Margaret Atwood

Margaret Eleanor « Peggy » Atwood, née le à Ottawa (Ontario, Canada) est une romancière, poète et critique littéraire canadienne[1]. Elle est l'une des écrivaines canadiennes les plus connues, en particulier pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid's Tale), publié en français en 1987, qui est adapté au cinéma sous le même titre par Volker Schlöndorff en 1990 et en série télévisée sous le titre The Handmaid's Tale : La Servante écarlate en 2017.

Pour les articles homonymes, voir Atwood.

Biographie

Née à Ottawa, Ontario, Margaret Atwood est la fille de Carl Edmund Atwood, zoologue, et de Margaret Dorothy Killiam, nutritionniste. Par le métier de son père, Margaret Atwood passe la majeure partie de son enfance entre les forêts du Nord du Québec[2], Sault-Sainte-Marie, Ottawa et Toronto.

Elle commence à écrire à l’âge de 16 ans. En 1957, elle entreprend des études au collège Victoria à l'Université de Toronto. Elle suit notamment les cours de Jay Macpherson (en) et de Northrop Frye. Elle obtient un baccalauréat en arts en anglais (avec des mineures en philosophie et en français) en 1961[1].

Après avoir reçu la médaille E. J. Pratt pour son recueil de poème Double Persephone, elle poursuit ses études à Harvard, au Radcliffe College, dans le cadre d’une bourse Woodrow Wilson, jusqu'à l'obtention d'une maîtrise en littérature anglaise en 1962[3] avant de prolonger ses études à l'Université Harvard pendant quatre ans.

Elle enseigne tour à tour à l'Université de la Colombie-Britannique (1965), à l'Université Concordia à Montréal (1967-1968), à Université de l'Alberta (1969-1979), à l'Université York à Toronto (1971-1972) et à l'Université de New York.

En 1968, Atwood épouse Jim Polk, mais divorce quelques années plus tard, en 1973[4]. Elle se marie ensuite avec le romancier Graeme Gibson. Elle donne naissance à sa fille Eleanor Jess Atwood Gibson en 1976.

Le prix Arthur-C.-Clarke lui est décerné en 1987 pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid's Tale).

Elle remporte le Booker Prize en 2000 pour son roman Le Tueur aveugle (The Blind Assassin), qui n'est publié qu'en 2002 en France[5].

Lors de l'élection fédérale canadienne de 2008, elle accorde son appui au Bloc québécois, parti prônant la souveraineté du Québec[6].

En , une polémique éclate à Toronto : son livre La Servante écarlate est accusé par un parent d'élève d'être violent, dépravé et tout à la fois anti-chrétien et anti-islamiste[7]. L'affaire n'aura pas de suite.

En 2015, elle remet le manuscrit de son livre Scribbler Moon au projet de « bibliothèque du futur » de l'artiste écossaise Katie Paterson, qui sera ainsi publié en 2114. Elle est la première des cent auteurs à participer à ce projet[8].

En , elle publie une lettre ouverte dans le journal The Globe and Mail intitulée « Am I a bad feminist? »[9] Suis-je une mauvaise féministe ? ») où elle fait une critique du mouvement #Metoo en même temps qu'elle diagnostique le système judiciaire inefficace et dépassé. Elle met en garde les féministes d'aujourd'hui face à un possible dérapage menant à l'instauration d'une « justice populaire » qui peut se transformer en « lynchage solidifié culturellement dans lequel le type de justice accessible est jeté par la fenêtre et des pouvoirs extrajudiciaires sont mis en place et maintenus. » Elle prend position en affirmant que « ma position fondamentale est que les femmes sont des êtres humains, avec (...) des comportements saints et démoniaques (...) y compris le crime. » Suite aux critiques de la part de certains observateurs qui considèrent son écrit comme une trahison des valeurs féministes, elle persiste sur Twitter en expliquant son point de vue et en répondant aux critiques, puis en partageant deux autres textes semblables au sien dont celui d'Andrew Sullivan « It’s Time to Resist the Excesses of #Metoo » [10] Il est temps de résister aux excès de #Metoo ») où l'auteur compare leur façon d'agir aux méthodes du maccarthysme qui avait mis en place une liste anonyme d’hommes potentiellement dangereux, soupçonnés d'être des communistes, et qui ont détruit plusieurs de leurs carrières.

