Lipizzan

Le lipizzan est une race de chevaux originaire de Slovénie, culturellement liée à l'École espagnole de Vienne en Autriche. Cette célèbre école, qui tire par ailleurs son nom des chevaux espagnols qui furent à l'origine de la race lipizzane, n'utilise en effet que des lipizzans. L'élevage du lipizzan remonte au XVIe siècle, lorsque la famille impériale des Habsbourg décide de fonder un nouveau haras dans la localité slovène de Lipica dans la région vallonnée du Kras qui appartenait à l'époque à l'Empire autrichien. La race des lipizzans est menacée de disparition lors de la Seconde Guerre mondiale, mais l'intervention du général américain George S. Patton permet de sauver 250 chevaux, assurant la préservation de cette race à la longue histoire.

Pour un article plus général, voir Cheval.

Lipizzan

Lipizzan de type moderne, au modèle.
Région d’origine
Région Empire Autrichien
( Autriche, Slovénie)
Caractéristiques
Morphologie Cheval de selle médioligne
Taille 1,55 à 1,65 m
Poids 450 à 550 kg en moyenne
Robe Presque toujours foncée à la naissance, devient grise puis presque blanche à partir de 6 ans. L'École espagnole veille à garder un étalon bai.
Tête Profil rectiligne ou légèrement convexe.
Pieds Petits sabots ronds.
Caractère De caractère facile, le lipizzan a un tempérament équilibré et une grande capacité de concentration[1]
Autre
Utilisation Dressage et Haute École, attelage[2]

Les lipizzans se signalent par leur robe qui, de baie ou noire à la naissance, s'éclaircit progressivement pour devenir d'un gris très clair souvent perçu à tort comme blanc, entre 6 et 10 ans. Ils font preuve de nombreuses qualités en dressage.

Étymologie

Haras de Lipica en Slovénie.

Les lipizzans tirent leur nom de celui de la localité slovène de Lipica, proche de la frontière italienne. Lors de la création du haras en 1580, la localité s'appelle Lipizza, et on ne parle pas de chevaux lipizzans mais de « Pferde der Karster Rasse Lippizaner Zucht » ce qui peut se traduire par : « Chevaux de la souche lipizzane de la race du Kras ». Le terme « lipizzan » n’apparaît que lorsque les chevaux lourds élevés dans le haras sont transférés vers celui de Kladrub en Bohême pour ne garder que les chevaux légers à Lipizza. En slovène, le mot lipa signifie « tilleul » et lipica signifie « petit tilleul ». En italien, la localité porte toujours le nom de Lipizza[3],[4].

Histoire

L'histoire des origines du lipizzan amène à évoquer d'autres races équines célèbres en Europe, en étudiant en particulier la provenance des chevaux qui furent réunis au haras de Lipizza après sa création, pour développer une nouvelle race de chevaux pour la Cour d'Autriche. Les origines du lipizzan sont indissociables de celles de l'école d'équitation impériale de Vienne, la célèbre École espagnole. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, la consolidation de la race des lipizzans à partir d'un tout petit nombre de chevaux en fixe les caractères.

Lointains ancêtres

Étalon lipizzan, château de Schönbrunn à Vienne.

L'origine des ancêtres des lipizzans remonte vers l'an 800. Des chevaux barbes et des étalons arabes originaires d'Afrique du Nord, amenés à cette époque au Portugal par les Maures, sont croisés avec des races locales portugaises pour donner naissance aux chevaux lusitaniens[N 1], dont descendent en partie les lipizzans actuels[5].

Mais, outre l'apport de sang des chevaux andalous dont bénéficieront plus tard les lipizzans, la région du Kras dispose d'une race de chevaux fort ancienne, qui sera croisée avec les étalons d'origine étrangère. Ces chevaux indigènes sont peut-être ceux qu'utilisaient les Romains lors de leurs courses de chars dans les cirques de la Rome antique ; cette race de chevaux serait originaire principalement de la ville d'Aquileia, située au nord de l'Adriatique dans une région faisant alors partie de la Thrace. On pense qu'il y avait dans cette région un temple dédié au dieu thrace Diomedes, le patron des chevaux[6].

À la fin du XVIe siècle, alors que la famille autrichienne des Habsbourg occupe à la fois le trône du Saint-Empire romain germanique et le trône d'Espagne, les forces armées et les écoles d'équitation d'Europe centrale souhaitent pouvoir disposer d'un cheval à la fois robuste et agile. En 1562, l'empereur Maximilien II fait venir d'Espagne des chevaux et crée un haras à Kladrub en Bohême.

Création du haras de Lipizza

En 1580, son frère l'archiduc Charles II fonde lui aussi un haras dans la localité de Lipizza, devenue depuis Lipica[5]. Cette localité située dans l'actuelle Slovénie fait alors partie de l'empire autrichien[7],[3].

