Le Tasse

Torquato Tasso, connu en français sous l'appellation Le Tasse (en italien, il Tasso), est un poète italien, né le à Sorrente (région de Campanie, Italie), mort le à Rome, passé à la postérité pour son épopée, La Gerusalemme liberata (autrefois traduite sous le titre La Jérusalem délivrée, aujourd'hui Jérusalem libérée, 1580), poème épique où il dépeint, à la manière des romans de chevalerie, les combats qui opposèrent les chrétiens aux musulmans à la fin de la Première croisade, au cours du siège de Jérusalem. Souffrant depuis ses 30 ans de maladie mentale, il mourut alors que le pape allait le couronner « roi des poètes ». Jusqu'au début du XIXe siècle, Le Tasse fut l'un des poètes les plus lus en Europe : Jean-Jacques Rousseau fut un de ses admirateurs ; il aimait lire et relire Le Tasse, dont il cite un vers dans Les Rêveries du promeneur solitaire[1]. Auguste Comte en fit le représentant de la littérature épique moderne dans son calendrier positiviste, et Simone Weil voyait dans la « Jérusalem délivrée » l'une des plus hautes expressions de l'espérance chrétienne.

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Torquato Tasso
Portrait du Tasse, daté de 1577 (Fürstlich Thurn- und Taxissches Schlossmuseum, Ratisbonne, Allemagne).
Nom de naissance Torquato Tasso
Alias
Le Tasse
Naissance
Sorrente
Décès
Rome
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture italien
Mouvement Humanisme
Genres

Œuvres principales

Biographie

Années de jeunesse

Sa maison natale à Sorrente.

Né à Sorrente, il était le fils d’un aristocrate de Bergame, Bernardo Tasso de la maison de Taxis[2], poète lyrique et épique d’un certain renom, longtemps secrétaire au service du dernier prince de Salerne, Ferrante Sanseverino[3]. Sa mère, Porzia de Rossi[4], était une aristocrate de Toscane étroitement liée aux plus illustres familles napolitaines. Lorsque le prince de Salerne, en conflit ouvert avec le gouverneur espagnol de Naples, fut mis au ban et dépouillé de ses terres, Bernardo Tasso suivit son maître en exil et devint dès lors proscrit comme rebelle à la Couronne de Charles Quint. Leur patrimoine fut mis sous séquestre et la proscription s'étendit à son fils Torquato alors âgé de 9 ans. Jusqu'en 1552, vivant à Naples, Torquato suivait les leçons des Jésuites, qui venaient d’établir un collège en cette ville. La précocité de l’enfant, il savait le grec et le latin, écrivait déjà en prose et en vers et sa ferveur religieuse, firent l’admiration unanime des pères qui contribuèrent à sa célébrité naissante[5].

Il partit vivre avec son père proscrit, d'abord en France pour suivre leur maître déchu, puis retourna en Italie où son père le plaça chez un ami à Rome pour qu'il poursuive ses études. En 1556, Porzia, sa mère, meurt à Naples dans des circonstances suspectes sans avoir pu obtenir la dot promise par ses frères, ce qui n'arrangea pas les finances déjà bien basses de Bernardo.

Bernardo Tasso était un courtisan qui s'adonnait à la poésie : aussi accueillit-il avec empressement l'invitation de la cour d'Urbino en 1557. Son fils Torquato, revenu de Rome pour le suivre, devint le compagnon de récréation et d'études du prince-héritier, François-Marie della Rovere. Le comté d'Urbino était alors le siège d'une société d'hommes lettrés, qui prisait les arts et les belles-lettres. Torquato grandit ainsi dans une atmosphère à la fois raffinée et quelque peu blasée, qui laissa une empreinte profonde sur le caractère de l'adolescent.

