Santé mentale pendant la pandémie de Covid-19

La pandémie de Covid-19 et les diverses mesures sanitaires qui l'ont accompagnée ont eu, selon les pays, des effets divers  mais en général très négatifs  sur la santé mentale de la population[1].

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux ou sanitaires. Cet article est susceptible de contenir des informations obsolètes ou inexactes. Seul un professionnel de santé est apte à vous fournir un avis médical, et seules les autorités sanitaires de votre pays sont compétentes pour donner des consignes de santé publique relatives à la pandémie de Covid-19 : France, Canada, Belgique, Maroc, Algérie, Suisse, Tunisie, Rép. dém. du Congo.

L'imprévisibilité et l'incertitude de la pandémie, les mesures de confinement, de distanciation physique et autres stratégies d'endiguement qui y sont associées, ainsi que la crise économique qui en résulte, pourraient accroître le risque de problèmes de santé mentale et exacerber les inégalités en matière de santé. Les résultats préliminaires suggèrent des effets néfastes sur la santé mentale chez des personnes précédemment en bonne santé et surtout chez des personnes souffrant de troubles mentaux préexistants[2].

La pandémie de Covid-19 entraîne une dégradation générale de la santé mentale (dépression, troubles du sommeil, troubles alimentaires, anxiété, pensées suicidaires…). Elle touche particulièrement les personnes âgées, les malades du Covid-19 et les soignants. Elle touche aussi les dirigeants d'entreprise, les chômeurs, les artisans et les commerçants, les femmes ou étudiants en précarité ou en télétravail, ainsi que les enfants et les adolescents[3].

Les professionnels de santé sont particulièrement touchés par une hausse des niveaux d'anxiété, de stress et de dépression, et sont particulièrement à risque du fait que l'expression de ces troubles est moins visible que chez d'autres types de professionnels[4].

Causes

Parmi les causes principales de troubles de la santé mentale, on cite l'isolement dû au confinement, l'angoisse, les difficultés provenant de la crise économique.

La solitude créée par le confinement des personnes vivant seules à leur domicile entraîne la dépression et des idées suicidaires[5].

Diverses formes de stigmatisations et d'exclusions, liées au fonctionnement du système immunitaire comportemental ont été citées comme pouvant avoir un effet sur la détérioration générale de la santé mentale de certains groupes minoritaires, ainsi que du public[6].

Conséquences

On note dans le monde entier une augmentation significative des taux de dépression et de suicides[7].

Les enfants et les étudiants sont particulièrement touchés[8].

En septembre 2020, l'UNICEF, rappelle que dans beaucoup de pays riches, les enfants sont fréquemment victimes du suicide, du mal-être, de l'obésité et de mauvaises compétences sociales et scolaires, et note par ailleurs l'insuffisance du soutien aux familles et aux enfants pendant la pandémie[9].

Impact sur les personnes ayant un précédent psychiatrique

La santé est un facteur qui a été très impacté pendant cette période du confinement dû au covid-19. On fait donc face à un grand nombre de personnes ayant un auparavant un déficit psychiatrique et qui seront touchées psychologiquement face à ce confinement. Ce facteur a affecté les jeunes, les adultes mais aussi les plus anciens. Le stress, l’anxiété, le manque d'interactions avec les liens sociaux mais aussi la rupture de soins psychologiques ont mené à une augmentation et une intensification des troubles psychologiques, ceux-ci ayant des conséquences diverses. Le fait que la psychiatrie soit dans certains pays, notamment la France, un système fragile n’aide pas non plus à éviter ces conséquences. Dans une tribune publiée le 8/04/2020 dans "Le Parisien", une centaine de médecins s'inquiètent du sort des 12 millions de personnes souffrant de troubles psychiques, très perturbés par le confinement et qui consultent beaucoup moins[10].

De nombreuses études montrent que les individus souffrant de troubles psychiatriques se révèlent davantage vulnérables, dû à la rupture de liens entre patients et psychologues, qui ont donc dû faire face à une télé consultation. Cette vulnérabilité peut s’affirmer pendant le confinement, mais aussi à sa sortie. Par exemple, des épisodes de colère ou d'anxiété extrême ont été repérés quelques mois après cette sortie de confinement, chez des personnes ayant des déficits psychologiques[11].

