Tour de France 1913

Le Tour de France 1913, 11e édition du Tour de France, s'est déroulé du 29 juin au sur 15 étapes pour 5 388 km, à une moyenne de 26,715 km/h.

La compétition est remportée par le Belge Philippe Thys. Lors de la légendaire sixième étape de ce Tour, Eugène Christophe, virtuellement en tête, casse son vélo et perd plusieurs heures parce qu'il doit réparer lui-même son vélo, comme le veut le règlement. Dans la dernière étape, Thys a également des problèmes mécaniques, mais il obtient de l'aide pendant les réparations et n'est pénalisé que de dix minutes.

Entre 1905 et 1912, le classement général est calculé aux points, mais en 1913, la général est à nouveau fait au temps, comme au format original de 1903. Ce retour est définitif.

Changements par rapport à l'édition précédente

En 1905, le format du Tour de France est modifié pour passer d'un système au temps à un système aux points, pour réduire la tricherie qui avait causé la disqualification des quatre premiers cyclistes du Tour de France 1904. Lors du Tour de France 1912, ce système a montré ses limites avec Eugène Christophe, qui aurait été leader au temps jusqu'à la dernière étape où il a permis à un groupe de s'échapper. Le système avait été contre un cycliste français et en faveur d'un cycliste belge (Odiel Defraye, qui a gagné le Tour de France en 1912), et l'organisation française décide de revenir à un classement au temps : les temps d'arrivée de toutes les étapes sont additionnés et le cycliste avec le temps le plus petit est déclaré vainqueur. Ceci est également destiné à augmenter la combativité. Avec le système de points, les coureurs ne se préoccupent pas des écarts de temps, les coureurs plus modestes échappés sont ignorés par les meilleurs cyclistes.

Pour la première fois, l'itinéraire de la course est modifié. Le sens de rotation est inversé : on part vers l'ouest pour revenir vers Paris par l'est.

Équipes participantes

Le Tour de 1913 s'élance avec 140 cyclistes. On compte 51 cyclistes répartis en 9 équipes, dont tous les favoris pour la victoire globale. Les 89 cyclistes restants sont inscrits dans la catégorie « isolé ». Cette édition a débuté avec six anciens vainqueurs du Tour de France (Louis Trousselier, Lucien Petit-Breton, François Faber, Octave Lapize, Gustave Garrigou et Odile Defraye).

Bien que les cyclistes aient déjà commencé en équipe, les règles leur interdisaient de travailler ensemble contre d'autres cyclistes. En 1913, cela change, et les cyclistes de la même équipe sont autorisés à travailler ensemble. Les organisateurs préférant que les coureurs roulent pour eux-mêmes, ils ajoutent une règle selon laquelle si un cycliste gagne une étape avec une marge de 20 minutes ou plus, il obtient non seulement sa propre prime, mais également la moitié des primes de tous les autres cyclistes.

Le premier cycliste africain est inscrit sur le Tour. Il s'agit du Tunisien Ali Neffati. Neffati avait été découvert par l'organisateur du Tour Henri Desgrange et il deviendra plus tard un chauffeur à L'Auto, le journal qui organise le Tour de France.

Équipes
1-8 La Française-Diamant
9-16 Peugeot-Wolber
17-24 Automoto-Continental
25-32 Alcyon-Soly
33-36 Liberator-Hutchinson
37-40 Griffon-Continental
41-48 J.B. Louvet-Continental
49-50 Armor-Soly
51-55 Labor-Soly
101-209Individuel

Déroulement de la course

Le départ du Tour a lieu à Boulogne-Billancourt ; l'arrivée finale se juge au Parc des Princes.

Dans les premières étapes, il ne se pas passe grand chose pour le classement général, car la plupart des coureurs économisent leur énergie pour les Pyrénées. La première étape est remportée au sprint par l'Italien Giovanni Micheletto. Micheletto ne fait pas partie du premier groupe de la deuxième étape et perd ainsi sa place de leader. Quatre cyclistes figurent dans le groupe de tête des deux étapes, et ils mènent conjointement le Tour. Le premier événement important se produit dans la troisième étape, lorsque l'ancien vainqueur Octave Lapize abandonne la course. Cet abandon est dû selon les sources, soit car il considère que ses gains sont insuffisants, ou car il pense que son équipe n'est pas assez bonne.

L'étape cruciale s'avère être la sixième. Au départ de celle-ci, le vainqueur de l'an dernier, Odiel Defraye, est en tête du classement général, avec 5 minutes d'avance sur Eugène Christophe. Dans cette sixième étape, les premières montagnes sont grimpées. Defraye abandonne rapidement et Christophe mène la course. Il arrive le premier sur l'Aubisque, puis en deuxième place derrière son coéquipier Philippe Thys sur le Tourmalet. En descendant du Tourmalet, Christophe est heurté par un véhicule de course et sa fourche se casse, rendant son vélo inutilisable. Les règles indiquent clairement qu'il doit réparer lui-même son vélo. Il fait 14 kilomètres à pied, vélo sur l'épaule, pour rejoindre Sainte-Marie-de-Campan. Là dans une forge, au nom du principe d'autonomie, Christophe est contraint de réparer lui-même sa machine. Le forgeron lui propose bien son aide, mais Christophe refuse : « je n'ai pas le droit ». Il travaille dessus pendant plus de trois heures, surveillé par les officiels de la course qui font en sorte qu'il ne soit aidé par personne. Quand Christophe demande à un petit garçon de faire fonctionner le soufflet, il est condamné à une amende de dix minutes. Après que sa bicyclette soit réparée, il repart et termine l'étape, 3 heures et 50 minutes après Thys. Il perd toutes ses chances dans le Tour, mais entre dans la légende.