Une autre collaboratrice du Globe and Mail, Margaret Wente publie quelques jours plus tard une analyse du texte de Atwood et sa place dans l'histoire du féminisme[11]. Wente n'est pas surprise de sa position car « elle (Atwood) aime brasser la cage » et poursuit en citant plusieurs internautes aux réponses dures et frôlant la vulgarité. Pour Wente, Atwood est classée comme une modérée face au nouveau mouvement #metoo qui est prêt à lyncher tous ceux qui n'y se rangent pas. Pour expliquer la situation, en un mot, elle explique : « Ce qui est arrivé c'est que la Révolution est entrée dans une nouvelle phase. Après avoir vaincu les réactionnaires, les Jacobins envoient les modérés à la guillotine », puisque « la révolution ne concerne pas la justice, mais le changement. » Finalement, Wente admet être « la dernière alliée de Atwood » parce qu'elle aussi croit que la procédure régulière, aussi frustrante et imparfaite soit-elle, est meilleure que l'alternative. « Je ne pense pas que des listes publiques d'accusations anonymes contre des journalistes médiatiques [...] devraient être autorisées à détruire des carrières. » Et pour conclure : « Je suis off, mais avec ma tête bien en place. »

Œuvre

Son œuvre se compose de quatorze romans[1], de neuf recueils de nouvelles, de seize recueils de poèmes[12] et dix volumes de non-fiction. Ses thèmes de prédilection sont la fiction historique et spéculative, la science-fiction et le monde utopique ou dystopique.

Diptyque La Servante écarlate

  1. La Servante écarlate, Robert Laffont, 1987 ((en) The Handmaid's Tale, 1985)
  2. Les Testaments, Robert Laffont, 2019 ((en) The Testaments, 2019)

Trilogie Le Dernier Homme

  1. Le Dernier Homme, Robert Laffont, 2005 ((en) Oryx and Crake, 2003)
  2. Le Temps du déluge, Robert Laffont, 2012 ((en) The Year of the Flood, 2009)
  3. MaddAddam, Robert Laffont, 2014 ((en) MaddAddam, 2013)

Autres romans

Albums jeunesse

  • Tout là-haut dans l'arbre, Rue du monde, 2010 ((en) Up in the Tree, 1978)
    Adaptation par Alain Serres
  • Trois Contes très racontables, Seghers, 2019 ((en) Trio of Tolerable Tales, 2017)

Recueils de nouvelles

  • Les Danseuses et autres nouvelles, Quinze, 1986 ((en) Dancing Girls, 1977)
  • Meurtre dans la nuit, Remue-ménage, 1987 ((en) Murder in the Dark, 1983)
  • L'Œuf de Barbe-Bleue, Libre Expression, 1985 ((en) Bluebeard's Egg, 1983)
  • (en) Through the One-Way Mirror, 1986
  • Mort en lisière, Robert Laffont, 1996 ((en) Wilderness Tips, 1991)
  • La petite poule vide son cœur, Serpent à plumes, 1996 ((en) Good Bones, 1992)
    Réédité sous le titre La Troisième Main aux éditions La Pleine Lune en 2005
  • (en) Good Bones and Simple Murders, 1994
  • Le Fiasco du Labrador, Robert Laffont, 2009 ((en) The Labrador Fiasco, 1996)
  • (en) The Tent, 2006
  • (en) Moral Disorder, 2006
  • Neuf Contes, Robert Laffont, 2018 ((en) Stone Mattress: Nine Wicked Tales, 2014)

Recueils de poésie

  • (en) Double Persephone, 1961
  • Le Cercle vicieux, Prise de parole - Du Noroît, 2000 ((en) The Circle Game, 1964)
  • (en) Expeditions, 1965
  • (en) Speeches for Doctor Frankenstein, 1966
  • (en) The Animals in That Country, 1968
  • Le Journal de Susanna Moodie, Bruno Doucey, 2011 ((en) The Journals of Susanna Moodie, 1970)
  • (en) Procedures for Underground, 1970
  • Politique de pouvoir, L'Hexagone, 1995 ((en) Power Politics, 1971)
  • (en) You Are Happy, 1974
  • (en) Selected Poems, 1976
  • (en) Two-Headed Poems, 1978
  • (en) True Stories, 1981
  • (en) Love Songs of a Terminator, 1983
  • (en) Interlunar, 1984
  • Matin dans la maison incendiée, Écrits des Forges, 2004 ((en) Morning in the Burned House, 1996)
  • (en) Eating Fire: Selected Poems, 1965-1995, 1998
  • (en) The Door, 2007

