Spencer Perceval
Spencer Perceval, né le à Londres et mort le dans cette même ville, est un homme d'État britannique ayant exercé la fonction de Premier ministre de 1809 jusqu'à son assassinat en 1812.
Pour les articles homonymes, voir Perceval (homonymie).
Entré en politique à 33 ans, il siégea du côté des conservateurs, s'opposant à l'émancipation des catholiques et à une réforme du Parlement tout en soutenant la guerre contre Napoléon Ier et l'abolition du commerce négrier dans l'Atlantique. Après avoir rempli diverses fonctions, dont celles de chancelier de l'Échiquier et de leader de la Chambre des communes sous le ministère du duc de Portland, il fut nommé Premier ministre en .
Le mandat de Perceval à la tête du pays fut marqué par plusieurs crises et difficultés majeures, comme l'enquête sur l'expédition de Walcheren, la folie du roi George III, la dépression économique et la révolte des luddites. Il parvint néanmoins à se maintenir au pouvoir et conduisit avec succès la guerre de la péninsule Ibérique contre les Français malgré l'attitude défaitiste de l'opposition, ce qui lui attira le soutien du prince régent. Alors que sa position paraissait renforcée, il fut assassiné en mai 1812 alors qu’il traversait le palais de Westminster pour se rendre à un débat à la Chambre des communes. Il est le seul Premier ministre britannique à périr de la sorte.
Biographie
Origines et ascension politique
Né à Audley Square en Mayfair, Londres, il est le fils de John Perceval, comte d'Egmond, Premier Lord de l'Amirauté, et de Catherine Compton, baronne Arden.
Élu membre du Parlement en 1797, il se fit remarquer parmi les soutiens du ministère par son éloquence, son zèle et ses connaissances en matière de finances. Successivement solliciteur et procureur-général, il devient chancelier de l'Échiquier en 1807 et Premier Lord du Trésor en 1809.
Premier ministre du Royaume-Uni
Devenu Premier ministre, son gouvernement n'était pas prévu pour durer. Ses alliés étaient particulièrement peu nombreux à la Chambre des communes où Perceval n'avait qu'un seul ministre, le secrétaire à l'Intérieur Richard Ryder, et il devait compter sur le soutien des députés de l'arrière-ban lors des débats. Durant la première semaine de session parlementaire en , le gouvernement dut accepter une motion relative à une proposition d'enquête sur l'expédition de Walcheren, survenue l'été précédent et au cours de laquelle un contingent britannique chargé de capturer Anvers avait été obligé de se replier après qu'une épidémie eût engendré de nombreuses pertes dans ses rangs. Perceval dut également faire des concessions sur la composition du comité des finances. Son gouvernement se maintint cependant face à l'enquête menée sur l'expédition de Walcheren au prix de la démission du commandant de l'expédition, Lord Chatham[1].
À la même période, le député radical Francis Burdett fut emprisonné à la Tour de Londres pour avoir publié un article dans le Political Register de William Cobbett dénonçant la mise à l'écart de la presse dans le déroulement de l'enquête. En raison de diverses maladresses, il fallut trois jours aux autorités pour procéder à l'arrestation de Burdett. La population ayant envahi les rues pour témoigner de son soutien à Burdett, Perceval fit donner la troupe et la répression fit plusieurs morts[2]. En tant que chancelier, Perceval continua de rassembler des fonds pour financer la campagne de Wellington dans la péninsule Ibérique, tout en contractant une dette inférieure à celle de ses prédécesseurs ou successeurs[3].
En 1809, le roi George III célébra son jubilé d'or. À l'automne suivant, il montra des signes de rechute de la maladie qui avait déjà fait craindre la nécessité d'une régence en 1788. Perceval n'était pas enthousiaste à la perspective d'une régence car le prince de Galles était favorable aux whigs et n'aimait pas Perceval depuis le rôle que celui-ci avait joué dans la « délicate investigation ». Le Parlement fut ajourné à deux reprises au cours du mois de , en raison des rapports optimistes des médecins sur l'état de santé du roi. En décembre, plusieurs comités de la Chambre des lords et de la Chambre des communes entendirent les témoignages des médecins et Perceval écrivit finalement au prince de Galles le qu'il avait l'intention de proposer la mise en place d'une régence le lendemain. Tout comme la proposition de Pitt en 1788, ce régime particulier comportait un certain nombre de restrictions : la possibilité pour le régent de créer des pairs et de distribuer des offices et des pensions était limitée à 12 mois ; la reine était chargée de veiller sur le roi ; enfin les biens personnels du roi seraient confiés à des administrateurs[4].
Le prince de Galles, soutenu par l'opposition, critiqua ces restrictions mais Perceval parvint à faire adopter la loi par le Parlement. Tout le monde s'attendait à ce que le nouveau régent renouvelle intégralement ses ministres, mais à la surprise générale, ce dernier choisit de confirmer Perceval dans ses fonctions. La raison officielle donnée par le régent était qu'il ne voulait pas aggraver la maladie de son père. Le roi signa le projet de loi de régence le et le régent prêta serment le jour suivant. Le Parlement ouvrit alors formellement la session de l'année 1811. Celle-ci fut largement dominée par les problèmes en Irlande, la dépression économique, la « controverse bullioniste » en Angleterre — autour d'un projet de loi qui visait à légaliser l'usage des billets de banque — et les opérations militaires dans la péninsule Ibérique[5].
Les restrictions imposées à la régence expirèrent en , mais le roi ne montrait toujours aucun signe de rétablissement. En conséquence, le prince régent décida, après avoir tenté sans succès de convaincre Grey et Greenville d'entrer au gouvernement, de garder Perceval et les ministres en poste. Après avoir intrigué avec le prince régent, Richard Wellesley démissionna du ministère des Affaires étrangères et fut remplacé par le vicomte Castlereagh. Pendant ce temps, l'opposition lança une attaque en règle contre les décrets en conseil, qui avaient provoqué une crise diplomatique avec les États-Unis et étaient accusés d'être à l'origine de la dépression économique et du chômage en Angleterre. Des révoltes éclatèrent dans les Midlands et dans le Nord et furent violemment réprimées. La motion d'Henry Brougham en faveur d'un comité restreint fut défaite à la Chambre des communes ; toutefois, soumis à la pression constante des manufacturiers, le gouvernement accepta de créer un comité plénier chargé d'étudier les décrets en conseil et leur incidence sur le commerce et la fabrication. Le comité commença ses investigations au début du mois de [6].
Assassinat
Le , Perceval fut assassiné par un déséquilibré du nom de John Bellingham (qui sera jugé, puis pendu sept jours plus tard), alors qu'il s'apprêtait à rentrer dans la Chambre des communes. Il est à ce jour le seul Premier ministre du Royaume-Uni à avoir trouvé la mort dans un assassinat.
Monuments
Il y a une statue de Spencer Perceval à Northampton, sculptée par Francis Leggatt Chantrey en 1817. Il y a aussi un buste de lui dans l'église Saint-Luc (St Luke's Church) dans le quartier londonien de Charlton, où il est enterré.
En 2014, plus de deux siècles après son assassinat, une plaque commémorative près du site dans le palais de Westminster était dévoilée[7]. Le site précis n'est pas connu car l'assassinat a lieu avant de la destruction du palais de Westminster par incendie en 1834.
Bibliographie
- Essai biographique sur M. Perceval, premier ministre d'Angleterre, traduit de l'anglais par Henri de Lasalle (Paris, 1812).
- (en) Denis Gray, Spencer Perceval : The Evangelical Prime Minister, 1762–1812, Manchester University Press, (lire en ligne).
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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