Chaînes téléphoniques, activités virtuelles, médication d'urgence sont toujours en marche pour essayer de maintenir le contact avec les gens en besoin. Mais, tous n’ont pas accès à internet. Il y a dans certains pays des centres d'activités comme celui de Montréal-nord pour le maintien de l'équilibre émotionnel (CAMEE), un centre de jour géré par ses usagers, qui se trouvent fermé durant le confinement, mais certains de ses bénévoles les plus autonomes continuent de s’y rendre pour maintenir certains services. Par exemple, Kevin qui souffre de schizophrénie et entend des voix, appelle environ 15 personnes par jour[12].

Avec plusieurs études, le risque suicidaire reste primordial auprès des populations psychiquement vulnérables et auprès de la population générale. Les études consacrées aux corrélat psychopathologiques et aux déterminants cognitifs et affectifs de la propension à l’ennui ont montré que ce penchant est lié au niveau de symptômes dépressifs et anxieux[13].

De plus, les troubles obsessionnels compulsifs sont également des pathologies plus sensibles au confinement. Les personnes souffrant de ces derniers vont donc voir leurs TOC s’intensifier et devenir plus réguliers. Le confinement dû à cette pandémie du Covid-19 alimente donc une forme de paranoïa. Une infirmière nous a donc donné son témoignage: “J'ai le souvenir d'une patiente que nous suivions pour des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Elle souffrait de nomophobie (la peur de tomber malade) et s'est retrouvée enfermée chez elle dans un état épouvantable, sans pouvoir mettre un pied dehors. Elle avait le sentiment de courir un risque à chaque coin de rue.” [13]

Puis, les troubles bipolaires se sont aussi aggraver pendant cette période. Une étude a été réalisée par la Fondation FondaMental lors de la première phase du confinement, concernant 150 répondants issus de la COHorte Psycho BP, issus de troubles bipolaires. Ce questionnaire montre que, même en suivant correctement leur traitement, la santé mentale des patients a chuté: 65% des répondants ont souffert de troubles de sommeil et 50% présentaient des niveaux d’anxiété, tout comme la consommation d’alcool et tabac s’est accentuée[14].

Pour conclure, pendant cette période de confinement, les personnes ayant un déficit psychiatrique ont davantage souffert à la maison. En remarquant la hausse des troubles psychiques, des associations françaises de soutien aux familles touchées par des troubles psychiques leur ont donné l’aide et l’attention nécessaire. Par exemple, l'UNAFAM  a renforcé son accueil téléphonique en vue de soutenir ces individus pendant cette période[15].

Arrêt de la vie sociale

Selon les pays, l'activité de nombreux lieux de vie sociaux  musées, restaurants, bars, et lieux de culte  est brutalement arrêtée. Les cimetières sont interdits d'accès. Les cérémonies religieuses  mariages, enterrements  voient leur assistance strictement limitée. Les fêtes de fin d'année, traditionnelle occasion de retrouvailles familiales, sont appréhendées avec angoisse devant de nouvelles recommandations sanitaires, telles que celles du professeur Rémi-Henri Salomon, préconisant un relèvement des mesures de distanciations sociales entre les générations[16],[17], ou encore l'OMS recommandant d'éviter les grandes réunions de famille[18],[19].

La distanciation sociale renforce l’isolement social ce qui affecte sérieusement les populations plus vulnérables, surtout les personnes âgées.

Ces personnes peuvent vivre de l’anxiété, elles sont plus à risque de contracter le virus et d’en être gravement affectées, voire de décéder des complications en présence. Ces personnes risquent de vivre dans une anxiété sévère, puisqu'elles vivent seules dans la peur constante de la possibilité d'attraper le virus et de tomber gravement malades ou même d’en mourir[20].

Stress et anxiété

L’anxiété peut être déclenchée par plusieurs facteurs de perturbation de la routine, tels que la pandémie de la COVID-19. À travers l'Occident, plusieurs personnes provenant de différents milieux sont touchées.

