Siddhartha Gautama

Siddhārtha Gautama (sanskrit ; pāli : Siddhattha Gotama), dit Shakyamuni sage des Śākyas ») ou le Bouddha l’Éveillé »), est un chef spirituel qui vécut au VIe siècle av. J.-C. ou au Ve siècle av. J.-C., fondateur historique d'une communauté de moines errants[2] qui donnera naissance au bouddhisme.

Pour les articles homonymes, voir Bouddha (homonymie), Gautama (homonymie) et Siddhartha.

Prince Siddhârtha Gautama ou Bodhisattva Avalokiteshvara. Gandhara site de Shahbaz-Garhi. Empire Kouchan, Ier – IIIe siècle. Schiste. Hauteur : 120 cm. Mission Alfred Foucher[1] Musée Guimet.

Il naît à Lumbinî situé dans l'actuel Népal[3], sur la route de Kapilavastu, la capitale du clan familial, dans l’actuel Teraï népalais[4], de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas appartenant à la caste des kṣatriyas guerriers et administrateurs, et fut actif dans les États de Kosala et Magadha au nord-est de l’Inde actuelle.

Il aurait vécu à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas sur les dates exactes de sa vie, que les recherches modernes tendent à situer de plus en plus tard : vers 623-543 av. J.-C. selon la tradition theravada, vers 563-483 av. J.-C. selon la majorité des spécialistes du début du XXe siècle[5], beaucoup au début du XXIe siècle envisageant un parinirvāṇa (mort du Bouddha) entre 420 et 380 av. J.-C.[6]. Tous les courants bouddhistes le considèrent comme le « bouddha pur et parfait » (samyaksambuddha)[7] de notre ère, qui non seulement a atteint l’éveil, mais est capable de « mettre en branle la roue de la Loi » et de propager l’enseignement bouddhiste dans le monde. Son enseignement se transmit oralement pendant trois à quatre siècles avant d’être couché dans les textes du canon pali.

Le titre de Bouddha (en sanskrit buddha, « éveillé », participe passé passif de la racine sanskrite budh-, « s'éveiller ») lui aurait été accordé plus tard par ses disciples. Ainsi doté d’une majuscule dans la notation conventionnelle, ce titre désigne Shakyamuni afin de le différencier d’autres personnes nommées buddha pour avoir transcendé la dualité samsara/nirvāna selon le bouddhisme mahāyāna. Il est également connu pour être un tathāgata, « l'Ainsi-Venu/celui qui est venu/allé ainsi prêcher la bonne Loi » (Dharma).

Vie du Bouddha

Sources

Les connaissances concernant la vie du Bouddha proviennent d'informations éparses dans le canon pali[8] qui s'est d'abord transmis oralement et n'a été mis par écrit que quelques centaines d'années après sa mort (Ier siècle av. J.-C. pour les plus anciens passages[9],[10]). Les textes du canon mélangent métaphysique et détails biographiques dont certains sont surnaturels. Ainsi, si l'épisode où Gautama apaise un éléphant furieux que son cousin Devadatta aurait lâché sur lui peut être acceptable pour le lecteur sceptique, d'autres, telles ses conversations avec les dieux ou sa téléportation instantanée au Śrī Laṅkā, ne le sont pas. La première biographie complète du Bouddha est le Buddhacharita d'Ashvagosha (c. 80-150) rédigé sous forme de récit épique.

Toutes les sources s'accordent pour attribuer au bouddha historique une durée de vie de quatre-vingts ans, mais les estimations varient concernant les dates :

  • c. 1029-949 av. J.-C., c. 958-878 av. J.-C., c. 476-686 av. J.-C. selon différentes estimations chinoises[6] ;
  • c. 961-881 av. J.-C. selon la chronologie tibétaine[6] ;
  • c. 623-543 av. J.-C. selon la tradition theravada[6] ;
  • c. 563-483 av. J.-C. selon la majorité des spécialistes du début du XXe siècle[6] ;
  • c. 463-383 av. J.-C. selon des estimations japonaises[11].

Selon L. S. Cousins, de nombreux spécialistes envisageant un parinirvāṇa (mort du Bouddha) entre 420 et 380 av. J.-C.[6]. Selon Paul Dundas, le fait que le Bouddha serait mort entre 411 et 400 est admis par la majorité des spécialistes au XXIe siècle[12].

Toutes les traditions concordent sur le fait qu'il est contemporain des deux rois du Magadha Bimbisâra et son fils Ajataśatru.

