Politique en Corée du Sud

La Corée du Sud est une république qui compte neuf provinces et six villes à administration autonome (Séoul, Busan, Incheon, Daegu, Gwangju, et Daejeon).

Les anciens présidents élus

Partis politiques

La vie politique est basée essentiellement sur deux grands mouvements, un parti conservateur et un parti de centre-gauche. À la suite de fréquentes scissions et fusions, leurs noms peuvent être amenés à changer. Pour les législatives de 2012, le grand parti national se rebaptise en parti Saenuri tandis que les démocrates sont réunis sous la bannière du parti démocrate unifié depuis la fin de 2011. La Nouvelle alliance politique pour la démocratie succède au PDU, devenu parti démocrate, en 2014. Le Parti communiste est interdit au nom de la Loi de sécurité nationale, considérée par ses opposants comme attentatoire aux libertés publiques[1].

Le système politique

Selon la Constitution de la Corée du Sud, le chef d'État de la République de Corée est le président de la République, qui est élu par scrutin direct pour un mandat de six ans non renouvelable. Premier représentant de la République et Chef des armées, le président dispose en outre d'un pouvoir exécutif considérable ; il nomme le Premier ministre avec l'approbation du Parlement. Il préside et nomme également le Conseil d'État.

La Corée du Sud est dotée d'un parlement unicaméral, l'Assemblée nationale, composée de 300 sièges pourvus pour quatre ans selon un système mixte. Sur ce total, 253 sièges sont ainsi pourvus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions. Les 47 sièges restants sont pourvus au scrutin proportionnel plurinominal avec listes fermées et seuil électoral de 3 % dans une unique circonscription nationale. Après décomptes des voix, les sièges à la proportionnelle sont répartis en appliquant le quota de Hare et au plus fort reste entre tous les partis ayant franchi le seuil électoral ou obtenus au moins cinq sièges majoritaire[2]. L'instance judiciaire la plus élevée est la Cour suprême, dont les juges sont nommés par le président avec le consentement du Parlement.

L'ancien président Lee Myung-bak a été élu président de la République de Corée du Sud en février 2008, lors de la dix-septième élection présidentielle avec 48,7 % des voix face à son adversaire Chung Dong-young. Il a pris ses fonctions le .

Droit de vote

Le suffrage est universel, direct et secret.

Toutefois, les citoyens coréens vivant à l'étranger — leur nombre est estimé à 2,7 millions — ne disposent pas du droit de vote. Cette mesure, instaurée par le régime militaire du général Park Chung-hee en 1972, a été jugée anticonstitutionnelle par la Cour constitutionnelle le . La Commission nationale électorale a ainsi demandé qu'une loi rétablisse les droits civiques des Coréens vivant outre-mer, afin notamment qu'ils puissent participer à l'élection présidentielle sud-coréenne prévue le [3].

Lors de l'élection présidentielle de 2013, les Coréens vivant à l'étranger ont pu voter en se rendant à l'ambassade coréenne de leur pays d'accueil.

Historique

L'affaire de la destitution de mars 2004

Le parlement sud-coréen avait adopté, le 12 mars 2004, une motion sans précédent qui suspendait de ses fonctions le président Roh Moo-hyun et plongeait le pays dans un vide institutionnel.

Cette destitution, votée par une assemblée sortante dominée par le GNP (alors promis, selon les sondages, à une défaite électorale) avait été votée par 193 voix contre 2 et 47 boycotts, bien au-delà donc de la majorité des deux tiers exigée par la Constitution coréenne. Cette destitution, assortie d'une suspension immédiate, fut une première dans l'histoire du pays. Le premier ministre Goh Kun s'était vu confier l'intérim.

Les boycotts étaient du fait des quarante-sept fidèles du président Roh Moo-hyun réunis au sein du parti URI, qui avaient qualifié cette procédure de « théâtre de Guignol » et de « mauvaise farce » pour une « peccadille électorale. » Le président avait apporté en février 2004 son soutien au parti URI (pour les élections d'avril), ce qui, en Corée du Sud, est une infraction au code électoral.

Dès l'annonce de la destitution, dix mille partisans du président déchu s'étaient rassemblés dans la nuit près de l'Assemblée nationale sud-coréenne, protégée par la police anti-émeute. Dès le lendemain les marchés financiers sud-coréens réagissaient vivement et la monnaie nationale, le won, perdait 4 % de sa valeur.

Politiquement, l'opposition conservatrice constituée par le Grand parti national (145 députés) n'avait pas conduit le procès du président, mais s'était livrée à une embuscade politico-constitutionnelle, profitant du fait qu'elle était encore majoritaire pour un mois, pour s'allier avec le centristes du Parti démocratique (62 sièges), afin de mettre en difficulté le président, sous le prétexte qu'il avait été partisan en exprimant ses sentiments de sympathie pour le parti URI.

Le président Roh Moo-hyun, politiquement de centre-gauche, avait été élu en février 2003, grâce à une alliance avec le Parti démocratique. Mais, depuis son arrivée au pouvoir, la cote de popularité du président s'était effondrée et était passée au-dessous de 30 %. Des affaires de scandales financiers, liées au financement illégal des partis politiques, avaient atteint directement le président à travers l'inculpation de plusieurs de ses proches collaborateurs.