Le Canada remarque un changement de la santé mentale de ces citoyens en temps de pandémie. Ce changement est principalement relié au stress et à l’anxiété que leur procurent les changements qui découlent de la pandémie, tels que l’isolement, les mesures sanitaires, le risque de contagion et la perturbation de leur routine. L’anxiété des individus pendant la pandémie de la COVID-19 a affecté différents groupes de la société, dont les enfants, les jeunes adultes, les personnes âgées et les travailleurs de la santé.

Les enfants ressentent une anxiété liée aux inquiétudes par rapport au fait de réintégrer leur routine scolaire et dans certains cas, une anxiété de séparation envers leurs parents[21]. Selon un sondage réalisé par l’Organisation de la santé mentale pour enfants Ontario (CMHO), près de 66% des enfants déclarent que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie et affirme ressentir beaucoup plus de colère, d’inquiétudes, d'anxiété ainsi que de tristesse en lien avec leur éventuelle rentrée scolaire[21]. Les jeunes adultes remarquent aussi l’apparition d’une source d’anxiété provenant de la pandémie, liée à leur cheminement scolaire. Selon le rapport d’enquête mondiale publié par l’Organisation internationale du Travail, 50% des jeunes entre 18 et 29 ans sont très susceptibles de souffrir d’anxiété ou de dépression en temps de pandémie, tandis qu’environ 17% en souffrent déjà[22]. L’anxiété provient entre autres du contexte éducatif, où les cours se font pour la plupart du temps en ligne. Plusieurs jeunes adultes étudiants sont incertains de bien réussir leurs cours et se questionnent également sur leurs futurs[22].

Plusieurs travailleurs de la santé affirment ressentir une grande source d’anxiété liée aux conditions de travail dans le milieu de la santé. Selon un sondage réalisé par Statistique Canada auprès des travailleurs de la santé, lorsqu’on leur a demandé de choisir entre cinq options décrivant leur niveau de stress, 56% ont répondu l’un des deux niveaux les plus élevés, selon lesquelles la plupart du temps, les journées au travail étaient ‘’assez stressantes’’ ou même ‘’extrêmement stressantes’’[23]. L’anxiété découle de la charge de travail particulièrement élevée, dû au nombre de patients infectés du virus dans les hôpitaux, du manque de personnel, ainsi que du nombre d’heures de travail[23].

Le contexte épidémique est source de stress. L'isolement au domicile ou dans un lieu dédié à la quarantaine, auquel le public est rarement préparé, peut avoir des effets psychologiques importants[24].

La pandémie de Covid-19 est la source d'une peur persistante parmi les individus les plus âgés de toute la planète. Les mesures de distanciation peuvent affecter notre bien-être psychologique. Le danger est surtout prononcé chez les personnes âgées, qui vivent souvent seules et dont l’inclusion est moins positive[25]. De nombreux auteurs étudient les facteurs identifiés dans le vieillissement, qui pourraient accroître le risque de subir un effet mental négatif. Par exemple, être dans un rassemblement, avec le danger d’être contaminé par le Covid-19, pourrait accroître la peur et l'inquiétude face à la pandémie.

Une enquête en Chine révèle d'énormes rythmes de dépression et de nervosité chez les personnes âgées de 60 ans et plus. Cette même enquête analyse les personnes âgées comme indiqué par leur âge et ne découvre aucune distinction critique, dans leurs rythmes de tension et de mélancolie. Malgré l'absence d'informations statistiques, quelques auteurs ont jeté un coup d'œil à l'impact sur la santé mentale que le confinement a pu avoir et des mesures d'éloignement social, sur les personnes âgées de 60 ans et plus, et ils ont découvert que l’impact était très négatif[26].

Difficultés économiques

Des experts rappellent le lien entre chômage et risque suicidaire[27].

Plus la période sans travail est longue, plus ses effets sont ravageurs[28].

Durant cette épidémie des conséquences sanitaires et économiques se mettent en place, mais cette crise a également des répercussions psychologiques sur les populations atteintes. Ces dernières sont plus difficiles à mettre en évidence, mais pas moins importantes, ces conséquences sur la santé mentale [29]

Saturation des services de santé

Une autre cause est l'indisponibilité des services de santé pour les soins psychologiques, car accaparés par la pandémie[30].

