Olomouc

Olomouc (/ˈolomot͡s/ ; en allemand : Olmütz, /ˈɔlmʏt͡s/ ; en polonais : Ołomuniec, /ɔwɔˈmunjɛt͡s/ ; en dialecte local : Holomóc ou Olomóc) est une ville de la Tchéquie, chef-lieu de district et capitale régionale. Elle se trouve dans la région historique de Moravie. Sa population s'élevait à 100 514 habitants en 2021[1].

Olomouc

 
Administration
Pays Tchéquie
Région Olomouc
District Olomouc
Région historique Moravie
Maire
Mandat
Antonín Staněk
2014 -
Code postal 779 00
Démographie
Gentilé Olomoutsiens
Population 100 514 hab. (2021)
Densité 972 hab./km2
Géographie
Coordonnées 49° 35′ 43″ nord, 17° 15′ 07″ est
Altitude 219 m
Superficie 10 336 ha = 103,36 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Tchéquie
Olomouc
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Olomouc
Liens
Site web www.olomouc.eu

    Olomouc est, avec Brno, le centre historique, politique, religieux et universitaire de la Moravie. Elle abrite l'Université Palacký et l'archevêché de Moravie. Elle est la ville principale du pays de Hana (Haná ou Hanácko en tchèque), qui a conservé une identité culturelle marquée dans le contexte tchèque.

    Géographie

    Olomouc se trouve au centre-nord de la Moravie, sur les rives de la Morava, à 65 km au nord-est de Brno, à 78 km à l'ouest-sud-ouest d'Ostrava et à 209 km à l'est-sud-est de Prague[2].

    Histoire

    Des fouilles archéologiques récentes ont dévoilé l'existence d'un camp romain dans l'enceinte de la ville d'Olomouc confirmant la présence des légions romaines remontant depuis la Pannonie. La légende remontant à la Renaissance et selon laquelle Jules César aurait fondé la ville reste, à ce jour, invérifiable, comme l'étymologie du nom de la ville Iuliomontium (Mont Jules) qui serait devenu Olomutium puis Olomutz.

    Plan d'Olomouc en 1757.

    Elle est dans l'antiquité une des étapes de la route de l'ambre, qui relie la Baltique à l'Italie (Aquilée, Venise, Rome), par Wrocław (Vratislavie, Breslau), Olomouc (Olomuntium, Olmütz), Brno (Eburodunum, Bruna, Brünn, Brin), Bratislava (Prešporok, Prešpurk, Pressburg), Sopron, Ljubljana.

    Pendant le Moyen Âge, Olomouc et Brno rivalisent pour la prééminence en tant que capitale de la Moravie. Olomouc, qui reste à ce jour la métropole religieuse morave, perd définitivement la suprématie politique en 1640 : l'empereur Ferdinand III lui préfère alors Brünn (Brno, aujourd'hui), plus méridionale et donc plus proche de Vienne, alors que la guerre de Trente Ans éclate et que la noblesse morave, dans sa grande majorité, embrasse la religion protestante.

    L'occupation d'Olmütz, de 1642 à 1650, par les troupes protestantes suédoises affaiblit définitivement la ville d'un point de vue économique. Les décennies suivantes voient l'écart entre les deux villes s'accentuer. Reconquise par les armées impériales, Olmütz se voit dotée de fortifications par l'impératrice Marie-Thérèse, reine de Bohême et de Hongrie.

    Le nom de Ollmütz est utilisé bien avant 1867. Jusqu'en 1918, la ville de Olmütz - Olomouc fait partie de l'empire d'Autriche), puis de l'Autriche-Hongrie (Cisleithanie après le compromis de 1867, ville autonome du district de même nom, l'un des 34 Bezirkshauptmannschaften en Moravie )[3].


    La Reculade d'Olmütz

    « Je dois la prendre ? ou pas ? si ?! » (caricature de Frédéric-Guillaume IV, 1848)

    La cour impériale autrichienne se réfugie à Olmütz lors de l'insurrection viennoise d'octobre 1848. C'est au palais d'Olmütz, le , que l'empereur Ferdinand abdique en faveur de son neveu l'empereur François-Joseph.

