Protection de l'environnement

La protection de l'environnement consiste à prendre des mesures pour limiter ou supprimer l'impact négatif des activités de l'homme sur son environnement.

Au-delà de la simple conservation de la nature, il s'agit de comprendre le fonctionnement systémique, et éventuellement planétaire de l'environnement ; d'identifier les actions humaines qui l'endommagent au point de porter préjudice aux générations actuelles ou futures ; et de mettre en place les actions de correction. Cette action est donc à la fois scientifique, car elle nécessite de développer nos connaissances pour le moment limitées dans ce domaine ; citoyenne, puisque les décisions à prendre ont un coût pour les générations actuelles, et un impact pour les générations futures ; politique, car les décisions à prendre sont forcément collectives et parfois planétaires.

La connaissance scientifique du fonctionnement global de la planète est très récente ; ce n'est que vers la fin du XIXe siècle que les théories nécessaires ont pu se constituer. Il a fallu presque un siècle de plus pour découvrir que les activités humaines avaient un impact non seulement significatif sur cet environnement, mais qu'il risquait d'être définitif. En 1972, la création simultanée du Programme des Nations unies pour l'environnement et d'instances gouvernementales correspondantes dans les pays développés marque le point de départ de la volonté d'agir sur un plan collectif.

En 2020, 227 défenseurs de l'environnement ont été assasssinés[1].

Origines du concept

La protection de la nature et des espèces nécessaires à l'homme a été une préoccupation des sociétés néolithiques ; cependant, la phrase « Nous n'héritons pas la terre de nos ancêtres ; nous l'empruntons à nos enfants », qui a été attribuée à Saint-Exupéry[2], semble être une locution Lakota[3], ce qui montrerait que la préoccupation écologique a pu précéder la révolution néolithique. À la fin du XIXe siècle, la science de l'environnement est à peine née, elle ne porte pas encore de nom. Cependant, elle bénéficie des énormes capacités développées dans d'autres domaines pour progresser très rapidement ; elle se nourrit donc du développement des sciences exactes en général pour progresser, ce qui rend ses progrès difficiles à percevoir ; le carottage des glaces polaires est typiquement un axe de recherche proche du fondamental, qui a fourni des résultats pratiques d'une importance à la fois élevée et inattendue. L'écologie a été à la source de nombreuses notions, découvertes, et vocations scientifiques et politiques.

Environnement comme système planétaire

La circulation thermohaline n'a été connue qu'à la fin du XXe siècle.

La planète a longtemps été considérée comme une simple juxtaposition de systèmes naturels sans grand rapport entre eux, si ce n'est une création ex nihilo, mise à la disposition de l'espèce humaine ; ce n'est qu'au XIXe siècle que, presque simultanément, plusieurs sciences remettent en cause cette vision.

Ainsi, l'utilisation des ressources in situ sur la lune ou sur mars ne constitue pas une atteinte directe à l'environnement terrestre.

Évolution des espèces

La théorie de l'évolution des espèces proposée par Darwin, en 1859, révolutionne la pensée à plus d'un titre, mais particulièrement en démontrant une filiation entre toutes les espèces. De plus, l'étude des fossiles qui va se généraliser laissera entendre que la géographie statique des continents ne permet pas d'expliquer la ressemblance de traces fossiles séparées par des océans. Enfin, dans la lignée de la révolution copernicienne, qui avait abandonné le géocentrisme pour l'héliocentrisme, elle remet en cause la prééminence de l'homme dans la nature, position attestée jusque-là par de nombreuses civilisations et religions. Cette remise en cause de la pensée non seulement scientifique, mais morale et religieuse, vaudra à Darwin une importante opposition. Ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que l'homme se considèrera simplement comme l'une des espèces de son environnement, éventuellement susceptible d'extinction.

Tectonique des plaques

En 1915, Alfred Wegener propose sa théorie de la tectonique des plaques ; elle implique un fonctionnement planétaire des mouvements du sol, et accentue le besoin de considérer l'environnement terrestre de façon globale. Son travail ne commencera à être accepté par la communauté scientifique qu'à partir de 1945.

Météorologie

Les cellules de Hadley furent évoquées au XVIIIe siècle.

À la suite d'une tempête destructrice en 1854, Urbain Le Verrier met en place un réseau européen de stations météorologiques. Cependant, ce n'est qu'en 1919 que l'école norvégienne développe la théorie des fronts, soulignant le comportement planétaire de la météorologie. En 1963, Lorenz introduit la notion de système chaotique dans la compréhension de ce domaine.

Biomes et écosystèmes

Si l'écologie a en quelque sorte toujours existé, sa formalisation est récente ; la notion de biome, introduite en 1910[4], analyse la planète indépendamment de toute frontière, pour se baser sur des conditions de flore, faune et météorologie. Le terme d'écosystème est en 2010 d'usage commun ; il était inconnu il y a 50 ans. Le terme biodiversité date de 1988[5].

