Rébellion du M23
La rébellion du M23 ou mutinerie du M23 est une continuation du combat qui prend place au Nord-Kivu, dans le nord-est de la république démocratique du Congo, depuis la fin formelle de la guerre du Kivu de 2004 à 2009. En , des soldats se sont mutinés contre le gouvernement congolais[4]. Des mutins ont formé un groupe de rebelles composé d'anciens membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) rebelle, appelé Mouvement du 23-Mars (M23). L'ancien commandant CNDP Bosco Ntaganda, alias « le terminateur », est accusé de commander la mutinerie[5],[6].
Date |
4 avril 2012 - 7 novembre 2013 (1 an, 7 mois et 3 jours) |
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Lieu | Nord-Kivu, Est de la république démocratique du Congo |
Issue | reddition du M23 |
Mouvement du 23-Mars
Aide supposée de : | République démocratique du Congo Nations unies |
Bosco Ntaganda Sultani Makenga | Joseph Kabila |
en juin 2012 : 200 tués, 250 blessés, 374 prisonniers[1],[2] | en juillet 2012 : 40 tués, 93 blessés, 600 déserteurs[3], 1 soldat de la paix indien tué |
Batailles
Bataille de Goma, Kimia II, Rébellion du M23, seconde bataille de Goma
Coordonnées 1° 36′ 14″ sud, 29° 11′ 43″ estContexte
En , le CNDP a signé un traité de paix avec le gouvernement, dans lequel il acceptait de devenir un parti politique en échange de la relaxe de ses membres en prison[7]. Une partie des rebelles fut intégrée dans l'armée régulière congolaise.
Le , il fut rapporté que Ntaganda et 300 membres des Forces armées de la république démocratique du Congo avaient déserté et se sont heurtés aux forces gouvernementales dans la région de Rutshuru au nord de Goma[8].
Un rapport indique que des rebelles avaient reçu du soutien du Rwanda[9]. 25 membres rwandais de M23 se sont rendus aux forces armées congolaises comme partie d'un total de plus de 370 soldats du M23 qui sont rendus jusqu'ici[1].
Principaux événements
Le , le M23 a attaqué la ville de Bunagana, à moins d'un kilomètre de la frontière avec l'Ouganda et l'a conquise. Près de 600 membres des troupes ont fui la frontière et ont accouru en Ouganda. Les rebelles annonçaient la fin de l'offensive, si le gouvernement acceptait d'engager des pourparlers de paix avec eux[10].
Après la mort d'un soldat de maintien de la paix indien, les Nations unies ont commandé des attaques contre les rebelles dans la région.
En les rebelles conquièrent Rutshuru, à 70 kilomètres au nord de Goma. Au petit matin du , ils sont à 40 kilomètres de Goma même. Des témoins racontent que des rebelles ont apparemment conquis villes et villages sans rencontrer de résistance de la part des forces armées gouvernementales[11]. De la même façon, les villes de Rubare et Ntamugenga tombent sous le contrôle des rebelles[12].
Le , le M23 et des forces armées gouvernementales échangent des tirs autour de Kibumba et Rugari, ce qui force des milliers de civils à fuir en direction de Goma. Des hélicoptères d'attaque des Nations unies étaient aperçus en route pour le front. La situation sécuritaire dans l'est du Congo se détériore rapidement[13].
Le , le gouvernement des États-Unis annonce la diminution de son aide militaire pour le Rwanda[14]. Le rapporteur des crimes de guerre des États–Unis, Stephen Rapp signale que les autorités rwandaises seront inculpées de « soutien et incitation » à des crimes de guerre : « D'après le droit international, il y a une limite au-delà de laquelle on peut être rendu responsable, d'avoir aidé un groupe à commettre des atrocités »[15].
Malgré les mises en cause d'utilisation du conflit à des fins de profits économiques, via l'exploitation illégale du coltan[16], le Rwanda a nié les rapports experts des Nations unies et des groupes de défense des droits de l'Homme, selon lesquels il soutiendrait les rebelles, dont le groupe M23. Ce dernier, a conquis des parties de la province du Nord – Kivu ce qui a entrainé le déplacement de 260 000 personnes depuis avril[14].
Après une trêve de plusieurs mois, les combats reprennent et, le , les rebelles du M23 prennent le contrôle de Goma et de ses alentours, après près de cinq jours de combats. L'armée congolaise se retire à Sake. Les rebelles demandent une négociation directe avec le président Kabila pour rétablir la paix en RDC[17].
Le , les dirigeants africains se réunissent à Kampala pour discuter et trouver des solutions au conflit. Par ailleurs, depuis la prise de Goma, de nombreuses négociations ont eu lieu entre les présidents ougandais, congolais et rwandais[18].
Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le par la résolution 2098 la création d'une brigade d'intervention au sein de la MONUSCO chargée de « mener des opérations offensives ciblées » contre les groupes d'insurgés dans l'Est de la république démocratique du Congo[19].
Cette brigade d'intervention ((en) : Force Intervention Brigade, FIB) a un effectif autorisé de 3 069 casques bleus provenant d'Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi[20].
À partir du , avec les forces congolaises régulières et la brigade de l’ONU du Nord-Kivu, elle établit une zone de sécurité à Goma et dans les localités situées au nord de la ville[21].