Dès 1580, l'Autriche achète trois étalons espagnols, puis six autres l'année suivante, ainsi que vingt-quatre juments espagnoles. L'un des six étalons achetés en 1581 est un cheval andalou de très grande valeur, qui influence fortement l'évolution de la race. On pratique alors de nombreux croisements tant avec des juments qu'avec des étalons de la région montagneuse du Kras[8], et la nouvelle race se développe rapidement. Dès 1595, 30 chevaux sont envoyés chaque année à la Cour de l'archiduc à Graz. Ce sont ensuite des étalons de la région de Polesina, en Italie du nord, qui arrivent à Lipizza, avec d'autres chevaux de Kladrub, de Fredericksborg, ou encore d'autres étalons espagnols, comme Cordova, importé en 1701[9].

Toute l'histoire du haras depuis 1580 montre l'importance de l'apport de sang espagnol, justifiant l'appellation de « l'École espagnole de Vienne ». Pendant cette période, Kladrub se spécialise dans l'élevage de chevaux d'attelage, alors que Lipizza se spécialise dans l'élevage de chevaux légers[7],[3].

Lignées fondatrices

Un Pur-sang espagnol comme l'était Pluto, au « passage », un air de Haute-École qui consiste en un trot lent et majestueux, où le cheval se projette vers le haut et vers l'avant.
Cheval napolitain, comme l'était Conversano : avec le « cheval andalou », c'est l'autre grand « cheval baroque » à l'origine du lipizzan.
Un pur-sang arabe gris, proche de ce que devait être Siglavy. Tête concave, queue portée très haut, croupe horizontale, silhouette nerveuse et fine : les différences avec le cheval andalou ou le cheval napolitain sont ici bien visibles.

Deux siècles plus tard, à la fin du XVIIIe siècle sous le règne de l'impératrice Marie-Thérèse, puis au début du XIXe siècle, la race des lipizzans s'est définitivement stabilisée avec la fixation des lignées mâles et femelles qui existent encore.

Les six étalons fondateurs sont[9] :

  • Pluto, un Pur-sang espagnol (appelé aussi « cheval andalou »)[10] originaire du haras de Fredericksborg, de couleur grise, né en 1765 ;
  • Conversano, un Napolitain de couleur noire, né en 1767 en Italie ;
  • Favory, de couleur isabelle, né à Kladrub en Bohème, en 1779 ;
  • Maestoso, de couleur grise, né à Kladrub en 1773 ;
  • Neapolitano, un autre cheval napolitain, de couleur baie, né en 1790 ;
  • Siglavy, un Pur-sang arabe gris, né en 1810 et arrivé à Lipica en 1816. C'était un cheval de petite taille, puisqu'il ne mesurait que 1,45 m au garrot[11].

Ces six lignées mâles sont les seules à être acceptées de nos jours aux haras de Lipizza et de Piber (ce dernier haras est celui qui fournit tous les mâles destinés à l'École Espagnole de Vienne). Les deux autres lignées mâles existant encore sont en revanche acceptées par la Fédération Internationale du lipizzan[7],[12], ainsi qu'en France, sous certaines conditions[13]. Ces deux lignées sont issues des étalons[14] :

  • Tulipan, né d'un Pur-sang lipizzan et d'une jument du haras de Teresovac en Croatie, vers 1800[11] ;
  • Incitato, né en 1802 au haras de Mezöhegyes, en Hongrie, d'un père transylvanien et d'une mère d'origine espagnole.

Les lignées de juments « classiques » sont au nombre de dix-huit[9] :

  • trois juments grises du Karst : Argentina (née en 1767) Sardinia (née en 1776), et Spadiglia (née en 1778) ;
  • cinq juments grises de Kladrub : Africa (née en 1764), Almerina (née en 1769), Englanderia (née en 1773), Europa (née en 1774), Presciana (née en 1782) ;
  • deux juments provenant du haras de Kopcany : Stornella (née en 1748) et Famosa (née en 1783) ;
  • une jument de Fredericksborg, Deflorata (née en 1767) ;
  • une autre jument du haras de Teresovac, en Croatie, Rosza (née en 1886) ;
  • cinq juments arabes : Kheil il Massaid (jument baie née en 1841), Mersucha (date de naissance inconnue), Gidrane (née en 1841), Djebrin (née en 1862 à Radautz) et Mercurio (née en 1883 à Radautz) ;
  • une dernière jument, Theodorosta (née en 1886), qui venait du haras privé du baron Capri en Bucovine.

Trois de ces lignées traditionnelles de juments ont totalement disparu dans le monde ; ce sont celles de Kheil il Massaid, de Mersucha, et de Rosza[9].

