Principauté de Seborga

La principauté de Seborga, en italien principato di Seborga, est une micronation qui revendique le territoire de la commune italienne de Seborga, dans la région de Ligurie.

Ne doit pas être confondu avec Seborga.

Principauté de Seborga
(depuis 1967)

Principato di Seborga (it)


Blason de la principauté de Seborga

Drapeau de Seborga

Panneau indiquant l'entrée de la "Principauté de Seborga"
Administration
Pays Italie
Territoire revendiqué Seborga
Statut politique Micronation
Capitale Seborga
Gouvernement Monarchie constitutionnelle
Princesse Nina
2019-2026
Démographie
Population 280 hab. (octobre 2019)
Densité 19 hab./km2
Langue(s) Italien, ligure, français
Géographie
Coordonnées 43° 49′ 34″ nord, 7° 41′ 40″ est
Superficie 14,91 km2
Divers
Monnaie Luigino[1],[2], euro
Fuseau horaire UTC +1
Hymne La Speranza
Devise Sub Umbra Sedi
Sources

    Géographie

    La principauté de Seborga revendique le territoire de la commune italienne de Seborga située dans la région de Ligurie. Seborga est limitrophe des communes d'Ospedaletti, Perinaldo, Sanremo et Vallebona.

    Histoire

    Origine de la principauté

    Vue de l'ancien palais de la monnaie de la principauté de Seborga.

    En 954, le comte de Vintimille cède le fief de Seborga aux abbés de Lérins, qui en font une principauté ecclésiastique qui va durer pendant huit cents ans.

    En , Victor-Amédée II de Sardaigne achète la principauté de Seborga à son propriétaire ecclésiastique, l'abbé Biancheri, mais sans en acquitter le prix ce qui explique que Seborga ne sera jamais mentionnée dans aucun traité ultérieur. Giuseppe Antonio Biancheri porte le titre de prince du jusqu'à son décès le , malgré le « protectorat » de la Maison de Savoie à partir de 1729[3] qui ne sera jamais reconnu. Seborga figure bien dans le « contado di Nizza » de la carte des États du roi de Sardaigne de 1779[4].

    La principauté contemporaine

    Dans les années 1950, des habitants de la commune de Seborga revendiquent la réactivation de l'indépendance par rapport à la République italienne, en vertu de son ancien statut de principauté dont la localité aurait joui autrefois, et ils considèrent comme illégale l'annexion au royaume de Sardaigne, puis à l'Italie[5],[6].

    La proclamation de Seborga en tant que principauté remonte à 1963 lorsque le fleuriste du village, Giorgio Carbone, est élu « prince Giorgio Ier de Seborga »[2]. Un plébiscite auprès de la population du village approuve alors sa proclamation par 304 voix contre 4[7]. Cette sécession se base sur le legs du village à l'abbaye de Lérins en 954 par un comte de Vintimille ainsi que sur la protection de la maison de Savoie, disparue en 1946 et vécue comme une « annexion » à l'Italie[2]. Le « prince Giorgio Ier » constitue une association italienne type loi 1901: Associazione Governo del Principato[8] (Ordinanza no 576), renommée en français « Conseil de la Couronne » et comptant une douzaine de membres actifs.

    Après la mort de Giorgio Carbone le [9], la « régence » est assurée par Alberto Romano jusqu'à l'élection de Marcello Menegatto, un promoteur immobilier, le , qui est investi le suivant sous le nom de règne de « Marcello Ier »[2]. Il souhaite « continuer la lutte pour la réactivation de la reconnaissance de l'indépendance de la principauté et développer son économie.

    Le , Nicolas Mutte, un écrivain français[10], s'autoproclame « prince de Seborga » sous le nom de « Nicolas Ier ». Il aurait reçu l'« allégeance » de certains proches de « Marcello Ier » qu'il appelle à démissionner[11]. Le , Nicolas et son frère Martial Mutte sont mis en examen pour « escroquerie en bande organisée, fausse monnaie, production de faux documents administratifs »[12].

