Mehmed VI

Mehmed VI () fut le 36e et dernier sultan ottoman de 1918 à 1922, ainsi que l'avant-dernier calife du monde musulman.

Mehmed VI

Le sultan Mehmed VI en 1918
Titre
36e et dernier sultan ottoman

(4 ans, 3 mois et 29 jours)
Premier ministre Mustafa Kemal Atatürk
Mustafa Fevzi Çakmak
Hüseyin Rauf Orbay
Prédécesseur Mehmed V
Successeur Monarchie abolie (1922)
Abdülmecid II (prétendant au trône)
Mustafa Kemal Atatürk (président de la République)
Calife de l'Islam

(4 ans, 3 mois et 29 jours)
Prédécesseur Mehmed V
Successeur Abdülmecid II
Prétendant au trône de Turquie

(3 ans, 5 mois et 27 jours)
Successeur Abdülmecid II
Biographie
Dynastie Dynastie ottomane
Date de naissance
Lieu de naissance Constantinople (Empire ottoman)
Date de décès
Lieu de décès Sanremo (Italie)
Père Abdülmecid Ier
Mère Gülüstü
Conjoint 5 épouses
Enfants Mehmet Ertuğrul
Sabiha
Ulviye
Profession Sultan, Chef militaire
Religion Islam


Liste des sultans de l'Empire ottoman

Biographie

Fin de la Première Guerre mondiale

Mehmed VI accède au trône de l'Empire ottoman le 3 juillet 1918, à la mort de son frère Mehmed V, dans un contexte politique complexe. L'Empire ottoman est alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne. Les Britanniques occupent Jérusalem et Bagdad, sans pour autant menacer directement les bases de la puissance ottomane.

Cependant, l'effondrement bulgare en coupe l'Empire de ses alliés et rend vulnérable la capitale, Constantinople. Le 13 octobre, le grand vizir Talaat Pacha, qui a engagé l'empire dans la guerre, quitte le pouvoir.

Le nouveau grand vizir, Ahmed Izzet Pacha, engage des négociations avec les Alliés. Le est signé l'armistice de Moudros avec les Alliés. Les Ottomans acceptent l'ensemble des exigences présentées par les Britanniques. Les Alliés obtiennent la reddition de toutes les garnisons turques en dehors de l'Anatolie, la démobilisation de l'armée ottomane, le libre passage de leurs flottes par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, ainsi que la possibilité d'occuper le territoire de l'empire en cas de révolte. Le 13 novembre 1918, les troupes françaises, anglaises et italiennes entrent à Constantinople.

Traité de Sèvres et conséquences

Mehmed VI choisit de mener une politique de coopération avec les Alliés afin d'obtenir des conditions de paix clémentes. Le sultan cherche à punir les chefs du parti Jeunes-Turcs comme responsables de la défaite et du génocide arménien. Talaat Pacha et Djemal Pacha, au pouvoir depuis 1913, s'enfuient en Allemagne, avant d'être condamnés à mort par contumace par les cours martiales de 1919. Quant au parlement, il est dissous le .

Le , Damat Ferid Pacha est nommé grand vizir. La politique anglophile du gouvernement provoque la fureur des nationalistes. Tandis que les Alliés discutent de la neutralisation de Constantinople et des détroits, 20 000 soldats grecs débarquent à Smyrne sous prétexte de protéger les chrétiens de la ville, conformément à l'article 7 de l'armistice de Moudros. Dès lors, une résistance s'organise sous la direction de Mustapha Kemal. Ce dernier invite le sultan à se mettre à la tête du mouvement. Mais le , Mehmed VI casse le grade de général de Kemal et signifie aux autorités militaires et civiles de ne plus lui obéir. Désormais, deux pouvoirs se font face dans l'empire.

Mustapha Kemal met en place un gouvernement provisoire. Pour sauver la situation, Mehmed VI renvoie Damat Ferid Pacha et convoque de nouvelles élections. Les députés nationalistes remportent la majorité des sièges. Les Alliés craignant une opposition du parlement ottoman aux négociations du traité de paix font arrêter les chefs nationalistes. Finalement, le , le sultan dissout l'assemblée tandis que Mustapha Kemal fait élire la Grande assemblée nationale le .

Sentant son autorité décroitre, Mehmed VI charge son ministre de la guerre, Soliman Chevket Pacha, de former une armée afin de combattre les nationalistes. Le prestige du sultan étant atteint, l'armée prend le nom d'armée du calife afin de placer les adversaires du pouvoir comme ennemis de Dieu.

Le , Mehmed VI signe le traité de Sèvres qui entérine le démembrement de l'Empire ottoman. Les conditions imposées par les Alliés sont humiliantes pour les Turcs. Les provinces arabes sont cédées aux Français et aux Britanniques, la Thrace orientale à la Grèce, les Turcs ne conservant en Europe que la ville de Constantinople. En outre, un État arménien et un État kurde sont créés à l'est de l'Anatolie. L'administration et les finances sont placées sous la tutelle des Alliés. L'armée est limitée à 15 000 hommes et 35 000 gendarmes et la flotte est livrée aux Alliés.

Chute

L'humiliation du traité de Sèvres fait perdre à Mehmed VI ses derniers soutiens. Les soldats de l'armée du calife rejoignent Mustapha Kemal. Alors que la position de ce dernier se renforce grâce à ses victoires militaires et diplomatiques, le sultan n'exerce plus aucune autorité sur son empire.

Après la victoire turque sur les Grecs et l'armistice de Mudanya le , la Grande assemblée nationale vote l'abolition du sultanat le .

Exil et dernières années

Le sultan Mehmed VI, quittant le palais de Dolmabahçe à Constantinople quelques jours après sa déposition.
L'ancien sultan arrivé à Malte, le 9 décembre 1922.

Le , Mehmed VI quitte Constantinople sur le cuirassé britannique HMS Malaya. Craignant d'être jugé, il trouve refuge à Malte. Le , la Grande assemblée nationale élit Abdülmecid II, cousin du sultan déchu, nouveau calife. L'ancien sultan ne reconnaît pas la décision de la Grande assemblée nationale de le déchoir de son titre de calife. Quelques semaines après son arrivée à Malte, il se rend à La Mecque à l'invitation du chérif Hussein ( - ). Cependant, ses intentions lors de ce pèlerinage sont mal connues[1].

En , il s'installe à Sanremo, en Ligurie, Italie[2]. Ses dernières années de vie sont vécues dans des conditions matérielles difficiles, le sultan ayant abandonné sa fortune lors de son départ en exil. Il meurt d'une crise cardiaque le à l'âge de 65 ans[3]. Ses funérailles sont célébrées à Damas où il est inhumé, son corps n'étant pas accepté en Turquie.

Notes et références

  • Benoist-Méchin, Mustapha Kémal ou La mort d'un empire, édition Albin Michel, 1954 (ISBN 2226021957).
  1. Jean-Louis Bacqué-Grammont, « Sur le pèlerinage et quelques proclamations de Mehmed VI en exil », Turcica, , p. 232
  2. Willy Sperco, Moustapha Kemal Ataturk : créateur de la Turquie moderne, Paris, Nouvelles éditions latines, , p. 96
  3. Sperco, Moustapha Kemal Ataturk, p. 96

Articles connexes

Liens externes

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