À Venise, puis à Padoue où son père l'emmena, il retrouva le même climat intellectuel. Mais à Padoue, le jeune homme délaissa les études de droit que son père voulut lui imposer, pour la philosophie et la poésie. L'année 1562 n'était pas encore terminée qu'il avait déjà composé un poème, « Renaud » (Rinaldo[4]), où il combinait la régularité de l’épopée de Virgile aux séductions de l’épopée médiévale[6]. « Rinaldo » apporta une telle originalité qu'on proclama son auteur le poète le plus prometteur du moment. Son père, flatté, autorisa l'impression du poème de son fils qui, après une nouvelle année d'études à Bologne, put entrer au service du cardinal Luigi d'Este à Ferrare.

Castello degli Estensi, Ferrare.

Entre la cour de France et celle de Ferrare

C’est en 1565 que Le Tasse fit son entrée à la cour de Ferrare, où il devait par la suite faire l’expérience de la plus grande gloire mais aussi de la misère morale la plus profonde. Après la publication de Rinaldo, il avait développé ses principes touchant le poème épique dans des Discours sur l’Art poétique, où il se démarquait de ses contemporains, et qui lui valurent une reconnaissance accrue comme critique littéraire alors qu'il n'avait que 18 ans.

Il semble que les années 1565-1570 furent les plus heureuses de sa vie, malgré le chagrin que lui causa la disparition de son père en 1569. Il dédia les deux premiers recueils de ses cinq-cents odes à deux dames de la cour, Lucrezia Bendidio qu'il avait rencontrée à Padoue et Laura Peverara,dont il s'était épris à Mantoue.

Il accompagna le cardinal d'Este à Paris en 1570[4]pour aller conférer avec Charles IX sur les affaires des calvinistes[5]. Mais sa franchise un peu brutale, conjuguée à un manque de tact caractéristique, lui perdirent la faveur de son mécène. Il quitta la France l’année suivante, pour entrer au service du duc Alphonse II de Ferrare.

Les princesses Lucrèce d'Este, future duchesse d'Urbin, et Léonore d'Este, toutes deux plus âgées que lui d'une dizaine d'années et sœurs du duc de Ferrare, le prirent sous leur protection et l'admirent dans le cercle de leurs intimes : il fut toute sa vie redevable de la tendresse indéfectible des deux sœurs envers lui.

Les quatre années suivantes furent marquées par la publication d’Aminta[4] (1573) et l’achèvement de La Jérusalem délivrée[4] en 1574. Aminta est une pastorale de trame très dépouillée, mais d’un charme lyrique exquis[4]. Sa parution coïncide avec le moment où, sous l'impulsion de Palestrina, la musique commença à s'imposer comme le premier des arts en Italie ; or Aminta, avec sa mélodie douce et sa mélancolie sensuelle, se trouvait parfaitement en résonance avec l’esprit du temps : elle marqua de son influence l’opéra et la cantate pour les deux siècles suivants.

La Jérusalem délivrée

La Jérusalem délivrée occupe une place à part dans l’histoire de la littérature européenne ; pourtant, les mérites de cette épopée, qui révélèrent au monde la riche personnalité du Tasse et l'élevèrent au rang d'auteur classique, admiré tout autant du peuple que des élites, ne sont pas sans rapport avec la grâce lyrique d’Aminta.

La poésie épique était très prisée à cette époque en Italie et La Jérusalem délivrée arrivait après l'Italia liberata de Trissino (1547), l'Orlando furioso de L'Arioste (1532) ou l'Orlando inamorato de Boiardo (1483).

Le héros en est Godefroy de Bouillon, le chef de la première Croisade, et l'apogée en est la reconquête de la Ville Sainte.

Elle fut achevée alors que Le Tasse n’avait que 31 ans ; et cependant, alors qu'il en avait fini avec son manuscrit, la période fastueuse de son existence atteignait son terme : son chef d’œuvre était accompli.

