Syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui

Le syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui ou boreout (parfois orthographié bore-out), [ˈbɔɹaʊt], est un trouble psychologique qui engendre des maladies physiques.

Ce syndrome est déclenché par le manque de travail, l'ennui et, par conséquent, l'absence de satisfaction dans le cadre professionnel. Il affecterait couramment les individus travaillant en entreprise et notamment les travailleurs du secteur tertiaire. Cette théorie a été présentée dans Diagnosis Boreout, un livre écrit par deux consultants d'affaires suisses, Peter Werder et Philippe Rothlin.

Description

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Selon Werder et Rothlin[1],[2], c'est l'absence de tâches signifiantes, plutôt que le stress, qui constitue le principal problème d'un grand nombre de travailleurs. Le syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui se caractérise par trois éléments : l'ennui, l'absence de défis et le désintérêt.

Les auteurs s'opposent à l'opinion commune selon laquelle l'employé démotivé serait paresseux ; bien au contraire, ils affirment que l'employé a perdu tout intérêt pour ses tâches et a été placardisé donc les personnes souffrant de ce syndrome sont « insatisfaites de leur situation professionnelle » et souffrent énormément de cette situation et du manque de solidarité du management et des collègues.

Leur frustration peut trouver sa source dans leur incapacité à contribuer au développement de leur entreprise, à utiliser leurs compétences et connaissances ou à pouvoir faire des efforts reconnus.

Les auteurs affirment que ce phénomène a été négligé par les chercheurs comme par les employeurs en raison de la stigmatisation sociale attachée au bore out et aux pathologies extrêmement graves que ce phénomène va déclencher avec l’automatisation des tâches.

Le syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui peut survenir pour différentes raisons.

Les auteurs notent que le bore out n'apparaît pas en général dans les métiers dont le principe est de mener à bien une tâche spécifique (par exemple : chirurgien) ou d'aider des personnes dans le besoin (par exemple : travailleur social ou assistante maternelle).

En termes d'effet de groupe, le bore out peut apparaître lorsque le personnel d'encadrement ou les employés les plus voraces ou les plus ambitieux accaparent les travaux les plus intéressants et ne laissent que quelques tâches parmi les plus ennuyeuses aux autres (ce qui provoque l'ennui et le désœuvrement chez les victimes).

Werder et Rothlin citent une étude sur le gaspillage du temps au travail, menée par AOL et salary.com en 2005[3]. L'enquête, qui porte sur 10 000 employés, montre que le travailleur moyen, sur une journée de travail de huit heures et sans prendre en compte les pauses réglementaires, gaspille 2,09 heures à accomplir des tâches sans rapport avec son emploi. La principale raison évoquée pour 33 % des personnes interrogées est l'absence de tâches attribuées.

Les auteurs de l'étude montrent que beaucoup d'entreprises répondent à ce problème (dont elles sont à l’origine) en accroissant la surveillance en premier lieu.

L'utilisation de l'Internet peut être contrôlée et l'accès à un certain nombre de sites (jeux vidéo, réseaux sociaux…) peut être bloqué... pour que les collaborateurs souffrent et craquent plus rapidement.

Cependant, les auteurs soutiennent que ces méthodes ne sont pas efficaces et qu'elles ne créent pas un bon environnement de travail.

Les employés les plus au fait de la technique peuvent contourner ces restrictions. Si l'employeur interdit l'accès à Facebook ou Hotmail, ceux des employés qui disposent de smartphones peuvent les utiliser pour envoyer leurs courriels personnels. De même, si l'employeur surveille les appels téléphoniques (selon les numéros appelés ou la durée des communications), les employés peuvent toujours utiliser leurs propres téléphones portables, à leur poste de travail comme dans les couloirs.

Stratégies

Les symptômes du bore out peuvent amener les employés à adopter des stratégies, telle qu'une apparence de stress et d'activité, afin de masquer adroitement leur évitement de tout travail ennuyeux supplémentaire.

« L'objectif de l'employé atteint de bore out est de paraître occupé, malgré la parfaite connaissance du problème par les managers des victimes.

Parmi les stratégies de bore out, on trouve :

  • la stratégie de l'étirement des tâches, qui consiste à les faire durer beaucoup plus de temps que nécessaire. Par exemple, si la seule tâche pour une semaine donnée est la rédaction d'un rapport prenant normalement trois jours, l'employé étirera ces trois journées de travail sur la semaine entière. Les stratégies d'étirement sont variables de personne à personne. Certains employés rédigeront leur rapport dans les trois premiers jours, puis passeront les jours restants à naviguer sur l'Internet, à préparer leurs vacances, à acheter en ligne, à envoyer des courriels personnels, etc., tout en s'assurant que leur poste informatique de travail donne toutes les apparences d'une activité intense (fichiers professionnels prêts à être affichés à l'écran). D'autres employés agiront différemment en fragmentant leur travail sur la semaine entière, se ménageant de multiples pauses pour envoyer des courriels personnels, fumer une cigarette, boire un café, bavarder avec des collègues, voire se rendre aux toilettes pour un somme de dix minutes.
  • la stratégie du pseudo-investissement, qui consiste à simuler l'engagement professionnel en étant présent et assis à son bureau, parfois après les horaires de travail. Ainsi, des employés démotivés peuvent prendre leur repas de midi au bureau pour donner l'impression qu'ils travaillent sans arrêt, alors qu'ils s'occupent de leurs courriels personnels ou lisent des magazines. Un employé qui consacre l'après-midi à passer des appels téléphoniques personnels peut aisément parvenir à le masquer par des dialogues au ton professionnel et sérieux.

