Trentemoult

Trentemoult est un ancien village de pêcheurs et de marins situé sur la rive gauche de la Loire, faisant partie de la commune de Rezé, au sud de Nantes, en Loire-Atlantique. Ses habitants sont appelés Trentemousins.

Trentemoult
Administration
Pays France
Région Pays de la Loire
Département Loire-Atlantique
Ville Rezé
Démographie
Gentilé Trentemousin, Trentemousine
Géographie
Coordonnées 47° 11′ 41″ nord, 1° 34′ 54″ ouest
Transport
Bus  30  36  97 
 N1 
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Nantes
Trentemoult

    Histoire

    Une île dans les îles

    Trentemoult se situe dans un ancien ensemble insulaire : les îles de Rezé, cernées au nord par la Loire et au sud par le Seil. Le comblement de ce dernier a mis fin à cette insularité. Les îles de Rezé étaient constituées, de l'amont vers l'aval, de l'île des Chevaliers avec les villages de la Haute-Île et de la Basse-Île, du hameau de North House (appelé localement « Norkiouse ») et enfin de l'île de Trentemoult qui était séparée du reste de celles-ci par un petit cours d'eau : le Courtil-Brisset. Trentemoult concentrant l'essentiel de la population, le nom de l'île était souvent utilisé pour désigner l'ensemble des îles de Rezé, du reste habitées par les mêmes familles durant des siècles.

    Selon la tradition, le village devrait son nom à un exploit guerrier qui eut lieu lors du siège de Nantes par les Normands au IXe siècle : trente braves auraient combattu contre des hommes du Nord. Moins épique mais peut-être plus crédible, « Trentemoult » pourrait être également issu de « trente moux » c’est-à-dire trente tertres.

    L'île des pêcheurs

    Les trentemousins avaient la caractéristique, jusqu'au début du XIXe siècle, de vivre presque entièrement de la pratique de la pêche. Ils bénéficiaient notamment de ce privilège dans l'estuaire de la Loire, octroyé en 1397 par le duc de Bretagne Jean IV[1].

    Les pêcheurs de Trentemoult embarquaient dans des petites barques à fond plat, appelées barges, à deux pour la pêche en Loire et à trois pour celle en mer[1]. Pour cette dernière, ils n'hésitaient pas à s'aventurer jusqu'à La Rochelle et Lorient. À l'automne, ils se rendaient dans la baie de Mesquer pour la pêche au hareng. Les années 1756 et 1757 furent exceptionnelles et auraient rapporté un produit cumulé de plus de 300 000 livres à la communauté, une véritable fortune.

    L'île des capitaines

    Le port de plaisance en 2010
    Publicité murale Lefèvre-Utile, Trentemoult

    Au début du XIXe siècle, les marins trentemousins délaissent progressivement la pêche au profit du commerce maritime : cabotage puis long-cours. Trentemoult devient ainsi, et ce pendant tout le siècle, un des principaux foyers de recrutement d'officiers de commerce pour le port de Nantes[1]. Parmi ce grand nombre de capitaines trentemousins, on peut citer les noms de Julien Chauvelon, capitaine du Belem pendant 13 ans, ou de Georges Aubin, à qui l'on doit plusieurs récits de voyages maritimes.

    Parallèlement, pour répondre à la demande de ces capitaines, des chantiers navals se développent dans les îles, à Trentemoult d'abord, puis à Norkiouse par manque de place : les principaux étant les chantiers Chauvelon et Lemerle dans la première moitié du XIXe siècle, Boju, Clergeau et Tillé dans la seconde moitié. À l'apogée des chantiers, ce sont des bricks et des trois-mâts qui sortent des cales trentemousines.

    Déclin et renaissance

    À la fin du XIXe siècle, le village est un lieu prisé par les Nantais : la création de la ligne des roquios en 1887 permet d'accéder plus facilement aux régates, baignades et guinguettes. Mais, parallèlement, la population résidente est devenue ouvrière, principalement main d'œuvre pour les chantiers navals de Nantes. En 1946, Trentemoult est considéré comme insalubre, et en 1970 la ligne des roquios est abandonnée[1].

    En 1979, la création d'un port de plaisance relance l'intérêt pour le site. Le tournage du film La Reine blanche, en 1990, rend le village de nouveau attractif et le prix de l'immobilier y augmente. La liaison fluviale avec Nantes est rétablie en 2005. Bien que le village dépende de Rezé, l'office de tourisme l'intègre dans ses propositions de visite, signe de l'attrait retrouvé de Trentemoult[1].

    Habitat

    Maisons de capitaines à Trentemoult
    Maisons du quartiers des pêcheurs.