La lutte contre la Covid-19 représente un poids considérable pour les services hospitaliers. Par exemple, la grippe saisonnière “classique” engendre en moyenne par an entre 1000 et 2500 admissions en service de réanimation. Alors que, la pandémie du Coronavirus depuis le début de l’année 2020 a engendré environ 30 000 entrées en réanimation[31].

Alcoolisme et toxicomanie

On remarque une augmentation de la consommation d'alcool et de psychotropes [32]. Les chiffres de l'alcoolisme sont en hausse au Royaume-Uni[33].

Des personnes se trouvent isolés de leur famille, de leur réseau social et des activités qui leur permettent habituellement de se maintenir à flot, et compensent leur désarroi avec de l'alcool[34].

Le cannabis voit aussi sa consommation augmenter[35].

Violences conjugales

Les violences conjugales augmentent[36],[37],[38]. Selon l'ONU, les mesures de confinement s’accompagnent d’une montée en flèche des violences au sein du foyer[39].

Certains pays mettent en place des dispositifs de prévention[40], aux moyens hélas limités[41].

Lors du premier puis deuxième confinement, les violences conjugales ont fortement augmenté. Selon un sondage de l’Ifop, les violences conjugales ont été déclenchées pour la première fois pendant le confinement pour un tiers des victimes [42]

Pression sur les équipes de soins

Les décisions de rationnement n'affectent pas seulement les patients et leurs familles. La règle des situations d'urgence est une impulsion psychologique qui pousse les humains à sauver ceux qui sont confrontés à une mort imminente. Ainsi, le fait de ne pas fournir de ressources à une personne en particulier, c'est-à-dire de lui permettre de mourir, a également un coût émotionnel pour les prestataires de soins de santé, désormais identifié dans la littérature sur les traumatismes comme une blessure morale (en). La blessure morale est identifiée comme l'obligation de faire quelque chose qui viole notre propre éthique, nos idéaux ou nos attachements. Lorsque les choix concernant les personnes qui vivent et celles qui meurent sont déviés vers les prestataires de première ligne alors qu'il n'y a pas suffisamment de ressources pour traiter toutes les personnes qui en ont besoin, ils peuvent subir une blessure morale[43].

À travers le monde

Canada

Les experts en santé mentale ont observé une dégradation de la santé mentale des Canadiens due à la pandémie. De nombreuses conséquences découlent de cette dégradation et plusieurs facteurs y participent grandement[44].

Conséquences

Ces mesures contre la Covid-19 provoque une hausse de stress et d’anxiété chez la majorité des Canadiens et même si cela peut s’avérer à être pour des raisons différentes, on les remarque chez toutes les catégories d’âges[45].

Cette hausse de l’anxiété et du stress amène avec elle de l’angoisse et de l’inquiétude surtout probablement plus précisément par rapport à l’incertitude de la durée de la pandémie, et surtout un sentiment d’impuissance par rapport à la situation. De plus, les gens ressentent de la colère, de la démotivation et du découragement face aux mesures qui sont constamment ajoutées. Certains en ressentent face à différentes situations telles que les difficultés dans le parcours scolaire, les conditions et mesures imposées au travail par exemple pour les travailleurs de la santé, etc. Cela cause donc des difficultés de concentration en milieu scolaire, un sentiment intensifié de tristesse, un renfermement sur soi, une baisse de l’estime de soi. Les chercheurs remarquent également une augmentation de la consommation d’alcool, de drogues et médicaments ou de tabac chez les adultes durant la pandémie[45].

Beaucoup de gens vivaient déjà avec de l’anxiété et depuis la pandémie, ils voient leur situation s’aggraver et beaucoup souffrent de stress chronique. Beaucoup ressentent de la détresse psychologique et ont une vision péjorative de leur vie en la comparant à avant l’arrivée de la pandémie. Ceux-ci se sentent seuls, isolés et on le remarque chez les Canadiens de tout âge, que ce soit les enfants, les adultes et les personnes âgées[45].