Découverte des dégradations d'origine humaine

La pollution systématique (au sens de régulière) était connue dès la fin du XIXe siècle ; le smog londonien est typique de cette période. Cependant, on n'avait pas conscience à cette époque qu'une pollution puisse dégrader l'environnement de façon durable. Dans le cours de la deuxième partie du XIXe siècle, certaines inquiétudes se font jour vis-à-vis de l'exploitation de la nature par l'homme, et de sa dégradation, non pas dans un cadre accidentel, mais au contraire dans le cours normal des activités humaines.

Agriculture

Le livre de Rachel Carson, Le printemps silencieux, souligne dès 1962 les dégâts causés par l'agriculture moderne à la nature même qu'elle devrait entretenir. Ce livre introduit de nouvelles notions qui seront par la suite indissociables de l'écologie, de la protection de l'environnement et de l'écotoxicologie :

  • toxicité élevée, et fréquemment inconnue des produits phytosanitaires ;
  • longue durée de vie de ces nouvelles molécules, qui n'existent pas à l'état naturel, et ne sont donc pas dégradées par l'environnement ;
  • principe de la concentration des produits toxiques dans la chaîne trophique ;
  • absence de contrôle, et même de compréhension des phénomènes.

Le DDT sera interdit dans les pays développés au cours des décennies 1970 et 1980.

Accidents industriels

Les zones contaminées après la catastrophe de Tchernobyl

Les accidents industriels étaient connus au XIXe siècle (en France, la catastrophe de Courrières fit plus de 1 000 morts en 1906) ; cependant, ils concernaient essentiellement les personnes qui travaillaient dans les lieux concernés. La densification démographique, les dangers croissants conduisent à des catastrophes concernant les riverains, bien au-delà des voisins immédiats. Ils ont permis à chaque citoyen de mesurer d'une façon moins abstraite les dangers associés à certaines technologies ; paradoxalement, ils ont en compte de ces dangers, avec parfois la création de cadres juridiques directement hérités.

Analyse de l'atmosphère

À la fin du XVIIIe siècle, Joseph Priestley et Antoine Lavoisier analysent l'air. Il faudra attendre le XXe siècle pour vérifier que l'air est le même partout, et plus encore, que nous partageons tous le même. L'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère terrestre fut identifiée dans la deuxième moitié du XXe siècle ; en 1958, le U.S. Committee on Extension to the Standard Atmosphere publie la composition de celle-ci, avec une mise à jour en 1962 donnant 314 ppm de CO2, puis en 1976. Curieusement, ce comité ne remet pas à jour la valeur de la concentration du CO2, qui est pourtant la seule à avoir évolué.

Formalisation du concept

Développement durable

Diagramme du développement durable : une approche globale à la confluence de trois préoccupations, dites « les trois piliers du développement durable ».

Depuis la fin des années 1980, et surtout depuis le sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, les dirigeants mondiaux ont été amenés à redéfinir la notion de développement pour prendre en compte non seulement les besoins des générations présentes, mais aussi ceux des générations futures, selon la définition du rapport Brundtland (1987). Le développement durable préconise d'agir globalement, et s'articule autour des trois piliers que sont l'environnement, le social, et l'économie, dans une démarche holistique. Le développement durable a donné lieu à des plans d'action comme l'agenda 21 (1992) ou les objectifs de développement durable (2012).

Pollution

Le thème n'est pas nouveau, mais il se formalise avec la notion de responsabilité associée à une pollution, puis de pollueur-payeur, qui facilite l'approche juridique et réglementaire.

Utilité de la biodiversité

Pendant des siècles, la révolution agricole a conduit à un appauvrissement délibéré et continu de la biodiversité des zones habitées ; cela était considéré comme normal et même souhaitable.

Finitude des ressources

Le mot finitude s'applique ici aux ressources naturelles, en particulier les combustibles fossiles et les métaux. La raréfaction des métaux a été étudiée par Philippe Bihouix et Benoît De Guillebon, appuyés par l'association des Centraliens[6].

Recyclage

Le recyclage a envahi les procédés industriels et la vie des citoyens.

Le recyclage s'avère aujourd'hui de plus en plus nécessaire pour gérer la raréfaction des ressources naturelles et éviter la prolifération des déchets dans la nature. Il est en particulier important pour les matières plastiques, ainsi que pour la plupart des métaux, dont les ressources disponibles vont en diminuant[7].

Empreinte écologique

Dans les années 1990, on définit l'empreinte écologique comme la surface de planète nécessaire aux besoins actuels de l'humanité, qu'il s'agisse de production ou de recyclage des déchets ; c'est une mesure de la pression qu'exerce l'homme sur la nature[8]. Cette notion peut s'appliquer à des populations ou des filières industrielles. Assez rapidement, on se rend compte que cette pression dépasse déjà les capacités totales de la planète[9].