Au-delà des 18 lignées classiques, il faut rajouter une trentaine de sous-familles, originaires de différents haras de lipizzans, nationaux ou privés. Toutes ces sous-familles remontent à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle[11],[14],[7].

Relocalisations

Les lipizzans ont été relocalisés par sécurité à plusieurs reprises durant les guerres. La première relocalisation se passe en 1797 durant la guerre entre la Prusse et l'Empire d'Autriche. Le , les chevaux furent évacués de Lipica avant d'y être ramenés en novembre de la même année alors que les étables n'étaient plus que des ruines. Celles-ci sont reconstruites mais en 1805, les chevaux sont à nouveau évacués lorsque Napoléon Ier envahit la région en annexant les provinces illyriennes. Les chevaux reviennent en avril 1807. À la suite du traité de Schönbrunn, les chevaux sont à nouveau déplacés et de nombreux chevaux meurent lors de l'exil. Ce n'est qu'en 1815 qu'ils y reviennent à la suite de la défaite française de la bataille de Waterloo[15].

Après la Première Guerre mondiale, la province de Lipica est cédée à l'Italie par l'Autriche, en application du Traité de Versailles[16]. Au début de l'année 1920, le haras de Piber situé près de la ville autrichienne de Graz devient le haras attitré des chevaux utilisés par l'École espagnole de Vienne. Ce haras fut à l'origine créé en 1798, pour y accueillir des lipizzans dès 1853. Une sélection très rigoureuse avec tests d'endurance y était appliquée pour ne prendre que les meilleurs étalons pour l'école d'équitation de la capitale impériale[17],[18].

Dans les années 1920-1929, le roi Alexandre Ier de Yougoslavie va faire importer des lippizans à Novi Sad à l'école de cavalerie de cette ville sous la responsabilité d'un officier de cavalerie russe blanc, Mikhaïl Chidlovsky. Ces chevaux seront saisis par la Wehrmacht lors de l'invasion allemande après avril 1941[réf. nécessaire].

Sauvetage en 1945

Le général George S. Patton en 1943.

La Seconde Guerre mondiale met en péril la race. De nombreux chevaux sont emmenés par les forces nazies : par exemple, des chevaux du haras de Piber sont envoyés dans un haras de Hostau en République tchèque. Menacés par les bombardements alliés, les chevaux de Vienne sont déplacés vers la localité de Saint Martin en Haute-Autriche. Sous le commandement d'Alois Podhajsky, le directeur de l'École espagnole, les étalons sont ainsi préservés ainsi que les traditions de l'élevage et du dressage. La famine incite par ailleurs au vol des chevaux dans le but d'en faire une source de nourriture[19].

En 1945, l'armée américaine dirigée par le général George S. Patton appartenant à la cavalerie américaine, prend le contrôle de St. Martin. Patton avait déjà rencontré Podhajsky lors de compétitions olympiques d'équitation d'avant-guerre. Ils conviennent de la protection des étalons par l'armée américaine jusqu'à la fin de la guerre afin de les rendre ensuite aux Autrichiens[19].

Juste avant la fin de la guerre, le haras d'Hostau se trouve derrière les lignes des forces soviétiques. Des officiers allemands, prisonniers des Américains, indiquent la localisation exacte des chevaux et prient les Américains de les sauver avant que les Soviétiques ne les découvrent, de peur que ceux-ci ne les mangent. Le , Patton envoie des troupes sous les ordres du colonel Charles H. Reed pour récupérer les chevaux derrière les lignes soviétiques. Les Allemands toujours présents pour protéger le haras se rendent sans problème en saluant les soldats américains[19]. Seuls 250 lipizzans survivent à la guerre, mais la race est toutefois sauvée. Cet épisode contribue à la notoriété des lipizzans aux États-Unis et mène à la création du haras de Temple Farm, non loin de Chicago[20].

Depuis les années 1980

En 1983, la population lipizzane du haras de Piber est touchée par une épidémie virale. Celle-ci cause la perte d'environ 40 chevaux. Depuis, la population de chevaux dans le haras ne cesse de croître avec par exemple 56 naissances en 1993 et la présence de 100 juments en 1994. Depuis 1994, le taux de réussite des fécondations des juments a augmenté de 27 à 82 % grâce à la création d'un nouveau centre vétérinaire[21].

En 2005, l'École espagnole d'équitation célèbre les soixante ans du sauvetage de Patton en organisant des spectacles à travers les États-Unis[22].

