Michel Faure (journaliste)

Michel Faure, né le à Neuilly-sur-Seine, est un journaliste et écrivain français, spécialiste de l'Amérique latine. Il est membre honoraire de l'Association de la presse diplomatique française (APDF).

Pour les articles homonymes, voir Michel Faure et Faure.

Biographie

Famille et formation

Michel Faure est le fils d'André Faure, polytechnicien et haut fonctionnaire, et d'Odette Martin, sans profession.

Après des études au lycée Albert-Camus à Bois-Colombes, puis au lycée Henri-IV à Paris, il obtient une licence de droit à l'université Paris-II (1973). Il est également diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (1973) et du Centre de formation des journalistes (CFJ), rue du Louvre à Paris (1974).

Journalisme

Après un stage au service financier de l'agence Reuters, puis à l'Agence France-Presse (AFP), Michel Faure part en Ouganda en comme coopérant, au titre du service national, pour diriger l'agence de presse locale, la Uganda News Agency (UNA) dans des conditions difficiles, alors que ce pays d'Afrique de l'Est est présidé par Idi Amin Dada. Dans un livre collectif intitulé Les Figures du mal, le journaliste Jean-Pierre Langellier évoque ce moment : « En 1975, le journaliste français Michel Faure, à l'époque jeune coopérant à Kampala, est témoin de l'humiliation infligée à l'université de Makerere le jour où le tyran, à moitié illettré, se fait décerner le grand collier de Chancelier »[1].

À son retour à Paris, en , il est engagé par l'AFP qui le nomme en 1978 rédacteur au bureau de New York. Il couvre notamment l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie, en 1979[2]. Il quitte l'AFP à la fin de la même année pour se lancer dans l'aventure de Paris-Hebdo, un « city-magazine » à l'américaine publié par Jean-Louis Servan-Schreiber et dirigé par Jean-François Fogel et Jean-Louis Hue[3]. Ce magazine est un échec et s'arrête en , trois mois après son lancement[4].

Libération

Michel Faure entre en au service étranger du quotidien Libération, d'abord comme reporter, puis, de à , comme chef de ce service.

En , il devient le correspondant de Libération à Washington. Il y reste quatre ans et écrit quasiment tous les jours un article sur la nouvelle Amérique de Ronald Reagan. Avec six autres correspondants de quotidiens étrangers représentant chacun un pays du G7, il est le Français du groupe et réalise avec ses confrères à la Maison-Blanche une longue interview collective du président américain quelques jours avant le sommet de Bonn, en [5]. Durant ce séjour à Washington, il suit aussi les conflits d'Amérique centrale et part à Mexico comme envoyé spécial, à l'occasion du grand tremblement de terre du , qui fait plus de dix mille morts et trente mille blessés[6].

En , Michel Faure est nommé correspondant de Libération en République fédérale d'Allemagne (RFA) et s'installe à Bonn, sa capitale. Il écrit l'actualité d'un pays divisé en première ligne d'une Guerre froide finissante. Il collabore à deux numéros spéciaux du journal britannique The Financial Times sur l'Allemagne. Il devient également le correspondant en Allemagne du service français de la BBC.

En , il quitte Bonn avec des sentiments mêlés qu'il exprime dans un article de Libération et dans la revue Débats, et rejoint la rédaction de l'hebdomadaire L'Express.

L'Express

Michel Faure entre à L'Express alors que s'ouvre, après la chute du mur de Berlin, une nouvelle ère en Europe de l'Est et dans l'URSS agonisante. Il réalise de nombreux reportages dans cette région, dont l'un dans la ville natale de Lénine, Oulianovsk, en , où s'expriment les frustrations et les espérances de citoyens soviétiques ordinaires en cette période de perestroika et de glasnost[7]. Dans le cadre d'une collaboration entre L'Express et la radio Europe 1, il réalise au printemps 1993, avec le journaliste d'Europe 1 François Clauss, une série d'articles et d'interviews durant huit semaines intitulée « Réinventons la France »[8]. Une autre série, en , réunissant toujours les deux médias et les deux mêmes journalistes, est constituée de reportages, écrits et sonores, et d'entretiens avec l'historien du Moyen-Âge Georges Duby, intitulée « An 1000, an 2000, enquête sur la fin des millénaires ».

