Royaume sufrite de Tlemcen

Le royaume sufrite de Tlemcen[2],[3],[4] ou l'émirat sufrite de Tlemcen[1] est un État kharidjite[5],[3] fondé par les tribus berbères des Ifrenides dans le Maghreb central au VIIIe siècle[6], dont la capitale était Tlemcen, en Algérie[6].

Émirat de Tlemcen

742[1]790[1]


Drapeau ifrenide
État d'Abou Qurra.
Informations générales
Statut Confédération tribale, émirat
Capitale Tlemcen
Langue(s) Berbère
Religion Islam (kharidjite, sufrite)
Histoire et événements
739 Grande révolte berbère
742 Établissement
790 Annexion par les Rostémides
Calife
742-790 Abou Qurra

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Histoire

Après la conquête musulmane du Maghreb, les berbères se révoltent contre le régime omeyyade. Ces révoltes s'associent au milieu du VIIIe siècle au dogme kharidjite qui les séduit par son puritanisme et son message égalitaire et gagnent une bonne partie du Maghreb[7]. Ainsi, les premiers États musulmans en Afrique du Nord étaient kharidjites[8]. Dans le Maghreb central, les Rostémides fondent un royaume dont Tahert était la capitale. Quelques dizaines plutôt , Abou Qurra chef de la puissante tribu des Ifren, créa aux environs de Agadir (ancien nom de Tlemcen), un royaume sufrite, dont Charles-André Julien mentionne : « La vie intérieure nous échappe, mais dont le rôle militaire fut considérable »[2]. Ce royaume est le premier royaume musulman indépendant des Califats de l'histoire musulmane.

Lors de la révolte de la tribu zénète des Ifrenides, ils proclament calife leur chef Abou Qurra, qui s’installe à Tlemcen[9], la création de cette cité est attribuée aux Ifrinides, mais le site a été déjà occupé par la ville romaine de Pomaria[6]. En 767, uni aux kharidjites de Tahert et du djebel Nefoussa, Abou Qurra lance une expédition vers l’est, ils cernent le gouverneur abbasside dans la forteresse de Tobna dans les Aurès et gagnent Kairouan[9].

De retour à Tlemcen, il s’alliait aux Maghraouides et doit se confronter aux visées expansionnistes des Idrissides[9]. Cependant, le calife envoie de l’Orient une forte armée sous le nouveau gouverneur Yazid ibn Hatim qui défiaient les kharidjites en Ifriqiya, mais le reste du Maghreb échappent à l'autorité de Bagdad[2].

Héritages

Le royaume ne dure pas longtemps, conformément aux règles strictes du sufrite, Abou Qurra ne pouvait pas laisser ses descendants fonder une dynastie[10]. Il accueille à bras ouvert Idris Ier, dont il reconnait le royaume et rompt ainsi avec les Rostémides[5]. Idris Ier négocie avec les Maghraouas la remise de la ville de Tlemcen, puis l’un de ses descendants Muhammed Sulayman, crée dans la région le « royaume sulaymanid », un État qui semble contrôler que les villes et qui prend fin sous les Fatimides en 931[11]. Tlemcen devient une cité distinguée, en rapport croissant avec la culture arabe d’Al-Andalus, mais dans la campagne, des Ifrenides conservent leur hétérodoxie, en 955, leur chef Yala Ibn Mohamed se révolte contre les Fatimides[11].

Références

  1. Sénac 2011, p. 177.
  2. Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord : Des origines à 1830, Paris, Édition Payot, , 865 p. (ISBN 978-2-228-88789-2), p. 365, 366
  3. Alain Romey, Histoire, mémoire et sociétés : L'exemple de N'goussa : oasis berbérophone du Sahara (Ouargala), Editions L'Harmattan, , 174 p. (ISBN 978-2-296-27193-7, lire en ligne), p. 26
  4. Chems Eddine Chitour, Algérie : le passé revisité, Casbah Editions, , 318 p. (ISBN 978-9961-64-496-6), p. 51
  5. Leïla Babès, L'utopie de l'islam : La religion contre l'État, Armand Colin, , 408 p. (ISBN 978-2-200-27640-9, lire en ligne), p. 122
  6. C. Agabi, Encyclopédie berbère, vol. 24 : Ifren (Beni), (lire en ligne)
  7. Meynier 2010, p. 25.
  8. L'utopie de l'islam: La religion contre l'État...op cité, page119.
  9. Meynier 2010, p. 27.
  10. Mohamed Talbi, دراسات في تاريخ افريقيا في الحضارة الاسلامية في العصر الوسيط, Manshūraāt al-Jāmiʻah al-Tūnisīyah, (lire en ligne), p. 58
  11. Meynier 2010, p. 28.

Bibliographie

  • Gilbert Meynier, L’Algérie, cœur du Maghreb classique : De l’ouverture islamo-arabe au repli (698-1518), Paris, La Découverte, , 358 p. (ISBN 978-2-7071-5231-2)
  • Philippe Sénac, Le monde musulman : des origines au Xe siècle, Armand Colin, , 224 p. (ISBN 978-2-200-27413-9, lire en ligne)

Articles connexes

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