Description

Le lipizzan est un cheval massif mais harmonieux et élégant dans ses mouvements[23]. Il peut mesurer entre 1,55 et 1,65 mètre, mais la taille idéale pour un mâle est comprise entre 1,55 et 1,58 m au garrot à l'âge de 6 ans[11]. Les chevaux les plus proches de l'ancien type carrossier sont aussi les plus grands, pouvant avoisiner 1,65 m[24]. Les juments adultes sont en général légèrement plus petites que les étalons. Ce cheval est peu précoce, il convient donc de ne pas commencer son dressage trop tôt, son âge adulte intervenant vers les 7 ans[5]. Néanmoins, il peut travailler en dressage jusqu'à ses 20 ans et dépasser les 30 ans[24], soit un peu plus longtemps en moyenne que les autres races, qui vivent en général entre 25 et 30 ans[25].

Morphologie

Par sa morphologie, le lipizzan est assez proche du Pure race espagnole. Il existe cependant des différences entre les chevaux en fonction de leur origine géographique, ceux d'Auriche étant plus petits que ceux de Hongrie, croisés avec des trotteurs[26]. La tête, pourvue de larges naseaux, est assez importante, avec un profil rectiligne à légèrement convexe[5],[26]. Les oreilles sont de petites tailles, les yeux grands et expressifs, et les ganaches plutôt fortes[23]. Le lipizzan possède une encolure robuste et son garrot est puissant bien que peu prononcé. Ses épaules sont obliques et musclées, le passage de sangle est profond[5],[26]. Le cheval possède un dos allongé, une croupe robuste et une arrière main musclée. Ses membres sont courts par rapport à l'envergure du corps mais très puissants[23]. Les pieds sont petits, mais robustes. Les aplombs sont remarquables[27]. Sa morphologie compacte et musclée l'adapte davantage aux actions hautes qu'aux actions longues[26]. Les articulations sont larges et les tendons sont bien détachés. Non adapté à la vitesse, son type lui confère des aptitudes pour les exercices acrobatiques. Sa queue, attachée haut, est fournie en longs crins fins et soyeux[27],[28].

Robe

Étalon lipizzan dont la robe commence à s'éclaircir.

Le cheval est connu pour sa robe grise et claire bien que quelques rares individus soient bais. L'École espagnole de Vienne dispose d'ailleurs par tradition d'un étalon bai à côté de ses étalons gris[28],[29]. La peau sous la robe est noire, et apparaît comme telle autour de la bouche, des naseaux, et des yeux. La robe d'abord foncée à la naissance s'éclaircit au fil des années, pendant six à dix ans. Contrairement aux idées reçues, le cheval lipizzan n'est donc pas blanc pur[7]. Les chevaux blancs ont en effet la peau rose et les yeux bruns en général, ou parfois bleus[30]. Jusqu'au XVIIIe siècle, les lipizzans disposaient d'autres couleurs de robe comme le gris louvet, le rouan, l'alezan, la robe pie (noir-pie et alezan-pie)[7] mais le gris est un caractère génétique dominant[30]. De plus, le gris était la couleur préférée de la famille impériale autrichienne et cette couleur fut favorisée par les pratiques de reproduction[31].

Tempérament

Le lipizzan est un cheval énergique, endurant, intelligent et de bon caractère. Il montre une grande obéissance et une bonne volonté au travail[5]. Sa douceur et sa patience sont aussi notables[23].

Sélection

Il existe des règles quant à la manière de nommer les lipizzans. Les étalons ont un nom double dont le premier est celui d'un des étalons traditionnels et le second celui de la mère. Les pouliches, elles, reçoivent le nom de famille ou de sous-famille de la mère, plus un chiffre indiquant la place chronologique de la pouliche dans cette famille[32]. En Amérique du Nord, le nom des juments doit se terminer par la lettre A[33].

Les chevaux, quel que soit le haras dont ils sont originaires[N 2], portent tous trois marques[34] :

  • la lettre initiale de la lignée mâle (« C » pour Conversano, ou « P » pour Pluto par exemple) ;
  • un numéro, qui est celui de l'ordre chronologique de naissance dans l'élevage ;
  • une marque distinctive indiquant la lignée mâle du grand-père maternel.

Ainsi, « S 28 » suivi d'une couronne signifie que le père du cheval est de lignée Siglavy, que 28 est le numéro chronologique, et que, selon la couronne, le père de la mère du cheval est de lignée Maestoso.

Les chevaux portent en principe également la marque du haras, par exemple un « P » et la couronne autrichienne sur la cuisse gauche, dans le cas du haras de Piber, ou un « L » sur la ganache gauche pour le haras de Lipizza[35].

L'École espagnole d'équitation

Manège de l'École espagnole de Vienne.