    Cependant, Olomouc est surtout connue des historiens sous son nom allemand d'Olmütz, à l'occasion de la « reculade d'Olmütz ». Frédéric-Guillaume IV de Prusse renonce à unifier l'Allemagne, malgré les mouvements nationalistes allemands qui le poussent à prendre la tête d'une Allemagne réunifiée. Il est en effet en butte à l'opposition de l'empereur François-Joseph. Son chancelier, le baron Otto Theodor von Manteuffel rencontre à la Conférence d'Olmütz du son homologue autrichien Edmond de Schwarzenberg et lui fait part de sa renonciation. Les nationalistes allemands comprennent qu'il faut briser par la force l'opposition autrichienne, ce que Bismarck, nommé en 1862 chancelier de Prusse, réalise en 1866, après la bataille de Sadowa.

    Le XXe siècle

    De fortes tensions existent à Olomouc dès la fin du XIXe siècle entre les populations de langue tchèque et allemande. La population du centre-ville (la ville historique), majoritairement allemande s'oppose alors à celle des faubourgs qui est majoritairement tchèque, ce qui retarde la démolition des remparts et l'extension de la ville. Après l'indépendance de la Tchécoslovaquie, le Grand Olomouc (Velká Olomouc) est enfin créé en 1919 avec annexion à la ville de deux faubourgs et onze villages.

    La population germanophone, dans sa grande majorité, est très favorable aux thèses nazies et applaudira l'arrivée des troupes allemandes le ; le conseil municipal, totalement germanisé, propose même de donner le nom d'Adolf Hitler à la place principale de la ville. L'antisémitisme se développe en son sein et la synagogue sera détruite par des nazis locaux, le jour même de l'entrée de la Wehrmacht dans la ville. L'importante population juive est peu à peu déportée et disparaît presque entièrement dans la Shoah.

    Le patrimoine bâti est pour l'essentiel épargné par la guerre ; seule l'horloge astronomique du XVe siècle est détruite par les troupes allemandes en retraite. À la suite des accords de Potsdam, la libération voit le départ des derniers germanophones qui n'avaient pas déjà fui avec le repli de la Wehrmacht.

    Histoire de la communauté juive

    Population

    Recensements ou estimations de la population de la commune dans ses limites actuelles[4] :

    Évolution démographique
    1869 1880 1890 1900 1910 1921 1930
    30 13439 44043 75552 60759 85266 06077 602
    1950 1961 1970 1980 1991 2001 2014
    73 71480 24689 38699 328102 786102 60799 489
    2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
    99 809100 154100 378100 494100 523100 663104 514

    Culture et patrimoine

    Olomouc est le centre de la région ethnographique Haná (ou Hanakia).

    La ville d'Olomouc peut s'enorgueillir d'un centre ancien très vaste et bien préservé, classé secteur sauvegardé (městská památková rezervace, selon la terminologie tchèque), le second du pays en étendue après celui de Prague, qui comprend un nombre important de monuments, palais et églises. La ville haute s'est développée autour de l'ancien château des margraves de Moravie, actuel enclos de la cathédrale (Václavské náměstí), autrefois essentiellement ecclésiastique et aristocratique. La ville basse, constituée à partir de différents noyaux historique, essentiellement bourgeoise auparavant, est aujourd'hui centrée sur deux places monumentales, Horní náměstí (place haute) et Dolní náměstí (place basse).

    Patrimoine civil

    Parmi les monuments civils notables :

    • Les restes du palais Zdík (Zdíkův palác), construit par et pour l'évêque Jindřich Zdík. Ce rare exemple de palais roman en Europe centrale, ensuite englobé dans le palais des Přemyslides (Přemyslovský palác), occupé ensuite par des membres de la famille royale tchèque, et finalement intégré dans le complexe archiépiscopal, jouxte la cathédrale.
    • L'hôtel de ville (Radnice), entamé au XVe siècle, flanqué d'une chapelle gothique et d'un beffroi (de 76 m de haut) qui abrite une horloge astronomique décorée de mosaïque en style réaliste-socialiste. Cette œuvre de Karel Svolinský, détruite pendant la guerre puis restaurée en 1955, porte une mosaïque (défilé des apôtres) remplacée par le défilé de 12 corps de métiers. L'ancien mécanisme se trouve au musée de l'horloge à Šternberk[5].
    • La colonne de la Sainte Trinité, érigée en 1740 à la fin d'une épidémie de peste, œuvre du sculpteur baroque morave Ondrej Zahner, inscrite depuis 2000 au patrimoine mondial par l'UNESCO.
    • Nombre de palais et de résidences privées des XVIe, XVIIe et XVIIe siècles, notamment les immeubles Renaissance connus sous le nom de palais Hauenschild (Hauenschildův palác (cs)), sur la place basse, et de palais Edelmann (Edelmannův palác (cs)) sur la place haute.
    • La villa Primavesi, la plus célèbre des nombreuses maisons Sécession que compte la ville, œuvre des architectes Franz von Krauss et Josef Tölk, construite en 1905-1906 pour une famille de banquiers locaux, futurs commanditaires de leur maison de Vienne à Josef Hoffmann.
    L’horloge astronomique.
    La colonne de la Trinité.