Catégories d'âges

Pour ce qui est des enfants, la pandémie leur a créé de l’anxiété, des symptômes dépressifs et les experts remarquent une hausse de l’agressivité. Ceux-ci ont été grandement affectés par la fermeture des écoles, les empêchant de voir leur ami en brisant leur route en étant d’être isolé et par la suite, exposé à un environnement anxiogène avec le retour à l’école. Dû aux restrictions, les enfants sont plus propices à souffrir de difficulté de concentration, à se sentir seul et inquiet puis à être irritable et plus nerveux[46].

En ce qui concerne les adolescents, la pandémie les a affectés énormément en bouleversant leur vie à un stade critique ou ils forgent leur identité à travers leur rencontre et apprentissage, le moment où ils sortent de leur cocon familial et qu’il construise leur personnalité. Ceci dit, la limitation des sorties, de l’accès au milieu scolaire et des contacts avec autrui a beaucoup d’impact négatif sur leur santé mentale[47].

Les jeunes adultes sont également très affectés, la plupart souffrent de l’anxiété et ont des inquiétudes face à l’incertitude du futur, plus précisément en lien avec leur éducation dont le cours a été perturbé[48].

Les adultes souffrent de détresse psychologique et il a été démontré que plus la pandémie dure longtemps, plus les adultes vivent un stress chronique et donc plus d’impacts négatifs tels que l’anxiété apparaissent[44].

Pour ce qui est des personnes âgées, on remarque un déclin cognitif plus rapide chez certains dus à la pandémie. D’ailleurs, 70% vivent de la détresse psychologique et souffrent de stress post-traumatiques en lien aux changements drastiques à leur quotidien. Ceux-ci sont isolés de leurs enfants et proches. Cela les empêche de bouger et d’aller marcher, ce qui défavorise leur santé mentale et physique créant donc une détérioration de leur santé générale[49].

France

En 2020, selon une étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees), le premier confinement a entraîné une hausse des états dépressifs en France. Cette étude met en évidence une plus grande vulnérabilité des femmes et des jeunes. Ces syndromes peuvent être liés à une situation financière dégradée ou aux conditions de logement[50].

Les tentatives de suicide se multiplient chez les étudiants, les syndicats alertent le gouvernement[51].

L'hôpital Robert-Debré constate une importante augmentation des troubles psychiques chez les enfants[52].

Les personnes âgés isolées sont aussi particulièrement vulnérables[53].

Des experts appréhendent l'impact de l'angoisse des jeunes pendant la pandémie[54]. Des troubles du sommeil sont aussi constatés[55].

La prévalence d’états dépressifs atteint des niveaux sérieux fin mars dans quelques régions, (dont 25% dans le Grand-Est et 27,7% en Centre-Val de Loire). Ces données montrent que les personnes de plus de 50 ans ont, d’une manière générale, été moins anxieuses[56].

Les jeunes sont la tranche d'âge (15-24) la plus touchée avec 22%, ayant déclaré des symptômes équivalents à un état dépressif contre 10,1% en 2019[57].

La psychologue Marie-Estelle Dupont a évoqué des « dégâts collatéraux infinis » liés aux mesures de confinement. [58]

Chine

Le Centre de santé mentale de Shanghai a décidé d'en mesurer les effets psychiques, dès la fin [59].

Selon les premiers résultats, publiés le , l'isolement a touché de très nombreux Chinois, bouleversant souvent leur vie quotidienne, sociale, professionnelle et familiale ; générant parfois des troubles anxieux, pouvant aller jusqu'à la peur panique ou la dépression. Un questionnaire d'auto-évaluation était librement accessibles dans tout le pays via la « plateforme d'évaluation psychologique intelligente » de Siuvo. Il visait à mesurer la prévalence et gravité de l'anxiété, la dépression, de phobies spécifiques, de changements cognitifs, de comportements d'évitement ou compulsif. Il portait aussi sur les symptômes physiques et le sentiment de désocialisation durant la semaine écoulée (sur une échelle de 0 à 100 ; un score entre 28 et 51 indiquait une détresse légère à modérée ; un score ≥52 traduisait une détresse sévère). Les réponses aboutissaient à un « index » de détresse psychique péritraumatique, dit COVID-19 Peritraumatic Distress Index (CPDI). 52 730 réponses ont été validées (provenant pour 64,73 % de femmes). Le mode de construction de l'index CPDI a été validé par les psychiatres du Centre de santé mentale de Shanghai[60].

