Ratko Mladić
Ratko Mladić (en serbe en écriture cyrillique : Ратко Младић), né le à Božanovići (commune de Kalinovik, État indépendant de Croatie, aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine), a été le commandant en chef de l'armée de la république serbe de Bosnie (VRS) pendant la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995. Il est appelé par les médias « le boucher des Balkans »[1],[2],[3].
Pour les articles homonymes, voir Ratko.
Ratko Mladić | ||
Ratko Mladić à l'aéroport de Sarajevo en 1993. | ||
Surnom | Le boucher de Srebrenica Le boucher des Balkans |
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Naissance | Božanovići, Kalinovik État indépendant de Croatie |
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Origine | Serbe de Bosnie | |
Allégeance | République fédérative socialiste de Yougoslavie République serbe de Krajina République serbe de Bosnie |
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Arme | Armée populaire yougoslave (1965-1992) Armée de la République serbe de Bosnie (1992-1996) |
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Grade | Colonel général | |
Années de service | 1965 – 1996 | |
Commandement | 9e corps de la JNA 2e district militaire de la JNA Commandant en chef de la VRS |
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Conflits | Guerre de Croatie Guerre de Bosnie-Herzégovine |
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Faits d'armes | Siège de Sarajevo | |
Distinctions | Ordre de la fraternité et de l'unité Ordre du mérite militaire Ordre du personnel militaire |
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Le , après quinze ans de cavale, il est arrêté à Lazarevo (Voïvodine, Serbie), par la police serbe[4]. Il est extradé vers La Haye cinq jours plus tard, le 31 mai, afin de comparaître devant le Tribunal pénal international pour l'ex Yougoslavie[5]. Son arrestation était une condition sine qua non pour l'intégration de la Serbie dans l'Union européenne. Il est condamné à la prison à perpétuité par le TPIY le , reconnu alors coupable de génocide, crimes contre l'humanité et violations des lois ou coutumes de la guerre[6]. En tant que commandant en chef, Mladić est condamné par la juridiction pour avoir notamment dirigé le siège de Sarajevo de 1992 à 1995, le massacre de Srebrenica, considéré comme le plus grand massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale[7], ainsi que pour l'entreprise de nettoyage ethnique menée dans toute la Bosnie durant la guerre[8]. Le verdict et la peine deviennent définitifs en juin 2021 après l’appel devant le mécanisme résiduel.
Jeunesse
Mladić est né en 1942 dans le village de Bozanovici situé près du mont Treskavica, au sud-est de Sarajevo, dans la municipalité de Kalinovik à l'ouest de Goražde, en Bosnie[9]. L'endroit est à cette époque une partie de l'éphémère État indépendant de Croatie (Nezavisna Država Hrvatska ou NDH), l'État créé après que l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste ont envahi et démembré le royaume de Yougoslavie en 1941. Son père, Nedjo Mladić (1909-1945), qui fait partie du mouvement des Partisans de Tito, est tué par les Oustachis au cours du printemps 1945, juste avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il dirigeait une attaque partisane contre le village d'origine d'Ante Pavelić[10].
Carrière militaire
Armée yougoslave
Lorsqu'il était jeune, Ratko Mladić voulait devenir enseignant, mais il finit par s'engager dans une carrière militaire au sein de l'Armée populaire yougoslave (JNA). Après être allé au lycée dans la banlieue de Belgrade, il entre à l'École militaro-industrielle de Zemun le . Il est admis à l'Académie militaire puis à l'Académie des officiers dont il sort diplômé, le , avec la mention « remarquable ». La même année, il adhère au parti communiste[11].
Sa première affectation en tant qu'officier (sous-lieutenant) est à Skopje, où il est le plus jeune militaire de l'unité qu'il dirige. Il se révèle comme un officier capable et il commande différentes unités jusqu'à prendre en charge un bataillon de chars puis une brigade. Le , il devient lieutenant-colonel et le , colonel. Le , il est nommé chef du service Préparation militaire de la 3e région militaire de RFS Yougoslavie.
La guerre de Bosnie
En juin 1991, Mladić est nommé à Knin commandant du neuvième corps de l'Armée populaire yougoslave (JNA), pendant les combats entre JNA et les forces croates. Le , il est promu général de brigade. Le , Mladić est promu au rang de général de division et le , il est nommé chef d’état-major adjoint du quartier général du deuxième district militaire de la JNA à Sarajevo. Il prend ses fonctions le 9 mai. Le , une « assemblée serbe de Bosnie » vote la création d'une Armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine (VRS), dont Mladić prend le commandement jusqu'au au moins. Le , sur ordre de Slobodan Milošević, la direction du personnel de l'Armée de Yougoslavie (VJ), sa véritable appartenance, l'élève au rang de général de corps d’armée.