    Patrimoine religieux

    Très ancien centre religieux et citadelle de la Contre-Réforme, la ville (et ses alentours) possède de nombreuses églises et institutions religieuses des époques gothique et baroque, mais aussi du XIXe siècle. Les plus notables sont :

    • La cathédrale saint Venceslas (Katedrála sv. Václava), fondée au XIe siècle, totalement reconstruite en style gothique au XIIIe siècle (1204-1263). Elle apparaît cependant aujourd'hui pour l'essentiel comme une reconstruction néo-gothique(1883-1892), par l'architecte Gustav Meretta, à l'initiative de l'archevêque Bedřich z Fürstenberka (Friedrich von Fürstenberg en allemand). Elle conserve néanmoins un ensemble de chapelles baroques. Le monument revêt une importance particulière dans l'histoire tchèque car il est le lieu de l'assassinat le de Venceslas III de Bohême, décès qui marque la fin de la dynastie des Přemyslides et le début de l'hégémonie allemande sur la Bohème et la Moravie.
    • L'église Saint-Maurice (Kostel sv. Mořice), principale église paroissiale de la ville basse, de fondation très ancienne (probablement avant l'an mil). Le sanctuaire apparaît aujourd'hui comme une vaste église halle tardo-gothique (XVe siècle). Sont remarquables la chapelle funéraire renaissance des Edelmann (1572) sur le flanc nord de la nef, et l'exceptionnel ensemble sculpté du XVe siècle du Christ au jardin des oliviers.
    La cathédrale Saint-Venceslas.
    Église Saint-Maurice.
    • L'église Saint-Michel archange (Kostel svatého Michaela archanděla), église conventuelle (des Dominicains) d'origine gothique, totalement reconstruite à l'époque baroque (1673-1703) par l'architecte suisse (tessinois) Giovanni Pietro Tancalla. Une partie du cloitre et une chapelle (St Alexis) gothique ont été conservées. À côté de l'église, s'élève la curieuse chapelle néo baroque de Saint-Jean Sarkander (kaple sv. Jana Sarkandra), construite en 1909-1912 par l'architecte Eduard Sochor, à l'emplacement d'une ancienne prison. Elle honore un prêtre catholique, torturé à mort durant la guerre de Trente Ans et canonisé par le pape Jean-Paul II en 1995 lors de sa visite dans la ville.
    • L'abbaye de Hradisko, (Klášter Hradisko), remarquable exemple d'architecture conventuelle baroque. Cet ancien monastère de prémontrés, fondé au XIe siècle a été totalement reconstruit en style baroque par Giovanni Pietro Tancalla et Domenico Martinelli. Il sert aujourd'hui d’hôpital militaire.
    L'abbaye de Hradisko.
    • La basilique Notre-Dame de la Visitation (Bazilika Navštívení Panny Marie) sur la Sainte butte (Svatý Kopeček), prévôté de l'abbaye de Hradisko et pèlerinage, élevée au rang de basilique mineure par Jean-Paul II. Ce remarquable ensemble baroque est dû à Giovanni Pietro Tancalla et Domenico Martinelli,, avec possible intervention de Jan Blažej Santini-Aichel.
    • L'église (cathédrale) Saint-Gorazd II, siège de l'église orthodoxe autocéphale tchèque et slovaque, construite dans les années 1930 et dédiée à l'origine à un obscur saint slavon du IXe siècle. Elle est, depuis qu'il a été canonisé en 1987, consacrée à l'évêque local Gorazd exécuté par les nazis en 1942 pour fait de résistance.

    Fontaines

    La fontaine de César.

