Paul Faure

Paul Faure, né le à Périgueux (Dordogne) et mort le à Paris, est un homme politique français, codirigeant de la SFIO avec Léon Blum durant l'entre-deux guerres, de 1920 à 1940.

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Ne pas confondre avec Paul Fort.

Paul Faure

Paul Faure en 1927.
Fonctions
Député de Saône-et-Loire
1924-1932
1938-1942
Secrétaire général de la SFIO
Prédécesseur Ludovic-Oscar Frossard
Successeur Daniel Mayer
Ministre d'État
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum I
Chautemps III
Gouvernement Blum II
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Périgueux
Date de décès
Lieu de décès Paris
Nationalité France
Parti politique SFIO
Profession Journaliste

Biographie

Né dans une vieille famille républicaine, il devient militant socialiste dès sa jeunesse et entre en politique au Parti ouvrier français (guesdiste) en 1901 en tant que rédacteur en chef du Populaire du Centre. De 1904 à 1906, il est maire de Grignols, en Dordogne.

À partir de 1915, il se rallie à la minorité de la SFIO « centriste » et pacifiste de Jean Longuet.

En 1920, il s'oppose à l'adhésion du parti à l’Internationale communiste. À partir du congrès de Tours, Faure, qui cultive le verbe « marxiste », devient le patron de l'appareil socialiste en tant que secrétaire général. Il devient également rédacteur en chef du Populaire, nouvel organe du parti.

Il est député de Saône-et-Loire de 1924 à 1932 et maire du Creusot de 1925 à 1929.

En février 1932, il intervient vivement à la Chambre des députés en accusant le groupe Creusot-Schneider d'aider au réarmement allemand, via ses implantations en Tchécoslovaquie et en Hongrie[1].

Il se présente à l'élection présidentielle de 1932, où il est battu au second tour par Albert Lebrun. La même année, il perd son mandat de député de Saône-et-Loire. Il retrouve un siège en novembre 1938, dans la circonscription de Charolles 2 après le décès du député Jean Laville, et le conserve jusqu'en 1940. Il est également conseiller général du canton de Gueugnon de 1938 à 1940.

Il est nommé ministre d'État dans le gouvernement Léon Blum de 1936.

Pacifiste convaincu, il analyse mal la réalité de l'hitlérisme et les fauristes accusent les blumistes de bellicisme, d'où un clivage dans la SFIO. Il s'oppose à Léon Blum, comme chef de file de l'important courant hostile à la guerre, illustré également par Jean-Baptiste Séverac, Charles Spinasse, Julien Peschadour, André Delmas, Louis L'Hévéder, Fernand Roucayrol ou Georges Dumoulin, etc. Dénonçant la politique des blocs et le traité de Versailles, les fauristes demandent une conférence de paix qui réparerait les injustices de 1919 ; ils obtiennent au Congrès socialiste de 1939 2 200 mandats contre 2 800 pour la tendance Blum. Parmi les fauristes, une tendance plus radicale intitulée Redressement socialiste animée par Ludovic Zoretti et voyant dans l'Allemagne et l'Italie des « nations prolétaires » opprimées par la France et la Grande-Bretagne aura 276 mandats sur 5 000 ; la première tendance sera tentée par la collaboration, alors que la seconde ira jusqu'au collaborationnisme avec Ludovic Zoretti, Georges Albertini, Georges Soulès[2].

En 1938, il soutient naturellement les accords de Munich. Lors du vote des pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, les députés de la tendance paul-fauriste représentent le groupe le plus important parmi les députés socialistes : 64 députés paul-fauristes sur 99 votent les pleins pouvoirs, contre 5 sur 28 chez les proches de Léon Blum[3]. Puis, il se rallie à Vichy : il est nommé au Conseil national. Il ne collabore pas mais parraine le journal socialiste collaborateur L'Effort.

En 1944, il est exclu de la SFIO et fonde avec les socialistes épurés le Parti socialiste démocratique, qui participe au rassemblement des gauches républicaines (RGR) mais n'a pas d'impact politique notable. Il publie également de 1949 à 1960 l'hebdomadaire La République libre qui dénoncera les excès de l'épuration.

La LICA (qui deviendra plus tard la LICRA) dénonce rétroactivement en 1948 la « campagne raciste » que Faure mena en 1939 contre Blum. En octobre de cette année-là, il avoua qu'il redoutait la formation d'un cabinet de guerre « avec Blum installant tout Israël avec lui[4]. »

Il est inhumé à Douville en Dordogne.

Publications

  • De Munich à la Cinquième République, Éditions de l'Élan, 1948.
  • Si tu veux la paix…, Limoges, Imprimerie nouvelle, (notice BnF no FRBNF32095167).

Bibliographie

  • Michel Bilis, Socialistes et pacifistes : l'intenable dilemme des socialistes français (1933-1939), Paris, Syros, 1979.
  • Noëlline Castagnez-Ruggiu, « Le Pays Socialiste, par la Liberté, par la Paix : des socialistes pacifiques autour de Paul Faure », Matériaux pour l'histoire de notre temps, Paris, Association des amis de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et du musée, no 30 « S'engager pour la paix dans la France de l'entre-deux-guerres », , p. 48-52 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Noëlline Castagnez-Ruggiu, « Les Paul-Fauristes : itinéraires militants », in Michel Dreyfus, Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule (dir.), La Part des militants, Paris, Éditions de l'Atelier, 1996 (Actes du colloque international Jean Maitron de Paris I), p. 229-241.
  • Michel Dreyfus, « Pacifisme et pacifistes sous le Front populaire », Matériaux pour l'histoire de notre temps, Paris, Association des amis de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et du musée, no 6 « 1936 en France », , p. 15-16 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Michel Dreyfus, « Pacifistes socialistes et humanistes dans les années trente », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 35, , p. 452-469 (lire en ligne).
  • Michel Dreyfus, « Le pacifisme, vecteur de l'antisémitisme à gauche dans les années 1930 », Archives juives, Paris, Les Belles Lettres, no 43 « Années Trente. L'emprise sociale de l’antisémitisme », 1er semestre 2010, p. 54-65 (ISBN 978-2-25169-430-6, lire en ligne).
  • Bernard Dougnac, « Paul Faure (1878-1960) : biographie  », thèse d'histoire contemporaine, Bordeaux 3, 2006 (lire en ligne)
  • « Paul Faure », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960

Références

  1. Jean-Marie Moine, « La mythologie des « marchands de canons » pendant l'entre-deux guerres », dans Dominique Pestre (dir.), Deux siècles d’histoire de l'armement en France : de Gribeauval à la force de frappe, Paris, Éditions du CNRS, coll. « CNRS histoire », , 427 p. (ISBN 2-271-06302-7, présentation en ligne), p. 358 ; 373.
  2. Dominique Venner, Histoire de la collaboration, éd. Pygmalion Gérard Watelet, 2004, p. 590.
  3. Marc Sadoun, « Les facteurs de la conversion au socialisme collaborateur », Revue française de science politique, , p.462 (lire en ligne)
  4. Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Albin Michel. Histoire », , 622 p. (ISBN 978-2-226-17915-9), p. 93.

Voir aussi

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