Madame de La Fayette

Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette (ou Lafayette), née le à Paris et morte le dans la même ville, est une femme de lettres française.

Ne pas confondre avec l’épouse du marquis de La Fayette, Adrienne de La Fayette

Pour les articles homonymes, voir Lafayette et La Vergne.

Biographie

Marie-Madeleine Pioche de La Vergne est née dans une famille aisée de petite noblesse, qui gravite dans l’entourage du cardinal de Richelieu. Sa mère, fille d’un médecin du roi, est au service de la duchesse Rose-Madeleine d'Aiguillon. Son père, Marc Pioche, qui espère faire oublier ses origines bourgeoises en se faisant appeler « de La Vergne »[1], écuyer du roi, meurt alors qu’elle n’a que quinze ans. C'est en 1650, à l'âge de 16 ans, qu'elle devient demoiselle d'honneur de la reine Anne d'Autriche et commence à acquérir une éducation littéraire auprès du grammairien Ménage qui lui enseigne l’italien et le latin. Ce dernier l’introduit alors dans les salons littéraires en vogue de Catherine de Rambouillet, de la Marquise du Plessis-Bellière et de Madeleine de Scudéry (où elle est présentée sous le pseudonyme de Féliciane dans Le grand Dictionnaire des Précieuses)[2].

En 1650, sa mère se remarie avec Renaud de Sévigné, un oncle du mari de la marquise de Sévigné ; les deux femmes, qui ont huit ans de différence, deviendront pour toujours « les plus chères amies du monde ».

En 1655, Marie-Madeleine épouse, à l’âge de 21 ans, un Auvergnat de trente-huit ans, François Motier, comte de La Fayette, dont elle aura deux fils. Ce veuf désargenté, frère de la célèbre Louise de La Fayette, qui mène une existence retirée dans son château, lui apporte un nom. Elle l’accompagne dans ses domaines familiaux en Auvergne et dans le Bourbonnais. Elle retourne fréquemment à Paris où elle commence à s’introduire dans la haute société de la Cour. Elle ouvre avec succès son propre salon littéraire dans son somptueux hôtel particulier rue de Vaugirard. Leur bonheur conjugal semble avoir sombré après quelques années de mariage, après la naissance de leurs fils, date à partir de laquelle François de La Fayette se fait tellement discret qu'il semble avoir littéralement disparu (ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle qu'un document trouvé dans les archives de la Trémoille indique que ce mari silencieux avait vécu jusqu'au ). La Bruyère résume ainsi cette étrange situation : « Nous trouvons à présent une femme qui a tellement éclipsé son mari, que nous ne savons pas s’il est mort ou en vie… ».

On compte, parmi les connaissances de Marie-Madeleine de La Fayette, Henriette d'Angleterre, future duchesse d’Orléans, qui lui a demandé d’être sa biographe[3] et dont elle devient une intime ; le Grand Arnauld et Huet dont le Traité de l'origine des romans sera publié en préface de son Zaïde. Au tout début de la Fronde, elle est également proche du cardinal de Retz. Il y a également Jean Regnault de Segrais qui est un poète et auteur d'un roman, mais aussi de Gilles Ménage, un auteur mondain, ces deux personnes côtoient régulièrement le salon de Mme de La Fayette, ils deviennent alors de très bons conseillers littéraires.

Sur les encouragement de Segrais et de Ménage, qui lui tiennent lieu de véritables conseillers littéraires, Mme de la Fayette décide de prendre la plume. Établie de façon définitive à Paris en 1659, la seule œuvre dont elle signera de son nom : un court portrait de Mme de Sévigné figurant dans un ouvrage collectif intitulé Divers portraits.

