Position du missionnaire

La position du missionnaire est une position sexuelle dans laquelle l’un des deux partenaires  généralement la femme  est couché sur le dos, jambes légèrement écartées, tandis que l'autre s'allonge sur ou légèrement à côté d'elle (ou de lui).

Les Missionnaires, de Gustav Klimt.

William Shakespeare y fait référence en parlant de « faire la bête à deux dos ».

Origine de l'expression

Une légende assez couramment répandue voudrait que cette appellation vienne des missionnaires chrétiens qui l'auraient préconisée à leurs catéchumènes et nouveaux convertis comme la seule convenable en matière de relations sexuelles. À l'origine de cette expression, Alfred Kinsey qui avait fait dans un de ses célèbres rapports[1] de 1948 une série d'interprétations erronées de documents historiques[2],[3].

Avant le rapport Kinsey, cette position était connue sous différents noms comme la « position de papa-maman » ou la « position anglo-américaine »[3].

En 1948, Kinsey publie le premier volume, celui qui concerne la sexualité masculine, de ce qu'on appellera couramment les « rapports Kinsey ». Il y expose la préférence américaine pour la position qu'il appelle la « position anglo-américaine ». À propos de l'ouvrage de l'anthropologue polonais Bronisław Malinowski La Vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la Mélanésie[4], Kinsey écrit[3] : « Il convient de rappeler que Malinowski (1929) observe l'usage presque universel d'une position totalement différente chez les habitants des îles Trobriand […] et qu'autour des feux de camps, ceux-ci raffolent des anecdotes sur la position anglo-américaine dont ils parlent comme de la « position du missionnaire ». »

En 2001, selon Robert Priest, les lexicographes et les sexologues n'ont pas trouvé d'occurrence de l'expression « position du missionnaire » antérieure à Kinsey. Priest conclut que Kinsey a, à son insu, créé une confusion entre plusieurs facteurs[3] : tout d'abord, d'après Malinowski, les habitants des îles Trobriand pratiquent ces soirées de chansons et de moqueries au clair de lune et non pas autour d'un feu de camp. Dans son « rapport », Kinsey écrit que les Trobriandais rigolent en évoquant le face-à-face, homme dessus et femme dessous pendant le coït, mais il ne donne pas le contexte. Il écrit également que la position était enseignée par les négociants blancs, les planteurs ou les fonctionnaires, mais il ne cite pas les missionnaires. Kinsey rappelle par ailleurs qu'au Moyen Âge, l'Église catholique recommandait cette position, supposant que les missionnaires faisaient de même.

En fait, Malinowski écrit qu'il a vu un couple de fiancés tobriandais se tenir la main et se pencher l'un contre l'autre, et que les locaux appelaient ça « misinari si bubunela », c'est-à-dire, « à la façon des missionnaires ». En combinant malencontreusement ces différents faits, Kinsey invente un néologisme tout en croyant reprendre une expression ancienne[3].

Finalement, l'histoire sur l'origine de l'expression a été si répétée qu'elle est devenue largement acceptée, et l'histoire de son élaboration par Kinsey déformant un passage de Malinowski a été oubliée.

Les sexologues anglo-saxons ont commencé à utiliser cette expression pour désigner la position sexuelle à la fin des années 1960, et la « missionary position » a remplacé progressivement les anciennes appellations dans la langue anglaise.

Au cours des années 1990, cette expression s'est étendue à d'autres langues : « Missionarsstellung » en allemand, « postura del misionero » en espagnol et « position du missionnaire » en français[3].

Les différentes variantes de la position

Galerie

Intérêt dans un rapport hétérosexuel

Dans cette position, les deux partenaires peuvent se regarder et s'embrasser. Elle permet également de varier l'angle de la pénétration et offre la possibilité d'une stimulation du clitoris par la base du pénis.

Cette position serait également, avec la position d'Andromaque, la plus pratiquée pour le premier rapport sexuel[5].

Dans le règne animal

La position du missionnaire est également appelée position ventro-ventrale. Son usage est décrit chez les hommes, les chimpanzés bonobos[6].

Chez certains mammifères marins comme les dauphins, ce type de copulation est réalisé en mode vertical, ventre contre ventre, ou bien côte à côte, légèrement inclinés, flanc contre flanc, ce qui la différencie de la position du missionnaire qui se réalise horizontalement.

On a longtemps cru que l'ours la pratiquait également, mais ce n'est pas le cas[7].

Notes et références

  1. A.D. Kinsey, Le comportement sexuel de l’homme, Payot, 1948
  2. (en) Assuming the missionary position… again, dans The Straight Dope, ed.Cecil Adams, 17 juin 2005
  3. (en) Robert J. Priest, « Missionary Positions : Christian, Modernist, and Postmodernist », Current Anthropology, vol. 42, no 1, , p. 29-68 (DOI 10.2307/3596471).
  4. Bronisław Malinowski, La Vie sexuelle des sauvages du Nord-ouest de la Mélanésie, 1929 (PDF chap. 1 à 9, PDF chap. 10 à 14).
  5. « Les positions de la première fois », sur edusex.fr (consulté le ).
  6. « Bonobos. Le bonheur d'être singe », sur L'Express, .
  7. Michel Pastoureau, L'Ours : histoire d'un roi déchu, Éditions du Seuil, (ISBN 978-2-02-021542-8).

Voir aussi

Articles connexes

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