Pierre Souffron

Sous le nom de Pierre Souffron il y a deux frères architectes originaires du Périgord, fils de Jean Souffron.
Il est assez difficile de les distinguer car ils ont travaillé dans la même région, peut-être ensemble et portent curieusement le même prénom[1].
Faut-il supposer que Pierre I travailla essentiellement en Guyenne et que Pierre II exerça son art en Armagnac et à Toulouse ? Des doutes peuvent exister comme pour l'attribution du château de Cadillac de 1599 à 1603 puis pour le château de Poyanne[2] entre les deux Pierre Souffron.

Pierre I Souffron

Pierre I Souffron, ou Pierre Souffron l'aîné, est né à La Roque-Gageac vers 1555 et mort à La Réole en 1621[3]. Il s'est marié avec Guillardine Marmande, sœur d'un notaire de La Réole. Il a eu un fils, Jean Souffron, d'abord homme d'armes au régiment de Boissy d'Allemans avant de devenir avocat au parlement de Bordeaux, et une fille, Madeleine.
Il avait aussi un frère, Eyméric, commissaire ordinaire de l'artillerie du roi, et une sœur, Madeleine, qui a épousé Domenge de La Porterie, maître maçon à Marmande qui a construit le pont de Villeneuve-d'Agen. Sa sœur, devenue veuve, se remarie au château de Cadillac le .
Il est dit seigneur de la maison noble du Cros, ou du Cos, architecte pour le roi en son duché d'Albret, architecte pour le roi en sa maison de Navarre.
Il est appelé en 1609 à vérifier les travaux faits à la cathédrale d'Auch par son frère.
On constate que dans l'article de P. Palanque sur "Pierre Souffron, maître architecte de la ville d'Auch" il attribue à son frère des titres qui lui reviennent. Il devait probablement être à Auch en 1594 quand il signe, avec l'architecte Pierre Lemoyne, le contrat de démolition du château de Rabastens à la demande du maréchal de Matignon. Les travaux sont payés en 1595.

Pierre II Souffron

Pierre II Souffron, ou Pierre Souffron cadet, est né à La Roque-Gageac vers 1558 et mort à Toulouse le .

Il se marie à Auch le avec Barthélemye Rouède, sœur de Pierre Rouède, Chanoine de la cathédrale et abbé de Sère. Il se dit dans le contrat de mariage originaire de Sarlat et maître architecte de la cathédrale. De son mariage il eut un fils et une fille. Le fils, Jean, acheta le la charge de receveur des tailles d'Armagnac pour 22 000 livres et mourut en 1631 sans enfant. Sa fille, Anne, se maria le avec Jean Nogaro, docteur et avocat au parlement dont elle eut un fils, Pierre. Elle se remaria avec noble Jean de Chavaille, sieur de Colomé, dont elle eut deux filles.

Il était maître architecte de la ville d'Auch[4]. Il est désigné comme "maître-architecte de la fabrique de l'église cathédrale d'Aux" en 1594. Sur la cathédrale Sainte-Marie d'Auch, il est surtout intervenu sur l'entretien de l'église et des bâtiments canoniaux. Les voûtes du chœur ont été posées par Pierre Levesville entre 1618 et 1620. Il a réalisé en 1609 le maître-autel du chœur.

Il travaillait sur la cathédrale Sainte-Marie d'Auch quand les commissaires de l'œuvre du Pont de Toulouse décidèrent d'adjoindre un expert à Dominique Capmartin[5], le nouveau Maître des Œuvres et réparations royales de la Sénéchaussée de Toulouse. Le , le greffier de la commission nota qu'"arriva en Tholoze Pierre Souffron, Me architecte en la fabrique de l’églize Ste-Marie d’Auch, mandé venir exprès par lesd Sieurs Commissaires pour l’employer à l'œuvre du pont". Il alla le lendemain visiter le chantier du pont Neuf[6] avec Capmartin.

Pendant ses années passées où il a son logement principal à Auch, jusqu'en 1646, il a été à partir du , élu d'Armagnac, puis, le , il figure parmi les consuls de la ville d'Auch assistant à la pose de la première pierre de l'église des Capucins et, en mai 1609, il est qualifié de président en l'élection d'Armagnac.

Par un acte passé le , son père, Jean Souffron, originaire de La Roque-Gaugeac, habitant de la ville de Lauzun en Agenais, lui fait le don de 400 écus sol, et "de la part qu'il a sur le moulin de Laucque, sur la rivière du Dropt en la terre de Caissac en Agenois".

Le , "Pierre Souffron, architecte del'églize Sainte-Marie d'Aux et conducteur du pont de Saint Subran de Tholoze" passait un marché avec "Messyre Jean de Bessoles, seigneur dudict lieu, Boumont (Beaumont, près de Condom), Moissan et autres places". Souffron s'engagea à réaliser le château de Beaumont[7] en dix-huit mois.

Entre 1609 et 1612, il est l'architecte de l'hôtel de Clari, hôtel de Bagis ou hôtel de pierre de Toulouse où il a construit l'aile avec la façade en pierre sur la rue[8].