En parallèle à la création d'une race de cheval de qualité apparaît également une école pour le dressage et la mise en valeur des chevaux. La célèbre école d'équitation, l'École espagnole, entraîne des étalons lipizzans pour réaliser des spectacles qui mettent en avant des mouvements particuliers des chevaux[36]. En 1572, le premier manège de l'École espagnole est construit et est encore aujourd'hui le plus ancien bâtiment de ce type au monde[37].

L'École espagnole, située à Vienne dans la Hofburg, tire son nom de l'origine espagnole des chevaux utilisés. D'ailleurs, jusqu'au XIXe siècle, les chevaux de l'École espagnole n'étaient pas connus sous le nom de « lipizzans », mais sous celui de « chevaux espagnols du Karst » (Spanische Karster)[38]. En 1729, Charles VI, avec l'aide de l'architecte Johann Bernhard Fischer von Erlach, lance la construction du Manège d'hiver (Winterreitschule) de l'école, et en 1735 les travaux sont achevés[39]. Le bâtiment est toujours utilisé depuis cette époque[40].

La dernière grande menace portant sur l'École Espagnole de Vienne a été le gigantesque incendie de la nuit du jeudi 26 au vendredi . Il a en effet ravagé des salles (entre autres la salle de la Redoute) situées à proximité de l'École d'équitation. L'ensemble des chevaux put cependant être évacué à temps[41]. Le cheval lipizzan, léger et agile, reste la seule race utilisée par l'École espagnole de Vienne[7].

Enseignements fondamentaux de l'école espagnole

Pesade interprétée par l'école lipizzane d'Afrique du Sud.

Les méthodes traditionnelles d'entraînement ont été mises au point à l'École espagnole et sont basées sur des méthodes datant de la période Baroque. Elles sont dérivées des méthodes du Français François Robichon de La Guérinière, dont l'ouvrage L'École de cavalerie, publié en 1733, est considéré comme le manuel premier de l'École espagnole. Les fondamentaux furent écrits pour la première fois en 1898 par le Feld-maréchal Franz Holbein et le cavalier Franz Meixner[40]. Ces méthodes se transmettent au fil des temps d'instructeur à étudiant. Les étalons arrivent à l'école à quatre ans. Un entraînement complet dure environ six ans et est composé de trois enseignements fondamentaux[42] :

  • La Remontenschule qui apprend au cheval à marcher bien droit, à avoir une bonne démarche et à répondre correctement au cavalier ;
  • La Campagneschule qui apprend au cheval à diminuer ou augmenter la taille de ses pas, de réaliser des déplacements latéraux et à s'habituer à la double bride ;
  • La Hohe Schule Haute École ») qui perfectionne la maîtrise du cheval dans ses gestes et lui permet de réaliser des pas plus aériens. On lui apprend diverses figures comme la pirouette, le passage et le piaffer, etc[42].

« Airs relevés »

La levade, l'un des « airs relevés », interprétée par Georg Wahl sur Conversano Capriola.

Les « airs relevés » sont des figures au cours desquelles le cheval quitte le sol, soit seulement au niveau de son avant-main levade » ou « pesade ») soit en totalité (« croupade », « cabriole »...). Ces figures aériennes, apprises à la Hohe Schule, ont rendu les lipizzans célèbres. Au vu de la difficulté de ces « airs », la plupart des chevaux ne peuvent en général apprendre qu'un seul mouvement aérien lors de leur formation[43]. Parmi ces figures de dressage, on trouve :

  • La levade : le cheval se tient uniquement sur ses membres postérieurs en formant un angle de 35 degrés avec le sol ;
  • La pesade : plus facile que la levade (car le porte-à-faux est moindre), le cheval doit former un angle de 45 degrés avec le sol ;
  • La croupade[N 3] : le cheval bondit en l'air et lorsqu'il est à l'horizontale, regroupe ses postérieurs sous sa masse en les mettant à la même hauteur que les antérieurs ;
  • La ballotade : figure intermédiaire entre croupade et cabriole ; à la différence de la cabriole, le cheval ne rue pas au sommet de son élévation, mais montre ses fers arrières, comme s'il allait ruer ;
  • La cabriole : le cheval effectue un saut sur place avec l'arrière-main et l'avant-main, au cours duquel il rue des postérieurs ;
  • Le mézair : c'est une levade au cours de laquelle le cheval gagne du terrain, à chaque fois qu'il se relève ou s'abaisse[44].

Utilisations

Bien qu'il soit essentiellement connu en dressage par son association à l'école espagnole, le lipizzan est aussi un cheval de selle et d'attelage polyvalent[27]. Il est également utilisé pour le trait[5].

