Sante Geronimo Caserio

Sante Geronimo Caserio, né le à Motta Visconti en Lombardie et mort le à Lyon, est un boulanger et anarchiste italien, assassin du président français Sadi Carnot. Le , Caserio poignarde mortellement le président Carnot durant un défilé à Lyon. Condamné à mort par la cour d'assises du Rhône le , il est guillotiné 13 jours plus tard.

L'exécution de Caserio dans Le Progrès illustré.

Biographie

Sante Geronimo Caserio naît dans une famille paysanne. Il a de nombreux frères et sœurs et son père meurt, dans un asile, de la pellagre (une maladie provoquée à cette époque par une mauvaise alimentation chez les paysans qui se nourrissaient presque exclusivement de maïs). Ne voulant pas être à la charge de sa mère, qu'il aimait beaucoup, à l'âge de treize ans[1], il quitte la maison et gagne Milan. Il y trouve du travail comme apprenti chez un boulanger. Il entre en contact avec les milieux anarchistes de la fin du XIXe siècle, fonde même un petit cercle anarchiste appelé « a pè » à pied », au sens de sans argent). Pietro Gori qui fut son mentor, se souvenait de lui comme d'un compagnon très généreux ; il raconte l'avoir vu, devant la Bourse du Travail, distribuer aux chômeurs du pain et des brochures anarchistes qu'il faisait imprimer avec son maigre salaire. Il est identifié et fiché pendant une manifestation publique. En 1892, il est condamné à huit mois de prison à Milan pour distribution de tracts antimilitaristes lors d’une manifestation. Ses activités politiques lui valent une condamnation puis l’exil d’Italie. En tant que déserteur, il rejoint la Suisse, à Lugano, puis Lyon le , où il est portefaix pendant un moment. Il trouve à exercer son métier d’ouvrier boulanger à Vienne, puis à Sète, à la boulangerie Viala. C’est dans cette dernière ville qu’il a l’idée d’accomplir « un grand exploit ». Il n’est donc âgé que de vingt ans lors de son exécution, le .

Le , il tue le président Carnot pendant une cérémonie publique à Lyon en le frappant au foie à l'aide d'un couteau au manche rouge et noir (les couleurs qui symbolisent l'anarchie)[2]. Carnot décède quelques heures après. Après cet acte, il n'essaie pas de fuir, mais court autour de la voiture du moribond en criant « Vive la révolution », puis « Vive l'anarchie »[3]. Il est jugé en cour d'assises les 2 et . À l'issue de son procès, il est condamné à la peine capitale, et guillotiné le 16 du même mois.

Poignard de Caserio

Devant le tribunal qui le condamne à mort, il dit entre autres :

« Eh bien, si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non. Au contraire, nous répondons aux gouvernements avec la dynamite, la bombe, le stylet, le poignard. En un mot, nous devons faire notre possible pour détruire la bourgeoisie et les gouvernements. Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la[4]. »

Au procès, en effet, il ne tenta jamais de renier son geste :

« Il n'y a rien de changé en moi, et je referais encore s'il était à refaire l'acte pour lequel je vais être jugé[5]. »

Il ne demande pas non plus la pitié du jury. La possibilité lui est offerte de plaider la maladie mentale mais en paiement il aurait dû livrer les noms de quelques complices, il refuse donc (« Caserio est boulanger, pas espion »). En cellule, pendant qu'il attendait l'exécution, on lui envoie le curé de Motta Visconti pour le confesser, mais il refuse de l'entendre et le chasse. Sur l'échafaud, finalement, un instant avant de mourir, il lance à la foule : « Courage, les amis ! Vive l'anarchie ! ».

Après la condamnation de Sante Caserio, il y eut divers actes de violence et d'intolérance d'une partie des Français contre les travailleurs italiens, compatriotes de l'assassin de leur président. Un anarchiste est arrêté pour avoir crié dans un local public sa sympathie envers Caserio et un détenu est violemment frappé pour le même motif. D'un autre côté, le geste criminel de l'anarchiste italien trouvait une certaine résonance chez d'autres anarchistes français.

L'assassinat qu'il commet entraîne le vote par l'Assemblée de la troisième des lois dites « scélérates » dont le but était de compléter l'arsenal répressif contre les menées anarchistes[6].

Après son exécution, ses restes sont déposés dans l'une des fosses communes du cimetière de Loyasse, dans le 5e arrondissement de la ville, dans la plus grande discrétion (les autorités ne voulaient pas que le lieu de sa sépulture devienne un lieu de rassemblement des anarchistes, tout comme elles ne voulaient pas que l'on honore un assassin).

Notes et références

  1. Pierre Accoce, Ces assassins qui ont voulu changer l'Histoire, Plon 1999 p. 138
  2. Histoire : sur les origines du drapeau rouge et noir sur le site anarchiste Alternative libertaire.
  3. « CASERIO Sante Geronimo - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  4. http://non-fides.fr/?Plaidoyer
  5. Bredin et Lévy 2009, p. ??.
  6. Journal officiel de la République française, année 1894

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Sagnes, « Complot contre Sadi Carnot », L'Histoire, no 177, , p. 76-78.
  • Pierre Truche, L'Anarchiste et son juge. À propos de l'assassinat de Sadi Carnot, Paris, Fayard, 1994.
  • (it) Dizionario biografico degli anarchici italiani, volume I, Pisa, BFS Edizioni, 2003, 790 p., notice éditeur.
  • Jean-Denis Bredin et Thierry Lévy, Plutôt la mort que l'injustice : Au temps des procès anarchistes, Paris, Éditions Odile Jacob, , 276 p. (ISBN 978-2-7381-1831-8)
  • Vivien Bouhey, Les Anarchistes contre la République : contribution à l'histoire des réseaux (1880-1914), PUR, 2008, 491 p.
  • Sante Ferrini [Folgorite], "Ricordando!", L'Adunata dei refrattari, n°33, 15 août 1925.

Vidéographie

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