En 1994, la nouvelle directrice de la rédaction, Christine Ockrent, charge Michel Faure de suivre la campagne présidentielle de 1995. Il publie des Carnets de campagne et un billet politique hebdomadaire.

En 1996, il renoue avec les grands reportages et s'intéresse plus particulièrement à l'Espagne et à l'Amérique latine. Il publie de nombreuses interviews de personnalités latino-américaines, du président mexicain Vicente Fox au chanteur brésilien Caetano Veloso, en passant par Rigoberta Menchú, prix Nobel de la paix, le candidat Lula, le président Fernando Henrique Cardoso, son homologue colombien Andres Pastrana, l'architecte Oscar Niemeyer, le cinéaste brésilien Walter Salles, le poète argentin Juan Gelman ou encore le dissident cubain Osvaldo Paya.

Après le refus de la direction de la rédaction de le laisser s'installer à Madrid pour y suivre l'actualité de l'Espagne et de l'Amérique latine, il quitte L'Express le .

Journaliste indépendant

Michel Faure devient journaliste indépendant. Il écrit, notamment sur l'Espagne et le Portugal, pour Ouest-France, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, la Revue des Deux Mondes, Le Monde et Le Monde 2, le magazine hebdomadaire du quotidien, la revue Politique Internationale pour laquelle il a mené, notamment, un long entretien avec Mario Vargas Llosa intitulé "Liberté, j'écris ton nom"[9]. Durant le printemps 2006, il réalise au Chili, au Pérou, au Brésil, en Équateur, au Nicaragua et au Venezuela une série d'été pour le quotidien Le Monde sur la montée de la gauche en Amérique latine. Cette série est reprise par le quotidien Le Temps, de Genève et par le Guardian Weekly au Royaume-Uni.

Il collabore avec le site web Rue89 en 2010 et ouvre une rubrique, « Panamericana », qui traite de l'actualité latino-américaine. Il écrit également sur la politique française et l'Europe pour les sites web Atlantico et Contrepoints. Depuis 2019, il écrit régulièrement pour la revue de géopolitique Conflits.

Engagement politique

Michel Faure est un militant libéral. Après un court passage au Mouvement des Libéraux de Gauche (MLG), il adhère en 2013 au Parti libéral démocrate (PLD), présidé par Aurélien Véron et devient membre du bureau national de ce parti. Il le quitte quand celui-ci se dissous en rejoignant Objectif France en 2019. Il quitte la même année le parti européen ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe), qu'il avait rejoint en 2017 en tant que membre individuel, quand celui-ci s'associe en vue des élections européennes de mai 2019 avec La République en marche.

Bibliographie

  • Georges Duby, an 1000, an 2000, sur les traces de nos peurs, entretiens conduits par François Clauss (Europe 1) et Michel Faure (L'Express), Paris, Textuel, 1997 (ISBN 2-909317-10-2) (notice BnF no FRBNF37018653)
  • "Amérique latine : Le consensus de Brasilia", Paris, Revue Politique International, numéro 99, Printemps 2003.
  • "Liberté, j'écris ton nom ...", entretiens avec Mario Vargas, Llosa, Paris, Revue Politique Internationale, numéro 101, automne 2003.
  • L'Espagne de Juan Carlos, pays prospère, nation fragile, Paris, Perrin, 2008 (ISBN 978-2-262-02730-8)
  • Au cœur de l'Espoir, en collaboration avec Eric Cheysson, Paris, Robert Laffont, 2012 (ISBN 978-2-221-11552-7)
  • "Argentine. Sur la piste des derniers nazis", dans La Traque des criminels nazis, sous la direction de Serge Klarsfeld, Paris, Tallandier, 2013 (ISBN 979-10-210-0377-4)
  • Une Histoire du Brésil, Paris, Perrin, 2016 (ISBN 978-2-262-03750-5)
  • Cuba, Paris, Éditions du Chêne, Collection Grands Voyageurs, 2016 (ISBN 978-2-81231-487-2)
  • Cuba en 100 questions, Paris, Tallandier, 2017 (ISBN 979-10-210-2868-5) (notice BnF no FRBNF45455010)
  • "Augusto Pinochet, tyran libéral", dans Le Siècle des dictateurs sous la direction d'Olivier Guez, p : 331 - 347, Paris, Perrin / Le Point, 2019 (ISBN 978-2-262-07710-5)
  • L'Arrogance du bistouri, les confessions d'un chirurgien sans masque, en collaboration avec Eric Cheysson, Paris, Hugo & Cie, 2019 (ISBN 978-2-7556-4418-0)
  • Augusto Pinochet, Paris, Perrin, 2019 (ISBN 978-2-262-07015-1)
  • Charles, roi d'Angleterre, Paris, l'Archipel, 2021 (ISBN 978-2-8098-2860-3)

