Baie des Trépassés

La baie des Trépassés est enserrée entre la pointe du Raz et la pointe du Van et se trouve sur les communes de Plogoff et de Cléden-Cap-Sizun (territoire du Cap Sizun). Son rivage forme une longue plage de sable reliant les deux pointes. La baie des Trépassés est partie intégrante du Grand Site de France et à ce titre sa protection et sa gestion sont assurées par le Syndicat mixte pour l'aménagement et la protection de la Pointe du Raz et du Cap Sizun.

Baie des Trépassés

Vue générale de la baie des Trépassés.
Géographie humaine
Pays côtiers France
Subdivisions
territoriales
Finistère (Bretagne)
Géographie physique
Type Baie
Localisation Océan Atlantique
Coordonnées 48° 02′ 53″ nord, 4° 42′ 53″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Finistère
Géolocalisation sur la carte : France

Éléments géographiques et étymologiques

Carte de la mer d'Iroise avec la baie des Trépassés à proximité de la pointe du Raz.

Son nom, Bae an Anaon en breton, est à l'origine de sa triste réputation : une légende raconte en effet qu'autrefois les cadavres des naufragés s'y échouaient fréquemment[réf. souhaitée].

L'une des hypothèses avancées est liée à l'histoire malheureuse de l'activité maritime de passage ou de pêche côtière dans les parages du Raz de Sein. La configuration des courants de marée et les vents dominants de secteur ouest repoussaient en effet les corps des marins naufragés sur la plage - bien que les courants s'opposent.

Une autre explication ferait revenir aux naufrageurs locaux l'origine de ce nom.

Enfin, une autre hypothèse, considère que cette plage pourrait devoir son nom sinistre à une erreur de traduction : elle s'appelait à l'origine Bae an Avon, "la baie de la source" (un petit fleuve côtier s'y jette effectivement). Mais l'erreur conforte la légende.

Enfin, une tradition celtique rapporte que cette baie était le lieu d'embarquement des druides morts en partance pour l'île de Sein[1].

La baie, ouverte plein ouest face à l'Atlantique et recevant tout au long de l'année un vent assez fort, parfois violent assorti d'une grosse houle déferlante, constitue un spot de surf assez réputé dans toute la Bretagne.

Références littéraires

De nombreux écrivains ont évoqué la Baie des Trépassés, souvent avec quelque exagération :

Jacques Cambry écrit en 1794 dans son Voyage dans le Finistère :

« Le plus intrépide matelot ne passe jamais, sans implorer la pitié du Très-Haut, devant la baye des Trépassés, dont le nom lui rappelle les millions d'hommes qu'elle a dévorés et qu'elle engloutit tous les jours. Que sont les tourbillons de Carybde et Scylla, déterminés par des rochers presque invisibles, si vous les comparez au théâtre gigantesque, immense, qu'ici vous avez sous les yeux[2]. »

Émile Souvestre a contribué à nourrir l'imaginaire concernant la Baie des Trépassés, écrivant :

« La Pointe du Raz présente une des passes les plus tempétueuses et les plus redoutées de l'Océan. Le nom de la baie voisine suffit pour donner une idée des dangers qu'on y court : on l'appelle la Baie des Trépassés. C'est là en effet qu'après les orages viennent échouer les débris des navires brisés sur les rochers du Raz, et les cadavres des noyés. Au fond de cette anse s'élève une chapelle isolée. On y trouve toujours quelque femme de marin entourée de ses enfants, à genoux comme elle, qui, le chapelet à la main et les yeux sur l'Océan, prie en pleurant la Vierge de ne pas permettre à la mer de faire une veuve et des orphelins de plus[3]. »

Petites gardeuses de vaches à la Baie des Trépassés (carte postale ND Photo).

Auguste Brizeux exagère encore davantage[4] :

C'est l'Enfer de Plogoff. Sur la droite au milieu
De ces dunes à pic, c'est l'exécrable baie,
La Baie-aux-Trépassés, blanche comme la craie :
Son sable pâle est fait des ossements broyés,
Et les bruits de ses bords sont les cris des noyés !

L'écrivain breton Anatole Le Braz (1859-1926), dans un récit intitulé Impressions de Bretagne, le pays funèbre, daté de 1896 et figurant dans le recueil Impressions de Bretagne édité en 2004 par An Here, décrit la baie de Trépassés dans les termes suivants:

« Rien ne saurait rendre l'impression d'infinie solitude, de veuvage, de néant, que donne, l'hiver, cette "baie des Âmes", bae an anaon, comme l'appellent les Bretons, en leur langue, d'un mot sourd et plaintif, emprunté, dirait-on, au vocabulaire de l'au-delà. La puissante lamentation de la mer, tantôt éclatait en sanglots, tantôt se traînait en longs gémissements... »

Catherine Arley a écrit un roman à suspense qui se situe dans ce cadre : Les Beaux Messieurs font comme ça / La Baie des Trépassés (Nalis, 1968). Ce roman à succès est traduit dans plusieurs langues.

Légendes et croyances populaires

Selon une croyance bretonne, durant la nuit de Noël, la baie des Trépassés résonnerait des chants des âmes en peine qui sont ballotées sur le bateau des morts.

Tourisme

Deux hôtels deux étoiles y ont été édifiés : l'hôtel de la Baie des Trépassés (créé par Clet et Marie Normant avant la Seconde Guerre mondiale) et l'hôtel de la Ville d'Ys (fréquenté par Johnny Hallyday et Sylvie Vartan à plusieurs reprises dans la décennie 1960)[5], hôtel devenu le Relais de la Pointe du Van[6].

Notes et références

  1. Marion Grégoire et Jean-Paul Labourdette, France, Petit Futé, , p. 255
  2. Jacques Cambry, Voyage dans le Finistère, ou État de ce département en 1794 et 1795, Tome second, page 242, librairie du Cercle social, Paris, 1798
  3. Émile Souvestre, Les derniers Bretons, 1836
  4. Cité par J. Letourneur, "Guide du touriste à l'exposition de Rennes : ville de Rennes", 1897, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5474848q/f107.image.r=Plogoff.langFR
  5. Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, numéro du 15 août 2019
  6. « Baie des Trépassés. la bonne adresse de Johnny et Sylvie. », sur letelegramme.fr, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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