Plan scénographique de Lyon

Le plan scénographique de Lyon est un plan de la ville de Lyon réalisé au milieu de la Renaissance par un auteur inconnu. Il est tiré d'une gravure sur cuivre en taille douce. L'original est conservé aux archives municipales de Lyon[1]. Il a été créé vers 1550 : de nombreux documents affirment qu'il date de 1553 ou de 1554, quand d'autres affirment qu'il date de 1540[2].

Histoire

Contexte

Illustration de Lyon dans le Schedelsche Weltchronik de Hartmann Schedel, 1493.

Avant le XVIe siècle, ces plans n'ont pas de valeur d'exactitude et se placent sur le plan symbolique. L'une des vues de cette période est celle de la chronique dite de Nuremberg[3]. D'autres plans de villes sont réalisés dans la même période : Vienne en 1547, Strasbourg en 1548, Paris en 1535 et 1553, Rouen vers 1555, Londres en 1559, Amsterdam en 1554 ou encore Anvers et Augsbourg[2],[4]. Cependant le plan de Lyon se distingue par la taille du document et par le fait qu'il soit une gravure sur cuivre et non pas sur bois comme de nombreux autres, qui sont ainsi moins précis mais peuvent en revanche être diffusés plus largement[2].

Au cours du XVIe siècle, plusieurs vues de Lyon sont réalisées dont celle de Bernard Salomon dans la Saulsaye de Maurice Scève, celle de Jacques Androuet du Cerceau gravée en 1548 ou les croquis de Hendrik Gijsmans.

Réalisation

Selon les archives de Lyon, ce plan serait tiré de dessins faits vers 1545, puis gravé entre 1548 et 1553, pour être assemblé en feuille et colorisé après cette date[2]. Bernard Gauthiez affirme quant à lui que les relevés du plan ont été réalisés en 1544[4].

Réutilisations

Original du plan 1550, présenté au musée des beaux-arts de Lyon en 2015, lors de l'exposition Lyon Renaissance. Arts et humanisme.
Plan de Lyon en 1572. Gravure de Georg Braun pour Civitates Orbis Terrarum, conservée à la Bibliothèque nationale de France.
Carte de l'Ancienne Ville de Lyon (1699). Reproduction par Nicolas-Henri Tardieu pour Claude-François Ménestrier.
Plan scénographique de la ville de Lyon sous les règnes de François 1er et de Henri II, reproduction par Maurille-Antoine Moithey (1780).
Lyon au XVIe siècle, d'après le plan de Menestrier (1851). Histoire de Lyon par Jean-Baptiste Monfalcon (1792-1874).
Fac-similé (1876). Reproduction par Joanny Séon et François Dubouchet (réduction).

Jusqu'au XVIIIe siècle, le plan a été utilisé comme document de référence pour établir des cartes générales de la ville. Au XIXe siècle, il devient un document patrimonial et est considéré comme document historique[2].

Ainsi peu après, en 1575, Georg Braun réalise une gravure assez précise d'un plan de Lyon, qui reprend le plan scénographique[2]. En 1696, Claude François Menestrier utilise le plan scénographique de Lyon pour illustrer son ouvrage Histoire civile ou consulaire de la ville de Lyon[2]. De même en 1780, Maurille-Antoine Moithey le reproduit via une gravure[2].
Comparaison côte à côte du plan original avec ces plans dérivés

Conservation et restauration

Il est réparé en 1786 par l'académie de Lyon[2], puis redécouvert en 1840.

Le document a été restauré en 1842 pendant quatre mois[5], par Laurent de Dignoscyo, restauration qui l'a fragilisé. Il est notamment recolorisé, enlevé de sa toile et remis sur une autre, redessiné partiellement, recollé et verni. La ville rémunère ce travail pour 800 francs[2].

Pour éviter sa manipulation, une reproduction gravée a été réalisée en 1872 par Séon et Dubouchet, mais celle-ci n'est pas entièrement fidèle[6]. En 1989, il a fait l'objet d'une restauration, justifiée par sa faible visibilité, le pH acide du document, l'apparition de fentes et le noircissement d'éléments. Il a alors été expurgé des apports postérieurs à sa création, notamment des ajouts de 1842 et d'ajouts supposés avoir été faits en 1872[2].

Numérisation et publication Web

Des photographies en haute résolution des 25 feuilles séparées du plan scénographique de Lyon ont été publiées en 2021 sur le site Internet des archives municipales de Lyon (cote LSAT/3). Le plan a été compilé numériquement en 2014 (en utilisant la publication imprimée de 1990) et peut maintenant être exploré sur le web (www.renlyon.org) en haute résolution aux côtés du fac-similé de 1876 et de quatre autres dérivés historiques. La compilation numérique est mise à jour à l'aide de photographies de 2018.