Il se trouva immédiatement en proie aux soucis. Plutôt que de suivre son instinct et de publier La Jérusalem délivrée telle qu'il l'avait composée, il fut pris de scrupules par crainte de la critique, ce qui constituait l'autre facette de sa personnalité.

Le poème fut adressé sous forme de manuscrit à plusieurs savants critiques, dont Scipion de Gonzague (fils du duc de Mantoue) qu'il avait rencontré à l'Université de Padoue, Le Tasse exprimant le désir de connaître leur avis. Alors il advint que chacun des hommes de lettres, tout en exprimant son admiration pour l'épopée, émit une réserve différente d'un avis à l'autre.

Non seulement Le Tasse devait répliquer à toutes ces critiques mais il devait en outre mettre son chef-d'œuvre en conformité avec les principes qu'il avait si fièrement énoncés.

Dans La Jérusalem délivrée, comme auparavant dans le Rinaldo, il avait cherché à relever le style épique italien en observant une stricte unité d'action et en rehaussant l'expression poétique de la langue italienne. Pour cela, il s'était donné Virgile pour modèle, avait adopté la Première croisade comme sujet, infusé toute sa propre ferveur religieuse dans la création de son héros Godefroy de Bouillon ; mais son inclination naturelle le portait à la poésie amoureuse.

En dépit du zèle et de l’ingéniosité du poète, le thème principal aura, comme dans Rinaldo, moins suscité le génie que les scènes d’amour qui le ponctuent. Godefroy de Bouillon, mélange de piété païenne inspirée d’Énée et de catholicisme tridentin, n'est en effet pas le véritable héros de la Jérusalem. Le farouche et passionné Renaud, le chevalier Roger, l’impulsif et mélancolique Tancrède, tout comme les chevaleresques Sarrasins avec qui ils rivalisent aux armes et en amour, se disputent l’intérêt du lecteur et le détournent de il Goffredo, l'édition partielle en 1580 des quatorze premiers chants de Jérusalem.

Le Tasse, dépassé par ses écrits de jeunesse, en proie à l'excitation de la vie de cour et à un travail littéraire surhumain, s'effondra alors devant l'accumulation des difficultés : sa santé devint chancelante. Il se plaignait de maux de tête, souffrait de surcroît de fièvres malariennes, et cherchait à s'éloigner de Ferrare.

Scandales à la Cour de Ferrare

Alphonse redoutait que le départ du Tasse ne fasse des Médicis les dédicataires de la Jérusalem libérée. C'est pourquoi il endura les sautes d'humeur du poète, afin de ne donner à son protégé aucun prétexte pour quitter la cour de Ferrare.

Mais au cours de ces années 1575-77, la santé du Tasse continuait de se détériorer, et la jalousie poussait les autres courtisans à se moquer de lui et à intriguer à ses dépens. Son caractère orgueilleux, susceptible et irritable, et sa pusillanimité en faisaient une proie facile à la malveillance. Tout au long des années 1570, il se développa chez le Tasse une manie de persécution qui fit de lui le type du poète maudit, solitaire et à demi-fou.

Il était à présent convaincu que ses domestiques complotaient contre lui, qu'on l'avait dénoncé à l’Inquisition, et qu'on cherchait à l'empoisonner. L'actualité politique et littéraire de la cour ajoutait à sa détresse mentale.

À l’, le Tasse s'en prend à un gentilhomme de Ferrare, Maddalo, qui avait évoqué un peu légèrement son homosexualité ; la même année, il reproche à son amant Luca Scalabrino son amour pour un jeune homme de 21 ans, Orazio Ariosto ; un jour de l', il menaçe d'un poignard un domestique sous les yeux de la duchesse d’Urbino, Lucrèce d'Este. Il est arrêté, puis le duc le libére, et l'emmene avec lui dans sa villa en exigeant de lui qu'il se fasse soigner par un médecin.

L'opinion de certains biographes sur cet épisode selon laquelle le Tasse aurait accepté de feindre la folie pour protéger l'honneur de Lucrèce d'Este, est sans fondement[7].