Contexte

Les seize principales cités-États (mahajanapada) du nord de l’Inde au VIe siècle av. J.-C. Le Kosala se considérait suzerain de Kapilavastu.

À l’époque de Gautama, le nord de l’Inde est divisé en cités-États (janapadas). Malgré l’existence d’un système de castes, le territoire abrite un certain nombre de républiques et chefferies au pouvoir politique diffus et à la stratification sociale limitée, appelées gana-sanghas[13] Les Shakyas auxquels Gautama appartenait, dépendants du janapada de Kosala selon l’Agganna sutta, vivaient probablement dans un système oligarchique, voire républicain, et ne semblent pas avoir suivi un système de castes[14].

Le bouddhisme, qui se développera dans le contexte de l'Inde védique, naît aux marges extrêmes de sa zone d’influence[14]. Selon Romila Thapar, la structure politico-sociale gana-sangha pourrait avoir favorisé l'apparition de communautés d'ascètes[15]. Le bouddhisme originel partage le terrain spirituel avec d'autres écoles ; différents maîtres contemporains de Gautama développent leur vision du nirvāņa et présentent un moyen de l'atteindre. On peut en avoir un aperçu dans le Brahmājālasūtta qui énumère et critique soixante-deux vues contemporaines du bouddhisme originel. Parmi les écoles concurrentes, le jaïnisme, qui présente avec lui plusieurs ressemblances, est la seule à avoir survécu.

Des notions importantes de l'hindouisme se verront remaniées dans le bouddhisme, comme le concept de réincarnation ou renaissance dans une vie future, de karma, les dhyanas, le statut de dieux comme Brahma.

Naissance

Gautama serait né dans un bois sacré d’ashokas ou de sals[16] de Lumbinî, non loin de Kapilavastu, la cité où régnait son père Śuddhodana, située au Népal sur les contreforts de l'Himalaya[4]. C’était une des villes des Shakyas, qui s’identifiaient comme kshatriyas. Sa mère Māyādevī était issue du clan des Koliyas, tantôt allié tantôt adversaire des Shakyas.

La plupart des bouddhistes le considèrent comme un être humain devenu Bouddha par lui-même. Les récits de la naissance de Gautama sont cependant remplis de détails mythiques : sa mère (dont le nom signifie « illusion ») l’aurait conçu en songe dans le palais de Kapilavastu le soir d’une fête (Uttarāsālhanakkhatta), alors qu'elle observait l'abstinence depuis sept jours : un bodhisattva venu du ciel Tusita sous la forme d’un éléphanteau blanc à six défenses, tenant dans sa trompe un lotus blanc, pénétra dans son corps par le flanc avec sa trompe. La naissance arrivant à son terme, alors qu'elle quittait Kapilavastu pour se rendre chez ses parents et y accoucher, elle aurait enfanté debout dans le jardin du Lumbinî, accrochée à une branche d'arbre, une nuit de pleine lune du mois de Visakha, tandis que les divinités brahmaniques faisaient pleuvoir des pétales de fleurs sur elle. Sitôt sorti du flanc de sa mère, l'enfant se serait mis debout et aurait « pris possession » de l'Univers en se tournant vers les quatre points cardinaux, puis aurait fait sept pas vers le nord[17].

Māyādevī serait morte une semaine plus tard, confiant son fils à sa sœur et coépouse Mahāprajāpatī Gautamī.

Les récits de sa naissance racontent que le sage Ashita, ancien guru de Śuddhodana et alors ermite dans l'Himalaya, aurait vu grâce à ses pouvoirs la naissance de Gautama et vint lui-même examiner l’enfant, sur le corps de qui il reconnut les marques d'un bouddha. Lors du choix du prénom au cinquième jour, huit brahmanes éminents étaient présents ; sept prédirent que l’enfant serait soit un grand roi soit un ascète, mais le plus jeune, Kondañña, vit clairement qu’il était le prochain bouddha[18],[19]. Le prénom qui lui fut donné n’est pas spécifié dans les récits de la cérémonie. Des sources tardives (IIIe-Ve apr. J.-C.) donnent Siddhātta/Siddhārtha (celui qui a atteint son but) ; dans le Mahavastu il a pour prénom Sarvārthasiddha[20]. Gautama est son nom de famille.