Elle fait paraître anonymement La Princesse de Montpensier en 1662. La nouvelle historique paraît sous le nom de Segrais. De 1655 à 1680, elle est étroitement liée avec La Rochefoucauld (l’auteur des Réflexions ou sentences et maximes morales), dont elle dit : « M. de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. » Leur fidèle et constante amitié fait écrire à Madame de Sévigné, leur amie à tous deux, au moment de la mort du duc de La Rochefoucauld : « ... rien ne pouvait être comparé à la confiance et aux charmes de leur amitié. » La Rochefoucauld présente Marie-Madeleine de La Fayette à beaucoup de grands esprits littéraires du temps, y compris Racine et Boileau. En 1669 apparaît le premier tome de Zaïde, un roman hispano-mauresque édité sous la signature de Segrais mais presque certainement dû à Madame de La Fayette. Le deuxième volume paraît en 1671. Zaïde est l’objet de rééditions et de traductions, notamment grâce à la préface de Huet.

L'œuvre la plus célèbre de Marie-Madeleine de La Fayette est La Princesse de Clèves, d’abord éditée par un de ses amis en . Cette œuvre, dont le succès est immense, passe souvent pour être un prototype du roman d'analyse psychologique, et c'est dans une lettre adressée à Ménage en 1691 que l'on apprend l'identité de l'écrivaine. Cependant, Mme de La Fayette n'a jamais avoué publiquement qu'elle en est l'autrice.

La mort de La Rochefoucauld en 1680 puis du comte de La Fayette en 1683 la conduit à mener une vie sociale moins active dans ses dernières années. Elle se retire de la vie mondaine, et se prépare à la mort.

Trois de ses ouvrages sont édités à titre posthume : La Comtesse de Tende (1724) sans signature, Histoire d’Henriette d’Angleterre (1720) et Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689 (1731) parut en 1689.

Famille

Marie-Madeleine Pioche de La Vergne est la fille aînée de Marc Pioche (-1649), écuyer, seigneur de La Vergne et gouverneur du neveu de Richelieu, Jean-Armand de Maillé-Brézé, et d’Isabelle Pena (-1656), fille de François Pena, médecin ordinaire du Roi, et de son épouse, Michelle Coupe.

Son baptême eut lieu le en l’église Saint-Sulpice. Furent désignés pour parrain Urbain de Maillé-Brézé, maréchal de France, et pour marraine Marie-Madeleine de Vignerot, dame de Combalet, plus tard duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu.

Marie-Madeleine eut deux sœurs cadettes :

  • Éléonore-Armande, baptisée le  ;
  • Isabelle-Louise, née en 1636

Sa mère, Isabelle Pena, se remaria le avec Renaud-René de Sévigné (-1656), oncle du mari de la marquise de Sévigné.

Mlle de La Vergne épousa le François Motier, comte de La Fayette (frère de Louise de La Fayette) (1616-1683). Celui-ci détenait plusieurs terres en Auvergne dont les terres de La Fayette, de Goutenoutouse, de Médat et de Forest[4].

Elle eut de lui deux fils :

  • Louis de La Fayette (1658-1729), baptisé le , abbé ;
  • Armand-Renaud de La Fayette (-1694), militaire.

Portrait

Madame de La Fayette, d'après le portrait réalisé par Louis Ferdinand Elle l'Aîné.

Louis Ferdinand Elle l'Aîné, peintre du roi, réalise un portrait de Madame de Lafayette. Ce portrait perdu est toutefois connu par une gravure conservée au château de Versailles. Madame de Lafayette est présentée sans bijou, assise sur une chaise. Elle adopte une pose mélancolique, appuyée sur son coude et pensive[5].

Œuvres

Page de titre de l’édition de 1678 de La Princesse de Clèves.
Page de titre de l’édition de 1670 de Zaïde, histoire espagnole.

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  • « Mme de La Fayette est la femme qui écrit le mieux et qui a le plus d'esprit. Elle se démarque brillamment par son caractère courtois ainsi que sa vigilance. » Boileau
  • « Sa Princesse de Clèves et sa Zaïde furent les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables. » Voltaire, Le Siècle de Louis XIV (1751)[6].
  • « Sa simplicité réelle est dans sa conception de l’amour ; pour Mme de La Fayette, l’amour est un péril. C’est son postulat. Et ce qu’on sent dans tout son livre (la Princesse de Clèves) comme d’ailleurs dans la Princesse de Montpensier, ou La comtesse de Tende, a une constante méfiance envers l’amour (ce qui est le contraire de l’indifférence). » Albert Camus, Carnets (1964).
  • « Tout en elle nous attire, la rare distinction de son esprit, la ferme droiture de ses sentiments, et surtout, peut-être, ce que nous devinons au plus profond de son cœur : une souffrance cachée qui a été la source de son génie. » Morillot, Le Roman du XVIIe siècle.