Essais

  • Essai sur la littérature canadienne, Boréal, 1987 ((en) Survival: A Thematic Guide to Canadian Literature, 1972)
  • (en) Days of the Rebels 1815-1840, 1977
  • Cibles mouvantes, Boréal, 2006 ((en) Second words: Selected Critical Prose, 1982)
  • (en) Strange Things: The Malevolent North in Canadian Literature, 1995
  • (en) Negotiating with the Dead: A Writer on Writing, 2002
  • Cibles mouvantes, Boréal, 2006 ((en) Moving Targets: Writing with Intent, 1982-2004, 2004)
  • (en) Writing with Intent: Essays, Reviews, Personal Prose--1983-2005, 2005
  • Comptes et légendes : La dette et la face cachée de la richesse, Boréal, 2009 ((en) Payback: Debt and the Shadow Side of Wealth, 2008)

Portée historique

La Servante écarlate

Pour ce livre écrit entre 1985 et 1987, elle reçoit trois prix : le prix du gouverneur général dans le domaine des romans et nouvelles en langue anglaise, celui du Los Angeles Times Book Prize dans la catégorie fiction et le prix Arthur-C-Clarke. La Servante écarlate est paru en 1985 et s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires à travers le monde. Il est devenu un classique de la littérature anglophone apportant la célébrité à Margaret Atwood, il est encore récompensé aujourd'hui. Ce roman se déroule en Amérique du Nord où le pays est dominé par une théocratie, fondée sur des castes sociales dans lesquelles les femmes sont soumises aux hommes. Dans cette œuvre, Margaret Atwood remet en cause la domination masculine, plus précisément le régime patriarcal totalitaire. Elle met en avant les nombreuses épreuves traversées par les femmes, leur volonté de ne pas renoncer à lutter et leur mécontentement contre le sexisme. À travers la lecture de ce livre on constate que ce problème patriarcal déjà présent dans les années 1980 est toujours présent à l'heure actuelle. Elle publie ce livre durant la guerre froide engendrant une prise de conscience de la société et une peur du retour au conservatisme[15].

Meurtre dans la nuit

Ce recueil de poèmes écrit en 1987 est d'abord publié en anglais sous le titre de Murder In The Dark en 1983. Ce recueil est composé de 27 poèmes, divisés en 4 parties dans lesquelles sont mis en avant les thèmes variés. Il va exploiter différents genres comme l'autobiographie, la satire, le récit de voyage. Au sein de ce recueil vont apparaître des thèmes comme la marginalisation des femmes et groupes minoritaires entrainant des peurs sociales et l'apparition de mouvements. De ce fait, la cohérence du poème se fait grâce au point commun des principaux thèmes. Le titre est extrait d'un jeu pour enfant qui met en avant différents rôles notamment celui du meurtrier et celui du détective. Dans ce cadre, Margaret Atwood joue le rôle du meurtrier, de la critique et du détective. Le lecteur quant à lui tient le rôle de la victime dû au ressenti de la lecture. À travers la lecture de l'ouvrage, nous comprenons qu'il regroupe tous les thèmes importants de ses écrits et donc les causes qui lui sont chères comme le féminisme.

Distinctions

Margaret Atwood a reçu de nombreuses récompenses dans le monde[16].

Elle fait partie des favoris depuis plusieurs années pour le prix Nobel de littérature[17]. En 2017, Kazuo Ishiguro s'est excusé d'avoir obtenu le prix à sa place[18].

