Silvana Mangano
Silvana Mangano est une actrice italienne née le à Rome et morte le à Madrid.
Pour les articles homonymes, voir Mangano.
Naissance |
Rome, Italie |
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Nationalité | Italienne |
Décès |
Madrid, Espagne |
Profession | Actrice |
Films notables |
Riz amer Œdipe roi Théorème Le Décaméron Mort à Venise Ludwig ou le Crépuscule des dieux |
Biographie
Miss Rome
Fille d'un cheminot sicilien et d'une mère anglaise, Silvana est élevée dans un climat de pauvreté et de privation, avec son frère aîné Roy et ses deux sœurs cadettes, Patrizia et Natascia. Elle découvre la danse à l'Opéra et, pendant sept ans, sa mère fera l'effort de lui payer des cours de danse chez Jia Ruskaja, à Milan. Silvana devient ensuite mannequin à l'atelier Mascetti. Elle participe à plusieurs concours de beauté, elle est élue Miss Rome en 1946[1]. Elle concourt au titre de Miss Italie, aux côtés de Lucia Bosé (élue Reine), Gina Lollobrigida, Eleonora Rossi Drago et Gianna Maria Canale, qui toutes feront carrière dans le cinéma.
La Mangano
Elle prend ensuite des cours de comédie et rencontre à cette occasion son premier grand amour, Marcello Mastroianni. Leur union dure peu de temps, mais ils se reverront régulièrement sur les plateaux de tournage. Sa première apparition au cinéma sera dans une figuration en 1945 dans un film français, Le Jugement dernier de René Chanas. Le metteur en scène Mario Costa la remarque à cette époque et lui fait tourner un petit rôle dans L'Elixir d'amour.
La consécration arrive dès 1949 avec Riz amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis où elle campe une repiqueuse de riz provocante, en short court et corsage moulant[2] ; son air effronté l'impose comme le premier « sex-symbol » de l'Italie d'après-guerre, une sorte de réponse nationale à la hollywoodienne Rita Hayworth. Son mariage avec le producteur Dino De Laurentiis, la même année, lui permet de gérer au mieux sa carrière : par la suite, il la fera travailler avec les plus célèbres acteurs de l'époque, aussi bien italiens comme Vittorio Gassman, Raf Vallone, Alberto Sordi ou Nino Manfredi qu'internationaux comme Kirk Douglas, Anthony Quinn ou Anthony Perkins, devant les caméras des plus grands cinéastes de l'époque, Mario Camerini, Vittorio De Sica, Mario Monicelli, Luchino Visconti ou Pier Paolo Pasolini. La position de son mari permet à celui-ci d'engager des cinéastes étrangers de renom Robert Rossen, René Clément ou Martin Ritt pour la faire tourner.
Séduisante, passionnée, pathétique ou drôle, elle s'adapte à tous les rôles. Et les succès s'accumulent à raison d'environ un tournage par an. Outre deux incursions dans le genre péplum, l'une avec Mario Camerini pour Ulysse en 1955, l'autre avec Richard Fleischer pour Barabbas en 1962, elle offre de superbes compositions dans Anna avec Lattuada, L'Or de Naples avec de Sica, Hommes et loups avec de Santis, La Grande Guerre avec Monicelli, Chacun son alibi avec Camerini ou Le Procès de Vérone avec Lizzani.
Une nouvelle muse
Progressivement son activité se fait plus sélective. Elle choisit des sujets de qualité qui deviendront des œuvres admirables. Ce sera d'une part avec Pasolini pour Œdipe roi en 1967, Théorème en 1968, Le Décaméron en 1971 et d'autre part avec Visconti pour Mort à Venise en 1971, Ludwig ou le Crépuscule des dieux en 1972, Violence et passion en 1974 sans oublier leur coréalisation des Sorcières en 1966 (où elle côtoie Annie Girardot et Clint Eastwood).
Après 1974, elle quitte les plateaux de tournage pour se consacrer à sa vie familiale. On ne la reverra qu'en 1984, dans Dune, le film de David Lynch produit par sa fille, Raffaella De Laurentiis, et en 1987 aux côtés de Marcello Mastroianni dans Les Yeux noirs (Oci ciornie) de Nikita Mikhalkov.
