit interdisant sa consommation. Un peu plus tard en Chine, les mandchous de la dynastie Qing font de fumer un crime. Pendant l'époque d'Edo au Japon, le shogun reproche à la culture du tabac de concurrencer d'autres plantations plus utiles. En 1634, le patriarche de Moscou interdit la vente de tabac et impose des châtiments corporels sévères aux contrevenants. Le pape Urbain VII condamne aussi l'usage du tabac dans les lieux saints en 1624. Le roi Jacques Ier d'Angleterre, très hostile au tabac et auteur d'un traité intitulé « Riposte contre le tabac », essaie de contrecarrer cette nouvelle mode par une taxe de 4 000 %, mais il ne parvient pas à inverser la tendance.
Le Cardinal de Richelieu instaure une taxe sur le tabac, et Colbert établit un monopole d'État de la vente en 1674. L'usage du tabac se popularise, mais il devient aussi une marque de raffinement bourgeois. La cigarette est introduite en France en 1825.
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, il n'était pas convenable de fumer en société[4].
Au début du XXe siècle le cigare devient un symbole de réussite et de pouvoir, attribut des hommes d'affaires et des magnats de la presse[4].
En 1950, Evarts Ambrose Graham et Ernst Wynder (en) publient la première étude épidémiologique faisant le lien entre tabac et cancer du poumon[4]. Les premières évocations du risque tabagique apparaissent dans la presse, ce qui entraine en 1952 l'invention de la cigarette filtre présentée comme moins toxique[4].
En 1964, le ministre de la Santé américain Luther Leonidas Terry lance la première campagne de prévention[4].
Pratiques
Formes de consommation
Le tabac est consommé de plusieurs manières :
- fumé (cigarette, pipe, narguilé, cigare, cigarillo, bidî, en vrac à rouler, en joint – c'est-à-dire mélangé à du cannabis, mélangé avec de la mélasse parfumée dans un narguilé, etc.) ; lorsqu'il est roulé, le tabac peut être « au filtre », au « maroco » ou « au toncar » ;
- prisé (par inhalation nasale) ;
- chiqué : par mastication ou en plaçant une boulette entre lèvre et gencive. Le snus suédois est un tabac fermenté présenté en petits sachets.
Toutes les formes sont aussi dangereuses[4]. On constate un fort attachement des utilisateurs à leur marque de cigarette[4].
Prévalence
Pays | Utilisateurs quotidiens parmi la population adulte |
---|---|
Suède | 11 % (2011) |
Canada | 14 % (2011) |
USA | 15 % (2011) |
Luxembourg | 17 % (2011) |
Belgique | 21 % (2008) |
Suisse | 23 % (2013)[6] |
Turquie | 24 % (2012) |
Espagne | 26 % (2009) |
Autriche | 27 % (2008) |
Hongrie | 28 % (2012) |
France | 29 % (2010) |
Russie | 34 % (2009) |
L'OMS estime que 6 000 milliards de cigarettes sont produites dans le monde chaque année pour une consommation d'environ 11 milliards de cigarettes chaque jour. On compte plus d’un milliard de fumeurs dont 20 % environ sont des femmes. Plus de 80 % de ce milliard de fumeurs vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire[7]. Grâce aux campagnes anti-tabac, l'incidence du tabagisme décroit au niveau mondial depuis le début des années 1980. Ainsi, la prévalence du tabagisme chez les hommes diminue (41,2 % des hommes de 15 ans et plus fument en 1980, 31,1 % en 2012) et chez les femmes (10,6 % des femmes fument en 1980, 6,2 % en 2012). Toutefois, le nombre total de fumeurs continue à croître du fait de l'augmentation de la population mondiale[8].
Cependant, si la diminution du tabagisme est généralisée dans les pays à hauts revenus, la tendance est inversée dans les pays en voie de développement qui sont la nouvelle cible des compagnies de tabac[9].
