Lin Jaldati

Lin Jaldati, née Rebekka Brilleslijper le à Amsterdam et morte le à Berlin, est une chanteuse de Klezmer d'origine néerlandaise basée en République démocratique allemande[1].

Biographie

Née à Amsterdam en 1912, elle est originaire d'une famille juive dont la langue maternelle est le néerlandais[2]. Son père gère au fil des années plusieurs commerces de fruits, de poissons et même de gants[3]. Ses parents meurent tous les deux à Auschwitz le [1]. À quatorze ans, elle commence à travailler à l'usine[3]. Membre de groupes sionistes travaillistes, elle prend des cours de danse et apprend des chansons en yiddish[2]. Peu après, elle entre dans une compagnie de théâtre juive, le théâtre Anski et y danse dans plusieurs comédies musicales[3].

Vivant à La Haye en 1936, elle rencontre le musicologue et pianiste allemand Eberhard Rebling alors qu'elle chante du klezmer pour réunir des fonds pour les réfugiés fuyant le Troisième Reich[4]. La même année, elle donne une représentation à Amsterdam lors d'une manifestation contre la Guerre d'Espagne qui vient de débuter[2]. Deux ans plus tard, le couple monte leur spectacle ensemble mais en , après la bataille des Pays-Bas et l'occupation du pays pour la Wehrmacht, ils ne sont plus autorisés à monter sur scène car Lin Jaldati est juive[4].

Leur fille Kathinka naît en 1941 et peu après, la famille entre dans la clandestinité pour éviter à Eberhard d'être enrôlé dans l'Armée[4].

Pendant la guerre, elle cache des Juifs dans leur maison de Gooise Huizen aux Pays-Bas et y donnent des concerts[5].En 1944, le couple est trahi et les personnes cachées sont arrêtées. Lin Jaldati est emmenée à Westerbork puis déportée à Auschwitz et Bergen-Belsen[5]. Dans ce dernier camp, elle rencontre Anne et Margot Frank qu'elle décrit comme des « petits oiseaux frigorifiés »[5],[6]. Une grande partie de ses chansons yiddish s'inspirent de son expérience dans la clandestinité puis dans les camps[5].

En 1952, la famille déménage en République démocratique allemande[5] et s'installe à Eichwalde, près de Berlin[7]. Là-bas, ils jouent sur scène, elle chantant et Eberhard jouant du piano pour l'accompagner[4]. Elle devient une voix importante de la radio est-allemande[2]. Dans les années 1960, Lin Jaldati est interdite de jouer car, à l'époque, chanter en yiddish est considéré comme « pro-Israël »[4].

Dans les années 1960, elle part en tournée dans plusieurs pays communistes nouvellement créés, dont la Chine (un an avant la Révolution culturelle), en Corée du Nord, en Russie, en Thaïlande, en Indonésie et termine en 1979 par joué au République populaire du Kampuchéa peu après la chute de Pol Pot[2].

En 1980, avec sa fille Jalda et son époux, elle publie la chanson "Für Anne Frank" en hommage à la jeune fille[3].

Hommages

  • En 2015, le professeur David Shneer de l'Université du Colorado et la chanteuse Jewlia Eisenberg mettent en scène un spectacle issu de sa vie nommé Art is My Weapon[8].
  • Une plaque est apposée sur son ancienne maison d'Eichwalde[7].

Références

  1. (nl) « Lin Jaldati », sur joodsamsterdam (consulté le )
  2. (en) David Shneer, « When Yiddish Came to North Korea », sur The Forward (consulté le )
  3. (en) Robin Ostow, Jews in Contemporary East Germany : The Children of Moses in The Land of Marx, Springer, , 169 p. (ISBN 978-1-349-10154-2, lire en ligne), p. 61
  4. « Lin Jaldati », sur www.musiques-regenerees.fr (consulté le )
  5. (nl) ANP, « Eberhard Rebling (96) overleden », sur de Volkskrant, (consulté le )
  6. (en) Deborah E. Lipstadt, Holocaust : An American Understanding, Rutgers University Press, , 220 p. (ISBN 978-0-8135-7369-4, lire en ligne)
  7. (de) « Tafel erinnert an bekannte jüdische Sängerin », sur Berliner Woche (consulté le )
  8. (en) « JS Lecture Series: Art is My Weapon », sur Vanderbilt University (consulté le )

Liens externes

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