Dressage

Par son histoire et son élevage, le dressage est l'utilisation première du lipizzan. Mis en valeur par l'école espagnole de Vienne, il est particulièrement adapté pour tout le travail de Haute école. Il peut commencer les premiers exercices à l'âge de trois ans, mais ce n'est qu'à partir de huit ans, maturité nécessaire à son développement physique, qu'il est capable de réaliser l'ensemble des airs[45]. Malgré ses qualités et ses prédispositions, le lipizzan n'est cependant pas encore capable de rivaliser avec les chevaux allemands sur les carrés de dressage. Son manque de taille, sa rondeur et son manque d'envergure dans la locomotion le pénalisent dans le domaine des sports équestres. L'élevage s'oriente progressivement vers cette discipline et tend à adapter ses produits dans une utilisation plus moderne du lipizzan[8].

Attelage

Le meneur hongrois Zoltán Lázár et ses lipizzans aux jeux équestres mondiaux de 2014.

Le lipizzan montre également de très bonnes aptitudes en attelage. Les qualités de la race sont très appréciées dans les épreuves de maniabilité et les épreuves de vitesse. Le français Patrick Kieffer a ainsi remporté plusieurs titres avec ses deux chevaux lipizzans, notamment celui de champion de France, mais également la médaille de bronze en individuel et la médaille d’or par équipe au championnat du monde[45]. Le hongrois Zoltán Lázár, meneur à deux et quatre chevaux, utilise aussi des lipizzans pour son attelage, et participe aux plus grandes échéances qu’elles soient nationales ou internationales[46].

Diffusion de l'élevage

De jeunes lipizzans au haras de Piber, montrant une robe encore très foncée.

Le Lipizzan est considéré comme une race transfrontière à diffusion internationale. En Europe, il est présent dans 10 pays, ce qui en fait la cinquième race de chevaux la plus diffusée (après l'Arabe, le Pur-sang, le Haflinger et le Welsh)[47]. L'ouvrage Equine Science (4e édition de 2012) classe le Lipizzan parmi les races de chevaux de selle connues au niveau international[48].

Au début du XXIe siècle, bien que la race soit présente en Europe et en Amérique du Nord, l'élevage est plutôt rare, avec environ 3 000 à 3 500 lipizzans à travers le monde, chiffre qui a cependant tendance à croître[7]. Il existe plus d'une demi-douzaine de haras d'État pratiquant l'élevage du lipizzan en Europe. Dans la plupart des cas, ces haras sont situés dans des régions qui faisaient autrefois partie de l'Empire d'Autriche-Hongrie[27].

Ces haras sont[49] :

Autres haras européens :

  • Conservatoire Français du Cheval Lipizzan (fondé en 1985) en France ;
  • Mas de Reboul (fondé en 1985), en France ;
  • Haras de Kelebija (fondé en 1993) en Serbie-Vojvodine ;
  • Karadordevo en Serbie ;
  • Beclean en Roumanie ;
  • Kladruby, en République tchèque (plus tournée cependant vers le Kladruber).

Il existe aussi de nombreux haras de lipizzans aux États-Unis : 40 % de la population mondiale de lipizzans se trouve en effet aujourd'hui aux États-Unis. La vie associative consacrée au lipizzan y est importante, avec la LANA (Lipizzan Association of North America), mais aussi la MALA (Mid Atlantic Lipizzan Association), la Iowa Lipizzan Association, la Southwest Lipizzan Association, la Western States Lipizzan Association. Au total, la LANA dénombre 15 haras de lipizzans, situés dans 12 états différents, allant de l'Arizona à la Virginie Occidentale, en passant par l'Illinois[51].

Le plus célèbre des haras américains consacrés aux lipizzans est celui de Temple Farm, à Wadsworth, dans l'Illinois[52], dont les lipizzans furent ramenés après l'intervention de l'armée américaine pour les sauver en 1945. La plupart des lipizzans américains ont aujourd'hui du sang de ces chevaux de Temple Farm[53].

Outre les haras, de nombreux lipizzans appartiennent à des particuliers, des associations ou des écoles d'équitation. Des pays comme l'Afrique du Sud, l'Australie, le Danemark, le Royaume-Uni ou encore la Finlande ont leurs associations de lipizzans.

Dans la culture

Pièce de 20 centimes d'euro.

Par son histoire, le lipizzan apparaît comme un véritable symbole national en Slovénie, pays où se trouve le haras de Lipica. Ce cheval est représenté sur la face des pièces slovènes de 20 centimes d'Euro[54].

Le film de 1940 intitulé Florian, le cheval de l'Empereur fait appel à deux étalons lipizzans. Il est fondé sur un roman de 1934 écrit par Felix Salten. À l'époque, la femme du producteur, Maria Jeritza, une cantatrice d'origine austro-tchèque, est la seule propriétaire d'un lipizzan aux États-Unis[55].

Le sauvetage des étalons lipizzans à la fin de la Seconde Guerre mondiale est mis en avant en 1963 dans le film de Walt Disney intitulé Le Grand Retour (v.O. : Miracle of the White Stallions)[56].