Hommages

Notes et références

  1. Nathalie Grande, Le Roman au XVIIe siècle : l’exploration du genre, Rosny, Bréal, 2002, 206 p., (ISBN 978-2-74950-022-5), p. 99.
  2. https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2012-2-page-335.htm
  3. Histoire d'Henriette d'Angleterre, Madame de La Fayette
  4. La Princesse de Montpensier, présenté et établie par Daniel Aris, Éditions de La Table Ronde, Paris, 1993
  5. « La comtesse de La Fayette », sur www.histoire-image.org, (consulté le )
  6. « p. 127-128 de l'édition de Firmin Didot en 1830 », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  7. « Planetary Names: Crater, craters: La Fayette on Venus », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Mercédès Boixareu, Du « Savoir d'amour » au « dire d'amour » : fonction de la narration et du dialogue dans « « La Princesse de Clèves » » de Madame de Lafayette, Paris, Lettres modernes, 1989.
  • Jean-Antoine de Charnes, Conversations sur la critique de « La Princesse de Clèves », Tours, Université de Tours, 1973.
  • Jean-Michel Delacomptée, Passions, La Princesse de Clèves, Paris, Arléa, 2012.
  • Roger Duchêne, Pierre Ronzeaud, Madame de La Fayette, la Princesse de Montpellier, « La Princesse de Clèves » : journée d'étude organisée par le Centre Méridional de Rencontres sur le 17e siècle (C.M.R. 17) à Marseille, , Paris, Aux amateurs de livres, 1990.
  • Myriam Dufour-Maître, Jacqueline Milhit, « La Princesse de Clèves » (1678), Marie-Madeleine de La Fayette, Paris, Hatier, 2004.
  • Jean Fabre, L'Art de l'analyse dans « La Princesse de Clèves », Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1989.
  • Roger Gaillard, Approche de « La Princesse de Clèves », Dijon, Éditions de l'Aleï, 1983.
  • François Gébelin, Observations critiques sur le texte de « La Princesse de Clèves »., Paris, Les Bibliophiles du Palais, 1930.
  • Sung Kim, Les récits dans « La Princesse de Clèves » : tentative d'analyse structurale, Saint-Genouph, Nizet, 1997.
  • Ludovic Lalanne, Brantôme et « La Princesse de Clèves » de Mme. de La Fayette, Paris, [S.n.], 1891.
  • Gérard Letexier, Madame de Villedieu (1640-1683) : une chroniqueuse aux origines de « La Princesse de Clèves », Paris, Lettres modernes Minard, 2002.
  • Pierre Malandain, Madame de Lafayette, « La Princesse de Clèves », Paris, Presses universitaires de France, 1985 ; 1989.
  • Alain Niderst, « La Princesse de Clèves » de Madame de Lafayette, Paris, Nizet, 1977.
  • Alain Niderst, « La Princesse de Clèves » : le roman paradoxal, Paris, Larousse, 1973.
  • Valentine Poizat, La Véritable Princesse de Clèves, Paris, Renaissance du livre, 1920.
  • René Pommier, Études sur « La Princesse de Clèves », Saint-Pierre-du-Mont, Eurédit, 2000.
  • Isabelle Rambaud, La Princesse de Clèves et son château, Étrépilly, Presses du Village, 2006.
  • Jean Rohou et Gilles Siouffi, Lectures de Madame de Lafayette, Presses Universitaires de Rennes, collection "DIDACT Français", 2015.
  • Jean Baptiste Henri du Trousset de Valincour, Lettres à Madame la Marquise sur le sujet de la « Princesse de Clèves », Paris, Flammarion, 2001.
  • Jean-Baptiste-Henri du Trousset de Valincour, Valincour : Lettres à Madame la marquise sur le sujet de la « Princesse de Clèves », Éd. Jacques Chupeau, Tours, Université de Tours, 1972.
