Mont Castre

Le mont Castre, appelé aussi « mont Castré », est une montagne du massif armoricain. Elle est située dans le département de la Manche, sur les communes de Lithaire, du Plessis-Lastelle et de Gerville-la-Forêt. Il culmine à 130 m d'altitude. Chargé d'histoire, on y trouve des vestiges allant de la Préhistoire à la Seconde Guerre mondiale. Il fait partie d'un ensemble de petites montagnes encerclant la ville de La Haye-du-Puits et surnommé « clos du Cotentin ».

Mont Castre
Géographie
Altitude 130 m[1]
Massif Massif armoricain
Coordonnées 49° 17′ 17″ nord, 1° 28′ 00″ ouest [1]
Administration
Pays France
Région Normandie
Département Manche
Géologie
Roches Grès, schistes
Géolocalisation sur la carte : Manche
Géolocalisation sur la carte : France

Géographie

Géologie

Le mont est constitué de grès armoricain, de quartzites[2] et de schistes[3]. Ses roches sédimentaires appartiennent à une période du Paléozoïque : l'Ordovicien[4].

Faune et flore

On observe de nombreuses et différentes espèces d'oiseaux. En automne-hiver, les migrateurs nordiques font escale ou stationnent sur les flancs du mont. Au printemps-été, reviennent ou passent les migrateurs du sud.

Histoire

Préhistoire

Entre 1 500 et 200 ans av. J.-C., précisément à la fin du Néolithique, des hommes y construisent une allée couverte dont quelques vestiges sont encore visibles aujourd'hui. Cette allée aurait pu servir de sépulture. La présence de nombreuses pierres sur un champ jouxtant l'allée amène certains scientifiques à l'hypothèse d'un site mégalithique. Aucune recherche n'a encore pu le prouver avec certitude.

Protohistoire et Antiquité

Retranchement de terre protohistorique du mont Castre dit camp de César.

En 56 av. J.-C., lors de la guerre des Gaules contre les Romains, le peuple gaulois des Unelles (présent sur le mont depuis la protohistoire à la période de l'âge de fer), commandé par Viridorix[5], y est battu par les légions de Jules César emmenées par Quintus Titurius Sabinus[6]. La microtoponymie conserve de cette époque le lieu-dit « camp de César ». Pour certains archéologues, les découvertes faites sur ce lieu feraient état d'un retranchement protohistorique plutôt qu'un camp romain.

Moyen Âge

Expansion viking du VIIIe au Xe siècle. La coloration jaune (XIe) du sud de l'Angleterre et du sud de l'Italie résulte d'une confusion entre Vikings et Normands.

Du XIe au XIVe siècle, le versant ouest du mont abrite le premier village de Lithaire fondé par des hommes venus de Scandinavie à l'époque des grandes invasions vikings. Établi au sommet du versant, il domine au nord la vallée de la Senelle et la vue s’étend, à l'est comme à l'ouest, jusqu’à la mer. Cette situation pourrait être l'origine du nom du village puisque le toponyme Lithaire provient de lit-hou signifiant « belle-vue » en vieux norrois[7]. On y note une importe activité pendant la période médiévale. Un château est construit sur les ruines de la vigie du castrum romain, puis une chapelle sur les vestiges d'un autel druidique.

Du XIXe siècle aux années 1930

Entre la fin du Moyen Âge et la Belle Époque, l'emplacement du village devient la propriété de riches fermiers et le bourg se déplace au pied nord du mont. À hauteur du mont, une halte ferroviaire dite « halte de Lithaire » est construite sur la ligne de Carentan à Carteret. Les propriétaires de l'ancien village gardent l'ancienne église Saint-Thomas de Lithaire, aujourd'hui en ruine. Ces derniers sont toujours enterrés dans un caveau à proximité.

Une partie de la roche jouxtant l'ancien village est alors exploitée par les carrières de l'ouest jusqu'au début du XXe siècle. En 1863, la société de granit de l'ouest obtient la concession de cette portion. L'exploitation a aujourd'hui laissé un plan d'eau, creusé au milieu de la roche. On trouve encore çà et là, de vieux wagons rouillés qui servaient à transporter le grès. De 1920 à la fin des années 1930, le dernier exploitant dynamite de longs tunnels de sape. L'activité des carriers est interrompue par la Seconde Guerre mondiale.

Seconde Guerre mondiale

Monument du 712e Tank Bataillon sur le mont Castre au hameau de Beau-coudray, au Plessis-Lastelle.

Le mont Castre est le lieu d'intenses combats durant la bataille de Normandie, au cours de la phase appelée bataille des Haies, opposant les troupes américaines aux troupes allemandes dans le bocage normand. C'est le dernier théâtre d'opérations de la 82e Airborne américaine en Normandie.

