Moussa Ag Acharatoumane

Moussa Ag Acharatoumane, né vers 1986 à Kidal, est un homme politique touareg malien. Il est un des fondateurs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) en 2011, puis du Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA) en 2016.

Moussa Ag Acharatoumane
Fonctions
Membre du Conseil national de la transition
En fonction depuis le
(9 mois et 10 jours)
Secrétaire-général du MSA
En fonction depuis le
(5 ans et 13 jours)
Biographie
Date de naissance c.1986
Lieu de naissance Kidal
Nationalité Malien
Parti politique MNA (2010-2011)
MNLA (2011-2016)
MSA (depuis 2016)

Biographie

Moussa Ag Acharatoumane naît à Kidal, d'un père de la tribu touarègue des Daoussahak - Icherifen et d'une mère de la tribu des Kel Ansar[1]. Après avoir grandi à Kidal, il fait ses études de sociologie à Bamako et suit des études de science politique à Paris [1]. Il constitue alors des associations avec d'autres jeunes touaregs et milite pour la défense de l'Azawad[1]. À partir de 2007, il commence à voyager à l'étranger : à Bruxelles, Paris, New York ou Genève[1].

En 2010, Moussa Ag Acharatoumane fonde avec Bilal Ag Acherif un mouvement politique qui se veut pacifique : le Mouvement national de l'Azawad (MNA)[1]. Le groupe tient son premier congrès à Tombouctou le , mais Moussa Ag Acharatoumane est arrêté par les autorités maliennes, et emprisonné pendant 18 jours[2]. Cependant il poursuit ses activités, sillonne le nord du Mali et se constitue un puissant réseau[1]. Il est également le créateur du drapeau de l'Azawad[1].

En , le MNA et d'anciens rebelles touaregs, dont plusieurs revenus de Libye, se rassemblent et forment le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA)[3]. En , le groupe débute une insurrection armée contre l'État malien : c'est le début de la guerre du Mali[1].

Moussa Ag Acharatoumane est alors désigné comme le représentant du MNLA à l'étranger[1]. Il participe en France à des conférences universitaires et à des débats télévisés[1]. Sur le terrain, le MNLA est battu par des djihadistes en 2012, avant de reprendre pied dans la région de Kidal en 2013, lors de l'Opération Serval[1]. En 2014, il forme avec d'autres groupes la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), puis signe en 2015 un accord de paix à Alger avec l'État malien[1]. Cependant la CMA entre en conflit avec des groupes armés pro-gouvernementaux rassemblés au sein de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger, et en particulier avec le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA)[1],[4].

Cependant Moussa Ag Acharatoumane estime que la tribu des Daoussahak est marginalisée au sein de la CMA par la puissante tribu des Ifoghas[1],[4],[5]. Il désapprouve également les affrontements à Kidal en , qui opposent les Ifoghas de la CMA et des Imghad du GATIA[1]. Il prend alors ses distances, d'autant que les Daoussahak et les Imghad forment deux des principales communautés de la région de Ménaka[1]. Moussa Ag Acharatoumane quitte le MNLA et fonde à Ménaka le un nouveau mouvement : le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA)[6],[4],[7].

Le MSA se rapproche rapidement du GATIA[1]. Le , Moussa Ag Acharatoumane, le général El Hadj Ag Gamou, chef militaire du GATIA, et un représentant du MAA loyaliste se rencontrent à Azawa, dans la région de Gao et annoncent leur collaboration sur le plan sécuritaire avec notamment l'organisation de patrouilles communes[8].

En , Moussa Ag Acharatoumane, malgré son alliance avec le GATIA, refuse à nouveau de s'impliquer dans les combats entre le GATIA et la CMA et déclare : « Nous, nous avons toujours prôné l’entente, c’est-à-dire avec nos voisins, et le GATIA fait partie de nos voisins, tout comme d’autres communautés dont la CMA »[9].

