Pointe du Raz

La pointe du Raz ([ʁɑ][1], nom local en breton Beg ar Raz) est un promontoire rocheux constituant la partie la plus avancée vers l'ouest du cap Sizun, face à la mer d'Iroise au sud-ouest du Finistère. Située à l'ouest de la commune de Plogoff, elle forme une « proue » d'une hauteur de 72 mètres dominant le Raz de Sein. C'est l'un des sites les plus emblématiques des côtes granitiques de la Bretagne. Le site a obtenu la reconnaissance nationale, accordée par le ministre de l'environnement sous la loi grenelle, en 2010, par l'obtention du label Grand Site de France.

Pointe du Raz
Localisation
Pays France
Région Bretagne, Finistère
Coordonnées 48° 02′ 25″ nord, 4° 44′ 28″ ouest
Mer Mer d'Iroise
Géographie
Altitude 72 m
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
Géolocalisation sur la carte : France

Lieu touristique

La Pointe du Raz (rive sud) vue de la mer.

Site naturel de notoriété internationale, il fait l'objet d'une importante fréquentation touristique. Cette pression humaine a nécessité des mesures rigoureuses de protection environnementale dans le cadre d'une opération Grand site national, pour restaurer son couvert végétal composé principalement de bruyère. À cette fin, des commerces ont été déplacés, 2 hôtels ont été détruits et le lieu d'arrivée des voitures a été reculé d'un kilomètre. L'opération a été menée en 1996-2000 dans le cadre d'un programme financé par l'État et des entreprises mécènes pour faire de ce lieu un Grand site de France[2]. Le « Syndicat mixte pour l'Aménagement et la Protection de la Pointe du Raz et du Cap Sizun » (rassemblant la Communauté de communes du Cap-Sizun, le Conservatoire du littoral et le Conseil départemental du Finistère) assure la gestion du site. Il a été récompensé par le Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie pour la qualité de sa gestion en juin 2004.

L'Île-de-Sein, située à 8 km à l'ouest sur la Chaussée de Sein, est séparée de la Pointe du Raz par le Raz de Sein dont les violents courants sont à l'origine de la toponymie du site. Deux phares automatisés sont établis sur des îlots de ce dernier : La-Vieille et Tévennec. La statue de Notre-Dame des naufragés, sculptée par Cyprian Godebski, et un sémaphore sont placés à l'extrémité du plateau sommital. De nombreuses légendes sont racontées depuis toujours par les habitants et étaient autrefois perpétuées par les guides locaux...

Notre-Dame des Naufragés de Cyprian Godebski

L'" Enfer de Plogoff ", galerie creusée par la mer sous la pointe, est réputé pour être le lieu où le flot dépose les noyés. Il est ainsi décrit dans une revue touristique en 1891 : « ...gouffre en forme d'entonnoir où la mer s'engage et gronde avec de sourdes détonations jusqu'à la paroi abrupte où l'on voit, en se penchant, le jour et la mer de l'autre côté d'une fissure qui perce comme un tunnel la masse du cap.»[3].

La beauté du site est renforcée par celles des côtes proches qui s'incurvent au nord le long d'une grande plage sableuse au fond de la Baie des Trépassés, fermée par la Pointe du Van au-delà de laquelle s'étend l'immense Baie de Douarnenez fermée par le Cap de la Chèvre. Vers le sud s'étend la Baie d'Audierne.

Un espace commercial et un parking payant sont construits à une distance respectable, reliés au site par une navette de bus et des chevaux du centre équestre de Plogoff. Un sentier européen de grande randonnée de 3 050 km, le sentier européen E5, relie la Pointe du Raz à Venise. Le GR 34, qui longe toutes les côtes bretonnes depuis le Mont Saint-Michel jusqu'à Saint-Nazaire passe également par ce site. L'itinéraire touristique « Route du vent solaire »[4] va de la Pointe du Raz à celle de Penmarch en longeant la Baie d'Audierne.

Climat

Le climat de la Pointe du Raz est, du moins selon les relevés de la période 1960/1990, un climat supra-méditerranéen (avec étés frais) de type csb dans la classification de Köppen[réf. nécessaire]. En effet :

  • Les hivers sont doux et humides (voir le tableau climatique ci-dessous).
  • Les étés sont secs et frais.
    • La température moyenne du mois le plus chaud (ici août) y est inférieure à 22 °C.
    • Le mois de juillet connaît une saison sèche (2T > P et P < 30 mm).
  • L'écart entre les précipitations moyennes du mois le plus pluvieux et le mois le plus sec est supérieur à un facteur 3 (le facteur est de 3,007).
Pointe du Raz (29), 72 m, période 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température moyenne (°C) 7,5 7,1 8,2 9,6 11,9 14,3 16,1 16,2 15,4 13,3 10,2 8,5 11,5
Précipitations (mm) 83,3 72,8 61,6 44,9 49,4 33,9 28,3 35,9 51,2 72,5 74,6 85,1 693,4
Source : Climatologie mensuelle à la Pointe du Raz (1961-1990)[5]

Toponymie

Le terme raz désigne en breton un courant rapide. Cependant le terme breton est un emprunt au français ras, raz de même sens [6],[7]. Il est issu du norrois rás par l'intermédiaire du vieux normand ras (attesté dès 1120 avec le Ras de Catte, aujourd'hui raz de Barfleur). Il a également donné le composé raz-de-marée et est de même origine que le mot anglais race « course », mentionné dès le XIIIe siècle, également au sens de « fort courant d'eau », issu lui aussi du norrois[8].