Siège de Sarajevo
Le siège de Sarajevo a duré 44 mois, à partir de , au cours desquels 10 000 civils furent tués, fauchés par des obus de mortiers tirés depuis les hauteurs qui entourent la ville ou bien tués par des snipers[12].
Autres localités
Il est poursuivi pour génocide, persécution, extermination, meurtre, déportations et actes inhumains dans de nombreuses municipalités en Bosnie, où ses hommes ont tué, violé, torturé, détenu et chassé des milliers de Musulmans et Croates[12].
Massacre de Srebrenica
Vers le , le général Mladić était à Potocari, un village dans lequel environ 28 000 musulmans bosniaques de Srebrenica s'étaient réfugiés pour aller trouver abri auprès des Casques bleus néerlandais qui étaient là. Durant les six jours qui suivirent, entre 6 000 et 8 000 hommes musulmans capturés, dont des adolescents, furent massacrés. Des messages radio interceptés indiquent que Mladić était présent au début des exécutions. Selon une source de l'ONU, après les premiers jours de massacre, Mladić dit au commandant néerlandais de l'ONU, qu'il détenait aux arrêts à Potocari, que les forces serbes « avaient tué beaucoup de gens parce qu'ils avaient essayé de s'enfuir de Srebrenica »[11]. Le bilan des morts est estimé à 8 100 victimes. Ce massacre est le plus important en Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale[12].
Prise d'otages
Ratko Mladić est accusé de la prise d'otages de 200 soldats de l'ONU entre le et le . Ils avaient été enchaînés à des postes stratégiques des territoires conquis afin d'empêcher tout bombardement de l'OTAN contre les forces armées serbes de Bosnie[12].
Fuite et procès devant le TPIY
Inculpation et cavale
En 1995, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a inculpé Ratko Mladić de deux chefs de génocide, cinq chefs crimes contre l'humanité (persécutions, extermination, assassinat, expulsion, actes inhumains), et quatre chefs de violations des lois et coutumes de la guerre (meurtre, terrorisation, attaques illégales contre des civils, prise d’otages)[6].
Fugitif, il est suspecté de se cacher en Serbie et de vivre dans une banlieue chic de Belgrade jusqu'en 2002, après la chute de Slobodan Milošević en . Le gouvernement des États-Unis offre cinq millions de dollars pour toute information sur Mladić[13]. Il reçoit sa pension de retraite militaire jusqu'en [réf. nécessaire].
Le , les journaux de Serbie Glas Javnosti et Blic, et le journal serbe de Bosnie Nezavisne Novine (Banja Luka) annoncent que Ratko Mladić serait en lieu sûr en train de négocier sa reddition. L'information est toutefois démentie par le porte-parole du gouvernement de Serbie-et-Monténégro, Srđan Đurić, qui dénonce une « manipulation qui porte atteinte au gouvernement », ainsi que par la porte-parole de la procureur du TPIY, Carla Del Ponte qui critique l'« emballement médiatique ».
Le , le journal Kurir affirme que Ratko Mladić aurait été victime d'une attaque cérébrale et qu'il serait dans un état critique. Cette information n'a pas pu être confirmée ou démentie. Le gouvernement n'a fait aucun commentaire[réf. nécessaire].
Le , un ancien général serbe, proche de Ratko Mladić, est arrêté à la frontière entre la Serbie et la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine.
En , la Serbie fait passer la récompense de 5 millions à 10 millions d'euros pour toute information sur Mladić[13].
En , son épouse déclare que son mari est probablement mort[14].
Arrestation
Le , il est arrêté par la police serbe à Lazarevo (Voïvodine) à la suite d'un renseignement anonyme[15]. Logé chez l'un de ses cousins[16], il a en sa possession des papiers d'identité indiquant qu'il s'appelle Milorad Komadic. 10 000 ultranationalistes sympathisants du Parti radical serbe protestent à Belgrade contre son arrestation[17],[18]. Le , il est transféré aux Pays-Bas pour comparaître devant le TPIY.
Procès
Le , Ratko Mladić refuse de plaider coupable ou non coupable et est évacué de la salle d'audience. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie considère dès lors qu'il plaide non coupable des onze chefs d'inculpation retenus contre lui[19].
Il est opéré d'une hernie discale, en [20].
Son procès devant le TPIY s'ouvre le [21], mais il est ajourné le lendemain en raison d'irrégularités de la transmission à la défense des éléments du dossier[22].
Le , il est hospitalisé après avoir eu un malaise lors d'une audience devant le TPIY[23].
En , une confrontation a lieu entre Radovan Karadžić et Mladić[24].
Ratko Mladic est défendu par l'avocat Dragan Ivetic[25].
Condamnation
Le , il est reconnu coupable pour son rôle dans le massacre de Srebrenica et le bombardement de Sarajevo[26]. Il est condamné à la prison à perpétuité pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité[27],[28]. Il fait appel de cette condamnation. Il sera rejugé devant le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux[29].