Belgique
Le tabagisme belge a diminué de 2002 à 2007 chez les plus de 15 ans (27 % de la population fumait en 2007), mais a réaugmenté en 2008 (30 % de fumeurs) selon un sondage[10], + 11 % de fumeurs en 2008 par rapport à 2007.
5 860 000 Belges (48 % de la population) n'ont jamais fumé ; 2 840 000 fument (dont 3 % uniquement occasionnellement) et 1 630 000 sont ex-fumeurs (19 % de la population), avec de légères différences régionales ; 29 % des Flamands fument, de même que 29 % des Bruxellois mais ils sont 32 % en région wallonne.
France
En 2001, le nombre de cigarettes vendues légalement était de 82,5 milliards d'unités. Il a ensuite baissé à la suite de l'augmentation des prix entre 2001 et 2004, et s'est stabilisé autour de 55 milliards par an. En 2010, la consommation moyenne des fumeurs réguliers était de 14,8 cigarettes par jour pour les hommes et de 12,3 pour les femmes. Parmi les 15-85 ans, 31,6 % des personnes interrogées (35,6 % des hommes et 27,9 % des femmes) se déclarent fumeurs de tabac, soit 27,3 % de fumeurs quotidiens et 4,3 % de fumeurs occasionnels. 81,4 % des hommes et 67,4 % des femmes ont fumé au moins une fois dans leur vie[11].
Depuis l'introduction en France de la cigarette en 1825, et son industrialisation en 1840, la prévalence du tabagisme (pourcentage de consommateurs de tabac dans la population) n'a cessé de croître jusqu'en 1957 (75 % des hommes fument contre 15 % des femmes à cette époque, les risques de cancer du poumon dû au tabac commençant alors à être dévoilés au public[12]) puis de diminuer dans les décennies suivantes et à nouveau recroître à partir de 2008 (causes de cette reprise évoquées : informations préventives sur les risques du tabagisme devenues moins incitatives car répétitives, usage comme anxiolytique pour gérer le stress croissant au travail)[13]. Cette baisse pendant des décennies est en partie imputable aux dispositifs des lois Veil de 1976[14] et Évin de 1991 qui restreignent puis interdisent la publicité pour le tabac et le tabagisme dans les lieux publics. Par ailleurs, la loi Évin a exclu le tabac de l'indice des prix utilisé pour la revalorisation notamment des pensions, des pensions alimentaires, des rentes viagères et des minima sociaux ; à la suite de cela, les taxes furent augmentées significativement. Ainsi le prix des cigarettes a crû de 40 % sur la seule période octobre 2003 - janvier 2004, après déjà un doublement dans la décennie entre 1990 et 1999.
Depuis le , l'interdiction de fumer est devenue effective dans tous les lieux publics[15]. L'accès aux fumoirs est interdit aux mineurs et la signalétique d’interdiction de fumer et d’espace réservé aux fumeurs est téléchargeable sur un site gouvernemental dédié[16].
Entre 2010 et 2016, si la prévalence du tabagisme des 15-75 ans baisse légèrement de 29,1 à 28,7 %, sa polarisation sociale s'est accentuée avec un pourcentage de fumeurs quotidiens en hausse chez les Français à faibles revenus, passant de 35,2 % à 37,5 % de cette catégorie sociale. À l'inverse, chez les Français à haut niveau de revenus, cette proportion a baissé de 23,5 % à 20,9 % en six ans[17].
Le paquet de cigarettes neutre devient obligatoire en janvier 2017[17].
Entre 2016 et 2017, le nombre de fumeurs en France diminue d'environ un million, selon un rapport de l'Agence nationale de santé publique, pour s'établir à 26,9 % de la population âgée de 18 à 75 ans, contre 29,4 % l'année précédente[18]. Par ailleurs, la baisse concerne plus particulièrement les personnes à faibles revenus et les chômeurs, et dans une moindre mesure les personnes peu diplômées, à l'opposé de la tendance observée depuis le début des années 2000[19].
Suisse
En Suisse, en 2016, 25 % de la population de plus de 15 ans fumait[20].
Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable (26 décès par jour), d’années de vie perdues (en moyenne 14 ans) et de diminution de la qualité de vie[20].
États-Unis
Aux États-Unis, 20,8 % de la population fume en 2006. Cette proportion a diminué de plus de moitié depuis 1965[21]. Parmi les jeunes, 21,7 % des lycéens et 8,4 % des collégiens fumaient en 2004[22]. Le tabagisme est responsable de près de 440 000 décès annuels (soit environ un cinquième des décès)[23]. Le coût a été estimé, à la fin des années 1990, à près de 75 milliards de dollars (prise en charge médicale) et à 82 milliards de dollars (en perte de productivité)[24].
Asie
L'Asie compte six cents millions de fumeurs en 2011 (près d'un milliard dans le monde)[25]. Parmi eux, 350 millions sont chinois.
À l'heure où les ventes de cigarettes s'effondrent en Occident, les compagnies de tabac s'installent avec bonheur dans l'eldorado asiatique : Chine (premier producteur mondial), Cambodge, Inde, Indonésie, Laos, Vietnam, Philippines, Corée du Sud…
Dans ces pays, les marques de cigarettes se livrent à un marketing offensif, bien moins réglementé qu'en Occident : les politiques de santé publique y sont à la traîne.
La fiscalité du tabac représente 7 % des recettes fiscales totales de la Chine. Yuxi, dans le Yunnan, est un haut lieu de cette activité.
Malgré cette fascination pour la cigarette, qui fait ressembler l'Asie de 2011 à l'Occident des années 1950, la totalité des pays de la zone, à l'exception de l'Indonésie, a ratifié la Convention cadre pour la lutte antitabac (FCTC) lancée en 2003 par l'OMS. Celle-ci déploie un arsenal de mesures destinées à limiter l'addiction : interdiction de toute publicité ou parrainage publicitaire, hausse des taxes, mise en place de zones non-fumeurs, répression de la contrebande.
En Corée du Sud, selon une étude récente de l'OCDE, les hommes coréens seraient les plus gros fumeurs du monde. Pour contrer le tabagisme, la ministre de la Santé a voulu multiplier par deux le prix peu élevé des cigarettes locales (1,50 euro) mais elle a dû reculer sous la pression du lobby du tabac.
Certains pays du continent peuvent néanmoins s'enorgueillir d'avancées réelles. La prévalence tabagique a fortement baissé au Japon, passant d'environ 30 % en 2000 à environ 23-24 % en 2010. Il y est interdit de fumer dans les lieux publics, mais les cafés et restaurants sont considérés comme des lieux privés ; l'interdiction s'applique aussi aux lieux publics ouverts comme certaines rues ou places, où des espaces fumeurs peuvent être délimités. En trente ans, le taux de fumeurs est passé de 40 % à 20 % à Hong Kong. Autres bons élèves, Singapour, qui, avant la Norvège et la Nouvelle-Zélande, a réglementé la publicité et imposé des zones non-fumeurs, mais aussi la Thaïlande, qui reverse 2 % du revenu de la taxe sur les cigarettes à des campagnes de prévention contre le tabac et l'alcool.
Conséquences sanitaires
Le tabagisme a un impact majeur sur la santé. Outre les problèmes de dépendance (évalués par le test de Fagerström), le tabagisme accroît le risque de survenue de maladies cardiovasculaires, de maladies pulmonaires ainsi que de nombreux cancers. Selon une étude de l'OMS publiée en mai 2017, il est responsable de plus de 7 millions de morts par an dans le monde, contre 4 millions au début du XXIe siècle, et pourrait être à l'origine d'un milliard de morts au cours du XXIe siècle[27].
Une étude publiée en 2013 montre que l'espérance de vie chez les fumeurs est réduite d'au moins 10 ans par rapport à un non-fumeur[28].
Le tabagisme pendant la grossesse a des conséquences pouvant être dramatiques pour la santé de l'enfant.