En 2017, dans la région de Ménaka, le MSA et le GATIA commencent également à se heurter aux djihadistes de l'État islamique dans le Grand Sahara, dirigé par Adnane Abou Walid Al-Sahraoui[1]. Le , après une attaque contre un poste de militaire à Abala, au Niger, les djihadistes de l'État islamique se replient au Mali. Mais ils sont alors attaqués par l'armée malienne, l'armée française et les miliciens touaregs du GATIA et du MSA. En réponse Adnane Abou Walid Al-Sahraoui accuse dans une missive les Touaregs imghad et daoussahak d'être les complices de la France et du Niger, et menace particulièrement Moussa Ag Acharatoumane et El Hadj Ag Gamou[10],[11],[12]. À cette période, le MSA et le GATIA commencent également à coopérer avec l'armée française et l'armée malienne contre les djihadistes[1],[13]. De février à , le MSA mobilise 300 combattants et lance une offensive avec le GATIA, l'armée malienne et les Français[1],[13],[14]. L'affrontement le plus important a lieu le 1er avril, lors du combat d'Akabar, où une trentaine de djihadistes sont tués[1],[13]. Cependant, le conflit prend également un caractère communautaire, le MSA et le GATIA étant principalement composés de Touaregs, tandis que les combattants de l'État islamique dans le Grand Sahara sont en majorité des Peuls[1],[13]. Plusieurs responsables peuls, dont le chef de la milice Ganda Izo, accusent alors le MSA et le GATIA d'exactions contre les membres de leur communauté[1],[13]. En , la MINUSMA accuse les mouvements armés d'avoir exécuté sommairement 95 personnes dans la région de Ménaka et de s'être rendus coupables de pillages et de déplacements forcés[1],[15],[16]. Pour sa part, Moussa Ag Acharatoumane conteste le caractère communautaire du conflit et les accusations d'exactions, même s'il reconnait de possibles « erreurs » ou « débordements »[17],[15]. Le général français Bruno Guibert, commandant en chef de la force armée Force Barkhane, déclare pour sa part en  : « J’ai rencontré Moussa à plusieurs reprises. C’est davantage un chef politique qu’un chef militaire. Je ne suis pas naïf : il a ses intérêts. Il est courageux car il mène une lutte déterminée pour sa communauté au sein de l’Etat malien, et il est parfaitement convaincu de la nécessité de faire avancer le processus de paix. Il sait que les mouvements ont vocation à être désarmés, et il a déjà accepté le principe de la démobilisation, à terme, de ses troupes. »[14].

Le 5 décembre 2020 il devient membre du Conseil national de la transition du Mali.

Voir aussi

Références

  1. Pierre Alonso et Célian Macé, «Moussa», l’arme de Paris au Sahel, Libération, 13 avril 2018.
  2. Mohamed Aboubacrene Ag Ibrahim, Interview avec Moussa Ag Acharatoumane, Toumast Press, 14 novembre 2011.
  3. Malika Groga-Bada avec Baba Ahmed, Nord-Mali : qui sont les rebelles du MNLA ?, Jeune Afrique, 26 janvier 2012.
  4. Rémi Carayol, Mali : le MNLA une nouvelle fois amputé, Jeune Afrique, 2 septembre 2016.
  5. Rémi Carayol, Mali : quatre ans après le début du conflit, la menace continue de planer, Jeune Afrique, 16 mars 2016.
  6. Rémi Carayol, Mali – Moussa Ag Acharatoumane : « Nous avons créé le MSA pour représenter tous les Azawadiens », Jeune Afrique, 8 septembre 2016.
  7. Mali: le Mouvement pour le salut de l’Azawad, nouveau groupe politico-militaire, RFI, 11 septembre 2016.
  8. Nouveau jeu d'alliances dans le nord du Mali, RFI, 18 septembre 2016.
  9. Mali: à Ménaka, le MSA ménage les alliances, RFI, 31 juillet 2017.
  10. Point de situation des opérations du 8 juin 2017, Ministère de la Défense, 8 juin 2017.
  11. Le chef jihadiste Al-Sahraoui accuse et menace deux communautés du Mali, RFI, 28 juin 2017.
  12. Jules Crétois, Mali – Ag Acharatoumane : « Je n’ai pas peur de Abou Walid Al-Sahraoui », Jeune Afrique, 29 juin 2017.
  13. Vincent Hugeux, "Face à Barkhane, un ennemi aux abois", L'Express, 20 avril 2018.
  14. Célian Macé, Au Sahel, «je n'ai pas besoin de canons supplémentaires, mais il nous faut gagner en mobilité», Libération, 9 juillet 2018.
  15. Baba Ahmed, Mali – Ag Acharatoumane (MSA) : « L’État islamique au Grand Sahara ne sera pas vaincu par des forces étrangères », Jeune Afrique, 19 avril 2018.
  16. POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 12 avril 2018
  17. Christophe Boisbouvier, Moussa Ag Acharatoumane: au Mali, «nous combattons une organisation criminelle», RFI, 23 avril 2018.
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