    Le , Marcello Ier est réélu par les habitants de Seborga[13]. Le , il annonce son intention d'abdiquer, en restant en poste ad intérim jusqu'à l'élection de son successeur[14].

    Lors de l'élection du , la fille du prince Giorgio Ier, Laura Di Bisceglie, est battue par Nina Menegatto, ex-épouse de Marcello Ier, le prince démissionnaire. Nina devient la première princesse de Seborga pour sept ans[15],[16],[17].

    Administration

    Indépendance de la principauté

    L'indépendance de la principauté se base sur les points suivants :

    • Les trois procès avec l’État italien auraient été « tous gagnés » par la principauté de Seborga[2].
    • En 2008, la principauté, en la personne de Giorgio Carbone entre autres, saisit la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) siégeant à Strasbourg, pour faire valoir son indépendance. La demande est jugée irrecevable en 2012[note 1],[18].

    Régime politique

    Seborga est une principauté régie par une constitution et dirigée par un prince, élu pour sept ans. Elle dispose d'un gouvernement de neuf ministres nommé « Conseil de la Couronne » et d'un « Conseil des Prieurs »[2]. La fête nationale a lieu le 20 août, jour de la fête de saint Bernard[2].

    Princes et princesses

    Nom Début du règne Fin du règne Annotations
    Giorgio Ier
    Alberto Romano (régent)
    Marcello Ier Réélu pour 7 ans en 2017.
    Démission annoncée le [19]
    Nina En fonction Ex-épouse de Marcello Ier

    Relations extérieures

    Des consuls et des ambassadeurs sont envoyés à l'étranger dont un en France[2].

    Économie

    Recto d'une pièce de 15 centimes de luigino frappée en 1996 et représentant le prince de Seborga.
    Timbres (2000)

    Le folklore créé par cette principauté et entretenu par ses habitants attire des touristes. Entre 1994 et 1996, des pièces de monnaie de la principauté sont émises[20], attirant l'attention des numismates[21]. Cette monnaie, le luigino, est alors indexée au dollar américain[2]. Ces frappes monétaires ont un précédent historique car au XVIIe siècle, les abbés de Lérins, seigneurs de Seborga, avaient frappé monnaie[22],[23], des timbres[24]sont aussi imprimés et le courrier est estampillé avec le cachet de la principauté[2][note 2]. La principauté dispose de ses propres passeports [note 3] et plaques d'immatriculation[2].

    Des produits alimentaires et autres articles touristiques sont vendus sous la marque Rosa Principe di Seborga (en français « Rose prince de Seborga »), déposée auprès de l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) en 2012[25] par le maire italien de Seborga.

    Une activité plus traditionnelle est la culture des fleurs destinées à la parfumerie[2] et aux fleuristes [26].

    Les autres activités concernent , l'immobilier, la restauration, une galerie d'art, un potier, des épiceries et une jardinerie[27].

    Population et société

    Démographie

    La population s'élève à 280 habitants en [28].

    Notes et références

    Notes

    1. Suite au recours contre l'État italien, adressé le 24 octobre 2008, enregistré sous le n° 52856/08, la réponse de la CDEH du 20 décembre 2012 le juge irrecevable
    2. Le courrier expédié de Seborga porte un timbre italien oblitéré par la poste italienne et dans le cas de présence d'un timbre de la principauté (affranchissement décoratif) deux oblitérations de la principauté
    3. Ces vrais-faux passeports sont vendus aux touristes dans l'épicerie du village.