Le film Buffalo Bill et les Indiens (Buffalo Bill and the Indians), film de Robert Altman sorti en 1976, met en scène Paul Newman, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster, Shelley Duvall, avec le lipizzan Pluto Calcedona dans le rôle du propre cheval de Buffalo Bill[57].

Dans une des scènes finales du film USS Alabama sorti en 1995, une discussion entre deux protagonistes, le commandant et son second, tourne autour des lipizzans. La question est de savoir si le cheval est blanc ou noir ; et s'il vient d'Espagne ou du Portugal. Tout cela dans le but d'illustrer les conflits raciaux, mais aussi la division du monde lors de la Guerre froide[58].

En 1965, la série télévisée pour enfants Ferien in Lipizza Vacances à Lipizza »), coproduite par la chaîne yougoslave RTS et la chaîne allemande BR-TV, raconte les aventures d'une adolescente qui visite une ferme où sont élevés des lipizzans[59]. Dans un épisode du dessin animé Castors allumés (The Angry Beavers), un castor rêve d'être un lipizzan de l'école espagnole d'équitation[60].

Dans l'histoire L'Étoile de Kazan de Eva Ibbotson, les chevaux lipizzans et l'école espagnole jouent un rôle important dans l'intrigue[61]. Enfin, les lipizzans sont au cœur de l'intrigue du roman de Mary Stewart intitulé Airs Above the Ground (1965)[62].

Dans le dessin animé MASK de Jean Chalopin , dans l'épisode 36 Les chevaux de l'émir, Venom tente de voler 10 chevaux lipizzans.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lipizzan » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. On connait également le « cheval lusitanien » sous le nom de pur-sang portugais, ou de « pure race espagnole »
  2. Cependant, il n'y a pas de marques au haras de Monterotondo, en Italie
  3. À Saumur, au Cadre noir, on désigne sous le nom de « croupade » ce que l'École espagnole de Vienne appelle une « cabriole »
  4. En 2001, cependant, le haras de Piber est devenu une société de droit privé (cité par l'École espagnole

Références

  1. « Standard de la race selon la Fédération Internationale du Lipizzan »
  2. « Site de la Fédération Internationale : "talent for dressage and carriage" »
  3. (fr) « Histoire du cheval Lipizzan », France Lipizzan (consulté le )
  4. de Cessole 2014, p. 64-73
  5. Fitzpatrick 2008, p. 177-179
  6. « Association Internationale du Lipizzan - Développement »
  7. (en) « Lipizzan Origins », Lipizzan Association of North America (LANA) (consulté le )
  8. Mayrand 2014, p. 44-47
  9. France Lipizzan - Histoire du Lipizzan
  10. Origine espagnole de Pluto
  11. Fédération Internationale du Lipizzan
  12. (en) « Breed Standards », Lipizzan International Federation (consulté le )
  13. Lipizzan français - Studbook
  14. (en) « Lipizzans », Ritter Dressage (consulté le )
  15. (en) LIF Website, « Lipizzan Horse History », Lipizzan International Federation (consulté le )
  16. Lipizzan français - Histoire
  17. (en) « The Lipizzan Horses », Piber Stud (consulté le )
  18. (en) « Piber », France Lipizzan (consulté le )
  19. (en) « The 2nd Cavalry », White Stallion Productions (consulté le )
  20. France Lipizzan - Haras de Piber
  21. Edwards 1994, p. 129
  22. (en) « After 15 Year Absence Legendary Lipizzaner Stallions of the Spanish Riding School of Vienna Set Return for U.S. Tour », Business Wire, (consulté le )
  23. Ravazzi 2002, p. 86
  24. Edwards 1994, p. 111
  25. Christelle Corbin Gardey, Pathologie du vieux cheval : étude d'une population de chevaux en retraite à Pech Petit, École nationale vétérinaire de Lyon, , 88 p., p. 3
  26. Edwards 2006, p. 95
  27. Edwards 2006, p. 94
  28. « Description du Lipizzan », Lipizzan français (consulté le )
  29. (en) Swinney, Nicola Jane et Bob Langrish, Horse Breeds of the World, Guilford, Globe Pequot, (ISBN 978-1-59228-990-5, OCLC 75501172, lire en ligne), p. 52
  30. (en) « Introduction to Coat Color Genetics », Veterinary Genetics Laboratory, University of California - Davis (consulté le )
  31. (en) Breeds of Livestock, « Lipizzaner », Oklahoma State University (consulté le )
  32. Lipizzan français
  33. Règles de la LANA, Lipizzan Association of North America
  34. France Lippizan - Les marques
  35. Equus - Lipizzan, marquage
  36. (en) « Famous Schoolstallions », Spanish Riding School (consulté le )
  37. (en) Podhajsky, Alois, The Complete Training of Horse and Rider, Doubleday, (ISBN 978-0-948253-51-5)
  38. Les étalons de la Spanische Reitschule, l'École espagnole
  39. (fr) Autriche - Éditions des Voyages - p. 383 - (ISBN 2-06-000137-4), Michelin, 2001
  40. (en) « Histoire de l'école espagnole », Spanish Riding School (consulté le )
  41. Équinfo - Vienne
  42. (en) « The Training Programme », Spanish Riding School (consulté le )
  43. (en) Janna Kysilko, « What Is Dressage? », Janna Kysilko Dressage (consulté le )
  44. Lipizzan français - les airs de haute école
  45. Collectif 2006, p. 44-45
  46. (en) « Lázár, Zoltán » [PDF] (consulté le )
  47. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 33.
  48. (en) Rick Parker, Equine Science, Cengage Learning, , 4e éd., 608  p. (ISBN 1-111-13877-X), p. 60.
  49. France Lipizzan - Haras
  50. Le monde d'Equus : nombre de lipizzans au haras de Piber
  51. LANA - Lipizzan Breeders
  52. (en) « Site de Temple Farm »
  53. (en) « Article sur l'importante présence du sang de Temple Farm chez les lipizzans américains »
  54. (en) Manske, Michael, « Slovenia Banks on the Euro », Network Europe (consulté le )
  55. (en) « Florian », Lipizzan Association of North America (LANA) (consulté le )
  56. (en) Brode, Douglas, From Walt to Woodstock: How Disney Created the Counterculture, Austin, University of Texas Press, , 1re éd., poche (ISBN 978-0-292-70273-8, LCCN 2003025801, lire en ligne), p. 169
  57. Buffalo Bill et les Indiens sur Allociné
  58. (en) Huber, Christoph and Mark Peranson, « World Out of Order: Tony Scott’s Vertigo » (consulté le )
  59. (en) Marcus, Laurence, « The White Horses », Television Heaven, (consulté le )
  60. (en) « The Angry Beavers: Episode Guide », CNET Networks, Inc (consulté le )
  61. (en) Trelease, Jim, « The Treasury of Read-Alouds », Read-Aloud Handbook (consulté le )
  62. (en) Mary Stewart, « Airs Above the Ground » (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Ouvrages spécialisés