Effets sur la santé
La consommation de tabac peut provoquer[29] :
- des maladies cardiovasculaires : maladie coronarienne, accident vasculaire cérébral, anévrisme aortique, artériopathie oblitérante des membres inférieurs ;
- des cancers : cancer du poumon, cancer du larynx, cancer des voies aérodigestives supérieures, cancer de la bouche, cancer de la vessie, cancer de l'œsophage, cancer du rein, cancer du pancréas, cancer du col utérin, cancer du sein et cancer du pénis[30],[31],[32] ;
- des maladies respiratoires bronchopneumopathie chronique obstructive, aggravation de l'asthme, augmentation du risque de pneumonie aiguë, Histiocytose langerhansienne, syndrome d'apnées du sommeil ;
- des maladies de la grossesse et de la petite enfance : placenta praevia, retard de croissance intra-utérin, mort subite du nourrisson, pathologies infectieuses bénignes ;
- des maladies digestives : œsophagite, reflux gastro-œsophagien, ulcère gastro-duodénal, maladies du pancréas, aggravation d'une hépatite, aggravation de la maladie de Crohn ;
- des maladies variées : aggravation de la dégénérescence maculaire liée à l'âge, aggravation d'une kératite, aggravation de l'acné, retard de cicatrisation, pseudarthrose, agueusie, anosmie ;
- des problèmes dentaires : les « gros fumeurs » (fumant au minimum 15 cigarettes par jour) ont deux à trois fois plus de chances de perdre des dents que les non-fumeurs selon une étude européenne du Journal of Dental Research[33].
Dépendance et toxicomanie
Selon la commission Roger Henrion de 1995 : « les connaissances apportées ces dernières années dans le domaine de la neurologie et de la pharmacologie ne permettent pas de justifier la distinction actuelle entre drogues licites et illicites »[4].
Il entraine plus de problèmes de dépendance que l'alcool : environ 3 % des buveurs de bière ou de vin sont alcooliques alors qu’entre 80 % et 90 % des fumeurs sont dépendants[4]. Selon les enquêtes et les pays, entre 57 % et 75 % des fumeurs souhaitent arrêter de fumer[34],[35],[36],[37].
Mais contrairement à la plupart des psychotropes, le tabac n'entraîne pas de fortes modifications de conscience, il n'empêche pas les activités habituelles de la vie en société[4].
Impact socio-économique et environnemental
Au Bangladesh, les ménages les plus démunis consacrent environ dix fois plus d'argent au tabagisme qu'à l'éducation[38].
Le processus de séchage à l'air chaud des feuilles de tabac nécessite environ 20 kg de bois pour sécher 1 kg de tabac. Le séchage à l'air chaud se classe au premier rang par son taux d'utilisation avec environ 6 tonnes de tabac sur 10 traitées par ce processus. Ce séchage entraîne donc une déforestation importante[39].
Dans la partie septentrionale de l’Afrique, ce sont plus de 140 000 hectares de terrains boisés indigènes qui disparaissent chaque année pour servir de combustible pour le séchage du tabac, ce qui correspond à 12 % de la déforestation annuelle totale dans la région[40].
Coût pour la société
Selon une étude de l'OMS publiée en mai 2017, le coût du tabagisme dans le monde, en termes de dépenses de santé et de perte de productivité, s'élève à plus de 1 400 milliards de dollars, soit 1,8 % du produit intérieur brut mondial[27].
En Europe
En 2006 en France, le coût pour la société était estimé à 48 milliards d'euros[41] en prenant en compte les dépenses de santé (18 milliards) et le manque à gagner en termes de fiscalité et de production en raison des décès prématurés[42]. Du point de vue strictement financier, ces décès prématurés entraînent également des économies de retraite et de dépenses de santé respectivement estimées à 7,5 milliards d'euros et à 800 millions d'euros[42]. En 2015, une étude de l'économiste Pierre Kopp pour l'observatoire français des drogues et des toxicomanies[43], estime le coût social du tabac à 120 milliards d'euros par an en France.
En 2012, l'État français touchait 78,5 % des recettes sur les ventes de tabac, soit 14 milliards d'euros, TVA comprise[44].