Description et analyse

Dimension et état de conservation

Il est divisé en 25 feuillets d'environ 34 cm de haut par 44 cm de large. Il a été réalisé à la gravure au burin sur papier vergé. Une fois les feuillets assemblés, il a pour dimension 170 cm de haut pour 220 cm de large[2]. Le plan est numéroté d'origine de un à vingt-cinq, en chiffres arabes, dont certains sont inversés en miroir (pl. 3, 4 et 9). La planche 12 n'est pas chiffrée[2].

Le papier est en vergé très abîmé. Les feuilles qui se situent en marge de l'ensemble ont les bords extérieurs très altérés. On suppose que cette dégradation est due à un arrachage à sec du châssis où elles étaient accrochées. Les feuilles des positions centrales présentent de nombreuses craquelures, probablement dues à l'enroulement de la carte lors de son rangement après utilisation[7].

Il ne se distingue qu'un filigrane en grappe de raisin, bien visible sur les premières feuilles. Celles-ci sont gravées en taille-douce. « Le travail est fait au trait avec peu de croisures pour ombrer ; le modèle est donné par des tailles rapprochées »[7].

Inscriptions

Il porte plusieurs inscriptions dans le cartouche en haut à gauche. « Hunc locum colebant imperatores romani // maxime Severussub quo quam multi // martyres quarte et quinte persecutionis // Ecclesie temporibus occubuere // vide Historiam Ecclesiasticam, libro v° ». Dans cette même planche se trouve la mention « Lyon », ainsi que son blason. La plan comprend également l'emblème commun d'Henri II et Diane de Poitiers, composé de 3 croissants[5]. Le texte en latin est calligraphié en caractère romain, en petites capitales Garamond[7]. Georges Reverdy pourrait être l'auteur de certains décors du plan, notamment de la figure du « génie de Lyon »[8].

Le plan est enrichi des nombreux noms de rues, de ports, de places ou d'églises[4].

Origine et commanditaire

Ce document a une origine méconnue. Il n'existe pas d'information sur son commanditaire, son créateur ou son (éventuel) destinataire. Le procédé de fabrication, la gravure, laisse à penser qu'il était destiné à être réalisé en un certain nombre d'exemplaires, mais il n'en subsiste qu'un seul à l'heure actuelle. Par ailleurs, il n'existe aucune trace documentaire de l'existence d'autres exemplaires, comme si les vingt-cinq gravures avaient été réalisées pour n'être imprimées qu'une seule fois[9].

Déformations

Le plan scénographique de Lyon comporte de nombreuses déformations, notamment dans les parties périphériques du plan, au point que ces parties ne sont pas décrites comme géométrales, mais comme ayant une perspective qui tend vers l'horizontale[4],[5]. Cela s'explique en partie par un nombre de points de prises de vue plus réduit pour ces éléments périphériques, alors que la partie centrale a quant à elle été certainement réalisée avec des prises de mesures sur le terrain[4].

De plus, le plan manque de réalisme au niveau des bâtiments, car il minore fortement la hauteur et le nombre d'étages des constructions de l'époque, notamment dans un souci de lisibilité des rues. Les rues ne sont pas toutes à la même échelle, induisant d'autres déformations[4].

Bibliographie

  • Le plan de Lyon vers 1550, Lyon, Archives municipales de Lyon, (lire en ligne)
  • Bernard Gauthiez, « La topographie de Lyon au Moyen Age », Archéologie du Midi médiéval, t. 12, , p. 3-38 (lire en ligne)
  • Forma urbis : Les plans généraux de Lyon, XVIe-XXe siècles, Lyon, Archives municipales, , 249 p. (ISBN 2-908949-18-0)
  • Paul Feuga, « Faire revivre le plan scénographique. Regards sur la Société de topographie historique de Lyon », Gryphe, 2007, n° 17, p. 33-41 (lire en ligne)
  • Bernard Gauthiez, « Les plans de Lyon de 1544-55, la cartographie des villes au XVIe siècle à repenser ? », Le monde des cartes, Comité Français de Cartographie, 2010, n° 205, p. 119-132. (lire en ligne)

Références

  1. cote 2 SAT 3
  2. Arch. 1990.
  3. Schedel (Hartmann). - Liber Chronicarum - Nuremberg : A. Koberger 1493
  4. Gauthiez. 2010.
  5. Le Plan scénographique, Archive municipales de Lyon
  6. Arch. 1990, p. 10.
  7. Arch. 1990, p. 9.
  8. Estelle Leutrat, Les débuts de la gravure sur cuivre en France : Lyon, 1520-1565, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 428), , 430 p. (ISBN 978-2-600-01096-2, notice BnF no FRBNF41109924, lire en ligne).
  9. Arch. 1990, p. 5.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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