  • (en) Tomáš Mícek, Elisabeth Kellner et Hans-Jörg Schrenk, Lipizzaner Horses, Gareth Stevens Pub,
  • (en) Charlotte Wilcox, The Lipizzaner Horse, Capstone Press, (ISBN 9781560654643)
  • (en) Sarah Maass, The Lipizzan Horse, Capstone Press, (ISBN 9780736854597)
  • (en) Una Harley, The Lipizzaner, J. A. Allen, (ISBN 9780851318950)

Ouvrages généralistes

  • (en) Elwyn Hartley Edwards (Première édition américaine), The Encyclopedia of the Horse, New York, Dorling Kindersley, (ISBN 1-56458-614-6)
  • Gianni Ravazzi, « Lipizzan », dans L'encyclopédie des chevaux de race, Bergame, Italie, De Vecchi, , 190 p. (ISBN 9782732825946), p. 86
  • Elwyn Hartley Edwards, « Lipizzan », dans Les chevaux, Éditions de Borée, coll. « L'œil nature », , 272 p. (ISBN 9782844944498, lire en ligne), p. 94-95
  • Collectif, « Lippizan », dans Les races de chevaux et de poneys, Editions Artemis, , 127 p. (ISBN 2844163386, lire en ligne), p. 44-45
  • Andrea Fitzpatrick, « Lipizzan », dans Le Monde fascinant des chevaux, Paris, Nov'edit, , 437 p. (ISBN 9782350332086), p. 177-179
  • (en) Fran Lynghaug, « Lipizzan », dans The Official Horse Breeds Standards Guide: The Complete Guide to the Standards of All North American Equine Breed Associations, Voyageur Press, , 672 p. (présentation en ligne), p. 610-616
  • (en) Judith Dutson, « Lipizzan », dans Storey's Illustrated Guide to 96 Horse Breeds of North America, Storey Publishing, , 416 p. (présentation en ligne), p. 151-155

Articles de presse

  • Bruno de Cessole, « Les lipizzans du Karst », Jours de Cheval, no 2, , p. 64-73
  • Lise Mayrand, « Le lipizzan, sculpturale icône », Cheval Magazine, no 517, , p. 44-47
  • Portail équestre
  • Portail de l'Autriche
  • Portail de la Slovénie
La version du 15 décembre 2008 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.