Park Chung-hee

Park Chung-hee (en coréen : 박정희), né le à Gumi et mort assassiné le à Séoul, est un militaire et homme d'État sud-coréen, président de la République de 1962 à 1979. Sous son régime autoritaire, la Corée du Sud prend son essor économique pour se hisser parmi les vingt pays les plus riches de la planète.

Dans ce nom coréen, le nom de famille, Park, précède le nom personnel.

Park Chung-hee
박정희

Park Chung-hee.
Fonctions
Président de la République de Corée[N 1]

(17 ans, 7 mois et 2 jours)
Élection
Réélection


Prédécesseur Yun Po-sun
Successeur Choi Kyu-ha
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Gumi (Empire du Japon), Corée
Date de décès
Lieu de décès Séoul (Corée du Sud)
Nature du décès assassinat
Nationalité sud-coréenne
Parti politique Parti démocratique républicain
Conjoint Yuk Young-soo (1925-1974)
Enfants Park Geun-hye
Religion bouddhisme


Présidents de la République de Corée

Park Chung-hee
Hangeul 박정희
Hanja 朴正熙
Romanisation révisée Bak Jeonghui
McCune-Reischauer Pak Chŏnghŭi

Situation personnelle

Park Chung-hee est né à Gumi, une petite ville dans le Gyeongsang du Nord, près de Daegu, le . Sous l’occupation japonaise, il a porté également les noms de Takaki Masao et Okamoto Minoru. Il est diplômé de l'académie militaire japonaise de Mandchourie en 1944. Soupçonné de participation à une cellule communiste au sein de l'armée sud-coréenne et de projeter un soulèvement, il est condamné à mort, puis gracié, en 1948[1]. Il dénonce alors d'autres membres du complot supposé[2].

Président de la République de Corée

Coup d’État de 1961

Le , Park prit la tête d'un coup d'État militaire qui renversa le gouvernement civil du Premier ministre Chang Myon tout en maintenant en fonction pendant un an le président Yun Po-sun. Dirigeant politique de fait du pays, Park devint président du Conseil suprême pour la Reconstruction nationale en , puis, après la démission du président Yun en , il succéda à ce dernier comme président intérimaire. Mais face aux pressions de l'administration Kennedy, un gouvernement civil fut rétabli. Une nouvelle constitution fut adoptée puis des élections générales furent organisées en . Park remporta la présidentielle le et fut investi président de la République le suivant. Il devait par la suite être réélu à quatre reprises en 1967, 1971, 1972 et 1978.

Industrialisation

Park Chung Hee met en place une politique d’industrialisation accélérée sous la direction d’une planification autoritaire. Le premier plan quinquennal est lancé en 1962 et sera suivi de deux autres. La Corée applique un protectionnisme strict tant à l’égard de sa production agricole (interdiction d’importation de riz) qu’industrielle. Par ailleurs l’État prend possession de l’ensemble du système financier et n’emprunte que très peu sur les marchés internationaux[3].

Sous son gouvernement, on vit le développement des chaebol, sociétés familiales soutenues par l’État dont le système est similaire à celui des zaibatsu japonais. On compte, entre autres, parmi ces sociétés, Hyundai, LG et Samsung. Mais le développement économique de la Corée du Sud se poursuit au prix de sacrifices importants pour la classe ouvrière : le gouvernement ne reconnait pas de salaire minimum ou de congé hebdomadaire, impose des périodes de travail gratuit à son bénéfice et les journées de travail sont d'une durée de douze heures. En outre, les syndicats et les actions collectives ouvrières sont interdits[4].

Normalisation des relations avec le Japon

Il normalisa les relations avec le Japon en 1965 avec le traité nippo-sud-coréen du 22 juin 1965. Ce traité fut très mal accueilli et causa une agitation généralisée car les méfaits japonais de la Seconde Guerre mondiale étaient encore trop présents dans les esprits des deux Corées. Néanmoins, en renonçant aux réparations de guerre et aux excuses en échange d'investissements, Park permit l'arrivée de capitaux japonais dans le pays.

Corruption et aide économique américaine

Park n'encourt pas les accusations de corruption des militaires qui lui ont succédé[réf. nécessaire]. En effet, il considérait important d'affecter un style de vie austère s’il voulait demander aux Coréens des sacrifices pour la prospérité future. Il s'habillait simplement et mélangeait son riz avec de l'orge pour l'économiser. Pourtant, selon le témoignage d'un ancien responsable des services secrets, il détournait à son avantage une petite portion des investissements étrangers en Corée du Sud[5].

