Rhodes (piano)

Le piano électrique Fender Rhodes ou Rhodes est un instrument de musique portable créé pour pallier le poids et l'encombrement d'un véritable piano. On retrouve sa sonorité unique dans de nombreuses chansons depuis les années 1970.

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Piano Rhodes Mk II 73

Historique

Avant-guerre

Harold Rhodes (1910-2000) cherchait une méthode novatrice pour apprendre le piano aux élèves de ses écoles de musique, les "Harold Rhodes School of Popular Piano". Il pensait qu'un apprenti pianiste devait non seulement savoir jouer, mais aussi comprendre le fonctionnement de son instrument.

Premier prototype

Durant la Seconde Guerre mondiale, Rhodes entre dans l'US Army Air Force. Il est chargé de soigner le moral des soldats blessés au front. Il construit donc un piano suffisamment petit et léger pour être déplaçable dans une valise. Plutôt que des cordes, son piano fait vibrer des morceaux d'aluminium récupérés sur les ailes de bombardiers B-17. Son instrument, qui ne fait que deux octaves et demi et tient dans une valise, connaît un grand succès. Ses méthodes sont décrites dans le numéro 29 du Air Corps Manual.

La rencontre avec Fender

Après la guerre, de nombreuses sociétés proposent à Rhodes de produire son mini-piano en série, mais l'inventeur préfère se lancer seul. Il crée alors "Rhodes Piano Corporation", qui présente le Pre-Piano au NAMM Show de 1946. Hélas l'étude et la piètre qualité de fabrication de son piano fait que sa société subit de nombreux retour de ventes et croule sous les réparations. Son entreprise n'aura survécu que deux ans. Il persévère toutefois et finit par déposer le brevet numéro 2 972 922 intitulé asymmetric tuning fork (diapason asymétrique). Cette nouvelle technique lui permet de construire un instrument à 72 touches qui séduit Leo Fender, célèbre pour ses guitares et ses amplificateurs. De leur association naît le Piano Bass qui ne comporte que 32 touches dans un registre grave.

Développements

Le , Fender vend sa société à CBS pour treize millions de dollars. Ce nouveau financement permet de développer le Suitcase Piano, un instrument de 120 kg qui comporte 73 touches, un trémolo monophonique et un amplificateur 50 W. Durant les 16 années suivantes, 50 Suitcase 73 seront produits quotidiennement. En 1969, le trémolo devient stéréophonique et l'amplification passe à deux fois 50 W.

En 1970 sort le "Fender Rhodes 88". Il est disponible en version Suitcase, mais également Stage, sans amplification donc deux fois plus léger et moins coûteux, qui connaît un succès retentissant. Michel Legrand en commande même une version sur mesure à 92 touches.

Les évolutions techniques continuent, avec les marteaux en néoprène du Rhodes Mark I en 1971 et une modification de la forme des barres métalliques en 1972. Enfin, en 1973, une boucle d'effets et des haut-parleurs détachables de deux fois 100 W sont ajoutés au Suitcase. En 1974, "Fender Rhodes" est rebaptisé Rhodes et, en 1976, les marteaux en plastique font leur apparition.

En 1979, le Rhodes Mark II est le premier modèle à capot plat, plus pratique pour y poser un autre clavier. En 1980, le Rhodes Mark III EK-10 couple un synthétiseur au clavier du piano.

En 1981, CBS achète ARP et s'installe à Fullerton (Californie). La mode du piano électrique passant, Rhodes sort quelques synthétiseurs. La société change de main en 1983 et sort le Rhodes Mark V. Sur les trois à quatre mille exemplaires produits, trois sont dotés de prises MIDI.

Le rachat par Roland

Rhodes est acheté par Roland en 1987. Harold Rhodes, qui a alors 80 ans, part au Japon pour développer un nouveau produit. Il s'attend alors à améliorer encore son invention, mais Roland sort le Rhodes MK-80, un clavier numérique qui simule le son des pianos originaux. Déçu, Harold Rhodes essayera sans succès de convaincre Roland de produire un vrai piano électrique, puis de récupérer sa marque pour produire ses propres instruments. Il s'éteindra finalement à Los Angeles le , à l'âge de 89 ans, des suites d'une pneumonie. Sa troisième femme, Margit, récupérera les droits sur la marque Rhodes en 2002.

Principe de fonctionnement

Un ensemble lame + tige correspondant à une note de Fender Rhodes

Le principe de fonctionnement du Fender Rhodes est que l'appui d'une touche met en vibration une lame métallique associée à une tige métallique dont l'extrémité est proche d'une bobine; la vibration génère un courant électrique qui est amplifié, de façon similaire au fonctionnement du microphone d'une guitare électrique. Le système est assez complexe, il comporte 38 composants pour chaque note[1]. Tout comme une guitare électrique, un piano rhodes ne nécessite pas d'alimentation électrique pour fonctionner, mais par contre un amplificateur externe est nécessaire pour amplifier le son généré[2]. Les modèles Mark I et Mark II n'ont pas de préamplificateur, leur électronique est passive[3]. Une pédale permet mécaniquement d'annuler l'action des étouffoirs et de laisser résonner les notes, de façon similaire au comportement de la pédale « forte » sur un piano classique.

Intérieur d'un fender rhodes (les tiges sont en dessous des lames métalliques)

Discographie indicative

Il est impossible de citer tous les enregistrements utilisant un piano électrique Fender Rhodes. Néanmoins, certains des plus connus sont :

À noter que sur la grande majorité de leurs enregistrements, Supertramp utilise un piano électrique Wurlitzer, et non pas un Rhodes.

Notes et références

  1. « Simulation of the Fender Rhodes », sur Synthèse Sonore et Systèmes Hamiltoniens, (consulté le ).
  2. (en) The Piano: An Encyclopedia, Robert Palmieri p. 122
  3. (en) Studies in Musical Acoustics and Psychoacoustics, Albrecht Schneider, Springer, 2016 p. 78

Liens externes

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