Au Royaume-Uni, le National Institute for Health and Care Excellence estimait en 2010, dans l'hypothèse la plus limitative, le coût à 14 milliards de livres[42].
Aspects sociaux et culturels
Proposer une cigarette a longtemps été un geste social de convivialité, un moyen d'entrer en contact ; il est devenu incongru voire déplacé depuis que la santé est valorisée et que l'acceptabilité sociale du tabac s'est dégradée[4].
Publicité et promotion
Au début du XXe siècle le tabac bénéficiait d'une image positive et l'industrie du tabac pouvait mettre en avant des arguments de santé, comme avec la campagne de 1929 « Reach for a Lucky instead of a sweet » qui affirmait que pour rester mince il valait mieux fumer que manger une sucrerie[4].
Dans les années 1930 on organise des concours de fumeurs (cigares-vitesse, la plus gracieuse fumeuse…)[4].
Dans la seconde moitié du siècle, la communication devient plus défensive. En 1954, avec « A Frank Statement to Cigarette Smokers (en) » : l'industrie du tabac organise la première campagne de masse pour réfuter la nocivité du tabagisme[4]. Et en 1958 est fondé le Tobacco Institute Research Committee (en), organisme de recherche contrôlé par l'industrie du tabac[4].
En 1998 le Tobacco Master Settlement Agreement (en), procès des états américains contre les cigarettiers, a imposé la publication de documents internes de l'industrie du tabac qui ont dévoilé la stratégie de communication des firmes[4] :
- dénoncer l'interventionnisme abusif des États ;
- relativiser les risques du tabagisme, comme dans la publicité Philip Morris de 1996 « La vie a toujours comporté certains risques. À vous de décider lesquels sont importants » ;
- promouvoir la tolérance entre fumeurs et non-fumeurs.
Aujourd'hui l’article 13 de la convention cadre pour la lutte anti-tabac interdit toute publicité en faveur du tabac[45]. Cette convention est entrée en vigueur le 27 février 2005[46]. En juin 2013, la convention était signée par 168 pays[47].
Contournement de l'interdiction de publicité
L'industrie du tabac a développé des stratégies pour contourner l'interdiction de faire de la publicité. L'industrie se mobilise notamment pour développer des campagnes de prévention contre le tabac à destination des enfants. Ces campagnes sont généralement inefficaces car elles ne donnent pas d'information précise sur les risques liés à la consommation du tabac[48].
Le tabac se fait également plus présent dans les films. Après une chute des années 1950 jusqu'aux années 1990, le niveau de tabagisme dans les films au début des années 2000 retrouve celui des années 1950[49]. Cette évolution va dans un sens contraire à celle constatée dans les pays riches (France, États-Unis d'Amérique, Japon, Royaume-Uni)[35]. Le tabagisme dans les films concerne également 65 % des films pour enfants, aux États-Unis d'Amérique en 2005[50]. De plus, dans les films, les fumeurs sont plutôt des hommes blancs aisés présentés sous un jour favorable (glamour, indépendant, rebelle…)[49], alors qu'en France en 2010, plus de la moitié des chômeurs sont des fumeurs, contre un tiers des personnes ayant un travail. Les personnes dont les revenus se trouvent dans le tiers supérieur, sont les moins enclines à fumer (23,5 % sont fumeurs, contre 29,4 % dans le deuxième tiers et 35,2 % dans le dernier tiers)[35]. Le tabagisme dans les films a un effet sur les adolescents : plus un adolescent voit de films avec du tabagisme, plus il risque de fumer[49]. L'inverse est également vrai, à savoir que rares sont les adolescents fumeurs parmi ceux qui ne sont pas soumis à des films tabagiques[51]. L'Organisation mondiale de la santé rappelle l'article 13 de la convention cadre anti-tabac et appelle à des mesures pour limiter la présence de tabac dans les films[52].
Religions
Certaines campagnes de lutte contre le tabagisme s'appuient sur les religions[53].
Christianisme
L'église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormonisme) interdit l'usage du tabac.