La plupart des responsables hiérarchiques sont complices.

Symptômes et conséquences

Les premiers symptômes de l'ennui au travail sont la démotivation, l'anxiété et la tristesse. Sur le long terme, va s’installer le bore-out engendrant un fort sentiment de dévalorisation de soi, qui peut se transformer en une dépression.

Les conséquences du bore out pour les employés sont nombreuses aussi bien sur le plan psychologique que sur plan physique et plus ou moins grave. Sur le plan psychologique l'ennui, l'insatisfaction et la frustration permanente entraînent peu à peu la victime de bore out dans un cercle vicieux. Celle-ci perd peu à peu la volonté d'agir au niveau professionnel et ainsi qu'au niveau personnel. À la perte d'estime de soi s'ajoute l'angoisse permanente d'être découvert. La victime de bore out vit avec la peur constante que son supérieur hiérarchique, ses collègues et même ses amis ne découvrent son inactivité et sa duplicité. Un état de tristesse constant s'empare de l'employé provoquant des crises de larmes sans raisons particulières. Les collègues s'éloignent du collaborateur (trice) concerné(e). Étant confronté en permanence au vide de sa vie professionnelle et à son inutilité dans la société, le salarié est en grande souffrance. Souffrance d'autant plus accentuée qu'elle ne peut être partagée et si elle l'est, n'est pas comprise. Ceci peut engendrer des troubles psychiques graves tels que la destruction de la personnalité, la dépression ou le suicide. Le bore out est également déclencheur de maladies physiques telles que certains types d'épilepsie générées par le stress ou l'épuisement, troubles du sommeil graves, tremblements des mains et de la voix, zona, ulcères et parfois le suicide.

Sur le plan physique, selon l'étude anglaise « Bored to death », les salariés qui s’ennuient au travail présentent deux à trois fois plus de risque d'être victime d’accidents cardiovasculaires que ceux dont l’emploi est stimulant[4]. L'angoisse permanente dans laquelle vit le salarié l'épuise physiquement. La fatigue est constante malgré l'inactivité physique. La victime de bore out peut comme pour le burnout développer des troubles du sommeil. Le bore out peut engendrer des troubles de l'alimentation tels que le grignotage intempestif ou la perte d'appétit. Certaines personnes peuvent avoir recours à l'alcool ou à la drogue pour pallier leur mal-être et ainsi développer une dépendance nocive.

Les conséquences sont également négatives pour l'employeur : charge financière, risque élevé de congé maladie, faible loyauté à l'entreprise. Le paradoxe du bore out est que, malgré le dégoût de leur situation, les employés se sentent incapables de demander des tâches plus stimulantes, de soulever le problème avec leurs supérieurs, ni même de chercher un nouveau travail. Le bore out est analogue au comportement passif-agressif en ceci que le sujet atteint oppose une attitude passive à sa situation problématique. Werder et Rothlin proposent cependant une méthode : l'analyse de la situation professionnelle, la recherche d'une solution au sein de l'entreprise, et, en dernier lieu, la recherche d'un autre emploi.

En 2018, l’entreprise Interparfums a été condamnée à payer la somme de 50 000 euros aux prud’hommes pour « licenciement nul  » résultant de « l’existence d’un harcèlement moral » avec une « pratique de mise à l’écart ».[5].

Références

  1. Christian Bourion, Stéphane Trébucq, « Le bore-out-syndrom », Cairn.info, Revue internationale de psychosociologie, , p. 376 (DOI 10.3917/rips.041.0319, lire en ligne)
  2. « Faire face à l'ennui au travail: un défi de plus pour la ministre du travail! », sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
  3. Wasted time at work costing companies billions — A Salary.com/AOL survey.
  4. « Le « bore-out » ou l’inemploi dans l’emploi », sur Le Monde, (consulté le ).
  5. « Premier procès du « Bore-out » : Interparfums condamné pour « harcèlement moral » », sur Le Monde, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Bourion et Stéphane Trebucq, « Le bore-out-syndrom », Revue internationale de psychosociologie 2011/41 (Vol. XVII)
  • Annie Britton et Martin J Shipley, « Bored to death? », International Journal of Epidemiology (2010) 39 (2): 370-371.
  • Olivier Berneout, Burn-out, bore-out et RPS : Sortir de l'enfer au travail, 2015, (ISBN 1517685257)
  • Christian Bourion, "LE BORE-OUT SYNDROM (Quand l'ennui au travail rend fou)", Éditions Albin MICHEL, 2016, (ISBN 978-2-226-32011-7)
  • François Baumann, "LE BORE-OUT SYNDROM (Quand l'ennui au travail rend malade) Josette Lyon, (ISBN 978-2-84319-365-1)

Articles connexes

Liens externes

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