Le score moyen était de 23,65 (15 à 45). Près de 35 % des répondants ont subi une détresse psychologique (29,29 % des scores étaient compris entre 28 et 51, et 5,14 % supérieurs ou égal à 52). Le score CPDI dépendait du genre, de l'âge, du niveau scolaire, de la profession et de la région. Il était plus élevé pour les femmes que pour les hommes (fréquent dans les cas de stress post-traumatique)[61].

Thaïlande

En Thaïlande, on estime que taux de suicide pendant la crise due au Covid-19 a enregistré une hausse semblable à celle que le pays a connue après la crise financière de 1997. En effet, l'épidémie a ruiné les secteurs clés de l’économie thaïlandaise, en particulier ceux du tourisme et des exportations[62].

Selon Amornthep Sachamuneewongse, chercheur en prévention du suicide, si la pandémie n’est peut-être pas la cause directe des suicides, « les désordres et les crises amenées par le virus peuvent faire augmenter le besoin pressant de s’ôter la vie » .Les personnes les plus pauvres ont été les plus atteintes par la pandémie, un grand nombre dépendant des aides gouvernementales durant le confinement[62].

Japon

Au Japon, pays qui n'a pas imposé de confinement strict et reconnu pour son enregistrement systématique du taux de suicide, on note des schémas de suicide inhabituels, en particulier un hausse exceptionnelle du suicide chez les jeunes femmes. Les causes seraient l'anxiété sociale et professionnelle accrues en période de crise sanitaire[63],[64].

Corée du Sud

En Corée du Sud, on remarque une hausse significative des comportements d'auto-mutilation, de la dépression et du suicide, en particulier chez les femmes. Ceci serait dû au poids psychologique qui repose, au niveau professionnel et social, sur certains membres de la société sud-coréenne[65].

Bilan

Bien qu'il soit encore tôt pour estimer le coût psychologique de cette pandémie et des mesures qui l'ont accompagnée, on s'attend à un bilan élevé[66].

La pandémie de Covid-19 aura un impact « à long terme » sur la santé mentale, alerte l’OMS qui estime que « ce n’est pas juste la contamination, ou la peur d’être contaminé qui a affecté la santé mentale de la population ». « Le stress procuré par les inégalités socio-économiques et les effets de la quarantaine, du confinement, de la fermeture des écoles et des lieux de travail ont eu des conséquences énormes »[67].