Le , lors d’un congrès de la rébellion, l'ancien porte-parole Bertrand Bisimwa est nommé président du M23 à la place de Jean-Marie Runiga. Le clan de Runiga contestant cette décision, des combats ont ensuite éclaté entre les deux factions, dans la région de Rugari. Selon Radio Okapi[22], la radio de la Monusco, il y aurait eu 5 morts et des blessés civils.
Dissolution du mouvement armé
À partir du [23], les forces congolaises appuyées par une brigade d'intervention de l'ONU lancent une offensive avec des moyens lourds : plus de 3 600 militaires congolais déployant des chars T-55 et des véhicules de combat d'infanterie BMP-2 et la brigade de la force d'intervention de la MONUSCO appuyé par de l'artillerie, des Mi-35 de l’armée ukrainienne, trois Denel AH-2 Rooivalk de la force aérienne sud-africaine (qui interviennent à partir du )[24] lancent une offensive générale[25] dans la zone de 700 km2 contrôlée par le M23.
Dans la nuit du 4 au , l'armée congolaise chasse les combattants du M23, au nombre de 400 à 450, des dernières positions qu'ils occupaient dans les montagnes du Nord-Kivu, à la frontière du Rwanda et de l'Ouganda. Les pertes sont selon l'armée congolaise de 292 morts dans les rangs du M23.
Le , le M23 déclare qu'elle dépose les armes[26] et deux jours plus tard, environ 1 600 membres du M23 se rendent aux autorités de l'Ouganda[27]. Après l'échec de l'élaboration d'un premier document commun sur un accord début novembre, la RDC et le M23 signent le à Nairobi un accord de paix qui confirme la dissolution du M23, définit les modalités de la démobilisation et conditionne à l'abandon de la violence la reconnaissance des droits de ses membres[28].
Bibliographie
- Dominic Johnson, « La dynamique des groupes armés dans l'est du Congo et le cas du M23 », Cahiers africains, no 84 « Conjonctures congolaises 2013 : percée sécuritaire, flottements politiques et essor économique », (lire en ligne)
- Adolphe Kilomba Sumaili, « La CIRGL et le règlement des différends dans la région des Grands lacs : cas de la rébellion du M23 », Revue Quebecoise de Droit International, vol. 28, , p. 203-218
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « 2012 East DR Congo conflict » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Clashes in eastern DR Congo claim lives », Al Jazeera English, (lire en ligne)
- (es) Agence EFE, « Al menos 240 muertos en Congo tras combate entre Ejército y amotinados », Grupo RPP, (lire en ligne)
- (en) Albert Kambale, « DR Congo rebel chief pledges to withdraw from captured towns », Agence France-Presse, (lire en ligne)
- La guerre du Kivu, Bernard Lugan, bernardlugan.blogspot.fr, 19 juillet 2012
- Des forces rebelles bombardent des bases par des grenades - Afrique - Al Jazeera English
- « Lettre datée du 26 juin 2012, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la république démocratique du Congo ». S/2012/348/Add.1, Conseil de sécurité, Nations Unies, 27 juin 2012, 52 pp.
- (en)DR Congo government, CNDP rebels 'sign peace deal', AFP, 24 mars 2009
- Congo-Kinshasa: Général Ntaganda et des loyalistes désertent les forces armées
- Rwanda 'supporting DR Congo mutineers', BBC News
- (en) Congo rebels offer peace talks with government, 7 juillet 2012
- (en) Les rebelles Congolais avancent sur Goma
- DR Congo rebels seize strategic town of Rutshuru, 9 juillet 2012
- (en) Fuite de milliers de personnes après les combats entre l'armée congolaise et des rebelles
- (en) Fin de l'aide militaire américaine au Rwanda
- (en) « Rwanda's Paul Kagame warned he may be charged with aiding war crimes »
- Le coltan congolais a rapporté 250 millions de dollars au Rwanda - enquête de l'Observatoire des ressources naturelles en Afrique australe (SARW), citée par l'agence de presse associée (APA)
- (fr) « Les rebelles du M23 occupent la ville de Goma »
- (fr) « Des dirigeants africains se réunissent samedi en sommet à Kampala, en l'absence du président rwandais Paul Kagame, pour tenter de résoudre le conflit dans l'est de la RDC »
- « L'Onu crée une brigade d'intervention en RDC », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le )
- Lansana Gberie, « La brigade d’intervention : fin de la guerre en RDC ? », sur Afrique Renouveau, (consulté le )
- Christophe Rigaud, « RDC : Première mission pour la Brigade de l'ONU », sur Afrikabia, (consulté le )
- Reprise des hostilités entre 2 clans du M23, Radio Okapi, 9 mars 2013
- Christophe Rigaud, « RDC : Le M23 lâché par Kigali ? », sur Afrikabia, (consulté le )
- (en) Dean Wingrin, « First ever combat for Rooivalk », sur defenceWeb, (consulté le )
- « RDC: à Chanzu, les FARDC célèbrent leur victoire contre le M23 », sur Radio France internationale, (consulté le )
- Christophe Rigaud, « RDC : Un nouveau scénario s'écrit au Kivu », sur Afrikabia, (consulté le )
- « RDC: le chef militaire du M23, Sultani Makenga, aux mains des autorités ougandaises », sur Radio France internationale, (consulté le )
- « La RDC et le M23 signent un accord de paix »,Le Monde avec agence Reuters, 12 décembre 2013, [article en ligne]
Voir aussi
Articles connexes
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