Cependant, à l'encontre du but recherché par l'opposition conservatrice, les partisans du président déchu se sont mobilisés, et les élections législatives se sont transformées en plébiscite pour la restauration du président Roh Moo-hyun. Lors des élections du , le parti URI qui soutenait le président Roh Moo-hyun gagnait les élections législatives, et le , les neuf juges de la Cour constitutionnelle de Corée infirmaient cette destitution et rétablissaient le président dans tous ses pouvoirs.

Tensions récentes avec les États-Unis

Les tensions avec les États-Unis proviennent du changement de politique internationale de ces derniers, et du regain de tension avec la Corée du Nord.

Les États-Unis ont en effet désigné la Corée du Nord comme un « État voyou », puis l'ont incluse dans l'« Axe du Mal », suscitant de très vives tensions non seulement avec ce pays, mais aussi chez les autres pays de la région, directement sous la menace des hypothétiques armes nucléaires nord-coréennes.

De plus, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, les États-Unis modifient la répartition de leurs troupes sur le globe, les rapprochant des zones considérées comme dangereuses, le plus souvent des zones peuplées de peuples de culture musulmane. À cela s'ajoutent les manifestations de la population sud-coréenne à la suite de crimes commis par des militaires américains dans le pays (viols, une enfant tuée par un véhicule militaire).

Les États-Unis ont donc projeté de fermer la plupart des bases, casernes, camps, terrains d'entraînement dont ils disposent en Corée du Sud, pour les rassembler en une base principale près de Séoul. Les États-Unis ont déjà quasiment déménagé leurs troupes de la DMZ, laissant les troupes sud-coréennes patrouiller. Pour les Américains, cela permet de réagir plus rapidement à une tentative d'invasion nord-coréenne, et de réduire les troupes stationnées en Corée. Cependant, le coût de ce déplacement est élevé (estimé à 4,9 milliards de dollars), et les États-Unis demandent au gouvernement sud-coréen d'assumer 95 % de ces frais (soit 4,7 milliards, d'après un document du Bureau du budget du Congrès américain), arguant qu'à cette occasion, la Corée récupérera de nombreux espaces auparavant indisponibles. Mais en Corée, cette demande est très mal reçue :

  • car elle fait ressentir la présence américaine comme une occupation aux frais du pays occupé ;
  • les espaces libérés par les troupes américaines sont dans des zones peu construites ;
  • les espaces occupés par la nouvelle base sont au contraire très chers et dans une zone où les terrains à construire sont très rares, près de la capitale ;
  • la diminution de la présence américaine est ressentie comme un désintérêt à l'égard de l'avenir de la Corée du Sud, que l'on cherche moins à protéger qu'au temps de la guerre froide.

Scandale Choi Soon-sil et destitution de la présidente Park Geun-hye

Fin 2016, un scandale de corruption met en cause le rôle d'une amie proche de la présidente Park Geun-hye. Après une suspension des pouvoirs de la présidente par le Parlement, la Cour constitutionnelle confirme sa destitution le [4].

Manipulations par les services de renseignement

Sous la présidence de Lee Myung-bak, les services de renseignement sud-coréens (NIS) ont orchestré des campagnes de manipulation de l'opinion publique. Des « ONG » dirigées par la NIS ont mené des campagnes médiatiques contre des adversaires du pouvoir ; dénoncé les « bus de l'espoir » (apparus pour soutenir un mouvement syndical en 2011), critiqué les propositions de repas scolaires gratuits et de soins médicaux gratuits et appelé à la dissolution du Parti démocratique du travail[5]. En 2012, la NIS conduit une campagne de diffamations contre le candidat à l’élection présidentielle Moon Jae-in afin de détourner les électeurs vers la candidate conservatrice Park Geun-hye. En , l'ex-chef de la NIS est condamné à trois ans de prison pour son rôle dans ces manipulations[6].

Il est courant que le parquet et les services de renseignements établissent de faux dossiers afin de compromettre un adversaire politique[7].

Notes et références

  1. « Corée du Sud : quelques enseignements pour la gauche », sur www.medelu.org, .
  2. « NATIONAL ELECTION COMMISSION », sur www.nec.go.kr (consulté le ).
  3. Source : "Restoring suffrage", sur le site du quotidien The Korea Herald, 30 juin 2007.
  4. « Manifestations tendues en Corée du Sud à l'annonce de la destitution officielle de la présidente Park Geun-Hye », sur Le Huffington Post (consulté le ).
  5. « NIS directed right-wing groups pro-government propaganda activities », The Hankyoreh, (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Corée du Sud : l'ex-patron des services secrets en prison », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  7. « En Corée du Sud, le parquet sur le banc des accusés », Le Monde.fr, (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Arnaud Leveau, Géopolitique de la Corée du Sud : une puissance paradoxale, Argos, Paris, 2014, 204 p. (ISBN 978-2-36614-012-5)

Articles connexes

Liens externes

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