La suite de ses pérégrinations est à l'image de son inconstance. En juin 1577, il quitte la Cour de Ferrare pour rejoindre sa sœur Cornélia à Sorrente dans le royaume de Naples. S'y ennuyant rapidement, il demande au duc de Ferrare la permission de revenir dans sa cour, un an après l'avoir quittée. Mais son retour ne lui apportant toujours pas de satisfaction, il la quitte une deuxième fois pour se rendre dans les États du duc d'Urbino, mari de Lucrèce d'Este. Ses inquiétudes et ses terreurs imaginaires le reprennent très vite et il décide d'implorer la protection du duc de Savoie à Turin[5]. Il reçoit chaque fois un accueil digne de sa réputation mais sa maladie mentale le rattrape constamment jusqu'à son internement.

L’asile d’aliénés de Sainte-Anne

Revenu dans la Cour de Ferrare en , ses excès de violence reprenant, le duc de Ferrare convaincu que le poète était devenu fou, jugeait que l'hospice Sainte-Anne était l'établissement le plus sûr pour lui[4].

« Le Tasse à l’Hôpital Sainte-Anne de Ferrare » par Eugène Delacroix. Le Tasse y fut interné entre 1579 et 1586.

Au bout de quelques mois, il se voyait octroyer des appartements spacieux, il pouvait recevoir ses amis, sortir lorsqu'il était pris en charge par ses hôtes, et correspondre librement. C'est ainsi que Montaigne lui rendit visite en 1581, visite qu'il relatera dans ses Essais : « J’eus plus de despit que de compassion de le veoir à Ferrare en si piteux estat survivant à soy mesme, mescognoissant et soy et ses ouvrages, lesquels sans son sceu et toutefois à sa veue on a mis en lumière incorrigez et informes[8]. » Les lettres écrites de l'hospice Sainte-Anne aux princes d'Italie, à des admirateurs enthousiastes, et aux plus fameux artistes de son temps, éclairent non seulement sur sa condition mais aussi sur son caractère en général.

Le Tasse en prison visité par Montaigne par Fleury Richard, Musée des Beaux-Arts, Lyon.

Il occupait ses loisirs forcés par de copieuses compositions : l'essentiel de ses dialogues en prose sur des sujets philosophiques et éthiques fut écrit au cours de ces années. À l'exception de quelques odes ou sonnets de circonstance, au ton très rhétorique, mais dont quelques-uns sont inspirés par une souffrance mentale poignante, il s'éloigna de la poésie.

Depuis des années ses écrits étaient mis sous séquestre. Or un beau jour de l'année 1580, il apprit que ses amis Angelo Ingegneri et Febo Bonna venaient de publier la première partie de sa Jérusalem délivrée[4] et l'année suivante, elle parut dans son intégralité. En quelques mois, elle connut six rééditions. Son rival à la cour de Ferrare, Giovanni Battista Guarini, se chargea d'éditer ses autres poésies en 1582 et Le Tasse, de sa cellule, dut se résoudre à voir ses odes, sonnets, pièces lyriques et compliments officiels compilés en recueil sans son consentement.

Quelques années plus tard (1585), deux érudits de l’Accademia della Crusca écrivirent des pamphlets contre la Jérusalem délivrée. Quoique de facture médiocre, le Tasse se sentit obligé d'y répondre, et il le fit avec une modération et une courtoisie qui révèlent non seulement son comportement de gentilhomme mais aussi la pleine possession de ses moyens. Tout au long de son séjour en asile, il chercha à placer ses deux neveux, fils de sa sœur Cornélia, au service d'une cour princière : l'un d'eux trouva emploi à la cour de Guillaume de Mantoue, l'autre à celle du duc de Parme Octave Farnèse.

L'errance et l'apothéose

Statue du Tasse à Sorrente.