Avant le XIXe siècle, la Marine royale mentionnait le passage ou la pointe du Raz de Fontenoy (puis Fontenay). Cela distinguait ce "raz" par la fontaine (ou plutôt la source) située dans une crique se trouvant à 1 km de la pointe, sur la face Sud du promontoire. Ce lieu est toujours dénommé Feunteun aod, la fontaine de la côte en breton, laquelle était appréciée des bateaux, même de très grande taille, pour s'y ravitailler en eau, car la mer y est très profonde à peu de distance de la côte.

C'est cette particularité qui avait amené Électricité de France à envisager de créer une centrale nucléaire en ce lieu, car un petit port artificiel y était prévu pour amener l'énorme chaudière par voie de mer (voir Affaire de Plogoff).

Au XIXe siècle, c'est l'appellation Bec du Raz, démarquage du nom breton, Beg ar Raz qui prévalait dans l'administration des "phares et fanaux". Le passage du Raz tend ensuite à être dénommé le Raz de Sein.

Histoire

« Dans l'Entre-deux-guerres, la pointe du Raz est élevée au rang de curiosité touristique nationale patronnée par le Touring Club de France. (...) Autour des hôtels, des cabanons, des garages et des kiosques à souvenirs fleurissent de manière anarchique, les voitures automobiles roulent à même la lande, les bibelots « soi-disant bretons » ont pignon sur étal (...). Les amoureux du lieu s'émeuvent. En 1928 un journaliste de La Dépêche de Brest et de l'Ouest écrit sur cette foire de bric et de broc un article au vitriol intitulé sans ambiguïté "On est en train de saboter la pointe du Raz"[9].

Les phares et feux du Raz de Sein

Statuette d'un dieu trouvée à la Pointe du Raz (époque gallo-romaine, entre le Ier siècle et le IIIe siècle) [à droite sur la photographie].
Le phare de la Vieille et la tourelle de la Plate devant la Pointe du Raz


Depuis l'Antiquité, le passage entre la pointe du Raz et l'île de Sein, appelé le Raz de Sein, était réputé comme très dangereux pour la navigation et plus particulièrement, la nuit et à la mauvaise saison, en raison de la violence de ses courants marins. C'est pourquoi le phare de la pointe et le phare de l'île furent bâtis dès que les progrès réalisés, durant le premier tiers du XIXe siècle dans les moyens d'éclairage et les équipements optiques, le permirent.

Le rapport de la commission des phares, adopté en 1826, qui définissait le premier réseau d'éclairage maritime français, prévoyait un "phare de premier ordre" à feu fixe au Bec du Raz (ou du Ras)[10]. Ce phare d'environ 18 m de hauteur fut construit sous cette appellation en 1839 et allumé en même temps que celui de l’Île de Sein. Il fut éteint en 1887, car remplacé par le phare habité de la Vieille. Une tourelle en tôle portant un feu plus modeste fut établi vers 1870 à flanc de falaise au Nord-Ouest afin de créer un alignement phare-feu pointant sur l'îlot de la Vieille. Il était appelé « feu de la falaise du Raz » et fut également éteint en 1887. La base du phare du Bec du Raz fut alors remaniée pour en faire un sémaphore.
Un phare habité, le phare de Tévennec, fut construit de 1869 à 1874 sur l'îlot de Tévennec et fut allumé en 1875. En 1910, il fut transformé en feu permanent sans gardien. En 1887, les travaux de la tourelle de la plate furent entrepris sur le platier de "la Plate" non loin du phare de la Vieille alors en construction et ne furent achevés qu'en 1909.

Accès

L'accès au site est possible en voiture par la D 784 avec un parking payant sauf pour les habitants du Cap Sizun et de l'Île de Sein. Le réseau des autocars BreizhGo dessert aussi le site, avec la ligne 53B le samedi et en transport à la demande le reste du temps[11].

Références

  1. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 104.
  2. « Pointe du Raz, Réseau des Grands Sites de France », sur www.grandsitedefrance.com (consulté le ).
  3. Une semaine à bicyclette sur les routes de Cornouaille, "Revue mensuelle - Touring-club de France", 1891, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6505816k/f36.image.r=Bestr%C3%A9e.langFR
  4. http://www.finisteresud.com/448-visites-finistere-sud-route-du-vent-solaire.html
  5. Infoclimat - Météo en temps réel - observations prévisions climatologie forum
  6. Walther von Wartburg, Französisches etymologisches Wörterbuch, t. 16. p. 668b.
  7. Site du cnrtl : étymologie de raz
  8. T. F. Hoad, English Etymology, Oxford paperback, OUP 1993. p. 386.
  9. Serge Duigou, L' invention d'un site, revue "Bretagne magazine", numéro 95, mai-juin 2017.
  10. Les Archives nationales conservent, sous la cote CP/F/14/17513/41, six plans du phare du Bec du Raz datant de 1835 à 1848.
  11. Lignes et horaires autocars Penn-ar-Bed

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Raymond Depardon, Pointe du Raz, Marval, Paris, 1991 (ISBN 2-86234-084-7)
  • Henri Queffélec, La Pointe du Raz (photographies Jos et Dominique Le Doaré), Châteaulin, 1978 (première éd. 1959), 31 p.

Liens externes

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