Entre 1607 et 1620, il était l'architecte de la façade de style jésuite de la chapelle de Notre-Dame de Garaison ainsi que du cloître et de la sacristie[9].

À partir de 1624 il a réalisé le collège des Jésuites. La première pierre est posée le et la bénédiction de la chapelle est faite par l'archevêque Léonard de Trappes le .

Après le décès de sa femme, le , il se remaria en 1646 avec Jeanne Galinier, fille d'un peintre de Toulouse, et veuve d'Antoine Pourchet, maître apothicaire de Saint-Félix-de-Caraman. Il quitta alors Auch pour s'installer à Toulouse dans une maison que possédait sa femme. Son petit-fils, Pierre Nogaro fit opposition à ce mariage devant l'official d'Auch. Pierre Nogaro, petit-fils de Pierre Souffron a été marié le avec Marie de Chanaille par le vicaire général de l'archevêque d'Auch.

Il donna procuration, le , à son neveu, Jean Souffron, avocat au parlement de Bordeaux, pour aller au Conseil du roi, à Paris, pour plaider sa cause car on lui devait 70 000 livres pour les matériaux du Pont Neuf de Toulouse et obtenir une ordonnance de paiement de ces sommes.

Le il donna une procuration à un marchand de Toulouse pour la vente des maisons et des biens qu'il possède à Auch.

Notes et références

  1. J. de Carsalade du Pont, Notes sur les deux frères Souffron, Pierre Ier et Pierre II, architectes - Leur lieu d'origine, leur famille, leurs œuvres (1560-1630), Revue de Gascogne, Auch, 1898 pp. 106-109 Gallica BnF
  2. Château de Poyanne
  3. Charles Braquehaye, L'architecte Pierre Souffron, 1555-1621, Plon, Paris, 1896 Gallica BnF
  4. P. Palanque, Pierre Souffron maître architecte de la ville d’Auch, pp. 50-67, Revue de Gascogne, février 1889 Gallica BnF
  5. Note : Dominique Capmartin est architecte. À la fin du XVIe siècle, il était maître des œuvres et réparations royales en la sénéchaussée de Toulouse. En 1599, il a dirigé les travaux de construction du pont Saint-Cyprien de Toulouse, qui avait commencé en 1543 par Nicolas Bachelier (Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'école française, depuis l'origine des arts du dessin jusqu'en 1882 inclusivement : peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et lithographes - Supplément, p. 120, Vve H. Loones, Paris (lire en ligne))
  6. Georges Costa L'œuvre de Pierre Souffron au Pont Neuf de Toulouse, Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France
  7. Notice no PA00094734, base Mérimée, ministère français de la Culture : Château de Beaumont
  8. Bruno Tollon, Hôtels de Toulouse, pp. 303-310, dans Congrès archéologique de France. 154e session. Monuments en Toulousain et Comminges. 1996, Société Française d'Archéologie, Paris, 2002
  9. « Jean-Louis Peydessus. De Notre-Dame de Garaison à Notre-Dame de Lourdes, fondateur des Missionnaires de l'Immaculée-Conception et des Religieuses de l'Immaculée-Conception de Notre-Dame de Lourdes, apôtre marial de la Bigorre, 1807-1882 », GRASSET, (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Sous la direction de Georges Courtès, Le Gers. Dictionnaire biographique de l'Antiquité à nos jours, pp. 325, Société Archéologique et Historique du Gers, Auch, 1999 (ISBN 2-9505900-1-2)
  • Charles Palanque, Pierre Souffron, maître-architecte de la ville d'Auch, p. 53-67, Revue de Gascogne, 1889, tome 30 (lire en ligne)
  • Charles Palanque, Pierre Souffron, maître-architecte de la ville d'Auch, 1565-1644, Imprimerie de G. Foix, Auch, 1889
  • Charles Braquehaye, Les architectes, sculpteurs, peintres et tapissiers du duc d'Epernon à Cadillac, p. 183, 185-186, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction publique, 1884, 8e session (lire en ligne)
  • Charles Braquehaye, Pierre Souffron, p. 835-868, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction publique, 1895, 19e session (lire en ligne)
  • T. de L., Notes divers : L'architecte Pierre Souffron à Auch, p. 85, Revue de Gascogne, 1896-2 (lire en ligne)
  • Charles Braquehaye, Les artistes et artisans employés par les ducs d'Épernon, à Cadillac (notices biographiques) : Pierre Souffron, p. 117-126, dans Documents pour servir à l'histoire des arts en Guienne. Les artistes du duc d'Epernon, Feret et fils, Bordeaux, 1897 (lire en ligne)
  • Georges Costa, Pierre Souffron, Arthur Legoust, et le monument funéraire du Président de Clary, p. 93-99, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 1985-1986, tome 46 (lire en ligne)
  • Georges Costa, L’œuvre de Pierre Souffron au Pont Neuf de Toulouse, p. 155-176, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 2000, tome 60 (lire en ligne)
  • Georges Costa, La collection et les testaments de l’architecte Souffron, p. 247-261, dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 2009, tome 69 (lire en ligne)

Liens externes

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