Silvana Mangano laisse le souvenir d'une très grande actrice, estimée du public et de la profession, et d'une star de premier plan, d'une beauté singulière et impressionnante, capable de la plus grande distinction dans Mort à Venise comme de la plus grande vulgarité dans L'Argent de la vieille ou Violence et Passion ; elle a été sorcière, mère d'Œdipe, amante d'un ange (Terence Stamp), et, dans Le Décaméron, la Madone, reine du Ciel.
Le peintre Axel Sanson l'a notamment représentée dans l'un de ses tableaux[3].
Vie privée
Dans sa jeunesse, elle a une relation de quelques mois avec l'acteur Marcello Mastroianni[1].
Mariée au producteur Dino De Laurentiis en 1949, elle a quatre enfants : Veronica (née en 1950), Raffaella (née en 1952), Federico (1955-1981) et Francesca (née en 1961).
Elle s'était lancée dans le cinéma « seulement pour l'argent ». Au fil des années, elle développe une dépression (accentuée par la mort de ses amis Pier Paolo Pasolini et Luchino Visconti, puis de son fils Federico), ce qui la conduira à s'isoler. Elle est catholique pratiquante. Avec son mari, elle vit dans la banlieue chic de Rome, près de la Via Appia Antica ; ils possèdent également une résidence secondaire en France, au bord de la plage de Roquebrune-Cap-Martin, où ils organisent des soirées mondaines[1].
La disparition de Federico, le , à l'âge de 26 ans, dans un accident d'avion en Alaska, la plonge dans le désespoir et déchire son couple, elle divorce en 1983. Elle s'éteint six ans plus tard dans une clinique madrilène, victime d'un cancer du poumon[4].
Filmographie
- 1945 : Le Jugement dernier de René Chanas
- 1946 : L'elisir d'amore de Mario Costa : une amie d'Adina
- 1947 : Le Crime de Giovanni Episcopo (Il Delitto di Giovanni Episcopo) d'Alberto Lattuada : une danseuse
- 1948 : Le Carrefour des passions (Gli Uomini sono nemici) d'Ettore Giannini
- 1949 : Riz amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis : Silvana
- 1949 : Cagliostro (Black magic) de Gregory Ratoff
- 1949 : Le Loup de la Sila (Il Lupo della Sila) de Duilio Coletti : Rosaria
- 1950 : Mara, fille sauvage (Il Brigante Musolino) de Mario Camerini : Mara
- 1951 : Anna d'Alberto Lattuada : Anna
- 1953 : Il Più comico spettacolo del mondo de Mario Mattoli
- 1954 : L'Or de Naples (L'Oro di Napoli) de Vittorio De Sica, segment Teresa : Teresa
- 1954 : Mambo de Robert Rossen : Giovanna Masetti
- 1954 : Ulysse (Ulisse) de Mario Camerini : Circé et Pénélope
- 1956 : Hommes et loups (Uomini e lupi) de Giuseppe De Santis : Térésa
- 1958 : Barrage contre le Pacifique (This angry age) de René Clément : Suzanne Dufresne
- 1958 : La Tempête (La Tempesta) d'Alberto Lattuada : Masha
- 1959 : La Grande Guerre (La Grande guerra) de Mario Monicelli : Costantina
- 1959 : Uomini e nobiluomini de Giorgio Bianchi
- 1960 : Cinq femmes marquées (Five Branded Women) de Martin Ritt : Jovanka
- 1960 : Chacun son alibi (Crimen) de Mario Camerini : Marina
- 1961 : Une vie difficile (Una Vita difficile) de Dino Risi : elle-même
- 1961 : Le Jugement dernier (Il Giudizio universale) de Vittorio De Sica : la signora Matteoni
- 1962 : Barabbas (Barabba) de Richard Fleischer : Rachel
- 1963 : Le Procès de Vérone (Il Processo di Verona) de Carlo Lizzani : Edda Ciano