Après le débarquement du 6 juin 1944 pendant lequel elle a été parachutée au-dessus de Sainte-Mère-Église, la 82e Airborne du VIIe corps de l'armée américaine, commandée par le général Omar Bradley, participe à la coupure du Cotentin jusqu'au 18 juin puis à la bataille de Cherbourg jusqu'aux premiers jours de juillet.

Tenant le Nord Cotentin, les Américains décident d'avancer vers le sud pour atteindre la Bretagne. Ils sont confrontés à une lourde résistance allemande, bien aidé par le bocage normand qui facilite la défense. La 82e Aiborne va mener sa dernière offensive dans la bataille de La Haye-du-Puits. Le 3 juillet 1944, elle lance une offensive depuis le bois de Limors pour atteindre La Haye-du-Puits. Après avoir progressé rapidement jusqu'au bourg de Lithaire en n'affrontant que des troupes constituées de volontaires de l'Est, peu enclins au combat, les parachutistes de la 82e atteignent au pied nord du mont Castre le front principal de défense des Allemands dans le Cotentin à cette période : la ligne Mahlmann.

Le 4 juillet, les G.I. attaquent les deux collines de la Poterie et de Sainte-Catherine faisant face au mont, côté nord. Avec le renfort du 712e Tank Battaillon sur le flanc est du mont, l'avance reprend, un hameau du Plessis-Latelle, des Belles Croix est pris, puis celui de La Butte en fin de journée. Le bataillon de tank perd huit hommes lors de l'attaque de ces deux hameaux.

Le 5 juillet, la 82e élimine les derniers points de résistance autour du bourg de Lithaire. Celui-ci libérée, la 82e Airborne se replie à l'abbaye de Blanchelande, située à l'est de La Haye-Du-Puits et attend sa relève. Elle regagne le Royaume-Uni dans les jours suivants.

Le même jour, le 357e bataillon pénètre dans le hameau de Beau Coudray, situé sur le mont Castre. À cet endroit, le 15e régiment des Fallschirmjäger (troupes parachutistes allemandes) tient un donjon qui domine le hameau. Pour reprendre le Plessis-Latelle situé en contrebas, ces derniers y encerclent deux des compagnies du bataillon. Après maintes tentatives pour s'extraire de cette tenaille, les soldats américains piégés sont exténués et décident de se rendre aux Allemands le lendemain. Enfin, le 10 juillet, après un repli des Allemands, Beau Coudray et Le Plessis-Lastelle tombent aux mains de la 90e division d'infanterie américaine[8].

Activités

Industries

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En 1978, alors qu'elles fonctionnaient au ralenti après la Libération, les carrières sont abandonnées. Rendu à la commune, le site est sécurisé puis réhabilité pour être ouvert au public en 1994.

Tourisme

Aujourd'hui l'eau de la rivière Senelle a rempli les carrières en formant un plan d'eau sur lequel est installé un loueur de pédalo ainsi qu'une buvette. La pratique du canoë-kayak est possible. La commune a aussi balisé un sentier de randonnée autour du plan d'eau. Le mont est balisé par une borne d'un des huit parcours thématiques de la bataille de Normandie : Cobra - La percée.

  • Le plan d'eau du mont Castre et le sentier de randonnée.
  • Ruine du Vieux Château et ancien poste de vigie romain.
  • Allée couverte, site néolithique.
  • Ruine de l'ancienne église.
  • Panorama et table d'orientation, site du camp romain.
  • Ruine de l'ancien donjon du Plessis, reconverti en point d'observation des marais.
  • Monument du 712e Tank Bataillon au hameau de Beau-Coudray.
  • Vestiges des carrières de grès (chariots).
  • Borne du parcours thématique de la bataille de Normandie : Cobra-La Percée.

Protection environnementale

Le mont fait partie du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin.

Annexes

Bibliographie

  • W. S. Hanson, The army and frontiers of Rome: papers offered to David J. Breeze on the occasion of his sixty-fifth birthday and his retirement from Historic Scotland, 2009, p. 160.
  • Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, III, 17.
  • (fr) Michel Pinel, La Guerre des Haies et la Bataille de La Haye-du-puits, Michel Pinel, mai 2004.
  • Martin Blumenson, La Libération – Histoire officielle américaine, Charles Corlet, (ISBN 2854804341)
  • (fr) Omar Bradley, Histoire d'un soldat, Gallimard, 1952.

Liens externes

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Le mont Castre (carrière)[source insuffisante]
  3. Visualiseur InfoTerre
  4. Géologie du Cotentin
  5. Les fouilles datant de 1862 font état de la présence des Unelles sur les communes de Lithaire et de Lastelle (à l'emplacement du mont Castre), voir sur le sujet : Élisabeth Deniaux, Viducasses et Unelles, Recherches sur la municipalisation de l’Ouest de la Gaule, Cités, Municipes, Colonies, publications de la Sorbonne
  6. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, III, 17.
  7. Le vieux Lithaire
  8. Le Plessis Lastelle/Saint-Jores - "Bain de sang" pour la 90th US Infantry Division
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