Pierre de Porcaro

Pierre de Porcaro, né le à Dinan (Côtes-du-Nord) et mort le au camp de concentration de Dachau, est un abbé et prêtre du diocèse de Versailles.

Pierre de Porcaro
Biographie
Naissance
Dinan (Côtes-du-Nord, France)
Ordination sacerdotale
Décès
Dachau (Bavière, Allemagne)

Il est l'une des cinquante victimes du décret de persécution du Troisième Reich du . Ce décret fut porté par Ernst Kaltenbrunner, chef de la Gestapo, contre l'activité de l'action catholique française au sein des travailleurs civils français dans le Reich[1].

Biographie

Entré au grand séminaire de Versailles en 1923, Pierre de Porcaro est ordonné prêtre en 1929. Puis, il exerce les fonctions de professeur au petit séminaire de Versailles, avant de devenir vicaire à Saint-Germain-en-Laye en 1935. Il est mobilisé en et fait prisonnier dans les Vosges avec son unité le . En captivité à Colmar avec 8 000 soldats français, il célèbre chaque jour la messe, puis il est transféré au Stalag V-A au nord-est de Stuttgart. Parmi des soldats bretons, il est muté enfin au stalag IX B, près de Bard-Orb. Libéré le , en tant qu’aumônier militaire, il rejoint la paroisse de Saint-Germain-en-Laye.

Le , l'abbé Rodhain, s'adresse aux évêques au nom du cardinal Suhard pour inviter les prêtres français à rejoindre en Allemagne les ouvriers français du STO, car écrit-il, « il n'est pas possible de laisser des centaines de milliers de travailleurs sans prêtres ». Il ajoute que « le clergé n'hésitera pas à prendre sa part de la charge qui pèse sur la classe ouvrière ». Dans cet ordre d'idée, un service d'aumônerie efficace est créé et confié à des prêtres français[2].

En , les évêques de France permettent à vingt-cinq prêtres de partir clandestinement comme prêtres-ouvriers en Allemagne. Mgr Roland-Gosselin, son évêque, lui avait expressément demandé s'il voulait bien partir en Allemagne comme aumônier clandestin STO. L'abbé Pierre de Porcaro part un mois plus tard, le , pour Dresde : il exerce son apostolat auprès des ouvriers français, dans une usine de cartons ondulés et organise une section de JOC[3]. Mais, victime d'un accident du travail[4], il est rapatrié en France le . Dès , en Allemagne, des mesures contre l'action catholique se mirent en place. Puis à partir d', les arrestations des responsables jocistes et de l'aumônerie clandestine en Allemagne commencent, à la suite du décret de Kaltenbrunner du , contre « l'action catholique auprès des Travailleurs forcés sur le territoire de l'Allemagne nazie ». Pierre de Porcaro repart néanmoins en sachant ce qu'il risquait.

Carte d'enregistrement de Pierre de Porcaro en tant que prisonnier dans le camp de concentration nazi de Dachau.

L'abbé Pierre de Porcaro retourne à Dresde, dans l'usine de cartons ondulés, le pour y poursuivre son apostolat auprès des ouvriers français. Il est dénoncé par un ouvrier français à la Gestapo et il est arrêté le avec le séminariste Évode Beaucamp[5]. Retenu en prison à Dresde, il est envoyé au camp de concentration de Dachau dans la seconde quinzaine de . Il y rencontre le père Michel Riquet, qui occupe comme lui la baraque 21. Il reçoit le numéro matricule 138 374[6]. Il exerce son ministère auprès de ses camarades déportés. Mais malade et épuisé, il meurt du typhus le [7].

L'hommage que rend le père Edmond Cleton du diocèse de Lille, à l'abbé de Porcaro, mort le dans les bras de l'abbé Beauvais, témoigne de sa sainteté et de sa conviction de demeurer accompagné par Dieu au cœur de la souffrance : « L'abbé de Porcaro, l'un des plus capables ; le plus gai, le plus serein d'entre nous. Il rejoignit le père Dillard libéré le premier de Dachau. Tous deux volontaires des galères, témoins du Christ au milieu des exilés, aimés de tous. Ils nous laissent dans la tristesse humaine, mais dans l'espoir du ciel »[8].

Procédure de béatification

Convaincu de la force de l'exemple de l'abbé Pierre de Porcaro, l'évêque Éric Aumonier a placé le séminaire de Versailles sous son patronage. Il soutient sa cause en béatification auprès du Saint-Siège.

La « baraque des prêtres » à Dachau

« De 1938 à 1945, 2720 prêtres, religieux et séminaristes sont déportés dans le camp de concentration de Dachau, près de Munich. Regroupés dans des blocks spécifiques - qui conserveront pour l'Histoire le nom de « baraques des prêtres » - 1034 d'entre eux y laisseront la vie. Près de 70 ans après sa libération, le camp de Dachau demeure le plus grand cimetière de prêtres catholiques du monde »[9].

Famille

La famille de Porcaro est, depuis le XVe siècle, originaire de la paroisse de Porcaro, dans le département du Morbihan[10]. Ses armes portent de gueules au héron d'argent becqué et membré de sable[11]. Elle compte dans ses rangs un zouave pontifical et une fille de la charité de Saint-Vincent-de-Paul.

