Lotfi Bel Hadj

Lotfi Bel Hadj, né le à Saint-Denis, est un essayiste, économiste de formation et homme d'affaires franco-tunisien, neveu de l'ancien président Moncef Marzouki.

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Biographie

Ancien auditeur de l'Institut des hautes études pour la science et la technologie, Lotfi Bel Hadj est diplômé de l'Institut d'études islamiques de Paris et a présidé l'Observatoire économique des banlieues[1].

En 2005, il essaye de travailler en Tunisie, mais des proches du président Zine el-Abidine Ben Ali s'y opposent. Ses sociétés sont confisquées et il est interdit d'entrée sur le territoire tunisien[2]. Après le départ de Ben Ali, il se rapproche du parti islamiste Ennahdha[3]. Pour Lotfi Bel Hadj : « Le développement économique de la Tunisie ne se fera que sur de nouvelles bases : pas sur des principes FMistes, pseudo-démocratiques et ultralibéraux »[2]. Le journaliste Nicolas Beau note que Lotfi Bel Hadj a été capable de travailler avec les deux fils d'une sœur de Ben Ali puis, après le départ de celui-ci, d'assurer la communication de Rached Ghannouchi, leader d'Ennahdha[4].

Dans le cadre de l'affaire Tariq Ramadan, il soutient activement l'islamologue : « Tariq Ramadan est l'exemple type de quelqu'un qui a redonné de l'honneur aux musulmans, que cela plaise ou non ». Selon le journaliste du quotidien suisse Le Temps, avec Le Muslim Post, dont le rédacteur en chef est Yunes Bel Hadj, le fils de Lotfi Bel Hadj, ce dernier « dispose d'un précieux canal d'influence »[3]. Dans le cadre de cette affaire, Lotfi Bel Hadj a recommandé le remplacement de Me Yassine Bouzrou par Me Emmanuel Marsigny pour assurer la défense de Tariq Ramadan[3],[5]. En mai 2020, Emmanuel Marsigny est évincé de la défense de Tariq Ramadan. En effet, les échecs successifs des demandes de mise en liberté formées par l'avocat ont révélé les faiblesses de la stratégie proposée par Lotfi Bel Hadj et ont prolongé la détention de l'islamologue[6]. Par ailleurs, la multiplication des mises en examen de Tariq Ramadan peut expliquer ce choix : en effet, lorsqu'il était défendu par Me Yassine Bouzrou, Tariq Ramadan était mis en examen dans le cadre de deux procédures. Depuis son changement d'avocat, il est confronté à plusieurs autres accusations de diverses plaignantes et mis en examen dans cinq affaires. Deux avocats sont donc désormais chargés du dossier : il s'agit de Nabila Asmane et Ouadie Elhamamouchi. Conformément au souhait de Ramadan, ils adoptent une stratégie radicalement opposée à celle préconisée par Bel Hadj[7].

Dans une interview accordée à la Tribune de Genève le , Lotfi Bel Hadj déclare : « Ce n'est pas Tariq Ramadan que je défends. C'est la présomption d'innocence et les musulmans »[8].

Le , Tariq Ramadan prend officiellement la décision de retirer de sa défense l'ancien bâtonnier, Marc Bonnant. Ce dernier soupçonne plutôt Lotfi Bel Hadj d'être à la manœuvre et de « représenter d'autres intérêts » : « Depuis quelque temps, un Franco-Tunisien appelle des journalistes pour leur dire qu'il faut changer les équipes qui défendent Tariq Ramadan. Je ne connais pas ce monsieur. Je ne sais pas ce qu'il représente »[9].

Le , sa fondation organise à Tunis un colloque sur la communication politique avec la participation d'experts comme Thierry Saussez (ancien conseiller de Jacques Chirac, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy), Emmanuel Dupuy (président de l'Institut prospective et sécurité en Europe), Jean-Christophe Gallien (professeur à l'université Paris-Sorbonne) et Marc Bousquet (spécialiste en communication institutionnelle et en politique auprès de dirigeants africains et français)[10].

Les et , la Fondation LBH met en place l'initiative Tunis Process en partenariat avec l'Institut de recherche Dialogue des civilisations (DOC) et l'Al Jazeera Center for Studies (AJCS). Tenue sous le haut patronage de la présidence de la République tunisienne, cette initiative vise à explorer le thème « Islam et Europe : surmonter les différences, partager les chemins », à travers une série de débats réunissant des experts internationaux dont Jean-Christophe Bas, le PDG de DOC[11].