L'aide économique américaine (de 600 à 900 millions de dollars par an) entraîne des scandales de corruption révélés dans les années 1970 : nombre de parlementaires, journalistes, universitaires et membres de l'administration américaine percevait des pots-de-vin du régime sud-coréen afin d'augmenter cette aide, et de défendre l'image du régime sud-coréen auprès de l'opinion publique. Des sociétés privées américaines, en particulier dans le secteur pétrolier, ont aussi contribué au financement des autorités sud-coréennes en échange de contrats (la Gulf Oil a ainsi dépensé 4 millions de dollars pour la réélection de Park Chung-hee en 1967)[6].

Répression

Les services secrets (Korea Central Intelligence Agency) contrôlent l'ensemble du pays, avec plus de quarante mille employés réguliers et un million de correspondants. Les ouvriers grévistes, les protestataires ou les signataires de simples pétitions s'exposent à de longues peines de prison et à la torture. L'ensemble de la société est placée sous une surveillance constante[6].

Après presque dix ans au pouvoir, dans un régime électoral qui vit Park remporter de justesse une élection présidentielle très serrée contre Kim Dae-Jung en 1971, Park instaura l'état d'urgence et adopta la constitution yusin en 1972, ce qui transforma effectivement la présidence en régime dictatorial légal : il devient alors président à vie.

À partir de 1973, il lança un programme de conversion forcée des prisonniers politiques, auquel des détenus communistes comme Ri In-mo refusèrent de se soumettre. Il donne son accord au moins tacite à la tentative d'assassinat contre Kim Dae-jung, enlevé en à Tokyo et libéré in extremis grâce à la pression de l'ambassadeur Philip Habib, qui agit de sa propre initiative, malgré le soutien de l'administration Nixon à son régime. En , Kim Hyung-wook, chef des services secrets jusqu'à sa défection en 1973, disparait à Paris, probablement assassiné par des agents sud-coréens.

En 1975, il ordonne de « libérer » les rues de Séoul des sans-abri. Des milliers de personnes sont capturées par la police et envoyées dans trente-six camps. Les détenus étaient ensuite utilisés comme main d’œuvre gratuite par les autorités, et constamment sujets à des traitements dégradants[7].

Assassinat

Le , 31 agents de la Corée du Nord, connu comme l'Unit 24 attaquent le palais présidentiel à Séoul mais échouent à abattre Park Chung Hee[8],[9]. Lors des combats, 28 Nord-coréens, 68 Sud-coréens et 3 Américains sont tués.

Le , une tentative d'assassinat par Moon Se-gwang (un agent nord-coréen selon Séoul) échoua, mais causa la mort de son épouse Yuk Young-soo. Park fut lui-même assassiné le par Kim Jae-kyu, son ami de longue date, alors à la tête de la KCIA (Agence centrale du renseignement coréenne), la police secrète sud-coréenne. Kim Jae-kyu et d'autres membres de la KCIA accusés de participation au complot sont torturés et exécutés.

Park Chung-hee est le père de Park Geun-hye, élue présidente de la République[10],[11] le . Elle s'est timidement excusée pour les dégâts causés par son père sous son régime. Néanmoins, elle rend obligatoire l'usage de manuels d’histoire approuvés par son gouvernement célébrant le régime[12].

Notes et références

Notes

  1. Président du Conseil suprême pour la reconstruction nationale du au .

Références

  1. Éric Bidet, Corée du Sud. Économie sociale et société civile, l'Harmattan/Innoval, 2003, p. 77, se référant à M. Breen, The Koreans, Orion Business Books, London, 1998
  2. « Quelle appréciation sur l’époque de Park Chung Hee et le développement coréen », sur Korea is one!).
  3. « CADTM - Corée du Sud : le miracle démasqué », sur www.cadtm.org
  4. « Corée : l'ébranlement d'une dictature », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
  5. Ex-Director informs on KCIA action
  6. Alain Bouc, Soubresauts de la dictature Park, Manière de voir, , p. 20-22
  7. Sputnik, « JO de Séoul 1988: une histoire inconnue des camps de concentration modernes », sur fr.sputniknews.com
  8. (en-US) « When NK Commandos Tried To Assassinate South Korea's President | NK News - North Korea News », (consulté le )
  9. « A not-that-short history of North Korean assassinations and attempts », The Washington Post, (lire en ligne)
  10. « La Corée du Sud choisit Park Geun-hye comme Président », Aujourd'hui la Corée, (consulté le )
  11. Reuters, « Corée du Sud : la candidate conservatrice donnée gagnante de la présidentielle », Le Monde, (consulté le )
  12. Sung Il-kwon, « En Corée du Sud, la fin de la dynastie Park », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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