Prieuré de la Haie-aux-Bonshommes

Le prieuré de la Haie aux Bonshommes est un prieuré situé à Avrillé, en France[1].

Localisation

Le prieuré est situé dans le département de Maine-et-Loire, sur la commune d'Avrillé.

Description

L'église du XIIe siècle, classée, possède une abside en cul-de-four, avec à la clef de la voûte le Christ bénissant. L'abside est éclairée par un triplet de hautes fenêtres.

La nef est voûtée en berceau légèrement brisé, avec à la base une corniche composée d'un larmier, d'une gorge et d'un tore.

Les murs intérieurs de l'église ont été décorés de peintures dans la seconde moitié du XIVe siècle, sous le priorat de Roger de Beaufort. Sur le mur Nord de la nef, a été peinte l'histoire de Jacob en cinq parties; sur le mur Sud, est représenté Adam nommant les animaux lors de la Création du Monde.

La grande fenêtre du pignon Ouest comporte un vitrail en grisaille de type cistercien.

La porte des fidèles qui s'ouvre dans le mur Nord donne sur un porticum récent. Cette porte possède trois voussures égales en arc légèrement brisé, avec des tores reposant sur des culots et des colonnes engagées. La porte des moines, dans le mur Sud, est plus étroite et possède également trois voussures en arc brisé venant reposer sur des culots et des colonnes engagées. Cette porte s'ouvre sur un cloître charpenté récent.

À l'extérieur, faisant suite au porticum, se trouve une petite chapelle oratoire le long du mur Nord de l'église, également du XIIe. Une des rares chapelles latérales subsistantes. Elle servait aux fidèles lors des offices propres aux moines.

De l'aile Sud, il ne reste qu'une partie des bâtiments reconstruite au XVIIe siècle. Toutefois quelques éléments de l'édifice primitif sont encore visibles.

L'aile Ouest fut également reconstruite au XVIIe siècle. Elle présente une façade de style classique bien conservée et possède un escalier de la même époque.

L'aile Est est détruite à la Révolution. Les dominicains de la Haye sont en train de la reconstruire dans l'esprit grandmontain. Elle comprendra au rez-de-chaussée le chapitre et une sacristie à la place du passage. Des chambres seront à l'étage remplaceront le dortoir commun aux frères et aux convers qui existait à l'origine de l'ordre de Grandmont.

Histoire

Le , saint Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, était assassiné par les partisans de Henri II (roi d’Angleterre). Ce dernier voulut faire pénitence de son crime. Et comme il partageait l’amour de sa mère pour les Grandmontains, il voulut établir un monastère de cet Ordre en Anjou.

Dans un domaine appelé « la Haye du Roi », près de la ville d’Angers, les seigneurs Raoul et Étienne de Véo (le second étant sénéchal d’Anjou) fondèrent une « celle » (nom donné aux petits monastères) de Grandmontains, grâce à de nombreuses donations du roi. Henri II Plantagenêt avait notamment accordé l’exemption d'impôts et de service militaire, la perception de la dîme et le droit d’asile. Cette abbaye ne tarda pas à s’appeler « la Haye-aux-Bonshommes », car le peuple appelait volontiers « bonshommes » les moines grandmontains, si charitables.

Fondée vers 1177 par Étienne et Raoul de Véo, elle relève de l’ordre de Grandmont. Sa construction dure quatre ans, de 1178 à 1182. Enrichie de donations et privilèges par Henri II Plantagenêt et Richard Cœur de Lion, son fils, et par les Papes Clément III et Alexandre III. Vers 1185, les donations initiales sont complétées par des vignes, des prés ainsi que le moulin et l'écluse de Montreuil.

Ces donations sont confirmées en 1304 par Philippe III le Hardi, roi de France. Une dizaine de moines y officient jusqu’au XVe siècle. Leurs occupations se partagent entre la prière et les soins aux lépreux.

Ce monastère avait la particularité d’accueillir les moines lépreux de l’Ordre. C’est peut-être la raison de la présence d’une petite chapelle voûtée, datant elle aussi du XIIe siècle, appuyée contre le mur nord de l’église (elle aurait servi pour les moines lépreux).

En 1186, le pape Urbain III prend les frères lépreux de la Haye sous sa protection spéciale.

La celle de la Haye-aux-Bonshommes abrite neuf religieux en 1295 et quatorze en 1317.

En 1317, lors de la réforme des Grandmontains par le pape Jean XXII, la Haye devient prieuré par rattachement de la celle de Craon en Mayenne.

En 1345, Pierre Roger de Beaufort obtient à l’âge de dix ans le titre de prieur titulaire de la Haye. Plus tard, il est nommé cardinal, puis élu pape en 1370, sous le nom de Grégoire XI. C’est le dernier pape d’Avignon, celui qui ramena la papauté à Rome, sur les instances de sainte Catherine de Sienne, tertiaire dominicaine. On lui attribue les peintures murales de l’église de la Haye, que l’on date pour cette raison de la deuxième moitié du XIVe siècle.

La léproserie, distincte du monastère, existera jusqu'en 1440.

Au XVIIe siècle, un prieur commendataire, Claude Ligier, aumônier du roi et du duc d’Orléans, fait reconstruire le prieuré. On lui doit la belle façade occidentale des bâtiments claustraux.C’est lui aussi qui fit aménager une belle demeure, à quelque 300 mètres du prieuré, pour sa propre résidence. Cette demeure est actuellement connue sous le nom de« prieuré de la Haye-aux-Bonshommes », tandis que l’ancien prieuré a été rebaptisé de façon populaire « abbaye », avant de devenir « couvent » depuis une trentaine d’années.

En 1771, le prieuré est rattaché au séminaire Saint-Charles d’Angers.

En 1772, lorsque l’Ordre est supprimé par la « Commission des Réguliers », il ne reste que quatre moines à la Haye.

Façade du prieuré dans les années 1930.

A la Révolution, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux le à Joachim Pierre Tratouin. La ferme qui en dépend est attribuée au sieur Desvallois, président du Club révolutionnaire de l’Ouest, qui siège dans l’église de la Trinité, à Angers. C’est sur un terrain de cette ferme que sont fusillés les martyrs d’Avrillé en 1794.

Ils deviennent bâtiments de ferme au XIXe siècle, colonie de vacances au XXe siècle, accueillant jusqu’à 120 jeunes filles de 7 à 15 ans. Ils sont rachetés en 1974 par le Mouvement de la jeunesse catholique de France puis revendus en 1982 à la Fraternité Saint-Dominique qui s’y installe, ouvre une école et entreprend la restauration des bâtiments.

Annexes

Articles connexes

Références

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