- 1964 : Il Disco volante de Tinto Brass : Vittoria, une pauvre paysanne veuve
- 1964 : La Mia signora de Mauro Bolognini, Tinto Brass et Luigi Comencini : l'épouse, Clara, Eritrea et Luciana
- 1966 : Moi, moi, moi et les autres (Io, io, io... e gli altri) d'Alessandro Blasetti : Silvia
- 1967 : Les Sorcières (Le Streghe), coréalisation,
- segment La Sorcière brûlée vive (La Strega Bruciata viva) de Luchino Visconti : Gloria
- segment Sens civique (Senso civico) de Mauro Bolognini : la femme pressée
- segment La Terre vue de la Lune (La Terra vista dalla luna) de Pier Paolo Pasolini : Assurdina Caì
- segment La Sicilienne (La Siciliana) de Franco Rossi : Nunzia
- segment Un soir comme les autres (Una Sera come le altre) de Vittorio De Sica : Giovanna
- 1967 : Œdipe roi (Edipo re) de Pier Paolo Pasolini : Jocaste
- 1967 : Scusi, lei è favorevole o contrario? d'Alberto Sordi : Emanuela
- 1968 : Théorème (Teorema) de Pier Paolo Pasolini : Lucia, la mère
- 1968 : Caprice à l'italienne (Capriccio all'italiana), coréalisation,
- segment La Nurse (La Bambinaia) de Mario Monicelli : la nurse
- segment Pourquoi ? (Perché?) de Mario Monicelli : l'épouse de l'automobiliste
- segment Chemin du travail (Viaggio di lavoro) de Pino Zac : la reine
- 1971 : Le Décaméron (Il Decameron) de Pier Paolo Pasolini
- 1971 : Mort à Venise (Morte a Venezia) de Luchino Visconti : la mère de Tadzio
- 1971 : Scipion, dit aussi l'Africain (Scipione detto anche l'africano) de Luigi Magni : Emilia
- 1972 : Ludwig ou le Crépuscule des dieux de Luchino Visconti : Cosima von Bülow
- 1972 : L'Argent de la vieille (Lo Scopone scientifico) de Luigi Comencini : Antonia
- 1972 : D'amore si muore de Carlo Carunchio : Elena
- 1974 : Violence et Passion (Gruppo di famiglia in un interno) de Luchino Visconti : la marquise Bianca Brumonti
- 1984 : Dune de David Lynch : la révérende Mère Gaius Helen Mohiam
- 1987 : Les Yeux noirs (Oci ciornie) de Nikita Mikhalkov : Elisa, l'épouse de Romano
Récompenses
- 1955 : Ruban d'argent de la meilleure actrice pour L'Or de Naples (L'Oro di Napoli)
- 1963 : David di Donatello de la meilleure actrice principale pour Le Procès de Vérone (Il Processo di Verona)
- 1964 : Ruban d'argent de la meilleure actrice pour Le Procès de Vérone (Il Processo di Verona)
- 1967 : David di Donatello de la meilleure actrice principale pour Les Sorcières (Le Streghe)
- 1972 : Ruban d'argent de la meilleure actrice dans un second rôle pour Mort à Venise (Morte a Venezia)
- 1973 : David di Donatello de la meilleure actrice principale pour L'Argent de la vieille (Lo Scopone scientifico)
Notes et références
- Jean-Baptiste Roques, « Les soleils noirs de la Mangano », Vanity Fair no 24, juin 2015, pages 150-159.
- Antonio Mancinelli (dir.) et Silvana Mangano (trad. de l'italien), Fashion Box : les icônes de la mode, Paris, Éditions du Chêne, , 480 p. (ISBN 978-2-8123-0426-2), « Hot Pants », p. 182 à 211
- Catherine Malaval, Axel Sanson. Una persistente fortuna, Paris, La nouvelle école française, , 85 p. (ISBN 979-10-97320-00-3), p. 25
- « Mort de Silvana Mangano La magicienne », Le Monde, , p. 10
Voir aussi
Liens externes
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