Notes et références

  1. (en) Thakur V, Jain A, « COVID 2019-suicides: A global psychological pandemic », Brain Behav Immun, no 88, , p. 952-953. (PMID 32335196, PMCID PMC7177120, DOI 10.1016/j.bbi.2020.04.062)
  2. Carmen Moreno, Til Wykes, Silvana Galderisi et Merete Nordentoft, « How mental health care should change as a consequence of the COVID-19 pandemic », The Lancet. Psychiatry, vol. 7, no 9, , p. 813–824 (ISSN 2215-0366, PMID 32682460, PMCID 7365642, DOI 10.1016/S2215-0366(20)30307-2, lire en ligne, consulté le )
  3. « Covid-19 : la santé mentale des Français mise à mal », Le Monde, (consulté le ).
  4. Svenja Hummel, Neele Oetjen, Junfeng Du et Elisabetta Posenato, « Mental Health Among Medical Professionals During the COVID-19 Pandemic in Eight European Countries: Cross-sectional Survey Study », Journal of Medical Internet Research, vol. 23, no 1, , e24983 (ISSN 1438-8871, PMID 33411670, PMCID 7817254, DOI 10.2196/24983, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) During COVID-19, Loneliness Linked to Depression and Suicidal Ideation
  6. (en) David Robson, « The fear of coronavirus is changing our psychology », sur www.bbc.com (consulté le )
  7. (en) COVID-19 Pandemic: Loneliness, Depression, and Suicide
  8. (en) Pandemic Increasing Suicidal Ideation
  9. Covid-19 : le bien-être des enfants dans les pays les plus riches du monde est menacé, avertit l’UNICEF
  10. « Confinement et covid : la psychiatrie appelle au secours », sur Handicap.fr (consulté le )
  11. « L'impact du confinement sur la santé mentale », sur Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (FRC) (consulté le )
  12. « Confinement : les gens souffrant de maladie mentale sur la corde raide », sur ici.radio-canada.ca (consulté le )
  13. « Covid : handicap psychique, fragilités face au confinement? », sur Handicap.fr (consulté le )
  14. « Covid-19, santé psychologique et mode de vie des personnes souffrant de troubles bipolaires pendant le confinement », sur Fondation FondaMental, (consulté le )
  15. « L'impact du confinement sur la santé mentale », sur Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (FRC) (consulté le )
  16. Confinement : à Noël, "on coupe la bûche en deux et papy et mamie mangent dans la cuisine", préconise le professeur Salomon
  17. Noël : il ne faudra pas manger dans la même pièce que «papy et mamie», prévient le Pr Salomon
  18. Covid-19. Pour Noël, l’OMS recommande de ne pas faire de grandes réunions de famille
  19. Covid-19: Ne pas fêter Noël en famille est «l'option la plus sûre»
  20. « La détresse sociale reliée à la pandémie de COVID-19 », sur OTSTCFQ | Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec. (consulté le )
  21. « Impacts du Covid-19 sur la santé mentale », sur Children's Mental Health Ontario, (consulté le )
  22. Organisation international du Travail, Les jeunes et la COVID-19 : Impacts sur les emplois, l'éducation, les droits et le bien-être mental, Québec, Organisation international du Travail, , 55 p. (ISBN 9789220328620, lire en ligne), p. 32-33
  23. Statistics Canada Government of Canada, « Le Quotidien — La santé mentale chez les travailleurs de la santé au Canada pendant la pandémie de COVID-19 », sur www150.statcan.gc.ca, (consulté le )
  24. (en) Samantha K. Brooks, Rebecca K. Webster, Louise E. Smith et Lisa Woodland, « The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence », The Lancet, vol. 395, no 10227, , p. 912–920 (ISSN 0140-6736 et 1474-547X, PMID 32112714, DOI 10.1016/S0140-6736(20)30460-8, lire en ligne, consulté le ).
  25. « L’impact de la Covid-19 sur les personnes âgées », sur un.org,
  26. « Pandémie, confinement et santé mentale des aînés | CRISE | UQAM », sur Crise.ca, (consulté le )
  27. Des experts alertent sur le lien entre chômage et risque suicidaire après le Covid-19
  28. (en) Pandemic-related 'deaths of despair' were forecast at about 75,000 back in May — now they could be up to 150,000
  29. « La santé mentale éprouvée par l’épidémie de Covid-19 », Le Monde.fr, (consulté le )
  30. (en) 'She was left with no one': how UK mental health deteriorated during Covid
  31. « Covid-19 : quatre questions pour comprendre la saturation des hôpitaux », sur LeMonde.fr, (consulté le )
  32. (en) The Implications of COVID-19 for Mental Health and Substance Use
  33. Alcoolisme : les dégâts du Covid-19
  34. CONSOMMATION D’ALCOOL EN TEMPS DE COVID
  35. COVID-19 ET USAGE D’ALCOOL ET DE CANNABIS
