Nétiquette

La nétiquette est une règle informelle, puis une charte qui définit les règles de conduite et de politesse recommandées sur les premiers médias de communication mis à disposition par Internet. Il s'agit de tentatives de formalisation d'un certain contrat social pour Internet.

Le premier document officiel définissant les règles de la nétiquette est la RFC 1855[1], rédigée par Sally Hambridge (de chez Intel) pour l'Internet Engineering Task Force, et diffusée en octobre 1995. D'autres documents font aussi autorité, comme Netiquette[2] (Virginia Shea, 1994) et The Net: Users guidelines and netiquette[3] (Arlene Rinaldi, 1996).

S’il ne fallait retenir qu’une règle : Ce que vous ne feriez pas lors d’une conversation réelle face à votre correspondant, ne prenez pas l’Internet comme bouclier pour le faire. À cette notion de courtoisie et de respect de l’autre viennent ensuite se greffer des règles supplémentaires relatives aux spécificités de plusieurs médias. Ces règles n’ont cependant pas été actualisées pour couvrir les médias plus récents (forums, wikis, blogs, vidéo-conférences, etc.), les standards plus récents (Unicode, XML, etc.) ni les technologies plus récentes (haut débit, VoIP, etc.).

Principes généraux

Mise en page

Il est généralement mal vu d'écrire en langage SMS. Il est donc préférable de tenir un langage en français correct. «Bonjour, je désirerais savoir comment…» est par exemple à préférer à «Bjr, je voudré savoir komen…»[4].

L'écriture en capitales est considérée comme une parole criée, il est donc préférable d'éviter de l'utiliser. Pour une mise en évidence préférez une mise en gras ou en italique[5].

Confidentialité

L'écriture de données confidentielles est aussi à éviter, puisque la majorité des moyens d'échanges électroniques peuvent être sujets à des défaillances ou à des écoutes, tout comme une carte postale ou une discussion dans des transports en commun. Il convient aussi naturellement de respecter les lois en vigueur concernant le respect de la vie privée des personnes[6].

Fichiers joints

L'envoi de fichiers, quels qu'ils soient, est également soumis à des règles de bon sens et de correction : on veille à ne pas dépasser un poids prévisible selon la nature du document, de son correspondant ou du nombre de correspondants (listes de diffusion). Pour un correspondant unique, on s'assure avant envoi de l'accord de celui-ci. L'utilisateur privilégie un format compressé ou performant (ZIP, gzip, JPEG, Ogg, etc.) et respecte la liberté de choix de son interlocuteur par l'usage de formats interopérables et standardisés (OpenDocument, PDF, HTML, etc.). Quand le document n'est pas destiné à être modifié par le correspondant, le mettre sous un format réservé à la lecture comme le format normalisé PDF.

On peut aussi mettre le ou les fichiers dans un répertoire du Cloud (par exemple : Google Drive, Dropbox, Nextcloud, etc.) et insérer uniquement un lien vers ce répertoire dans le mail, ou encore envoyer un lien de téléchargement temporaire.

Signature

Une signature est fortement recommandée. L'absence de signature peut passer pour le refus d'assumer ses propos. Celle-ci doit rester sobre, courte et adaptée aux moyens de lecture du correspondant. Elle peut, si l'on est certain de son destinataire, être suivie de ses coordonnées si l'on souhaite être contacté par téléphone ou voie postale. On veille à ne pas y répéter des informations qui sont accessibles de façon simple (déjà indiquées dans l'en-tête du message par exemple).

On évite à tout prix d'apposer une signature sous forme d'image, qui générerait une pièce-jointe malvenue.

Politesse

On veillera à adapter le contenu de son message en fonction du contexte et du correspondant (formule de salutation, signature[7], formule de politesse).

En francophonie, on utilise fréquemment le tutoiement sur les forums, ou les chats, sans que cela soit considéré comme grossier ou familier, mais le vouvoiement pour les correspondances plus formelles.

Lorsqu'il s'agit d'échanges commerciaux ou professionnels, ne jamais oublier que le correspondant (surtout s'il s'agit d'un client) attend une réponse. Même si l'on ne peut pas lui donner une réponse claire, la moindre des politesses est de lui répondre pour l'informer que son courrier a bien été reçu et que l'on s'en occupe.

Réponses-questions

Lorsqu'un internaute répond à un message, la nétiquette veut qu'il ne cite pas la totalité du message original mais uniquement, le cas échéant, les parties spécifiques auxquelles il répond et, si nécessaire, des éléments de contexte avant ou après. Pour faciliter la lecture chronologique, la réponse se fera en dessous de la citation (et non au-dessus comme on le voit souvent). Pour faire la différence entre le texte cité auquel on répond et le texte de la réponse, différents symboles sont utilisés, le chevron (caractère > au début de chaque ligne de texte cité) étant fréquent et interprété par de nombreux lecteurs de mails comme une citation. Pour signaler les passages supprimés on trouve parfois les symboles suivants: […] ou…/… ou encore (…).

