Acanthamoeba
Acanthamoeba est un genre d'amibe, un des protozoaires les plus fréquents dans le sol, et aussi fréquemment trouvé dans l'eau douce et d'autres habitats. Les cellules sont petites, typiquement entre 15 et 35 μm de long, et de forme ovale ou triangulaire lorsqu'elles se déplacent. Les pseudopodes forment clairement un lobe hémisphérique antérieur, et il y a différentes courtes extensions filiformes au bord du corps. Elles lui donnent une apparence épineuse à laquelle le nom Acanthamoeba se réfère. Les kystes de la plupart des espèces d'Acanthamoeba sont habituellement de types polygonaux et sont fréquemment retrouvés. La plupart des espèces sont des prédateurs naturels des bactéries libres, mais certaines sont des parasites opportunistes qui peuvent causer des infections aux humains et autres animaux.
Domaine | Eukaryota |
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Règne | Amoebozoa |
Famille | Acanthamoebidae |
Genre
— auteur incomplet —, date à préciser
Pathogène humain
Les maladies causées par Acanthamoeba incluent la kératite amibienne[1] et des encéphalites[2]. Cette dernière est produite lorsque Acanthamoeba pénètre par une blessure et se développe dans le système nerveux central.
Kératite à Acanthamoeba
Cette variété de kératite est provoquée par l'invasion de la cornée de l'œil par l'amibe[1]. Elle est rare mais problématique car « le traitement est long, difficile et souvent mis en échec. »[3].
Dans les pays développés, elle est presque toujours associée à l'utilisation de lentilles de contact, car Acanthamoeba peut survivre dans l'espace entre la lentille et l'œil[4],[5],[6],[7]. Pour cette raison, les lentilles de contact doivent être désinfectées avec soin avant le port, et retirées avant des activités nautiques.
Ailleurs dans le monde, les infections surviennent aussi chez des personnes non porteuses de lentilles[8],[9].
Pour détecter Acanthamoeba sur une lentille de contact en laboratoire, on prépare une gélose pour dénombrement avec une couche de E. coli ; une partie de la lentille est mise en contact avec la gélose. Si des Acanthamoeba sont présentes, elles vont ingérer les bactéries en laissant une zone claire autour de la lentille. Une réaction en chaîne par polymérase (PCR) peut aussi être utilisée pour diagnostiquer la Kératite à Acanthamoeba, spécialement lorsque des lentilles de contact ne sont pas impliquées.
Signes et symptômes : ils incluent une forte douleur, une kératite sévère, une perineuritis, et un ulcère cornéal en forme d'anneau (encore qu'il arrive tardivement dans le déroulement de la maladie)[10]. ; la prise en charge implique un dialogue étroit entre le clinicien et le biologiste ainsi qu'un « prélèvement de qualité et des tests de laboratoire rapides et performants »[3].
Un traitement utilisé est le Polyhexaméthylène[11]. L'iséthionate de propamidine a aussi montré quelques effets[12]. Un autre agent possible est la chlorhexidine[13]. Une greffe cornéenne est parfois requise[12]. Un traitement combiné de propamidine, nitrate de miconazole et néomycine a aussi été proposé[14].
Rappel par Advanced Medical Optics
En mai 2007, Advanced Medical Optics, fabricant des solutions "Complete Moisture Plus" pour lentilles de contact, a émis un rappel volontaire de leurs solutions "Complete Moisture Plus". La crainte était que les porteurs de lentilles utilisant "Complete Moisture Plus" avaient un risque plus élevé que ceux utilisant d'autres produits de contracter une kératite à Acanthamoeba.
Le fabricant a rappelé le produit après que le Centers for Disease Control des États-Unis a trouvé 21 individus qui auraient été infectés par Acanthamoeba après avoir utilisé Complete Moisture Plus dans le mois précédant le diagnostic[15].
Encéphalite amibienne granulomateuse
Acanthamoeba est un protozoaire pathogène opportuniste qui cause rarement des maladies humaines. Environ 400 cas ont été recensés dans le monde [Quand ?], mais avec un taux de survie de seulement 2 à 3 %. L'infection se produit habituellement chez des patients souffrant d'immunodeficience, diabète, malignancies, malnutrition, lupus érythémateux disséminé, ou alcoolisme. [réf. nécessaire] L'entrée du parasite se fait par des lésions de la peau ou de la trachée, ou par l'inhalation de kystes en suspension dans l'air. Le parasite se propage ensuite par le système sanguin dans le système nerveux central. Acanthamoeba traverse la barrière hémato-encéphalique par des moyens qui ne sont pas encore compris. L'invasion subséquente des tissus conjonctifs et l'induction de réponses inflammatoires conduit à des dommages neuronaux qui peuvent être fatals en quelques jours. Une biopsie post-mortem revèle de graves œdèmes et une nécrose hémorragique[16]. un patient qui contracte cette maladie montre des symptômes tels que : état mental altéré, maux de tête, fièvre, rigidité de la nuque, convulsions, ainsi que des signes neurologiques tels qu'une paralysie du nerf crânien et coma, tous conduisant à la mort en quelques semaines[17]. En raison de la rareté de ce parasite et du manque de connaissances, il n'existe actuellement aucun diagnostic ni traitement efficace d'Acanthamoeba.