  • Denise Werlen, Madame de La Fayette, « La Princesse de Clèves », Rosny, Bréal, 1998.
  • Maurice Favergeat, La Princesse de Clèves, extraits et notices, col. Classique Larousse, Paris, 1934 et suiv.
  • Centre d'étude du vocabulaire français, Index des mots : « La Princesse de Clèves », Besançon, Université de Besançon, 1966.
  • Jean Garapon, « La Princesse de Clèves », Madame de la Fayette : analyse critique, Paris, Hatier, 1988.
  • Jean Garapon, « La Princesse de Clèves », Madame de la Fayette : résumé, personnages, thèmes, Paris, Hatier, 1994.
  • Madame de La Fayette : La Princesse de Montpensier, 1662, « La Princesse de Clèves », 1678, Paris, Magnard, 1989.
  • Henry Pierre Blottier, Catherine Vandel-Isaakidis, « La Princesse de Clèves », Paris, Bordas, 1991.
  • Madame de La Fayette, La Princesse de Montpellier, présentée et établie par Daniel Aris, Éditions de La Table Ronde, Paris, 1993.
  • Madame de La Fayette, Œuvres complètes, édition établie par Camille Esmein-Sarrazin, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2014, 1664 pages.
  • Alain Cantillon, « La Princesse de Clèves », Madame de Lafayette : résumé analytique, commentaire critique, documents complémentaires, Paris, Nathan, 1989.
  • René Pommier, Explications littéraires : Mme de La Fayette, Chateaubriand, Mallarmé, Giraudoux, Paris, SEDES, 1990
  • David Bensoussan, Madame de Lafayette, « La Princesse de Clèves » : 40 questions, 40 réponses, 4 études, Paris, Ellipses, 2000.
  • Jacqueline Cancouët-Lenanton, Poétique de l'érotisme dans « La Princesse de Clèves », Thèse de doctorat, University of California, Irvine, 1980
  • Anne Houdent-Gantchikoff, Étude du vocabulaire de la douleur, la tristesse, etc. dans le roman de Madame de Lafayette, « La Princesse de Clèves », Thèse de doctorat, 1960
  • Lucien Gerber, Trois siècles de « Princesse de Clèves », Thèse de doctorat, Albany, State University of New York, 1987
  • Odile Hullot-Kentor, Autonomie et destin « La Princesse de Clèves », Thèse de doctorat, Amherst, University of Massachusetts 1988
  • Jody Beth, Violeta Richards, « La Princesse de Clèves » : visions de femme, Thèse de doctorat, Miami University, 1993.
  • Sœur Marie-Antoinette-de-Brescia, Parallèle entre « La Princesse de Clèves », de madame de La Fayette et le théâtre de Corneille et de Racine., Mémoire de maîtrise, Montréal, Université de Montréal, 1962
  • Diana (Robin) Capaldi, Épicurienne par degrés : le raisonnement dérobé dans « La Princesse de Clèves », Mémoire de maîtrise, University of Virginia, 1990
  • Françoise Carignan Mignault, Le Temps dans « La Princesse de Clèves », Mémoire de maîtrise, University of Colorado, 1970
  • Bernadette J. Njeuma, Les Obstacles à l’amour dans « La Princesse de Clèves » de Mme de Lafayette et des pièces choisies de Pierre Corneille, Mémoire de maîtrise, University of South Carolina, 1987
  • Patrick Palmer, Les Digressions et le triangle d'amour dans « La Princesse de Clèves », Mémoire de maîtrise, San Jose State University, 1983
  • Sandra Rodino, « La Princesse de Clèves », roman historique, Mémoire de maîtrise, City College of New York, 1969
  • Guilda Kattan, « La Princesse de Clèves » : éléments d'une sémiotique sociale., Mémoire de maîtrise, 1972.

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