Un bon lecteur de courrier électronique ou de newsgroups facilitera la lecture de courriers ainsi composés, par exemple en affichant toute ligne précédée d'un chevron avec une couleur différente.

Le fait (très répandu) de répondre au-dessus du message et de citer tous les messages est, selon la nétiquette, à éviter. Cette façon de faire est appelée «top-posting», ou TOFU.

Cependant, lorsqu'on ne répond pas «point par point» à un message, pour faciliter la lecture rapide et si l'on veut laisser la totalité de l'échange, on peut inverser l'ordre chronologique. Le dernier message se trouvant au-dessus et le premier à la fin. Cette présentation évite de faire défiler tout le message pour trouver le contenu pertinent.

Cas particuliers

Courrier électronique

Chaque courriel présente un champ sujet (objet) dans son en-tête, il est de bon usage de le renseigner, notamment afin de faciliter des recherches ultérieures ou faciliter le classement de ses messages.

Lorsqu'un internaute reçoit un message qui lui est spécialement destiné, il est de bon usage qu’il en accuse immédiatement réception et informe l’expéditeur de la suite qu'il va y donner. En effet, le protocole utilisé pour la distribution du courrier ne garantit pas la bonne réception du message ; de plus, un filtre anti-spam peut empêcher par erreur la réception d’un message (en le classant indésirable). Cela permet également de vérifier que le courriel, s'il est important, provient bien de l'expéditeur et non d'un usurpateur.

Majuscules

Les phrases ou mots en lettres majuscules sont exclus de la culture Internet et donnent l'impression de crier. Il convient donc de limiter leur utilisation à une majuscule au début des phrases et au début des noms propres seulement.

Pourriel ou courriel?

Un pourriel est un courriel qui ressemble fort à un spam ou un canular informatique, c'est-à-dire de l'information non vérifiée et souvent retransmise par des personnes de bonne volonté et parfois crédules, qui demande à être vérifiée.

Il est de coutume de ne pas transmettre ce genre de contenu à ses connaissances.

Format texte brut, HTML et TNEF

Certains clients (logiciels) de courrier électronique permettent de mettre en forme le contenu d'un message, (couleur, positionnement, typographie, etc.). Pour cela, ils recourent au langage HTML qui est normalement prévu pour la mise en page des sites Web. Il est parfois préférable de ne pas l'envoyer au format HTML, l'une des raisons étant que tous les clients de courrier électronique ne lisent pas correctement (ou pas du tout) les messages formatés en HTML. L'autre raison avancée était le poids du message. En effet, un message rédigé en HTML peut voir sa taille multipliée par 10. La réception à travers une connexion bas débit (connexion satellite par intermittence, sur un téléphone, avec un modem RTC, etc.) pouvait alors poser problème. Ces arguments énoncés dans les années 1990 étaient en 2018 beaucoup moins pertinents: les coûts de stockage ont diminué d'un facteur 1 300 000 en 29 ans selon Seagate et celui du mégaoctet transmis de 95% par an grâce à la fibre optique entre 1995 et 2005 selon un Red Book IBM. Au-delà des deux arguments précédents, classiques et datés, il reste cependant opportun de limiter ce même poids pour des raisons écologiques. Pour mémoire, en 2015, le fonctionnement d'Internet sur la planète consommait déjà davantage d'énergie que toute l'aviation civile[8].

Le format TNEF est quant à lui spécifique à Microsoft, il est donc préférable de ne l'utiliser que pour vos correspondants utilisant un client de courrier électronique édité par Microsoft.

La bonne manière est alors de s'adapter à ses interlocuteurs. Si un doute subsiste, envoyer un message au format texte brut (plain text en anglais) accompagné le cas échéant d'un lien vers une page HTML qui offrira un contenu plus complet à la mise en forme évoluée.

Courriel à plusieurs personnes

Si une information est à transmettre par courrier électronique à plusieurs personnes qui ne se connaissent pas forcément entre elles, ou qui se connaissent entre elles mais ne sont pas proches, leur adresse électronique n'est pas mise en destinataire direct, mais en «copie cachée» (ou «copie carbone invisible» Cci, en anglais Blind carbon copy, Bcc).