Après cette sixième étape, Marcel Buysse est en tête. Dans la neuvième étape, Buysse casse son guidon et termine près de trois heures et demie après le vainqueur de l'étape Firmin Lambot. C'est la fin des chances de victoires pour Buysse. Il n'abandonne pas et gagne quatre des cinq étapes restantes.

La position de leader est transféré à Thys. Dans les dernières étapes, la course se résume à un duel entre Lucien Petit-Breton et Thys. Lors de la 14e étape, Petit-Breton chute et abandonne la course. Dans la même étape, Thys tombe également et reste inconscient pendant un moment. Quand il reprend conscience, il est aidé pour réparer son vélo. Toute aide était illégale en 1913, mais le jury ne lui inflige qu'une pénalité de 10 minutes. Thys termine l'étape et conserve plus de 8 minutes d'avance devant Gustave Garrigou au classement général. 200 000 Parisiens font un triomphe aux coureurs du Tour à l'occasion de l'arrivée finale dans la capitale française. 20 000 sont massés au Parc des Princes, mais c'est une véritable haie d'honneur qui honore les coureurs depuis Poissy jusqu'aux abords du Parc.

L'équipe la plus en vue sur ce Tour fut celle des cycles Peugeot qui court avec un maillot jaune. Malgré l'union sacrée de toutes les autres équipes contre elle, trois de ses membres terminent aux trois premières places du classement général.

Résultats

Les étapes

Étape[1],[2],[3] Date Villes étapes Distance (km) Vainqueur d’étape Leader du classement général
1re étape29 juinParis - Boulogne-BillancourtLe Havre
388 Giovanni Micheletto Giovanni Micheletto
2e étape1er juilletLe HavreCherbourg
364 Jules Masselis Jules Masselis[note 1]
Alfons Lauwers[note 1]
Marcel Buysse[note 1]
Odile Defraye[note 1]
3e étape3 juilletCherbourgBrest
405 Henri Pélissier Odile Defraye
4e étape5 juilletBrestLa Rochelle
470 Marcel Buysse Odile Defraye
5e étape7 juilletLa RochelleBayonne
379 Henri Van Lerberghe Odile Defraye
6e étape9 juilletBayonneLuchon
326 Philippe Thys Philippe Thys
7e étape11 juilletLuchonPerpignan
324 Marcel Buysse Marcel Buysse
8e étape13 juilletPerpignanAix-en-Provence
325 Gustave Garrigou Marcel Buysse
9e étape15 juilletAix-en-ProvenceNice
356 Firmin Lambot Philippe Thys
10e étape17 juilletNiceGrenoble
333 François Faber Philippe Thys
11e étape19 juilletGrenoble Genève (SUI)
325 Marcel Buysse Philippe Thys
12e étape21 juillet Genève (SUI)Belfort
335 Marcel Buysse Philippe Thys
13e étape23 juilletBelfortLongwy
325 François Faber Philippe Thys
14e étape25 juilletLongwyDunkerque
393 Marcel Buysse Philippe Thys
15e étape27 juilletDunkerqueParis - Parc des Princes
340 Marcel Buysse Philippe Thys

Note : le règlement ne fait aucune distinction entre les étapes de plaine ou de montagne ; les icônes indiquent simplement la présence ou non d'ascensions notables durant l'étape[4].

  1. À l'issue de l'étape 2, Masselis, Lauwers, Buysse et Defraye sont premiers ex-æquo. Aucune règle n'existe en 1913 pour les départager.

Classement général

Philippe Thys, le vainqueur du Tour de France 1913.
Classement général[5]
  Coureur Pays Équipe Temps
1er Philippe Thys Belgique Peugeot en 197 h 54 min 0 s
2e Gustave Garrigou France Peugeot + 8 min 37 s
3e Marcel Buysse Belgique Peugeot + 3 h 30 min 55 s
4e Firmin Lambot Belgique Griffon + 4 h 12 min 45 s
5e François Faber Luxembourg Peugeot + 6 h 26 min 4 s
6e Alfons Spiessens Belgique J.B. Louvet + 7 h 57 min 52 s
7e Eugène Christophe France Peugeot + 14 h 6 min 35 s
8e Camillo Bertarelli Italie + 16 h 21 min 38 s
9e Joseph Van Daele Belgique J.B. Louvet + 16 h 39 min 53 s
10e Émile Engel France Peugeot + 16 h 52 min 34 s
11e Louis Trousselier France J.B. Louvet + 18 h 11 min 13 s
12e Jules Deloffre France + 18 h 31 min 31 s
13e Clemente Canepari Italie J.B. Louvet + 19 h 11 min 13 s
14e Paul Deman Belgique Automoto + 19 h 27 min 2 s
15e Vincent D'Hulst Belgique + 20 h 10 min 12 s
16e Louis Petitjean Belgique + 22 h 0 min 27 s
17e Paul Hostein France Peugeot + 25 h 41 min 6 s
18e Maurice Leliaert Belgique + 26 h 18 min 25 s
19e Jean Alavoine France Peugeot + 27 h 43 min 47 s
20e Giuseppe Contesini (it) Italie + 30 h 37 min 34 s
21e Louis Coolsaet (it) Belgique + 31 h 46 min 50 s
22e Achille De Smet Belgique + 54 h 44 min 7 s
23e Charles Dumont Suisse + 64 h 33 min 55 s
24e Celidonio Morini Italie + 76 h 31 min 47 s
25e Henri Alavoine France + 76 h 55 min 52 s

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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