Magasins réunis

Les Magasins réunis est une ancienne chaîne française de grands magasins développée à partir de Nancy et qui s'implanta principalement dans le Grand Est de la France.

Magasins réunis

Les Magasins réunis sur une carte postale ancienne, sur la gauche, en face de L'Est républicain.

Création 1883
Dates clés 1913 : création des Magasins modernes (Mag Mod)

1950 : création de Parunis (magasins populaires)
1980 : affiliation au Printemps
1983 : disparition de l'enseigne Magasins réunis au profit du Printemps (Nancy)

Disparition 1983
Fondateurs Antoine Corbin
Personnages clés Eugène Corbin
Forme juridique Société par actions simplifiée
Siège social Nancy
 France
Activité Commerce
Produits Mode homme, femme, et enfant, lingerie, accessoires et produits de luxe, articles pour la maison, produits de beauté, alimentation.
Filiales Magasins réunis,
Magasins modernes,
Parunis
Chiffre d'affaires
CA total groupe 1982 : 2 milliards FF (affiliés exclus)

Avec plus de 12 000 m2, le magasin de Nancy fut le plus grand magasin de province jusqu'en 1965, lorsque furent créées les Nouvelles Galeries à Lille.

Histoire

Antoine Corbin (cimetière de Préville).

La création des Magasins réunis est liée à une famille : celle d'Antoine Corbin, né à Nancy en 1835, camelot sur les marchés de la ville. Il ouvre un premier magasin en 1867 sous la porte Saint-Nicolas, ce sera le Bazard Saint-Nicolas.

En 1883, il achète des bâtiments à l'angle de l'actuelle avenue Foch et de la rue Mazagran, face à la gare de Nancy. Son idée est visionnaire, le nouveau quartier se développe très vite et les immeubles attenants sont rapidement rachetés. En 1890 apparaît le nom de Magasins réunis, nom repris d'un grand magasin fondé à Paris en 1866 (sur l'actuelle place de la République)[1], et, en 1894, une marquise relie en façade les différents immeubles achetés.

Antoine meurt en 1901, mais la prospérité sera prolongée par son fils cadet, Eugène Corbin, qui poursuit les agrandissements.

En 1906 est progressivement reconstruit l'ensemble des immeubles avec lanternes d'angles par Lucien Weissenburger dans un style parisianiste, mais Eugène Corbin, amateur d'art et mécène du récent mouvement Art nouveau de l'École de Nancy prend le soin de faire édifier de vastes entrées en style Art nouveau et l'ensemble de la décoration intérieure est réalisée par les artistes de cette école : bronzes de Jules Cayette, vitraux de Jacques Grüber

Le département le plus abouti en termes de décor est la bijouterie des Réunis[2] : cariatides de Victor Prouvé, plafond de Louis Majorelle, vitraux de Jacques Grüber, mosaïques, etc., le tout d'un luxe très abouti.

En 1912, les Magasins réunis proposent 70 départements de vente sur une surface de 4 000 m2 mais également un salon de thé, une salle de spectacle et une galerie d'art, et un espace de vente est spécialement consacré aux œuvres des ateliers Louis Majorelle, ou encore de la cristallerie Daum

Des succursales régionales ouvrent à Toul et Pont-à-Mousson.

En 1913, sous la présidence d'Eugène Corbin, les Magasins réunis, les groupes Paris France et Nouvelles Galeries s'associent, pour la construction à Strasbourg, place Kléber, d'un grand magasin à l'enseigne : Magasins modernes (en 1950 il sera rebaptisé Mag Mod et deviendra finalement Galeries Lafayette en 2010).

L'incendie de 1916 à Nancy

Le grand magasin de Nancy brûle accidentellement le (sans doute un court-circuit électrique). Composé d'éléments architecturaux divers plus ou moins réunis par une importante architecture métallique (dû à des extensions et un rachat progressifs d'immeubles voisins les uns des autres), le magasin brûle entièrement en une nuit. Ce que le feu n'a pas détruit, l'eau achève de le faire. Les dégâts sont considérables. Seul « avantage » : il subsistait dans l'ilot urbain (entouré des avenues ou rues Foch, Mazagran, Poirel et Morey), avant l'incendie, encore un immeuble privé que les Corbin n'arrivaient pas à racheter. Il fut réduit en cendre en même temps que le magasin. Un « argument » qui permit sa vente aux Corbin ensuite, et la disparition de cette ultime dent creuse dans l'emprise géographique nancéienne des Réunis.