    Les maisons traditionnelles des pêcheurs, adaptées aux crues de la Loire, étaient généralement construites sur trois niveaux. Le premier, inondable, était occupé par le cellier, la pièce d’habitation étant au deuxième niveau. Le dernier niveau était occupé par un grenier qui pouvait parfois communiquer avec les greniers mitoyens, permettant ainsi aux voisins de se rencontrer sans avoir besoin d'utiliser des embarcations. Les escaliers étaient en principe extérieurs pour accéder directement à la pièce d'habitation lors des inondations. Ces derniers étaient cependant parfois doublés par un escalier intérieur. La construction des quais (« Surcouf » à partir de 1850, « Marcel-Boissard » entre 1860 et 1888) a réduit les risques de débordement du fleuve. Les dernières grandes crues mémorables sont celles de 1910 et 1935.

    Dans la seconde moitié du XIXe siècle, des capitaines, dont des Cap-horniers, se sentant à l'étroit dans les maisons de pêcheurs, se sont fait construire autour du vieux village des maisons bourgeoises, pourvues de jardins d'agréments caractérisés par la présence de plantes exotiques ramenées de leurs lointains voyages.

    De nos jours, le quartier des pêcheurs a la particularité d'avoir des maisons colorées aux façades originales et personnalisées. Devenu un quartier « branché » de l'agglomération nantaise, nombre d'artistes et de familles relativement aisées s'y sont établis.[réf. nécessaire]

    Cinéma

    Le cinéaste Jean-Loup Hubert est venu y tourner La Reine blanche avec Catherine Deneuve en 1990. Certains vestiges de décoration mise en place pour l'occasion subsistent en 2009[2]. Claude Chabrol est également venu y tourner La Demoiselle d'honneur en 2005.

    Trentemoult inspire encore les jeunes cinéastes, par exemple pour le court-métrage Trentemoult[3].

    En 1887, un steamer baptisé Roquio et venant de Nantes accoste pour la première fois au quai de Trentemoult. C'est le début d'une aventure qui va durer jusqu'en 1970.

    Depuis 2005, une ligne de Navibus assure à nouveau la liaison entre la gare maritime et le centre de Nantes, et le village, rappelant l'époque où le Roquio était l'un des modes de traversée de la Loire.

    Notes et références

    1. André Péron, « Tentemoult », dans Dominique Amouroux, Alain Croix, Thierry Guidet, Didier Guivarc'h (dir.) et al., Dictionnaire de Nantes, Nantes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-2821-5), p. 981.
    2. Catherine Olart (photogr. Laurent Allenou), Nantes secret et insolite : les trésors cachés de la cité des ducs, Paris, Les Beaux Jours/Compagnie parisienne du livre, , 176 p. (ISBN 978-2-35179-040-3), p. 166.
    3. « Trentemoult » (consulté le ).

    Annexes

    Histoire

    • Daniel Auduc, Trentemoult et les îles, Nantes, Éditions du Petit véhicule, coll. « Le carré de l'imaginaire », , 141 p. (ISBN 2-84273-383-5).
    • Vincent Bugeaud, Quand les bargers se font monnayeurs : une "aristocratie" chez les pêcheurs de l'estuaire de la Loire au XVIIIe siècle, in Annales de Bretagne, tome 112, 2005, no 4, p. 43-84.
    • Vincent Bugeaud, Les bargers de Trentemoult et la pêche des harengs sur les côtes guérandaises au XVIIIe siècle, in Les cahiers du Pays de Guérande, no 46, 2007, p. 79-85.
    • Vincent Bugeaud, Trentemoult et Haïti au XIXe siècle : Un réseau familial dans le négoce du café , in L'Ami de Rezé, no 57, 2009, p. 2-26.
    • Michel Kervarec, Rezé pendant la Révolution et l'Empire, ACL Éditions, 1987.
    • Michel Kervarec, Rezé au XIXe siècle, ACL Éditions, 1987.
    • Serge Plat, Des roquios aux navibus, Coiffard édition, 2010.
    • Stéphane Bern, Le village préféré des français, 44 trésors incontournables, Paris, Albin Michel, , 256 p. (ISBN 978-2-226-25920-2)
      Ce livre est tiré de l'émission Le village préféré des français, diffusée par France Télévisions, conçue et produite par Morgane Production : Trentemoult , pages 50 à 53** I - De la baie de Somme au littoral charentais en passant par la Bretagne,** II – Des Flandres au Jura en passant par l'Alsace,** III – De l' Île-de-France aux monts d'Auvergne en passant par la Bourgogne,** IV – Du littoral atlantique aux Alpes en passant par la Méditerranée.

    Romans

    • Georges Aubin, Les hommes en suroît, Flammarion, 1963.
    • Marcelle Gaston-Martin, La Belle Trentemousine, Rieder, 1934.
    • Jean-Claude Caron, Le trésor de Trentemoult, et autres histoires, Sargasses, 2010, lire en ligne.

    Liens externes

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