    Un riche ensemble de fontaines a été édifié à l'époque baroque pour orner les places de la ville, et récemment restauré et complété :

    • 1683 — Fontaine de Neptune (place Basse), par le sculpteur polonais Michael Mandík et le tailleur de pierres olomoucien Václav Schüler.
    • 1687 — Fontaine d'Hercule (place Haute), id.
    • 1707 — Fontaine de Jupiter (place Basse), par le sculpteur Václav Render.
    • 1709 — Fontaine des Tritons (place de la République), id.
    • 1725 — Fontaine de César (place Haute), id.
    • 1727 — Fontaine de Mercure, par Václav Render et Filip Sattler.
    • Milieu du XVIIIe siècle — Fontaine par Filip Sattler, restaurée en 2005 et réinstallée devant le cloître dominicain.
    • 2003 — Fontaine d'Arion (place Haute), par le sculpteur Ivan Theimer.

    Économie

    Une des plus importantes entreprises de la ville est la société M.L.S. Holice, fondée en 1922 et spécialisée dans la fabrication de moteurs électriques. Moravské elektrotechnické závody (MEZ) est privatisée en 1994 et devient une filiale de la société française Leroy-Somer, elle-même filiale de la société japonaise Nidec depuis 2017[6].

    Éducation

    Université

    Miroir du déclin de la ville, l’université fondée en 1573 par la Compagnie de Jésus, est dissoute en 1860 par François-Joseph Ier. Rétablie en 1946, elle prend le nom d’université Palacký, en hommage à František Palacký, historien et homme politique tchèque qui a joué un rôle clé dans la renaissance culturelle et nationaliste tchèque au XIXe siècle.

    Lycées

    La ville possède plusieurs lycées. Le plus important est le lycée slave d'Olomouc qui fait partie des dix lycées les plus prestigieux de la Tchéquie[7], notamment grâce à sa section franco-tchèque qui a fêté en 2015 ses 25 ans[8].

    Sports

    Hockey sur glace

    L'équipe de hockey sur glace d'Olomouc évolue en 1re division depuis la saison 2014-2015. Le club a été le premier champion de Tchéquie lors de la saison 1993-1994[9].

    Athlétisme

    Le semi-marathon d'Olomouc a lieu chaque année au mois de juin. Cette compétition est labellisée « or », par l'IAAF.

    Football

    Le stade Andrův accueille les matchs du SK Sigma Olomouc.

    Le Sigma Olomouc est un club de football qui évolue en 1re division du Championnat de Tchéquie de football et qui joue ses matchs au stade Andrův.

    La ville accueille quatre matchs du Championnat d'Europe de football espoirs 2015.

    Transports

    Train

    La gare centrale d'Olomouc se situe sur la ligne ferroviaire du SC Pendolino entre Prague, Pardubice et Ostrava.

    Tramway

    Le tramway d'Olomouc, circule depuis 1899 dans la ville d'Olomouc. Sept lignes forment un réseau d'une longueur de plus de 38 kilomètres.

    Personnalités

    Jumelages

    La ville d'Olomouc est jumelée avec[10] :

    Voir aussi

    Article connexe

    Liens externes

    Notes et références

    1. (cs) Population des communes de la République tchèque au 1er janvier 2021.
    2. Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques.
    3. Wilhelm Klein, Die postalischen Abstempelungen auf den österreichischen Postwertzeichen-Ausgaben 1867, 1883 und 1890, Vienne, 1967.
    4. Český statistický úřad, Historický lexikon obcí České republiky 1869–2005, vol. I, Prague, Český statistický úřad, 2006, pp. 658-659 ; de 1869 à 1910, les recensements organisés par l'Empire d'Autriche-Hongrie sont officiellement datés du 31 décembre de l'année indiquée. — À partir de 2012, population des communes de la Tchéquie au 1er janvier, sur le site de l'Office tchèque de statistique (Český statistický úřad).
    5. L’ horloge astronomique du beffroi
    6. (en) Site de l'entreprise.
    7. Gymnázium Mikuláše Koperníka Bílovec sur www.gmk.cz.
    8. La section bilingue franco-tchèque du lycée slave d'Olomouc souffle ses 25 bougies. sur www.radio.cz.
    9. (cs) « HC Olomouc / Klub / Historie klubu », sur hc-olomouc.cz (consulté le ).
    10. Partnerská města
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