Action politique

Instances internationales

À l'issue du premier sommet de la terre à Stockholm en 1972, la conférence des Nations unies décide de créer le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), qui aura pour mission de :

  • coordonner les activités des Nations unies dans le domaine de l'environnement ;
  • assister les pays dans la mise en œuvre de politiques environnementales ;
  • encourager le développement durable.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le PNUE créent, en 1988, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ; il est ouvert à tous les pays membres de l’ONU et de l’OMM.

Négociations internationales

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques

Sommets de la Terre

Les sommets de la Terre sont des rencontres ayant lieu tous les dix ans entre dirigeants mondiaux depuis 1972, avec pour but de définir les moyens de stimuler le développement durable au niveau mondial.

Pollueur-payeur

Le principe pollueur-payeur a été mis en œuvre en France pour la première fois au travers de la Loi sur l'Eau du (Loi relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution), qui institue une redevance de prélèvement et une redevance de pollution, respectivement proportionnelles au volume d'eau prélevée sur la ressource et à la masse des divers polluants contenus dans les eaux usées rejetées.

Le principe pollueur-payeur a été adopté par l'OCDE en 1972. Il figure dans l'Acte unique européen de 1986.

Règlement REACH

Le Règlement REACH, entré en vigueur le [10], marque entre autres la volonté du législateur européen de faire porter à l'industrie la responsabilité d'évaluer et de gérer les risques toxicologiques et écotoxicologiques posés par les produits chimiques et de fournir des informations de sécurité adéquates à leurs utilisateurs.

Relais nationaux

L'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) a été créée en 1970 avec pour mission de « protéger la santé humaine et de sauvegarder les éléments naturels — l’air, l’eau et la terre — essentiels à la vie ». En 2010, elle joue un rôle essentiel comme relai de la politique nationale américaine.

La France a créé le , son ministère de la Protection de la nature et de l’Environnement, qui s'appelle en 2010 le Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer.

Axes de développement en 2010

Habitat

L'habitat moderne est la première source de consommation d'énergie dans les pays développés ; quand il se manifeste sous la forme de lotissements contenant des maisons individuelles flanquées d'une petite surface de terrain (surnommé Suburbia en anglais), il est la source de multiples dommages à l'environnement ; on peut signaler les causes suivantes :

  • le faible coefficient d'occupation des sols (COS, de 0,3 à 0,5) proposé par ce type d'habitat conduit à une forte emprise sur la nature et à son morcellement, affaiblissant localement la biodiversité ;
  • l'isolation thermique des habitats individuels est plus difficile à réaliser, et plus coûteuse, que celle d'un habitat collectif, conduisant à une consommation d'énergie plus élevée ;
  • un lotissement exigera des dépenses supplémentaires en matières premières pour l'installation des voirie et réseaux divers, ce qui s'ajoute à l'énergie grise nécessaire à la réalisation du bâtiment ;
  • la faible densité de population ne rendra pas économiquement possible la mise en place de transport en commun, obligeant ainsi au recours définitif à l'automobile, actuellement le mode de transport le plus gaspilleur.

Contrairement à une pensée fréquemment véhiculée par des constructeurs, l'habitat individuel neuf ne peut donc en aucun cas être « écologique ». À l'opposé, l'habitat en ensemble immobiliers, avec un COS de cinq à dix fois plus élevé, permet de faire des économies sur tous les points ci-dessus ; par ailleurs, l'urbanisation ne se réduit pas à un simple choix entre ces deux positions.

Sciences de l'environnement

  • Les technologies apportées par l'industrie spatiale ont apporté des connaissances considérables sur l'état de la planète, et les lois physiques qui la concernent ; le schéma ci-contre, qui décrit la concentration en méthane dans l'atmosphère, n'aurait pas été possible sans satellite d'observation.
  • L'écologie continue de nourrir l'action en vue de la protection de l'environnement. Le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, qui aurait pu passer pour un sujet typiquement écologique au départ, est devenu un sujet environnemental quand l'alerte donnée par de nombreux écologistes a permis de découvrir son ampleur.

Environnement et éthique

La protection de l'environnement bénéficie essentiellement aux générations ultérieures ; il s'agit donc d'un choix moral. En 2010, Michel Rocard est l'un des premiers à parler de « crime contre l'humanité »[11] pour qualifier « ceux qui prennent du retard ».

Notes et références

  1. Reporterre, « 227 activistes de l’environnement assassinés en 2020, un record », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le )
  2. « Citations » (consulté le )
  3. « Proverbes Amerindiens » (consulté le )
  4. « Biome » (consulté le )
  5. « Biodiversité et crises » (consulté le )
  6. Philippe Bihouix et Benoît De Guillebon, Quel futur pour les métaux ? : Raréfaction des ressources : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences, 2010.
  7. ADEME, « Le recyclage, un enjeu stratégique pour l’économie », sur https://www.ademe.fr/, (consulté le )
  8. « Calculer votre empreinte écologique », sur WWF (consulté le )
  9. Global Footprint Network, « Footprint Basics - Overview », (consulté le )
  10. Commission européenne, « REACH - enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques » (consulté le )
  11. « Michel Rocard, l'hyperpédagogueate=25 », (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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