    Références

    1. (fr) « principauté de Seborga », sur drapeaufree.free.fr (consulté le )
    2. Georges Bourquard, « La principauté qui défie l’Italie », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne, consulté le )
    3. (it) Seborga, Principato Sovrano, G. Pistone, Edizioni Principato di Seborga, 1999
    4. Cette portion de carte est reproduite à l'article « Comté de Nice » du Dictionnaire historique et démographique du comté de Nice, volume IV de l'encyclopédie Niciensis publiée sous la direction de Ralph Schor en 2002
    5. (en)James Minahan, Encyclopedia of the Stateless Nations, Volume 4 S-Z, Greenwood Publishing Group, 2002, (ISBN 978-0-313-32384-3), pag 1696
    6. (en) « Dictators of the world unite at world summit of micronations - countries too small to count », sur The Independent, (consulté le )
    7. (en) Caitlin Moran, « Noel Gallagher is my choice for monarch », sur timesonlineK.co.uk, The Times, (consulté le )
    8. (it) « Gazette official », (consulté le )
    9. (en) Emily Langer, « 'His Tremendousness' oversaw the Italian village of Seborga », The Washington Post, (lire en ligne)
    10. « Nicolas et Martial Mutte de Sabourg, princes rêvés de Seborga », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
    11. (en) « Ruler of self-declared principality on the Italian Riviera faces 'coup d'état' from rival », sur www.telegraph.co.uk, (consulté le )
    12. « Prince autoproclamé à Seborga, en Italie, un Normand mis en examen », Ouest-France, (lire en ligne)
    13. (it) « Seborga, Marcello I in trionfo: rieletto principe », Il Secolo XIX, (lire en ligne)
    14. Note officielle du prince Marcello Ier sur principatodiseborga.com
    15. (it) « Nina Menegatto è la prima principessa di Seborga », sur riviera24.it, (consulté le ).
    16. « Une petite révolution.. Nina Menegatto a été élue princesse de Seborga », sur Nice-Matin, (consulté le )
    17. « Dans la petite principauté italienne de Seborga, se joue un véritable « Game of Thrones » », sur L'Obs (consulté le )
    18. Réponse de la CEDH scan lettre.
    19. (it) Lettre de démission sur principatodiseborga.com
    20. Pièces Principauté de Seborga numisma.com
    21. Frédérique Roussel, « Micronations, désirs d’ailleurs », sur Libération (consulté le )
    22. Acchiardi (Gilbert), Les monnaies de Seborga, Provence Numismatique no 114.
    23. Monnaies XVIIe provence-historique
    24. Timbrescasado.net
    25. (en) « EUTM file information : Rosa Principe di Seborga », fiche sur le site de l'EUIPO, sur euipo.europa.eu (consulté le )
    26. Coopérative agricole de Seborga agroflor.com
    27. Activités commerciales casado.net
    28. « Statistiche demografiche ISTAT », sur demo.istat.it (consulté le )

    Annexes

    Bibliographie

    • Comte Eugène Cais di Pierlas, I conti di Ventimiglia, il priorato di San Michele ed il principato di Seborga, Torino, Paravia, 1884 (OCLC 894092110)
    • Nilo Calvini, Il principato di Seborga : un millennio di storia, Imperia : Dominici, 1992 (OCLC 165120727)
    • Bruno Fuligni, L'État c'est moi (Histoire des monarchies privées, principautés de fantaisie et autres républiques pirates), Paris, Les Éditions de Paris, , 240 p. (ISBN 2-905291-69-9)
    • Frédéric Lasserre, Les hommes qui voulaient être rois. Principautés et nations sur Internet, Département de géographie - Université Laval, 2000-2012
    • (en) John Ryan, Micronations, Lonely Planet, 2006 (ISBN 9781741047301)
    • Stéphane-Bertin Hoffmann, La reconnaissance des micro-nations ou l'utopie confrontée au Droit, Lulu, , 202 p. (ISBN 978-1-4457-1907-8, lire en ligne)
    • (en-US) Lyn Mettler, « Countries in the making: 8 micronations open to visitors », sur Fox News, (consulté le )
    • Graziano Graziani, Passeport pour l'utopie. Micronations, un inventaire, Éditions Plein Jour, 2020 (ISBN 978-2370670472)

    Articles connexes

    Liens externes

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