Ceci a pour but d'éviter, d'une part, qu'une personne réponde à tous les destinataires en pensant ne répondre qu'à une personne, et surtout, d'autre part, la propagation de virus, vers ou spam par exemple à travers les contacts enregistrés parfois par défaut par les logiciels de gestion de courrier électronique.

La copie cachée vous permet également d'envoyer un courriel à tous ou certains de vos contacts sans diffuser votre carnet d'adresses sur Internet (ce qui pourrait, à juste titre, être considéré comme une faute grave par votre employeur dans le cas d'un fichier clients).

De même, certains utilisateurs ne souhaitent pas que leur adresse électronique soit diffusée en dehors de leurs correspondants habituels. Il est donc normal de respecter a priori une certaine confidentialité pour tous. Laisser apparaître des listes d'adresses électroniques dans les en-têtes ou dans le corps des messages, c'est comme si, sur un courrier postal collectif, on inscrivait adresse et téléphone de tous les destinataires au dos de chaque enveloppe.

Enfin, une liste exagérément longue de destinataires peut alourdir considérablement un message autrement léger, ce qui peut entraîner des coûts et des délais supplémentaires pour des correspondants qui se connecteraient via un réseau bas débit comme le réseau mobile.

En résumé, mettez tous vos destinataires en Cci pour les courriels externes à votre structure. N'utilisez A: et Cc: que dans les courriels destinés à une seule personne, un groupe très restreint de personnes qui se connaissent ou si le courriel est destiné uniquement à des collègues directs de confiance.

Pièces jointes

Lorsqu'on souhaite envoyer un fichier que le(s) destinataire(s) n'a (n'ont) pas sollicité, et a fortiori un fichier de poids important ou envoyé à plusieurs destinataires ou sur une liste de discussion, il est recommandé de ne pas joindre la pièce au courriel mais de l'enregistrer sur un serveur accessible à tous. Puis dans le courriel, simplement mettre un court texte présentant le fichier ainsi qu'un lien vers l'emplacement dudit fichier sur le serveur. Ainsi, seul les destinataires réellement intéressés par le contenu de ce fichier iront le télécharger. Cela évite de surcharger les réseaux et de bloquer les comptes courriels de ses correspondants.

A fortiori, il est recommandé d'éviter d'attacher systématiquement aux messages des pièces jointes telles que des signatures sous forme d'image, qui polluent inutilement les réseaux tout comme les boîtes de réception des destinataires.

De plus, il faut noter que le protocole SMTP qui transporte les courriels d'un destinataire à un autre était prévu à l'origine uniquement pour transporter du texte. L'adjonction de la possibilité de joindre des fichiers s'est donc faite en respectant le protocole d'origine au détriment des performances. Les pièces jointes d'un courriel sont encodées en base64, ce qui ajoute environ 37%[9] de poids en plus. Un courriel de quelques lignes avec une pièce jointe de 1 Mio fera donc durant tout son parcours sur le réseau 1,4 Mio.

Transfert de messages

Quand on clique sur «transférer» un message, le réglage par défaut de la plupart des logiciels de courriel fait que les en-têtes sont copiés dans le message. Ces en-têtes contiennent le nom de l'envoyeur initial, la date, le rappel de l'objet, ainsi que toutes les adresses des destinataires du message initial. Comme pour l'envoi de courriel à plusieurs personnes et pour les mêmes raisons, il convient a minima de purger le corps du message de toutes les adresses présentes à cet endroit. Au mieux, il conviendra de supprimer toutes les informations de cet en-tête n'ayant pas d'intérêt pour les destinataires. Il suffit de sélectionner le texte inutile et de cliquer sur supprimer.

On peut en principe régler son logiciel de messagerie pour qu'il n'intègre plus les en-têtes.

Le transfert d'un message sans autre ajout de commentaire n'est pas respectueux. Il peut s'assimiler à «je me débarrasse de ce message dont je ne sais pas quoi faire». Un simple «pour info», «pour action», «on en reparle», permet au(x) destinataire(s) de savoir ce qui est attendu à la suite de ce transfert.

Répondre aux Copie et Copie Cachée

En règle générale, la pratique montre qu'il faut éviter de mélanger des tiers destinataires visibles (mis en A: ou Cc:) et des destinataires cachés, ces derniers pouvant répondre au message en mettant les premiers en copie non cachée. De plus, quand un correspondant a été mis en copie cachée, les destinataires du message ne peuvent pas savoir d'emblée facilement si cet autre correspondant a été informé, ou non.

Cependant, lorsqu'on répond à un mail envoyé à plusieurs destinataires visibles (en ayant soi-même été en A: ou Cc:), il est d'usage de respecter les mêmes règles que celle des listes de diffusion, à savoir "répondre à tous" systématiquement quand la réponse concerne le sujet du mail et ne répondre qu'à l’émetteur quand c'est personnel.