Islam
Le narguilé est une tradition populaire dans de nombreux pays où l'islam est majoritairement pratiqué.
Bien que le tabac ait été inconnu à l'époque de Mahomet, le tabagisme est considéré comme illicite (haram)[54].
Le Coran édicte des enseignements généraux interdisant la consommation et la commercialisation de tout ce qui peut nuire à la santé (physique ou mentale) d'une personne, de gaspiller les biens, ce qui peut s'appliquer à de nombreuses formes de tabagisme :
- « Allah dit : Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction » (sourate 2, verset 195).
- « Ne vous tuez - entretuez pas » (Sourate 5, verset 29)
- « Les gaspilleurs ont été (sont et seront) comme Satan » (Sourate 17, verset 27)
Prise en charge
L'État français intervient dans la prévention du tabagisme et la prise en charge des personnes dépendantes. L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES), établissement public administratif français placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé, réalise par exemple des campagnes préventives contre le tabac. Pour les personnes déjà dépendantes, le sevrage tabagique permet de réduire l'impact du tabac sur la santé. Les médecins généralistes sont responsables du suivi des fumeurs et de l'aide au sevrage. Toutefois, selon les résultats de la deuxième vague du projet « International tobacco control » (ITC), la France apparait très mal classée en 2008 pour le pourcentage de fumeurs ayant consulté un médecin qui se sont vus proposer spontanément des conseils pour arrêter de fumer[55]. Plusieurs vaccins anti-nicotine ont été testés, mais ils n'ont pas encore été jugés assez efficaces pour être autorisés.
Prévention
Des décisions telles que l'interdiction de la publicité, l'interdiction de fumer dans certains lieux publics, l'accroissement des taxes sur le tabac, les campagnes de communication, et l'instauration des paquets de cigarettes neutres permettent une réduction de la prévalence du tabagisme dans les pays où elles sont mises en œuvre. Une étude récente a étudié la pression des modèles présentés par le cinéma et proposé un nouvel indicateur : le nombre d'« impressions tabagiques » ; celui-ci est défini comme le nombre de fois où une personne voit l'image d'un acteur en train de fumer, ou une image liée au tabac. Sur 572 films (sortis entre 2001 et 2006) analysés aux États-Unis et au Royaume-Uni, 69 % comportaient des impressions tabagiques et 91 % de ces derniers étaient autorisés aux moins de 15 ans. Ces films ont généré 5,07 milliards d’impressions tabagiques dont 4,5 milliards (89 %) pour les films autorisés aux moins de 15 ans. Les Anglais de moins de 15 ans sont théoriquement exposés à 28 % d’impressions tabagiques de plus que leurs homologues américains[56].
Des campagnes d'information sont relayées par les médias de façon régulière. Les films Tabac[57] de Nadia Collot et Thank You for Smoking de Jason Reitman sont des œuvres militantes dans la dénonciation de pratiques promotionnelles de l'industrie à la limite de la légalité.
Règlementation
Progressivement, un nombre croissant de pays se dotent d'une règlementation interdisant le tabagisme sur le lieu de travail ainsi que dans les lieux de convivialité (restaurants, bars, etc.). Mais la prohibition du tabac dans les lieux publics ne concernait encore que 7,4 % de la population mondiale en 2010[58].
Les risques liés au tabagisme passif sont la principale motivation des limitations apportées au droit de fumer en public[4] : sur l'année 2004, 600 000 décès dans le monde, dont 28 % d'enfants, sont dus au tabagisme passif[58].
En France, les dispositions actuellement en vigueur (6 aout 2008, et aout 2011[59]) sont codifiées dans le Code de la santé publique[60] : lutte contre le tabagisme (articles L3511 et L3512), articles R3511 et R3512, D3511-14 et D3511-15. En 2011, une circulaire a rappelé – entre autres choses – que « l’accès aux emplacements réservés aux fumeurs pouvant être mis en place dans les lieux affectés à un usage collectif où il est interdit de fumer est interdit aux mineurs. Ces lieux comprennent les lieux de travail et les fumoirs ». C'est un des points du plan Cancer 2009-2013.