Vie au palais et mariage

Certains textes du canon pali prétendent qu’il connut sa première expérience de méditation et atteignit le premier degré du jhana alors qu’il n'était encore qu'un jeune enfant, assis sous un jambu lors d’une cérémonie de labour effectuée par son père. D’autres textes situent l’événement plus tard dans sa vie[18].

Selon les Jatakas, c’est à seize ans qu’il épousa la jeune princesse Yaśodharā[21] qui lui donnera un fils, Rāhula. Selon André Bareau, la mère de Rahula était ignorée des quatre premiers Nikayas et des Agamas, mais sa légende s'est développée avec de nombreux détails à partir du Ier siècle av. J.-C.[22].

Gautama aurait passé ses vingt-neuf premières années dans le respect de l'hindouisme et entraîné au maniement de l'arc comme un vrai kṣatriya, mais pourtant tenu à l'abri de la vue de la souffrance et de la mort, et même maintenu selon certaines versions dans l'enceinte du palais familial. Les brahmanes lui ayant prédit un avenir de roi ou d'ascète avaient en effet recommandé à son père de prendre cette précaution s'il voulait éviter que la deuxième option ne se réalise. Śuddhodana espérait bien sûr que son fils deviendrait un roi et pensait qu'une vie de facilité l'empêcherait de réfléchir aux difficultés et à la souffrance.

Découverte de la souffrance

Abhiniskramana, la grande renonciation : Gautama quitte Kapilavastu.
Gautama se rase la tête et devient un ascète, Borobudur, VIIIe siècle.

La tradition affirme qu'à 29 ans, alors qu'il se promène hors de l'enceinte du palais, il découvre la souffrance endémique de son peuple qui lui avait été cachée jusqu'alors et le fossé qui la sépare du luxe de sa vie aristocratique.

Les quatre signes

Gautama rencontre un malade, un vieillard, un cadavre et un ermite.

La tradition affirme que quatre rencontres changent sa vie : un vieillard lui fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de la déchéance du corps vieillissant ; un malade lui apprend que le corps souffre aussi indépendamment du temps et un cadavre que l'on menait au bûcher lui révèle la mort dans tout son caractère sordide. Enfin, un ermite lui montre ce que peut être la sagesse. Selon diverses sources du canon, après la première rencontre, il fait part de son étonnement à son cocher Channa, qui l’emmène hors du palais où il découvre les autres signes et prend pleine conscience de l’ubiquité de la souffrance[23].

Renonciation et ascétisme

Gautama émacié durant sa période d’ascétisme extrême.
Le Bouddha prend la Terre à témoin juste avant son Éveil ; Musée du Vat Phra Kèo (Vientiane, Laos), XVIIIe siècle.

La tradition affirme qu'il rejette alors titre et palais, c’est « la grande renonciation » (abhiniskramana). Selon la tradition palie, c’est une nuit de pleine lune du mois d’āsālha qu’il quitte Kapilavastu sur son cheval Kanthaka accompagné de son cocher Channa, les quatre gardiens célestes étouffant le galop et le hennissement du cheval pour que personne ne s’aperçoive de rien[24]. Il commence alors une vie d'ascèse, suivant les enseignements de plusieurs ermites renonçants (saṃnyāsin ou sâdhu), et entreprend des pratiques méditatives austères.

D'après la tradition, le Bouddha fut influencé par les concepts de son époque et de son temps. Il eut pour maître le brahmane Arada Kalama, mais ce qu'il apprit – maîtriser le septième dhyāna, la sphère du néant – ne lui sembla pas suffisant. Il se rendit à Rajagriha et prit comme second maître Udraka Ramaputra, qui lui enseigna le huitième dhyāna, la sphère de ni perception ni non-perception. Là encore, le Bouddha estima ne pas avoir trouvé la voie vers le nirvana[19].

Selon la tradition, pendant six ans, il pratiqua les austérités avec cinq autres ascètes méditant, dont Kondañña qui l’avait identifié comme futur bouddha à sa naissance. Affaibli par son abstinence, il faillit un jour se noyer durant un bain. Constatant que ces pratiques ne l'avaient pas mené à une plus grande compréhension du monde, il décida de trouver une autre voie. Il se remémora alors l’épisode passé où il avait atteint la première jhāna sous un jambu. Il décida de délaisser les austérités extrêmes et de se concentrer sur la méditation, traçant la voie moyenne qui consiste à nier les excès, comparable au « rien de trop » delphique : refuser le laxisme comme l'austérité excessive. Ses compagnons pensèrent qu'il délaissait la pratique et l’abandonnèrent.