D'après Jeune Afrique, Lotfi Bel Hadj est en pourparlers avec Tahya Tounes, le nouveau parti politique du chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed, pour une collaboration éventuelle en vue des échéances électorales à venir[12].

Essayiste

En 2011, Bel Hadj publie un ouvrage sous le titre L'Afrique et son capital carbone, portant sur les crédits forestiers d'émission de carbone[13].

En 2015, il publie La Bible du Halal, aux éditions du Moment, dans lequel il présente une enquête détaillée sur l'économie halal[14],[15].

Il est l'auteur de plusieurs tribunes parues dans Libération, L'Obs et le Huffington Post.

Entrepreneur

En 2010, il s'associe avec Emmanuel Drujon pour fonder Greenrock Funds, un fonds d'investissement basé à Luxembourg et destiné aux énergies renouvelables, aux matières premières et aux métaux[2],[16].

Il est également le fondateur du groupe Alternative Carbon, un groupe spécialisé dans la compensation carbone en Afrique[17] et le président du fonds Digital Big Brother[18].

Le , Facebook ferme 446 pages et 96 groupes administrés sur le réseau social par Ureputation, sa société de marketing numérique, arguant du fait qu'ils visaient à peser, au prix d'infox, sur des élections en Afrique francophone[19].

Vie privée

Lotfi Bel Hadj, neveu de l'ancien président de la République tunisienne Moncef Marzouki[20], est né dans une famille de onze enfants. Il est père lui-même de quatre enfants[21].

Ouvrages

  • L'Économie nomade, Boulogne-Billancourt, Talleyrand.
  • Trop Français ou Français de trop ?, Paris, Pharos/Jacques-Marie Laffont, , 303 p. (ISBN 978-2-7569-0086-5).
  • L'Afrique et son capital carbone : la forêt au secours de la planète, Paris, Res publica, , 152 p. (ISBN 978-2-35810-091-5).
  • La Bible du halal, Paris, Éditions du Moment, , 207 p. (ISBN 978-2-35417-333-3).

Références

  1. « Lotfi Bel », sur huffingtonpost.fr (consulté le ).
  2. Hélène Sallon, « Les investisseurs reprennent position dans la nouvelle Tunisie », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  3. Antoine Menusier, « Lotfi Bel Hadj, au cœur du dispositif de soutien à Tariq Ramadan », sur letemps.ch, (consulté le ).
  4. Nicolas Beau, Les Beurgeois de la République, Paris, Éditions du Seuil, , 272 p. (ISBN 978-2-02-123830-3, lire en ligne).
  5. Marie Zafimehy, « Face aux accusations de viols, qui sont les soutiens de Tariq Ramadan ? », sur rtl.fr, (consulté le ).
  6. « Deux avocats spécialisés défendent désormais Tariq Ramadan », sur bladi.net, (consulté le ).
  7. Matthieu Aron, « Tariq Ramadan change d'avocat et politise sa défense », sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  8. Alain Jourdan, « Je défends la présomption d'innocence, pas Ramadan », Tribune de Genève, (ISSN 1010-2248, lire en ligne, consulté le ).
  9. Ian Hamel, « Marc Bonnant, ténor du barreau genevois, ne défend plus Tariq Ramadan », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  10. « Thierry Saussez : "La communication politique est devenue un outil de la transparence" », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  11. « Lancement de Tunis Process et des débats autour des relations Islam-Europe », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  12. « Tunisie : le lobbyiste Lotfi Bel Hadj en pourparlers avec Tahya Tounes », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  13. « L'Afrique et son or vert », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  14. Benoît Delmas, « Consommation - Lotfi Bel Hadj : 50 nuances de halal », sur afrique.lepoint.fr, (consulté le ).
  15. Anaïs Korkut, « La Bible du Halal : le livre qui veut mettre fin aux clichés », sur planet.fr, (consulté le ).
  16. « Le halal, la république et la laïcité font-ils bon ménage ? », sur lpld.fr (consulté le ).
  17. Anne-Cécile Bras, « Le regard sur l'actualité environnementale de Lotfi Bel Adj », sur rfi.fr, (consulté le ).
  18. « Lotfi Bel Hadj : « L'avenir de l'Afrique passera aussi par les cryptomonnaies » », La Revue de l'Afrique, .
  19. « « Fake news » : Facebook ferme des centaines de pages visant à peser sur des élections en Afrique », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  20. « François Hollande indésirable à Tunis ? », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  21. Imed Bahri, « Tunisie-Économie : que cherche Lotfi Bel Hadj à s'acoquiner avec Ennahdha », sur kapitalis.com, (consulté le ).

Liens externes

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