En , alors qu'il est détenu à Scheveningen, il est appelé au téléphone en direct sur une chaîne de télévision serbe. Son « interview » dure quelques minutes au cours desquelles il plaisante avec Vojislav Šešelj, condamné également pour crime contre l'humanité et présent sur la plateau de l'émission[30].
Son procès en appel s'ouvre en [31]. Le , la condamnation ainsi que la sentence sont confirmées par le MTPI[32].
Famille
Ratko Mladić s’est marié à Bosiljka Mladić (née le à Okrugljaca (hr)). Ils ont eu deux enfants : un fils, Darko, né à Skopje le [33], et une fille, Ana, qui faisait des études de médecine à Belgrade et qui s'est suicidée avec l'arme de son père en [34], à l'âge de 23 ans.
Bibliographie
- traduit et commenté par Yelesiyevich Milo, Ratko Mladic,: criminel ou héros, Paris: Ed. le Verjus, cop. 2006
- Pesnot Patrick, Les maîtres de la terreur, Paris: Presses de la cité, 2016
Notes et références
- « Mladic nie avoir commandité le massacre de Srebenica », sur Le Figaro, (consulté le )
- « "Boucher des Balkans" : les bouchers vexés », sur Europe 1, (consulté le )
- Arnaud Vaulerin, « Perpétuité pour le « boucher des Balkans » », sur Libération, (consulté le )
- AFP, AP, Reuters, « Ratko Mladic a été arrêté », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Mladic arrive à La Haye pour comparaître devant le TPIY », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- TPIY, « Fiche informative - Ratko Mladić (IT-09-92) », sur icty.org
- (en) « Srebrenica Survivor Ponders Mladic Capture », Institute for War and Peace Reporting, 27/5/2011.
- (en) « Ratko Mladic – Amended Indictment », Nations unies, Site web du TPIY, pages 3 et 4, 27/5/2011.
- « Hm.treasury.gov.uk »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- Voir Adam Lebor, Milosevic: A Biography, p. 4.
- Robert Block, « Ratko Mladić : Portrait d'un monstre modeste, souriant, d'un tueur exemplaire et efficace »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur republique-des-lettres.fr, La République des Lettres, (consulté le ).
- « Mladic : Les principaux points de l'acte d'accusation », sur L'Obs,
- « AFP »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- AFP, « Mladic probablement mort (épouse) », sur Le Figaro, (consulté le )
- AFP, « Ratko Mladic a été arrêté », sur Le Point, (consulté le )
- Maurin Picard, « Lazarevo, dernière «planque» de Mladic au milieu des siens », sur Le Figaro, (consulté le )
- « 10'000 pro-Mladic manifestent contre son arrestation », sur Radio télévision suisse, (consulté le )
- AFP, « Échauffourées à Belgrade lors d'un rassemblement de soutien à Mladic », sur Le Point, (consulté le )
- « TPIY : Mladic refuse de plaider coupable ou non coupable », sur L'Express, (consulté le )
- AFP, « Mladic opéré d'une hernie discale », sur Le Figaro, (consulté le )
- Marie Verdier, « Ratko Mladic va répondre de ses crimes en ex-Yougoslavie », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
- Aymeric Janier, « TPIY : le procès de Ratko Mladic ajourné sine die », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- AFP, « Ratko Mladic hospitalisé (TPIY) », sur Le Figaro, (consulté le )
- Stéphanie Maupas, « Le face-à-face entre Mladic et Karadzic tourne à la farce », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- (en) James Masters, « Ratko Mladic guilty of genocide, sentenced to life », CNN, (lire en ligne, consulté le ).
- « Ratko Mladic condamné à la perpétuité pour le génocide de Srebrenica », sur Europe 1, (consulté le )
- AFP / LT, « Ratko Mladic est condamné pour génocide », Le Temps, (lire en ligne, consulté le )
- T.L.G., « Qui est Ratko Mladic, le « boucher des Balkans », condamné à perpétuité pour génocide et crimes contre l’humanité ? », sur 20 Minutes, (consulté le ).
- MTPI, « MLADIĆ, RATKO / MICT-13-56 » (consulté le )
- B.L. avec AFP, « Depuis sa prison Ratko Mladic donne une interview à une émission serbe », sur BFM TV, (consulté le )
- « La Haye: ouverture du procès en appel de Ratko Mladic, le «boucher des Balkans» », sur Radio France internationale, (consulté le )
- AFP, « La justice internationale confirme en appel la condamnation à perpétuité de Ratko Mladic », sur Le Point, (consulté le )
- Register.consilium.europa.eu.
- (en) « FACTBOX-Ratko Mladic, from soldier to fugitive », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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- (en) Avis de recherche d'Interpol.
- (fr) Trial Watch: Ratko Mladić au TPIY.
- (fr) Les images bouleversantes et accablantes du reportage d'Envoyé spécial sur France2.
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