Éveil

Selon la tradition, son éveil ou illumination, à 35 ans, 6 ans après avoir quitté le palais, est le plus souvent narré de façon synthétique : dans la même journée, méditant sous un banian à Uruvelā près de Bodh-Gaya, il met fin à ses mortifications en acceptant un bol de riz au lait des mains de la villageoise Sujāta, puis après un bain rituel et un après-midi de méditation dans un bois de sals, va s’asseoir sous un pipal et fait le vœu de ne pas bouger de cette place avant d'avoir atteint la vérité ultime[18].

Plusieurs versions légendaires racontent comment Māra, démon de la mort et des passions, effrayé du pouvoir que le Bouddha allait obtenir contre lui, tente de le sortir de sa méditation en lançant contre lui des hordes de démons effrayants. En vain : c'est avec le geste souvent représenté dans l'iconographie de « prise de la terre à témoin » de ses mérites passés (bhûmisparshamudra) que Siddhārtha les repousse, niant simplement les présences démoniaques sans les combattre, en toute sérénité. Il peut ainsi poursuivre sa nuit de méditation et accède à l'éveil à l’aube[18].

Les quatre à sept semaines suivantes, selon les versions, voient le retour sporadique de Māra et de ses filles séductrices, toujours sans effet. Le Bouddha médite dans différents endroits, dont un abri constitué par le corps du roi nāga Muchalinda[18].

Mise en mouvement de la roue de la Loi

Le Bouddha donnant son premier sermon à Sarnath (près de Bénarès) ; Wat Chedi Liem (Thaïlande).

Selon la tradition, devenu Gautama Bouddha (après avoir atteint l'éveil) il hésite à enseigner, se demandant si une telle parole sera entendue. La tradition fait intervenir un nâga qui le convainc de faire profiter l'Humanité de sa connaissance.

La Mise en mouvement de la roue de la loi désigne le premier sermon de Gautama, dans lequel il énonce les quatre nobles vérités.

D'après la tradition, il affirme qu'il a réalisé l'éveil ou la compréhension totale de la nature et des causes de la souffrance humaine et des étapes nécessaires à son élimination. Cette illumination, possible pour tous les êtres, s'appelle la bodhi et donne son nouveau nom à Siddhārtha : celui qui a atteint la bodhi est un Bouddha.

La tradition rapporte que Gautama Bouddha a bien insisté sur le fait qu'il n'était ni un dieu, ni le messager d'un dieu et que l'illumination n'était pas le résultat d'un processus ou d'un agent surnaturel, mais plutôt le résultat d'une attention particulière à la nature de l'esprit humain, et qu'elle pourrait être redécouverte par n'importe qui pour son propre profit.

Deux interprétations différentes de cette affirmation départagent le bouddhisme ancien et le bouddhisme mahāyāna. La première est qu'il est possible à chacun, en tant que pratiquant de l'enseignement de Gautama, d'atteindre l'éveil et de sortir du saṃsāra.

La deuxième est que tout être sensible possède en lui la nature de Bouddha (tathāgatagarbha), véritable nature de l'esprit, appelée parfois « graine d'éveil ». Cette interprétation, qui postule l'existence d'une nature universelle ontologique ou transcendante, est rejetée par le theravāda orthodoxe.

Enseignement

Temple de Bodnath à Katmandou (Népal).
Statue de Siddhartha Gautama à Ravangla en Inde. Photo mai 2018.

Les principaux concepts en sont l'Anātman (impersonnalité ou inexistence d'un soi immuable)[25], l'impermanence et l'insatisfaction de toute chose, devant conduire au renoncement face au désir une réalité conventionnelle et une réalité ultime, cette dernière ne pouvant être découverte que par l'accomplissement personnel, l'éveil spirituel ou illumination. Pour le dalaï-lama, Śūnyatā est l'enseignement le plus important qu'ait donné le Bouddha[26].

Gautama Bouddha présenta son enseignement comme la redécouverte d'une vérité autrefois enseignée par les Bouddhas du passé, dont Dipankara qui aurait prophétisé qu'un de ses disciples atteindrait l'éveil sous le nom de Shakyamuni. Cette vérité continuera d'être enseignée par les Bouddhas du futur, le prochain sera Maitreya (voir les vingt-huit bouddhas).