Prix et récompenses

Sociétés savantes

Honneurs

Doctorat honoris causa

Elle obtient une multitude de Doctorat honoris causa :

Décorations

Notes et références

  1. (fr) « Biographie », sur www.evene.fr (consulté le ).
  2. Cadre forestier qui sert de toile de fond au roman Faire surface (Surfacing), publié en 1972.
  3. (en) « Margaret Atwood | Biography, Books, & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. (en) Rebecca Mead, « Margaret Atwood, the Prophet of Dystopia », The New Yorker, (ISSN 0028-792X, lire en ligne, consulté le )
  5. « Double dames, double jeu », La croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  6. Société Radio-Canada. « Duceppe et la souveraineté à Toronto », , Toronto.
  7. Rapporté par le journal Toronto Star du .
  8. Clémence Chouvelon, « le premier manuscrit d'une bibliothèque du futur sera publié en 2114 », sur ActuaLitté.com, (consulté le ).
  9. (en) Margaret Atwood, « Am I a bad feminist? », Globe and Mail, (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Andrew Sullivan, « Andrew Sullivan: It’s Time to Resist the Excesses of #MeToo », Daily Intelligencer, (lire en ligne, consulté le ).
  11. Margaret Wente, « Margaret Atwood is a blood-drinking monster », Globe and Mail, (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Bibliographie », sur livres.fluctuat.net (consulté le ).
  13. « Margaret Atwood et Bernardine Evaristo remportent le Booker Prize, le plus prestigieux prix littéraire de langue anglaise », sur www.dhnet.be, (consulté le ).
  14. Morgane Giuliani, « "Les Testaments" : une suite captivante à "La Servante écarlate" », sur www.marieclaire.fr, (consulté le ).
  15. « Margaret Atwood : des forêts canadiennes à la renommée internationale », sur France Culture, (consulté le )
  16. (en) « Awards and Recognition », sur Margaret Atwood (consulté le ).
  17. « Nobel: Ngugi wa Thiong’o, Margaret Atwood et Haruki Murakami en tête des pronostics », Livres Hebdo, (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en-GB) « Kazuo Ishiguro Apologises To Margaret Atwood For Winning The Nobel Prize For Literature », ELLE, (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) « Margaret Atwood », sur Helmerich Award (consulté le ).
  20. (en) « Margaret Atwood », sur The Guardian (consulté le ).
  21. (de) « Nelly-Sachs-Preis », sur Ville de Dormund (consulté le ).
  22. (en) « 2013 Audie Awards Winners », sur Locus magazine (consulté le ).
  23. (en) « Margaret Atwood awarded 2016 PEN Pinter Prize », sur English PEN (consulté le ).
  24. franceinfo, « L'écrivaine canadienne Margaret Atwood reçoit le prix Franz Kafka 2017 », sur francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
  25. (en) « Library Associates Literary Award », sur Université de Saint-Louis (consulté le ).
  26. « Margaret Atwood, une citoyenne exemplaire », ActuaLitté, (lire en ligne, consulté le ).
  27. (en) « Past Award Winners », sur Société royale du Canada (consulté le ).
  28. (en) « Margaret Atwood », sur Société royale du Canada (consulté le ).
  29. (en) « Margaret Atwood », sur Académie américaine des arts et des sciences (consulté le ).
  30. (en) « Margaret Atwood », sur Royal Society of Literature (consulté le ).
  31. (en) « Margaret Atwood », sur Canada Walk of Fame (consulté le ).
  32. (en) « Honorary Degrees », sur Université Queen's (consulté le ).
  33. (en) « Honorary degree citation - Margaret Atwood », sur Université Concordia (consulté le ).
  34. (en) « Honorary Degrees », sur Smith College (consulté le ).
  35. (en) « MARGARET ATWOOD », sur Université de Toronto (consulté le ).
  36. (en) « Honorary Degrees 1980 - 1989 », sur Université de Waterloo (consulté le ).
  37. (en) « Honorary Degrees », sur Université Harvard (consulté le ).
  38. « Les docteurs Honoris Causa de la Sorbonne Nouvelle », sur Université Sorbonne-Nouvelle (consulté le ).
  39. (en) « Margaret Atwood to be honoured by NUI Galway », sur Irish Times (consulté le ).
  40. (en) « Royal Military College of Canada Honorary Degree Recipients », sur Collège militaire royal du Canada (consulté le ).
  41. (en) « Honorary graduates », sur Université d'Édimbourg (consulté le ).
  42. (en) « Margaret Atwood, C.C., LL.D. », sur Gouverneur général du Canada (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la poésie
  • Portail du Canada
  • Portail de la littérature
  • Portail de la science-fiction
  • Portail de la littérature francophone
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.