En juillet 1586, après sept ans et deux mois de prison, Le Tasse fut extrait de l'asile Sainte-Anne sur ordre de Vincent Ier de Mantoue[4]. Le poète suivit son jeune libérateur à la ville de Bergame, jouissant d'une liberté retrouvée et des plaisirs de la cour ; il reçut un accueil splendide et retrouva même l'énergie d’achever une tragédie de son père, Torrismond. Mais il ne s'était pas sitôt écoulé quelques mois que son humeur noire reprit le dessus.

À l'automne 1587, il part pour Rome via Bologne et Notre-Dame de Lorette, où il s'installe chez un vieil ami, Scipione Gonzaga, devenu patriarche de Jérusalem. L'année suivante il repart pour Naples, où il compose un médiocre poème sur le mont Oliveto.

En 1589 il revient à Rome, logeant toujours chez le patriarche de Jérusalem. Mais les domestiques du prélat le trouvèrent hors de lui, et refusèrent de le laisser entrer. Il tomba malade, et fut conduit dans un hospice. En 1590 le patriarche l'accueille de nouveau chez lui, mais l'esprit sans repos du Tasse le pousse à partir à Florence. Rome, Mantoue, Florence, à nouveau Rome, puis Naples, Rome, Naples — telles sont les étapes de son odyssée de maladie, d'indigence et de malheur entre 1590 et 1594. Il avait beau voir s'ouvrir pour lui les palais des princes, des cardinaux, des patriarches, voire du pape : nulle part il ne trouvait le repos.

En même temps que sa santé devenait chancelante, son talent s'émoussait. En 1592, il donna au public sa version révisée de la Jérusalem, Gerusalemme Conquistata. Tout ce qui faisait le charme primesautier du poème original avait été réécrit en mauvais vers, et les passages importants de l’intrigue étaient ponctués de développements rhétoriques ennuyeux, mais cette version révisée obtint la faveur de certains critiques[4]. La même année, il publia une composition en vers blancs italiens, Le Sette Giornate Les Sept Journées de la Création »), qui n'est guère lue de nos jours, et qui est une amplification du premier chapitre de la Genèse.

L'un des traits singuliers de la destinée du Tasse, c'est qu'alors que les atteintes de la maladie mentale, de la déchéance physique et de la perte d'inspiration semblaient devoir le condamner à l'oubli, la roue de la fortune parut tourner à son avantage. Le pape Clément VIII, monté sur le trône en 1592, voulut organiser le triomphe du poète. Avec son neveu, le cardinal Aldobrandini de San Giorgio, il l'invita en 1594 à Rome pour qu'il y reçoive la couronne de lauriers sur le Capitole comme Pétrarque plus de deux cents ans avant lui.

Épuisé par la maladie, Le Tasse n'arriva à Rome qu'au mois de novembre 1594. La cérémonie de son couronnement dut être reportée à cause de circonstances diverses, mais le pape le gratifia cependant d'une pension.

Le couvent Sant'Onofrio, où vint mourir Le Tasse.

En mars 1595, alors qu'il était sur le point de recevoir enfin la couronne de poète lauréat, ses forces le quittèrent et il se fît transporter à l'église de Saint Onuphre sur le Janicule où il expira le 25 avril 1595 à 51 ans à peine[9].

Postérité artistique et esthétique

Avec sa réputation d’élégiaque et de polémiste, Le Tasse, de par son triste destin, connut un regain de ferveur auprès des Romantiques.