Selon le bouddhisme mahāyāna, il n'y a pas un seul enseignement, mais plusieurs mises en mouvement de la roue de la loi, puisque Shakyamuni enseigna d'abord les sûtras de première roue, puis de deuxième, puis de troisième. Ces différentes périodes d'enseignement correspondent à des auditeurs différents ; l'enseignement est adapté à la capacité réceptive de son public. Le bouddha Shakyamuni a déclaré dans le Sūtra du Lotus qu'il n'y a qu'un seul véhicule (« ekayāna »), le véhicule du bouddha.

Son message est simple. L'homme est identifié aux pensées et aux émotions. Elles l'empêchent de vivre dans le présent et dans la clarté. Le remède : la méditation. Bouddha a créé la méditation Vipassana, c'est la plus connue des méditations, car elle est l'essence même de toutes méditations.

Elle consiste à s'asseoir, à fermer les yeux et à rester attentif au mouvement de la respiration et à observer le mental, ce processus de pensées et d'émotions qui ne s'arrêtent jamais. Cette technique amène détachement, sérénité et bien-être intérieur.

Sangha

Selon la tradition, pendant les quarante-cinq années restantes de sa vie, il voyage dans la plaine gangétique du centre de l'Inde (la région du Gange et de ses affluents), enseignant sa pratique en matière de méditation à une grande variété de personnes, allant des nobles aux balayeurs des rues, et sans oublier les disciples des philosophies et religions. Il fonde la communauté des moines et des nonnes bouddhistes (le saṅgha) pour perpétuer ses enseignements après sa disparition (considéré comme le parinirvāṇa ou « nirvâna complet »).

De manière générale, le terme “sangha” désigne la communauté des croyants et pratiquants bouddhistes.

La mort du Bouddha

Le partage des reliques du Bouddha, art gréco-bouddhique du Gandhara, IIe – IIIe siècle ; Zenyōmitsu-ji, Setagaya.

Le Bouddha mourut, selon la tradition, à quatre-vingts ans près de la localité de Kusinâgar[2]. Il expira en méditant, couché sur le côté droit, souriant : on considéra qu'il avait atteint le parinirvāṇa, la volontaire extinction du soi[2] complète et définitive. Le Bouddha n'aurait pas souhaité fonder une religion[2]. Après sa mort s'exprimèrent des divergences d'opinions qui, en l'espace de huit siècles, aboutirent à des écoles très différentes[2].

Selon le Mahāparinibbāṇa Sutta, les derniers mots du Bouddha furent : « À présent, moines, je vous exhorte : il est dans la nature de toute chose conditionnée de se désagréger — alors, faites tout votre possible, inlassablement, en étant à tout moment pleinement attentifs, présents et conscients[27]. » Selon ce même sutra, son corps fut incinéré mais huit des princes les plus puissants se disputèrent la possession des sarira, ses reliques saintes. Une solution de compromis fut trouvée : les cendres furent réparties en huit tas égaux et ramenées par ces huit seigneurs dans leurs royaumes où ils firent construire huit stūpas pour abriter ces reliques. Une légende ultérieure veut que l'empereur Ashoka retrouva ces stūpas et répartit les cendres dans 84 000 reliquaires, les seuls stūpas datant de l'époque de cet empereur étant ceux de Sanchi et de Bharhut[28].

L'ONU décide par la résolution 54/115 de 1999 que des dispositions appropriées seront prises pour que la Journée du Vesak soit célébrée sur le plan international au Siège de l’Organisation des Nations unies[29]. En l'an 2000, en tant que remerciement, la Thaïlande, le Sri Lanka, ainsi que la Birmanie ont décidé de transférer douze de ses ossements au siège des Nations unies, à New York[30],[31].

Quatre conciles se tinrent successivement jusqu'au IIIe siècle apr. J.-C. pour tenter de définir les textes essentiels communs à tous les bouddhistes, indépendamment de leur secte[2]. Ce furent à chaque fois des échecs : on retint donc les principes essentiels : les quatre Nobles Vérités et les trois joyaux ; pour le reste, ils notèrent les différences entre l'école du Véhicule des Anciens, et celle du Grand Véhicule[2].

Douze actes

Bouddha faisant le geste de l'apaisement de la crainte (Abhayamudrā).

