Triplice

La Triplice (de l'italien triplice « triple »), également appelée Triple-Alliance (ou Triple alliance), est le nom donné à une alliance conclue entre l'Empire allemand, la Double monarchie austro-hongroise et le royaume d'Italie de 1882 à 1914.

Pour les articles homonymes, voir Triple alliance.

Carte de l'Europe à la veille du conflit de 1914 montrant la mécanique des alliances militaires mettant face à face Triplice et Triple-Entente, transformant ainsi l'Europe en poudrière.

Ces alliés s'opposent à ceux de la Triple-Entente (France, le Royaume-Uni et la Russie).

Les prémices

En 1879, sous l'impulsion de Bismarck, un rapprochement a lieu entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie : la Duplice.

Assurés du soutien de leur allié et de la neutralité britannique, les Allemands n'ont plus rien à craindre d'une France animée d'un désir de revanche dû à la perte de l'Alsace-Lorraine lors de la guerre de 1870 et invitée à réorienter son énergie sur le plan colonial. De son côté, l'Autriche-Hongrie en impose un peu plus et l'appui allemand peut être déterminant dans la partie de bras de fer qu'elle joue avec la Russie dans les Balkans.

L'Alliance obligeait aussi l'Autriche-Hongrie à rompre toute relation diplomatique amicale avec la France.

La première Triplice

En 1881, les Français prennent pied en Tunisie et étendent leur empire colonial. Cet événement incite alors l'Italie à demander son intégration dans l'association germano-autrichienne (selon le dilemme de sécurité), et ce malgré les différends qui l'opposent à l'Autriche-Hongrie pour des raisons territoriales. La Triplice ou Triple Alliance est conclue le .

Le royaume de Roumanie y est secrètement associé par un traité signé le , malgré l'existence en Transylvanie austro-hongroise d'une importante minorité roumaine. Il est renouvelé plusieurs fois jusqu’en 1914.

La deuxième Triplice – l'Entente de la Méditerranée

La situation internationale avait empiré avec l'affrontement de l'Empire austro-hongrois et de l'Empire russe, par pays interposés dans les Balkans. Ce fut d'abord l'unification de la Bulgarie, qui annexa en 1885 la Roumélie orientale, et la guerre contre la Bulgarie de la Serbie (qui n'avait pas prévenu la Russie), puis le coup d'État, le , contre le prince Alexandre de Battenberg, allié des Autrichiens en Bulgarie.

La Triplice n'avait pas réagi. La prise par les Italiens de Massaoua, en Érythrée, avait contrarié les puissances continentales. Aussi, les Italiens décidèrent les Allemands à réactiver leur alliance. Il y eut donc deux pactes, proposés par Bismarck :

  • Le premier pacte entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie prévoyait que si le maintien du statu quo dans les Balkans, ou sur les côtes et îles ottomanes de la mer Égée et de la mer Adriatique, devenait impossible, et qu'alors l'Autriche et l'Italie étaient obligées d'intervenir par une occupation, celle-ci ne devait avoir lieu qu'après accord entre les deux puissances. Cet accord prévoyait des compensations territoriales pour les deux parties, en plus du statu quo. Ainsi, au cas où l'Autriche obtenait des territoires dans les Balkans, l'Italie en obtiendrait dans les Alpes.
  • Le second pacte entre l'Italie et l'Allemagne assurait l'Italie du soutien de l'Allemagne au cas où elle serait attaquée par la France à cause de différends coloniaux en Afrique du Nord.

La deuxième Triplice, l'entente de la Méditerranée fut signée, le , à Berlin. Le , l'Allemagne et la Russie signaient le traité de réassurance, afin d'éloigner définitivement Vienne de Saint-Pétersbourg.

La troisième Triplice

Le Kaiser Guillaume II.
Les archiducs austro-hongrois François-Salvator (à g.) et François-Ferdinand (à dr.) assistant aux grandes manœuvres de l'armée allemande en Allemagne du sud en 1909.