  36. Les violences conjugales au temps de la COVID-19
  37. Confinement. Violences conjugales : l’OMS alerte sur une hausse des appels allant jusqu’à 60 %
  38. Le confinement et la violence conjugale
  39. L’ONU met en garde contre la persistance des violences domestiques après la COVID-19
  40. Mobilisation contre les violences conjugales et intrafamiliales
  41. COVID-19 : Dispositifs pour protéger les femmes victimes de violences conjugales
  42. « Le confinement a favorisé les violences conjugales, mais il les a aussi souvent déclenchées », sur HuffingtonPost.fr, (consulté le )
  43. « APA PsycNet », sur doi.apa.org (consulté le )
  44. QUÉBEC, INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC, « Pandémie, bien-être émotionnel et santé mentale », sur Inspq.ca, (consulté le )
  45. CANADA, STATISTIQUES CANADA. « Répercussions sur la santé mentale », dans Statistiques Canada, 20 octobre 2020, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-631-x/2020004/s3-fra.htm, page consultée le 15 avril 2021.
  46. « Comment la pandémie affecte la santé mentale des enfants », sur Children's Mental Health Ontario (consulté le )
  47. Rodrigue, M. (2021, 12 avril). Répondre aux problèmes de santé mentale nécessitera une nouvelle détermination. La Presse. Récupéré le 17 avril 2021 de : https://eureka-saintjerome.proxy.collecto.ca/Link/cstj/news·20210412·LAA·9971ee1e93da81b34f89265c0e8013e0
  48. Organisation internationale du Travail. (2020). Les jeunes et la COVID-19 – Impacts sur les emplois, l’éducation, les droits et le bien-être mental. N.d., n.d. Récupéré le 15 avril 2021 de : https://eureka-saintjerome.proxy.collecto.ca/Link/cstj/report·20200810·RATV·001
  49. M.-E. Cousineau, « Coronavirus—Des aînés dans l’oubli. », sur ledevoir.ca (consulté le )
  50. « Le premier confinement a entraîné une hausse des états dépressifs en France », sur Le Monde.fr avec AFP, (consulté le ).
  51. Louis Chahuneau, « Coronavirus : les tentatives de suicide se multiplient chez les étudiants », sur RTL avec AFP, (consulté le )
  52. A l’hôpital Robert-Debré, l’« explosion » des troubles psychiques chez les enfants
  53. (en) COVID‐19's impact on the mental health of older adults: Increase in isolation, depression, and suicide risk. An urgent call for action
  54. (en) Experts worry about teen anxiety, depression during the COVID-19 lockdown
  55. La santé mentale éprouvée par l’épidémie de Covid-19
  56. « La santé mentale éprouvée par l’épidémie de Covid-19 », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  57. « Covid-19 : hausse des états dépressifs après le premier confinement », sur Vie publique.fr (consulté le )
  58. « Confinements: le cri d'alarme d'une psy sur les «dégâts collatéraux infinis» », sur LEFIGARO (consulté le )
  59. (en) Qiu, J., Shen, B., Zhao, M., Wang, Z., Xie, B. et Xu, Y., « A nationwide survey of psychological distress among Chinese people in the Covid-19 epidemic: implications and policy recommendations », General Psychiatry (GPSYCH), (lire en ligne).
  60. Le coefficient alpha de Cronbach de cet index Covid-19 Peritraumatic Distress Index (CPDI) est de 0,95
  61. (en) Jitender Sareen, Julie Erickson, Maria I. Medved et Gordon J. G. Asmundson, « RISK FACTORS FOR POST-INJURY MENTAL HEALTH PROBLEMS: Review: Post-Injury Mental Health Problems », Depression and Anxiety, vol. 30, no 4, , p. 321–327 (DOI 10.1002/da.22077, lire en ligne, consulté le ).
  62. « Le chiffre du jour. En Thaïlande, le taux de suicide augmente autant que durant la crise financière de 1997 », sur Courrier international, (consulté le )
  63. Selina Wang, Rebecca Wright and Yoko Wakatsuki CNN, « In Japan, more people died from suicide last month than from Covid in all of 2020 », sur CNN (consulté le )
  64. (en-GB) « Covid and suicide: Japan's rise a warning to the world? », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  65. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Coronavirus triggers mental health crisis in India | DW | 01.07.2020 », sur DW.COM (consulté le )
  66. (en) Will the economic and psychological costs of covid-19 increase suicides?
  67. « La pandémie de Covid-19 aura un impact « à long terme » sur la santé mentale, alerte l’OMS », Ouest-France, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de la médecine
  • Portail de la psychologie
  • Portail de la maladie à coronavirus 2019
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.