Enfin, si l'on ajoute/retire une personne aux destinataires originels, le mentionner dans le corps du mail afin d'éviter un malentendu.

Lieux d'échanges à plusieurs

Que ce soit sur les forums, Usenet ou dans les listes de diffusion, en plus des règles liées à l'usage de l'écrit, il est mal vu de poser une question dont la réponse aurait pu être trouvée moyennant une recherche préalable, ou de la poser plusieurs fois à différents endroits. Sur les sujets communs, la plupart des questions ont souvent déjà été posées et les réponses données.

Chaque nouveau sujet possède également un titre et celui-ci doit être précis et concis (ex.: Comparatif des souris Optiques et Laser, contre-ex.: Questions, Aidez moi).

Listes de diffusion

Les membres d'une liste de diffusion (en anglais : mailing list) doivent s'y inscrire volontairement.

Les règles de fonctionnement d'une liste de diffusion doivent normalement être accessibles ; les utilisateurs souhaitant s'y inscrire devraient en prendre connaissance avant de s'y abonner ou d'y poster des messages.

Au moment de répondre à un message reçu via une liste de diffusion, il faut vérifier si la réponse est envoyée à toute la liste, ou bien seulement à l'expéditeur (ce qui est préférable dans le cas où la réponse n'est pas d'intérêt général).

En effet, une liste de diffusion existe généralement autour d'un thème particulier ; par respect pour les autres membres, il convient de ne pas envoyer de message ne portant pas sur ce thème, car le message serait considéré comme du courrier non sollicité.

Assez souvent, des informations pour se désinscrire sont ajoutées automatiquement par le serveur en bas de chaque message ; il convient de lire ces instructions avant de contacter le modérateur de la liste de diffusion ; l'envoi d'un appel à l'aide sur la liste de diffusion ne doit se faire qu'en dernier recours.

D'une manière générale, il faut éviter les comportements de type Mail-bombing ou Pourriel.

Usenet

Un utilisateur de Usenet est invité à ne pas participer à un groupe dès qu'il l'a rejoint. Il prend d'abord quelques semaines pour assimiler quelques discussions récentes, repérer les participants réguliers (qui seront sans doute ceux avec qui il faudra le plus souvent vivre), et identifier les questions qui fâchent. En particulier, un risque de poster sans assimiler est de poser une question qui a été le sujet d'un violent débat pendant plusieurs semaines et qui s'est conclu il y a quelques jours. Commettre cette action déclenche souvent un flot de "flames" et engendre une réputation d'intervenant peu sérieux[10].

La personne qui se livre à ce genre d'activités, consciemment ou non, est un troll (personne qui participe à une discussion ou un débat sur un espace social informatisé et suscite ou nourrit une polémique, perturbant l'équilibre de la communauté concernée).

Il est convenu depuis la création des Usenet de répondre en dessous et non au-dessus de l'article précédent, ceci afin de garantir une lecture chronologique des échanges.

IRC

La politesse sur IRC veut que l'utilisateur ne trolle pas, ne fasse pas de pub et ne perturbe pas le bon fonctionnement du chat. Auquel cas les modérateurs (les ops) se verront dans l'obligation de l'expulser (kick), voire de le bannir.

En général les titres des canaux indiquent que tout manquement aux règles se verra suivi d'un bannissement (ban). De plus, les sites qui hébergent des applets chat (Java) rappellent les règles de bon sens.

Notes et références

  1. (en) « Netiquette Guidelines », Request for comments no 1855, .
  2. (en) V. Shea, Netiquette Guidelines,
  3. (en) Arlene H. Rinaldi, The Net: User Guidelines and Netiquette - Index, Boca Raton FL, Florida Atlantic University, mai 1996. [lire en ligne].
  4. Nabila Bakkass MATIN, « La nétiquette ou l’art de maîtriser son comportement sur le Net », sur Le Matin (consulté le )
  5. « La netiquette, les règles de bonne conduite de l'Internet », sur coreight.com, (consulté le )
  6. « La Netiquette: qu’est-ce que c’est ? » (consulté le )
  7. (en) S. Hambridge, traduit par Jean-Pierre Kuypers, « La Nétiquette en français (section 2.1.1) »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  8. « CO2 : Internet pollue autant que les avions », sur leparisien.fr, (consulté le )
  9. Soit environ 33 % dus à l'encodage base64 et 4 % à l'implémentation MIME (CR+LF tous les 76 caractères)
  10. « Usenet.nl - Conditions d'utilisation », sur fr.usenet.nl (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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