  • L’écrivain allemand Goethe a composé en 1790 une pièce intitulée Torquato Tasso qui s'intéresse au combat personnel de l'artiste. Il a aussi composé les paroles d'une cantate, Rinaldo, inspirée du seizième chant de la Jérusalem délivrée, et que Brahms mit plus tard en musique.
  • Giacomo Leopardi écrivit un Dialogo di Torquato Tasso e del suo Genio familiare (Operette morali, 1824), œuvre en prose consacrée au long séjour de Sainte-Anne. Le thème principal est le parallèle entre la souffrance et l'ennui, rendu sous forme d'un dialogue entre Le Tasse et un génie ou esprit censé le visiter au cours de son internement.
  • Parmi les nombreux opéras dans la veine de la Jérusalem délivrée, on compte, outre l'Armide de Lully, ceux de Scarlatti, de Vivaldi, de Haendel, de Haydn, de Salieri, de Cherubini, de Gluck, de Rossini et de Dvořák. Récemment, Judith Weir en a transposé l'action à l’Irak contemporain.
  • Le poème de Lord Byron intitulé Les Lamentations du Tasse est relatif au séjour du poète à Sainte-Anne.
  • La manufacture Dufour & Leroy édite en 1831 un papier peint panoramique intitulé Renaud et Armide ou la Jérusalem délivrée exposé au Musée des Arts décoratifs de Paris
  • Le compositeur italien Gaetano Donizetti a composé un opéra intitulé Torquato Tasso (en) (1833) et incorporé certains passages de l’œuvre originale dans le libretto.
  • Franz Liszt a composé un poème symphonique, Tasso, Lamento e Trionfo pour célébrer le centenaire de la pièce de Goethe. La première partie, au climat sombre, évoque l'anxiété de l'asile, et la seconde partie la reconnaissance et la gloire qui accompagnent son retour à la vie civile.
  • Parmi les nombreux artistes inspirés à la fois par la Jérusalem délivrée et Aminta, on compte Le Tintoret, les Carracci, Guercino, Pietro da Cortona, Domenichino, Cigoli, Van Dyck, Poussin, Claude Lorrain, Tiepolo, Boucher, Fragonard, Johann Friedrich Overbeck, Hayez, et Delacroix.
  • La rue Le Tasse, dans le 16e arrondissement de Paris, lui rend hommage.
  • André Sempoux, universitaire belge spécialiste de la littérature italienne a écrit un roman où il mêle le destin de son narrateur à un récit sensible de la vie du Tasse, Torquato, l'ami d'un autre temps (éd. Luce Wilquin, Bruxelles, 2002).

Œuvres

Œuvres de fiction

  • Renaud, 1562
  • Aminta, 1573, publié par Jamet Mettayer traduit par De la Brosse en 1592
  • Gerusalemme liberata (La Jérusalem délivrée ou Jérusalem libérée), 1581, Lire en ligne en italien, en français Tome 1 et Tome 2. Sa version remaniée par l'auteur, la Gerusalemme conquistata, ne parut qu'en 1592.
  • Rime Rimes »), est un recueil en neuf livres d'environ 2 000 vers, composé entre 1567 et 1593. On y retrouve l'influence du Canzoniere de Pétrarque : l'auteur y recherche principalement la musicalité et privilégie la richesse de délicates images et la peinture des sentiments subtils.
  • Galealto re di Norvegia, (1573-4), une tragédie inachevée, fut continuée sous un autre titre : Le Roi Torrismonde[11] (Re Torrismondo, 1587). Elle est inspirée des tragédies de Sophocle et de Sénèque, et narre l'histoire de la princesse Alvida de Norvège, mariée contre son gré au roi des Goths Thorismond, alors qu'elle est éprise de roi de Suède Germond, son ami d'enfance. En 1647, l'écrivain grec Joannes Andreas Troilos s'inspira du Roi Torrismonde pour sa tragédie Le Roi Rhodolinos[12].