La tradition indo-tibétaine relate la vie du Bouddha en douze actes[32]:

  1. la descente des cieux Tushita ;
  2. l'entrée dans la matrice ;
  3. la naissance dans ce monde ;
  4. l'accomplissement dans les arts mondains ;
  5. la jouissance d'une vie de plaisir ;
  6. le départ du palais et le renoncement ;
  7. les exercices ascétiques ;
  8. la méditation sous l'arbre de la Bodhi ;
  9. la défaite des hordes de Māra ;
  10. l'atteinte de l'éveil parfait et ultime ;
  11. la mise en mouvement de la roue de la loi ;
  12. l'entrée au parinirvana.

Personnalité et caractère du Bouddha

Le Bouddha présenté dans les écritures bouddhistes possède les traits caractéristiques suivants :

  • il ne s'est jamais prétendu autre chose qu'un simple être humain ordinaire[33] ;
  • un enseignant idéal, qui trouve toujours la métaphore appropriée, et qui adapte à la perfection son message à son auditoire, quel qu'il soit ;
  • courageux et serein en toutes circonstances, aussi bien lors d'une discussion religieuse, que face à un prince parricide, ou à un meurtrier. Toutefois, il se laisse emporter par l'exaspération lorsqu'il constate que des moines déforment ses enseignements ;
  • modéré dans tous les appétits corporels, il connaît une vie de célibat de l'âge de vingt-neuf ans jusqu'à sa mort. Il est aussi indifférent à la faim qu'aux rigueurs du climat.

Caractéristiques physiques de Siddharta Gautama

Bien que les représentations de Gautama furent un premier temps symboliques, ne le représentant sous forme humaine qu'à partir du Ier siècle, ses caractéristiques physiques sont décrites dans le Canon en pāli.

Gautama est présenté comme grand, robuste et de belle apparence. Ses yeux sont bleus, sa peau dorée, ses oreilles anormalement allongées.

Gautama Bouddha dans les autres religions

Hindouisme et Inde

Emblème de l'Inde, symbole du premier Empire de l'Inde entière, celui d'Ashoka.
La Roue de la Loi, symbole bouddhiste sur le drapeau indien.

En Inde, tous les lieux associés à la vie du Bouddha sont toujours des centres de pèlerinage, non seulement pour les bouddhistes, mais aussi pour les hindous de tous les milieux, car, en tant qu'avatar de Vishnou, on le considère comme un grand gourou maître », en sanskrit)[34].

Christianisme

Dans le christianisme, la légende du Bouddha est devenue celle de saint Josaphat, dont le nom proviendrait du sanskrit bodhisattva[35].

Gautama Bouddha dans la culture populaire

La personne de Gautama Bouddha a inspiré nombre de créations artistiques en dehors du bouddhisme. Cette liste n'en recense que quelques-unes ; voir aussi art bouddhique.