L'infection ressemble souvent à celle d'une méningite bactérienne ou tuberculeuse, ou d'une encéphalite virale. Un mauvais diagnostic conduit souvent à un traitement erroné, donc inefficace. Dans le cas où Acanthamoeba est diagnostiqué correctement, les traitements actuels avec amphotéricine-B, rifampicine, co-trimoxazole (triméthoprime-sulfaméthoxazole), ketokonazole, fluconazole, sulfadiazine, albendazole ne sont qu'occasionnellement couronnés de succès. Un diagnostic correct et rapide, de meilleures méthodes de traitement ainsi qu'une meilleure compréhension du parasite sont des facteurs importants pour améliorer les conséquences d'une infection par Acanthamoeba.
MRSA
Le staphylocoque doré résistant à la méticilline (MRSA) est un important pathogène en milieu hospitalier en raison de sa résistance à de nombreux antibiotiques. Des découvertes récentes de l'Université de Bath démontrent que MRSA peut infecter et se répliquer dans Acanthamoeba polyphaga; cette espèce d'Acanthamoeba est largement répandue dans l'environnement. Comme A. polyphaga peut former des kystes, les kystes infectées par MRSA peuvent agir comme mode de dispersion aérienne de MRSA.[réf. nécessaire] De plus, il est mentionné que "des preuves avec d'autres pathogènes suggèrent que les pathogènes émergeant d'amibes sont plus résistants aux anticorps et plus virulents."[18][réf. nécessaire] Il a été observé qu'Acanthamoeba peut augmenter le nombre de MRSA par un facteur 1000[19].
Importance dans l'écologie des sols
A. castellanii se trouve en grande concentration dans de nombreux écosystèmes de sol. Elle se nourrit de bactéries, mais aussi de champignons et d'autres protozoaires.
Cette espèce est aussi capable de lyser des bactéries et de produire une large gamme d'enzymes comme les cellulases et les chitinases[20] et contribue probablement à la dégradation des matières organiques dans le sol, contribuant à la boucle microbienne.
Espèces
Les espèces d'Acanthamoeba se distinguent surtout d'après leurs kystes. Elles incluent les suivantes (celles marquées d'un astérisque sont connues comme causant des infections):
- A. astronyxis*
- A. castellanii*
- A. comandoni
- A. culbertsoni*
- A. divionensis
- A. griffini
- A. hatchetti*
- A. healyi
- A. jacobsi
- A. keratitis*
- A. lenticulata
- A. lugdunensis*
- A. mauritaniensis
- A. palestinensis*
- A. pearcei
- A. polyphaga*
- A. pustulosa
- A. quina*
- A. rhysodes*
- A. royreba
- A. terricola (renommé A. castellanii Poussard)
- A. triangularis
- A. tubiashi
Endosymbiotes d'Acanthamoeba
Les espèces d'Acanthamoeba contiennent divers endosymbiotes bactériens qui sont similaires à des pathogènes humains. En raison de cela, ils sont considérés comme de potentiels pathogènes humains émergents[21]. La nature exacte de ces symbiotes et le bénéfices qu'ils représentent pour leur amibe hôte doivent encore être clarifiés.
Ils incluent Legionella et des pathogènes similaires[22].
Rôle comme organisme modèle
Comme Acanthamoeba ne diffère pas beaucoup d'une cellule de mammifère au niveau ultrastructural, c'est un modèle attractif pour les études en biologie cellulaire. Acanthamoeba est important en microbiologie cellulaire, biologie environnementale, physiologie, interactions cellulaires, biologie moléculaire, biochimie ainsi que dans l'étude de l'évolution. Ceci est dû à la versatilité de cet organisme dans l'écosystème ainsi qu'à sa capacité de capturer des proies par phagocythose, servir de vecteur ou de réservoir à microbes pathogènes, et produire des infections humaines. De plus, Acanthamoeba a été intensivement utilisé pour comprendre la biologie moléculaire de la mobilité cellulaire[23].
Grâce à la facilité et au bas coût de sa culture, la souche Neff de A. castellanii découverte dans un étang du Golden Gate Park dans les années 1960 a été efficacement utilisée comme un organisme modèle classique dans le domaine de la biologie cellulaire. À partir de 30 litres d'un medium simple inoculé avec A. castellanii, environ 1 kg de cellules peuvent être obtenues après quelques jours de culture aérée à température ambiante. Débutée dans le laboratoire du Dr. Edward D. Korn au National Institutes of Health (NIH), de nombreuses molécules biologiques ont été découvertes et leur fonctionnement élucidé grâce au modèle Acanthamoeba. Le Dr. Thomas Dean Pollard a ensuite appliqué ce modèle au NIH, Harvard Medical School, Johns Hopkins University School of Medicine et au Salk Institute for Biological Studies pour découvrir et caractériser de nombreuses protéines essentielles à la mobilité cellulaire non seulement dans les amibes mais dans beaucoup d'autres cellules eukaryotes, notamment celles des systèmes nerveux et immunitaire humains, de l'embryon en développement, et de cellules cancéreuses.
Références
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- (en) Khan N, Acanthamoeba: Biology and Pathogenesis, Caister Academic Press, (ISBN 978-1-904455-43-1, lire en ligne)
Voir aussi
- Legionella
- Momus (artiste)
Liens externes
- Acanthamoeba - Centers for Disease Control and Prevention
- Video of Acanthamoeba from contact lens keratitis
- Animal Planet - Monsters Inside Me: The Eye-Eating Parasite (video)
- Acanthamoeba spp. as Agents of Disease in Humans - Clinical Microbiology Reviews, accessed on 4 February 2006
- Comprehensive resource on Amoeba -
- Eye health and Acanthamoeba
- Acanthamoeba pictures and illustrations
- Advanced Medical Optics recall of Moisture Plus products
- Acanthamoeba, voire pire article de blog
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