Réduction du risque
L'objectif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des organismes de santé publique de plusieurs pays est d'éradiquer le tabagisme. Toutefois, compte tenu du caractère hautement addictif des cigarettes, cet objectif ne peut pas être atteint à court terme : pour les personnes fortement dépendantes, le sevrage tabagique est parfois impossible. L'industrie du tabac essaie de développer de nouveaux produits qu'elle présente comme « moins risqués »[61].
Notes et références
- Encyclopédie médicale Quillet, « Tabagisme », sur Analyse et traitement informatique de la langue française, .
- « Tabac : la consommation repart à la hausse », sur Le Figaro, (consulté le 29 mai 2017).
- « Tabagisme et santé », sur Gouvernement du Québec (consulté le 29 mai 2017).
- « L’image sociale du tabac » (version du 6 novembre 2013 sur l'Internet Archive), 27 avril 2012
- , OMS, données de prévalence tabagique par pays.
- « Tabac », Office fédéral de la statistique (page consultée le 3 octobre 2018).
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- (en) D. Douglas Blanke, Vera da Costa e Silva, Tobacco Control Legislation: An Introductory Guide, World Health Organization,
- Sondage commandé par la Fondation contre le cancer à Ipsos qui a interrogé 4 000 Belges de plus de 15 ans ; Sondage présenté par le journal Le Vif
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- (en) Richard Doll et A. B. Hill, « Smoking and Carcinoma of the Lung », BMJ, vol. 2, no 4682, , p. 739-748 (DOI 10.1136/bmj.2.4682.739)
- Serge Karsenty, « Interdire le tabac, c'est tabou ? », émission La Tête au carré sur France Inter, 29 mai 2012
- http://www.cnct.fr/lexique-94/loi-veil-37.html
- Interdiction totale de fumer dans les lieux publics à partir du premier janvier 2008
- « L'interdiction de fumer dans les lieux publics », sur Ministère des Solidarités et de la Santé (consulté le 5 juin 2017).
- François Béguin, « Fumer est de plus en plus un marqueur social », lemonde.fr, (consulté le 4 juin 2017).
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- « Bulletin épidémiologique hebdomadaire no 14-15 », sur Agence nationale de santé publique, , p. 263 et 268.
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- Fiche du film Tabac de Nadia Collet sur cinemovies.fr
- Le tabagisme passif tue 600 000 personnes par an, Le Monde 26/11/2010
- Circulaire du 3 août 2011 relative aux mesures de lutte contre le tabagisme prévues par la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires
- Livre V, Titre Ier du code de Santé Publique
- « Les nouveaux produits de l’industrie du tabac: vers une réduction des risques pour la santé ? », sur Vivre sans fumer (CIPRET Neuchâtel) (consulté le 8 décembre 2016).
Voir aussi
Articles connexes
- Sevrage tabagique
- Tabac non destiné à être fumé
- Tabagisme passif
- Tabagisme pendant la grossesse
- Avertissements sur les paquets de cigarettes
- Législation sur le tabac
- Législation sur le tabac en France
- Effets du tabac sur la santé
- Cancer du poumon
- Fumoir
- Industrie du tabac
- Mégot
Bibliographie
- Matthieu Pechberty, L'État accro au tabac, First, (ISBN 2754070990, lire en ligne).
- Organisation mondiale de la santé, Report on the global tobacco epidemic, 2017: monitoring tobacco use and prevention policies, Genève, 2017.
Liens externes
- Tabagisme actif et passif et santé (un résumé par GreenFacts du rapport scientifique du Centre international de recherche sur le cancer)
- G.-A. Henrieck, Du tabac : son influence sur l'homme, Paris, 1864 (disponible sur Gallica)
- Circulaire de 2011 sur la protection des mineurs à l'égard du tabac : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/joe_20110810_0012.pdf
- tabac-info-service.fr
- Tabacstop
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