Littérature

Cinéma

Notes et références

  1. Notice du Musée Guimet : « Bodhisattva debout », sur Musée Guimet (consulté le ).
  2. Roger Favry, Le bouddhisme, Pemf, coll. « BT2 », , 63 p. (ISBN 978-2-87785-487-0 et 2-87785-487-6)
  3. UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Lumbini, lieu de naissance du Bouddha », sur whc.unesco.org (consulté le )
  4. Il existe d’autres hypothèses concernant son emplacement, voir articles Piprâwâ et Kapilavastu
  5. Akira Hirakawa et Paul Groner, A history of Indian Buddhism : from Śākyamuni to early Mahāyāna, Motilal Banarsidas, (présentation en ligne), p. 22
  6. L. S. Cousins (1996), « The dating of the historical Buddha: a review article », Journal of the Royal Asiatic Society, (3)6(1), 57–63.
  7. Voir Bouddha#Trois types d'éveil et Bouddha#Dans le Theravāda pour la définition du samyaksambuddha.
  8. Il existe également des récits légendaires de ses vies antérieures appelées Jatakas.
  9. Encyclopedia of Religion, Macmillan, New York, sv Councils, Buddhist
  10. A.K. Warder, Indian Buddhism, 3rd edn, page 307. American Asiatic Association, Asia Society, Asia: Journal of the American Asiatic Association, p724.
  11. Nakamura Hajime (中村元) 1911 – 1999, traducteur du Tipitaka en japonais
  12. Paul Dundas, The Jains, 2nd edition, (Routledge, 2001), p. 24
  13. Romila Thapar, The Penguin History of Early India: From Origins to AD 1300. Penguin Books, 2002, page 137.
  14. Richard Gombrich, Theravada Buddhism: A Social History from Ancient Benares to Modern Colombo. Routledge and Kegan Paul, 1988, pp 49-50.
  15. Romila Thapar, op. cit., page 146
  16. Robert Beér, The encyclopedia of Tibetan symbols and motifs, Serindia Publications, Inc; 2 Rev Ed édition (mars 2004), p. 48-50
  17. Louis Finot, Le Bouddhisme : son origine, son évolution, Éditions de l'Institut bouddhique, , p. 19
  18. Gotama dans le canon pali – palikanon.com
  19. Narada, A Manual of Buddhism, Buddha Educational Foundation, p. 9-12
  20. Siddhartha dans le canon pali - palikanon.com
  21. Connue aussi sous d’autres noms - Rahulamata-Yashodhara dans le canon pali
  22. Le thème de la femme du bouddha et ses sources – traduction anglaise d’un article d’André Bareau
  23. Channa dans le canon pali – palikanon.com
  24. Kanthaka dans le canon pali – palikanon.com
  25. Dalaï-lama, L'Art du bouddhisme: Pratiquer la sagesse au quotidien
  26. L'Art du bouddhisme: Pratiquer la sagesse au quotidien, p. 70
  27. « bouddhisme: mahaparinibbana sutta traduction jeanne schut », sur www.dhammadelaforet.org (consulté le )
  28. Charles Emmanuel Deuzeune, La Mort et ses rites, Le plein des sens, , p. 249-251
  29. « Célébration internationale de la Journée du Vesak au Siège de l’Organisation des Nations Unies et dans d’autres bureaux des Nations Unies », sur www.un.org, (consulté le )
  30. « Stupa bouddhiste commémoratif | Dons des Nations Unies », sur www.un.org (consulté le )
  31. « Qui était vraiment Bouddha », sur LExpress.fr, (consulté le )
  32. « Les 12 actes du Bouddha », sur vajrayana.asso.fr (consulté le )
  33. Walpola Rahula, L'enseignement du Bouddha, 1978, coll. point, Ed. du Seuil, Paris. (ISBN 978-2-02-004799-9)
  34. Tarun Chopra, La vache sacrée et autres histoires indiennes, (ISBN 81-7234-041-9)
  35. "Barlaam and Josaphat", Catholic Encyclopedia, New York: Robert Appleton Company, 1913.
  36. Osamu Tezuka, « Bouddha : 1re édition »

Voir aussi

Bibliographie

  • André Bareau, Recherches sur la biographie du Buddha, Presses de l'École française d'Extrême-Orient, 3 vol., 1963, 1970 et 1971.
  • Guillaume Ducoeur, Initiation au bouddhisme, Paris, Ellipses, coll. « Initiation à », 2011, 384 p. (notamment l'histoire de la figure construite du Buddha)
  • André-Ferdinand Herold, La Vie du Bouddha, L’Édition d’art, (lire sur Wikisource), « La Vie du Bouddha ». Consulté le .
  • Daisaku Ikeda, La Vie du Bouddha. Une biographie interprétative, éditions du Rocher, coll. « Tradition », 1993 (ISBN 2-268-01570-X).
  • Le Sūtra du Lotus, Les Indes savantes (ISBN 978-2-84654-180-0).
  • Thich Nhat Hanh (trad. Phillippe Kerforne), Sur les traces de Siddhartha : Découvrir les enseignements du Bouddha en cheminant à ses côtés [« Old path white clouds »], Paris, JC Lattès, coll. « Pocket », , 521 p. (ISBN 978-2-266-07539-8)
  • Hans Wolfgang Schumann, Le Bouddha historique, éditions Sully, 1999.
  • Alfred Foucher, La Vie du Bouddha d'après les textes et les monuments de l'Inde, Paris, Maisonneuve (maison d'édition), 1949 (réimpressions en 1987, 1993), 383 p. (ISBN 978-2-7200-1052-1), . Consulté le .
  • Marcelle Saindoin, Le Buddha comme avatāra de Viṣṇu et le mythe de Raji, Indo-Iranian Journal. 47, p. 17-44, 2004
  • (en) W.J Wilkins, « The Buddha Avatāra, in Hindu Mythology, Vedic and Puranic, p.225-245 », sur sacred-texts.com, (consulté le )
  • (en) Donald Sewell Lopez, Jr., From Stone to Flesh : A Short History of the Buddha, Chicago (Ill.), University of Chicago Press, , 289 p. (ISBN 978-0-226-49320-6, lire en ligne)


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