Essais littéraires et philosophiques

  • Discours de l’art poétique (1565-66)
  • Les « Dialogues » (Dialoghi) ont été composés entre 1578 et 1594. Ces 28 textes traitent de sujets variés, des plus abstraits (l'amour, la vertu, la noblesse) aux plus profanes (l'art des masques, le jeu, l'art de faire sa cour et la beauté). Parfois Le Tasse aborde les grands thèmes de son époque : par exemple, le conflit entre religion et liberté d'opinion, ou encore la lutte entre la Chrétienté et l’Islam à Lépante.
  • Les Discours sur le poème héroïque (Discorsi del poema eroico) furent publiés en 1594. Ils constituent le principal accès à l’art poétique du Tasse. Ils furent probablement rédigés au moment des corrections de la Gerusalemme Liberata.

Traductions récentes en français

  • Jérusalem libérée, trad. et prés. par Michel Orcel, Folio classique, Gallimard, 2002 (ISBN 978-2070409761 et 2070409767)
  • Rimes et plaintes, trad. et prés. par Michel Orcel, Fayard, 2002 (ISBN 2-213-61240-4)
  • Le Messager, trad. et prés. de Michel Orcel, éd. Verdier, 2012
  • Discours de l'art poétique. Discours du poème héroïque, trad. et prés. par Françoise Graziani, Aubier, 1997
  • Les Flèches d'Armide, trad. et prés. par Jacques Audiberti, éd. par Jean-Charles Vegliante, Imprimerie nationale, 1995 (bilingue)

Notes et références

  1. Cf. les Notes d'édition par Samuel Silvestre de Sacy du Folio 186 publié chez Gallimard, v. p. 89 et la note 3 p. 259.
  2. Jérusalem délivrée: poëme par Torquato Tasso.
  3. D'après Jo Ann Cavallo, The Romance Epics Of Boiardo, Ariosto, and Tasso : from Public Duty to Private Pleasure, University of Toronto Press, coll. « Toronto Italian Studies », , 300 Pages p. (ISBN 0-8020-8915-1, lire en ligne), « XIII - Bernardo Tasso, L'Amadigi (1560) » .
  4. D'après Giuseppe Gallavresi, Catholic Encyclopaedia, New York, Robert Appleton Co., , « Tasso (Torquato) » .
  5. Jean Baptiste Antoine Suard, Notice sur la vie et le caractère du Tasse, Paris, Garnier Frères, en préface d'une traduction en français de "Jérusalem délivrée" par Le Prince Lebrun
  6. Appréciation de Anthony Esolen, Tasso's Life. Introduction to Torquato Tasso's Jerusalem Delivered, Johns Hopkins University Press, .
  7. La passion du Tasse pour Éléonore d'Este, et le fait que le duc se serait vengé de cette adultère en emprisonnant le poète, constitue la trame des Lamentations du Tasse de Byron, du Torquato Tasso de Goethe, et de l'opéra de Donizetti (cf. infra) ; elle n'est plus d'aucun crédit de nos jours : (en) Margaret Drabble, The Oxford Companion to English Literature, Oxford/New York, Oxford University Press, , 1172 p. (ISBN 0-19-866244-0), p. 964-965.
  8. Michel de Montaigne, Essais, livre II, chapitre XII.
  9. Notice consacrée au Tasse par Henri Hauvette dans sa Littérature italienne, 1921, p.275-298, insérée dans l'édition de La Jérusalem délivrée de 1932 à lire sur ebooks-bnr.com.
  10. Dans ses Amoretti (d'après Margaret Drabble dans The Oxford Companion to English Literature, art. Tasso) et surtout The Faërie Queene ; cf. à ce sujet M. H. Abrams, Norton Anthology of English Literature, vol. 1, New York, W.W. Norton & Co., , 7e éd., p. 623.
  11. Exemplaire numérisé en ligne.
  12. Alexandre Embiricos, La Renaissance crétoise, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Collection de l'Institut d'Études Byzantines et Néohelléniques de l'Université de Paris », , 301 p., p. 159-161.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre-Louis Ginguené, Histoire littéraire d'Italie, Paris, L.G. Michaud, (réimpr. 1823, 2e éd.), 9 volumes in-8°.

Liens externes

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