Pour parer au plus pressé après l'incendie, Corbin loue pour créer de nouveaux espaces de ventes temporaires des immeubles rue Saint-Jean, et va même jusqu'à transformer tout l'immeuble d'habitation familiale, place Thiers, en succursale.

Depuis les années 1990, une théorie fleurit dans plusieurs ouvrages, articles et blogs : les Réunis de Nancy auraient été détruits à la suite de l'explosion d'une bombe incendiaire. En réalité, cette thèse est sans fondements, même si des immeubles voisins, comme celui de L'Est républicain, ont bien été victimes des bombardements allemands en 1916. Rien dans le rapport de police de l'époque, ou même dans la brochure historique publiée par les Magasins réunis eux-mêmes en 1967[3] n'évoque de près ou de loin la piste incendiaire. Seul le terme d'« incendie accidentel » est employé.

La reconstruction des Réunis de Nancy

La reconstruction du magasin a lieu en 1925, dans un vaste vaisseau de style Art déco qu'il est toujours possible de contempler. L'instabilité du sous-sol aboutit à l'effondrement d'une importante partie du magasin en béton armé peu avant sa seconde inauguration prévue en .

Le magasin ouvre finalement ses portes en 1928 dans le style Art déco de Pierre Le Bourgeois.

Les Magasins réunis de Nancy deviennent le plus grand magasin de province : sur 12 135 m2, les 70 espaces de vente sont bien plus vastes, mais l'ensemble est également agrémenté d'un restaurant, d'un salon de coiffure, d'une agence de voyages, d'une garderie et le dernier étage est entièrement consacré à la galerie d'art.

L'empire des Réunis s'étend avant de disparaitre

Eugène Corbin voit grand et s'implante à Paris en rachetant l'enseigne Économie ménagère qui deviendra les Magasins réunis - Étoile.

Il s'implante à l'emplacement du premier centre commercial de Paris : les Magasins réunis - République et rachète également le Grand bazar de la rue de Rennes à Montparnasse.

En 1955, le groupe Magasins réunis s'associe avec le groupe Paris France pour créer des magasins Parunis à Paris, mais également au Havre et à Lens.

Après les crises de 1970 et l'avènement de la grande distribution, l'essor des grands magasins s'essouffle et les Magasins réunis s'affilient au Printemps en 1980.

En 1983 le nom Magasins réunis disparaît et le magasin de Nancy devient Printemps / Fnac, tandis que les autres Magasins réunis de France sont soit revendus soit transformés en Fnac (comme Troyes par exemple).

Les différentes implantations des Magasins réunis

Le grand magasin de Nancy hébergeait la société mère et la centrale d'achat, fondée en 1910, était située 60, rue de Turenne à Paris.

L'enseigne comptait des succursales en Lorraine :

De grands magasins à Paris :

D'autres grands magasins en province :

En 1954, à Cherbourg, Ratti fait place aux Magasins réunis.

De nombreux magasins étaient également affiliés en France métropolitaine et jusqu'en Guadeloupe pour un total de 40 magasins.

Une affiliation possédait un magasin à Bâle (Suisse). Les Magasins réunis étaient également cofondateurs des magasins Parunis et présidaient le groupe Magasin moderne.

Notes et références

  1. « Magasins Réunis de la Place du Château d'Eau », affiche de Jules Chéret (1866), sur Gallica.
  2. Étienne Martin, Bijoux Art nouveau : Nancy, 1890-1920, Strasbourg, Éditions du Quotidien, , 175 p. (ISBN 978-2-37164-053-5). Un chapitre est consacré à la bijouterie des Magasins réunis, p. 34-41.
  3. 1867-1967, Cent ans d'histoire d'une grande famille : Les Magasins réunis, Nancy, Lorraine Efficience, , 98 p. : la date de fondation de 1867 est flatteuse mais n'est guère juste car elle évoque la création du petit bazar familial sous la porte Saint-Nicolas à Nancy, et non celle des Magasins réunis proprement dits.

Bibliographie

  • Catherine Coley, « Les Magasins réunis : une réalisation architecturale exemplaire avant la première guerre », Le Pays lorrain, vol. 81, no 2, , p. 83–95 (lire en ligne).

Articles connexes

> Art nouveau à Nancy

Liens externes

  • Céline Lutz, « Le Printemps revient ! », La Semaine, (lire en ligne).


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