Traductions

  • David Rothkopf, La Caste, Paris, Robert Laffont, 2009 (ISBN 2221106830)
  • Jonathan Franklin, Enterrés vivants, la véritable histoire des 33 mineurs chiliens (en collaboration), Paris, Robert Laffont, 2011 (ISBN 978-2-221-12481-9)
  • Izzeldine Abulaish, Je ne haïrai pas, Paris, Robert Laffont, 2011 (ISBN 2221122852)
  • Peter L. Bergen, Chasse à l'homme. Du à Abbottabad, l'incroyable traque de Ben Laden (en collaboration), Paris, Robert Laffont, 2012 (ISBN 2-221-13323-4)
  • Boris Johnson, Une autre histoire de Londres, Paris, Robert Laffont, 2013 (ISBN 2221131266)
  • Qais Akbar Omar, Kaboul était un vaste jardin, histoire d'une famille afghane, Paris, Robert Laffont, 2014 (ISBN 2221133307)
  • Kate Williams, Joséphine, désir et ambition, Paris, Robert Laffont, 2015 (ISBN 978-2-221-14482-4)
  • Un Royaume d'olives et de cendres (26 écrivains, 50 ans de territoires occupés), (en collaboration), Paris, Robert Laffont, 2017 (ISBN 9782221200254)
  • Michael Wolff, Le Feu et la fureur, (en collaboration), Paris, Robert Laffont, 2018 (ISBN 2221218361)

Notes et références

  1. Sous la direction de Victor Battaggion, Les Figures du mal, Paris, Pocket, , Dans le chapitre "Idi Amin Dada, le bourreau de l'Ouganda.
  2. AFP, « Il y a 40 ans, le glaçant accident nucléaire de Three Mile Island », sur Geo.fr, (consulté le )
  3. « Paris-Hebdo », sur muséedelapresse.com (consulté le )
  4. « Paris-Hebdo décide d'interrompre sa parution », Le Monde, (lire en ligne)
  5. On peut lire avec le site Google Play, en anglais, le verbatim de cette interview dans "Public Papers of the President of the United State Ronald Reagan, Book 1, January 1st - June 28 1985, Office of the Federal Register, National Archives and Records Service, General Services Administration, pages 518 à 524.
  6. Ce chiffre de 10 000 morts fut un consensus aux lendemains du tremblement de terre, mais en 2008, le Service de sismologie national mexicain annonçait un bilan approximatif de 40 000 morts. https://web.archive.org/web/20080408054816/http://www.ssn.unam.mx/website/jsp/Carteles/sismo85.jsp
  7. "Oulianovsk : perestroïka à Lénine City", reportage illustré des photographies de Peter Marlow, de l'agence Magnum. L'Express, n° 2015, du 16 au 22 février 1990.
  8. « https://www.lexpress.fr/informations/reinventons-la-france-aujourd-hui_605210.html »,
  9. Michel Faure, entretien avec Mario Vargas Llosa, « Liberté, j'écris ton nom », Politique Internationale, (lire en ligne)

Liens externes

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