Le premier auteur recensé de cette famille bretonne est Jean de Porcaro, maintenu noble en Bretagne, le . S'ensuit une nombreuse postérité.

L'abbé Pierre de Porcaro est né le à Dinan. Il est le fils d'Edmond-Marie de Porcaro, né le , à Saint-Jouan-des-Guérets, chef d'escadrons de cavalerie, chevalier de la Légion d'honneur, et de son épouse née Marthe du Hamel de Canchy, née le , fille du général Arthur du Hamel de Canchy, commandeur de la Légion d'honneur et de Louise-Gabrielle Mallet de Chauny.

Pierre de Porcaro a trois frères, Jean, Yves (qui sera à son tour ordonné prêtre) et André et une sœur, Louise, née à Vesoul le .

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri de La Messelière, Les Filiations Bretonnes, Saint-Brieuc, Éditions Prudhomme, 1922, tome IV.
  • Arthur Haulot, Dachau, éditions Est-Ouest, Bruxelles, 1945.
  • Gabriel Piguet, Prison et déportation, éditions Spes, Paris,1947.
  • Abbé Roger Chetaneau, Le Christ chez les rayés, par le n° 31397, préface de Mgr Piguet, Fontenay, éditions Lussand, 1947.
  • Maurice Le Bas,
    • Pierre de Porcaro, prêtre-ouvrier (STO), mort à Dachau, Paris, Letielleux, 1948.
    • Pierre de Porcaro, 1904-1945, Saint-Germain-en-Laye, éditions Hybride, 2004.
  • Charles Molette,
    • Prêtres, religieux et religieuses dans la résistance au nazisme, édition Fayard, 1995.
    • La mission Saint-Paul traquée par la Gestapo, édition Guilbert, 2003.
    • L'abbé Pierre de Porcaro, mort à Dachau en 1945, l'un des Cinquante, Éditions Socéval, 2005.
    • Martyrs de la résistance spirituelle, victimes de la persécution nazie décrétée le , tome 2, éd. X.de Guibert, article Pierre de Porcaro, p. 1031 et suivantes.
  • Jean Bernard, Bloc des prêtres 25 487, éditions Saint-Paul, Luxembourg, 2006.
  • Arnaud Boulligny, Les Français arrêtés au sein du Reich et internés en camp de concentration, Bulletin trimestriel de la Fondation Auchwitz, N° 94, janvier-.
  • Dominique Morin, Résistances chrétiennes dans l'Allemagne nazie - Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, préface d'Émile Poulat, éditions Karthala, 2014.
  • Guillaume Zeller, La baraque des prêtres, Dachau, 1938-1945, éditions Tallandier, 2015[12].

Notes et références

  1. L'histoire de l'abbé Pierre de Porcaro est celle de la résistance authentique, mais exclusivement spirituelle : « Je veux aider le Christ à porter sa croix : mon départ n'a pas d'autre signification ». Il est important de la saluer et de la donner en héritage aux jeunes afin qu'ils restent vigilants en notre siècle. (Charles Molette).
  2. Charles Molette, L'Abbé Charles de Porcaro, p. 71.
  3. Il parvient à rassembler environ 150 ouvriers chrétiens répartis par petits groupes dans de petites assemblées de prière nocturnes.
  4. Un carton de 180 kilos tombe sur son pied gauche et entraîne une double fracture.
  5. Évode Beaucamp (1917-1997) entre chez les Franciscains en 1947. Il est ordonné prêtre en 1949. Licencié en théologie, il exerce les fonctions de professeur dans de nombreuses facultés catholiques. Il publie une thèse sur la Vision de l'Univers et l'Histoire du Salut en 1959 dans la collection Lectio Divina, sous le titre La Bible et le sens religieux de l'Univers. Il a également publié une suite d'ouvrages sur les prophètes et les psaumes.
  6. Charles Molette, ibid, p. 118.
  7. « Après avoir spontanément fait le sacrifice de sa vie pour ses frères » (Charles Molette, ibid., p. 121).
  8. Maurice Le Bas, Pierre de Porcaro, prêtre-ouvrier (STO), mort à Dachau, Paris, Lethielleux, 1948, p. 157.
  9. Guillaume Zeller, La Baraque des Prêtres - Dachau 1938-1945.
  10. Henri de La Messelière, Les Filiations bretonnes, Saint-Brieuc, éditions Prudhomme, 1922, tome 4, p. 437-439.
  11. Guy Le Borgne, Armorial de Bretagne, Rennes, 1681, p. 235.
  12. « De 1938 à 1945, 2720 prêtres , religieux et séminaristes venus de tous les pays occupés par les Allemands, sont déportés dans le camp de concentration de Dachau, près de Munich. Regroupés dans des « blocks spécifiques », qui conserveront pour l'histoire le nom de « baraques des prêtres », 1034 d'entre eux y laisseront la vie. Près de 70 ans après sa libération, le camp de concentration de Dachau demeure le plus grand cimetière de prêtres catholiques au monde » (extrait de l'édito des éditions Tallandier).

Articles connexes

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