L'année 1888 fut celle dite « des trois empereurs ». Guillaume Ier mourut, suivi quelques mois plus tard par Frédéric III. Guillaume II monta sur le trône. Le chancelier Bismarck démissionna de ses fonctions en 1890, et le comte von Caprivi fut nommé à sa place.

Officiers allemands à Berlin apprenant le turc en 1914.

En Italie, le comte Crispi, adversaire résolu de la France, était président du Conseil et partisan d'un appui à la flotte autrichienne, au cas où la France étendrait ses colonies en Afrique du Nord. Cependant, l'Autriche était réticente, car elle considérait aussi d'un mauvais œil l'expansionnisme italien, notamment en Libye, appartenant à l'Empire ottoman. Cela aurait donné un prétexte à l'Empire russe pour intervenir encore dans les Balkans.

En janvier 1891, le gouvernement Crispi tomba, laissant la place au gouvernement du marquis di Rudini, mieux disposé à l'égard de la France. Le comte Crispi avait cependant eu le temps d'adjoindre les deux pactes de 1887 au texte initial de l'Alliance. Le pacte italo-autrichien devint le fameux article 7 du traité de la Triplice. Les Allemands étaient plus réticents, car ils étaient contraints de déclarer la guerre à la France pour porter secours à l'Italie dans son expansion nord-africaine. Toutefois, Caprivi céda. Ce fut l'article 10 du traité. L'Allemagne était inquiète des rapprochements franco-russes, qui donnèrent plus tard corps à une alliance franco-russe.

L'Allemagne et l'Italie promettaient de maintenir le statu quo en Cyrénaïque, en Tripolitaine et en Tunisie. Cela fut entériné le à Berlin. Un article supplémentaire d'assistance économique entre les trois puissances fut ajouté, ainsi que la perspective d'y associer plus tard le Royaume-Uni. Cela allait précipiter l'Alliance franco-russe et concrétiser ce que von Caprivi redoutait : la possibilité d'une guerre sur deux fronts.

La Triple alliance fut renouvelée en 1896, sans modification. Guillaume II avait indisposé les Anglais en appuyant les Boers (envoi d'un télégramme à Paul Kruger en 1896) ravivant les craintes des Italiens, qui considéraient que le Royaume-Uni était un pays ami car concurrent de la France en Afrique. Le gouvernement Rudini exclut toute attaque contre le Royaume-Uni, malgré la catastrophe politico-stratégique d'Adoua.

Conséquences

« Que Dieu punisse les Italiens félons ! » Carte postale des Empires centraux (Allemagne, Empire ottoman et Autriche-Hongrie) après l'entrée en guerre de l'Italie dans le camp de l'Entente, 1915.

De 1890 à 1914, la Triplice tenta d'isoler diplomatiquement la France, et d'entraver son expansion coloniale (incident de Fachoda en 1898 et « coup d'Agadir » en 1911). La France s'allia donc avec la Russie (alliance franco-russe). Afin de se protéger et de s'allier en cas de conflit, la France, le Royaume-Uni et la Russie créèrent en 1907 la Triple-Entente. La tension entre les deux blocs ne cessa alors de croître, aboutissant à la Première Guerre mondiale. Dans un premier temps, l'Italie préféra rester neutre car, selon le gouvernement d'Antonio Salandra, la Triplice étant essentiellement un pacte défensif, rien n'obligeait l'Italie à participer à une guerre offensive.

Cependant, à la suite de la signature du pacte de Londres le , les Alliés parvinrent à faire quitter l'Italie de la Triplice. L'Italie adhéra au pacte le contre la promesse d'attribution de territoires dans le Trentin-Haut-Adige, sur la mer Adriatique et en Turquie. Rome déclara la guerre à l'Allemagne le suivant.

Annexes

Articles connexes

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