Lily Pons

Alice-Joséphine Pons, dite Lily Pons (Draguignan, Dallas, ) est une cantatrice soprano française, naturalisée américaine en 1940.

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Lily Pons
Lily Pons en 1937
Nom de naissance Alice-Joséphine Pons
Naissance
Draguignan, Var
France
Décès (à 77 ans)
Dallas, Texas
États-Unis
Activité principale Artiste lyrique
Soprano
Style
Années d'activité 19281962
Maîtres Jean Maubert
Alberto di Gorostiaga
Conjoint Andre Koztelanetz
Distinctions honorifiques Chevalier de la Légion d'honneur

Biographie

Jeunesse et débuts

Née au 11 Grande Rue à Draguignan[1], Alice-Joséphine Pons est la fille de Léonard-Louis-Auguste-Antoine Pons, un imprimeur de 22 ans né dans la même ville (qui participe en 1907 au rallye automobile Pékin-Paris[2]), et de Marie-Pétronille Naso, une couturière de 23 ans originaire de Saluces en Italie[1]. La famille s'installe en 1904 à Cannes.

Elle intègre la classe de piano du Conservatoire de Paris[3] à l'âge de 13 ans[4] et en sort avec un premier prix à 15 ans. En 1920, elle apparaît dans quelques revues au Concert Mayol et aux Variétés, aux côtés de Max Dearly. Elle commence à prendre des cours de chant avec Jean Maubert, avant que ce dernier ne la recommande au grand professeur Alberto di Gorostiaga[4]. Se découvrant une voix de soprano colorature hors du commun, elle débute à Mulhouse en 1928 dans Lakmé de Léo Delibes[4] sous la direction de Philippe Flon[5]. Lakmé deviendra son rôle-fétiche (avec Lucia di Lammermoor). Sa plastique parfaite lui permet de porter à cette occasion une robe audacieuse qui lui dévoile le nombril.

Elle se produit dès lors à travers toute la France dans La Bohème, Hänsel und Gretel, La Flûte enchantée (la Reine de la nuit) sous la direction de Reynaldo Hahn au Casino de Cannes, ou Les Noces de Figaro (Cherubino), et enregistre une série d'airs pour le label Odéon. Si Jacques Rouché lui refuse l'entrée de l'Opéra de Paris[a 1], elle attire l'attention d'un couple de chanteurs, Maria Gay et Giovanni Zenatello, qui la recommandent aussitôt au directeur du Metropolitan Opera de New-York, Giulio Gatti-Casazza[4].

La « petite fiancée » de l'Amérique

Lily Pons en entrevue à CKAC, Montréal

S'étant mariée le avec l'éditeur August Mesritz[1],[6], Lily Pons fait des débuts fracassants devant le public américain le dans Lucia di Lammermoor, aux côtés de Beniamino Gigli et Ezio Pinza[4]. Elle y restera vingt-huit ans, y chantant avec autant de succès Lucia, Rigoletto (Gilda), Le Barbier de Séville (Rosina), Les Contes d'Hoffmann (Olympia), Mignon (Philine), Lakmé, La sonnambula (Amina), Linda di Chamounix, Le Coq d'or et La Fille du régiment[a 2]. Elle se produit parallèlement en concert et enregistre de nombreux titres pour la Victor Talking Machine Company.

Hollywood lui fait tourner quelques films mineurs, desquels se détache en 1937 La Femme en cage de Raoul Walsh, dans lequel elle incarne une jeune chanteuse de cabaret qui rêve de devenir grande chanteuse d’opéra.

Le , 26 410 spectateurs viennent l'écouter chanter des airs d'opéra au Hollywood Bowl (ce qui constitue encore à ce jour le record d'audience). Elle est accompagnée par l'Orchestre philharmonique de Los Angeles sous la direction d'Andre Kostelanetz[7], qu'elle épouse en 1938[3] (elle a divorcé de son premier mari peu de temps après son arrivée aux États-Unis) et avec qui elle organise des tournées de concert populaire.

Ayant obtenu la nationalité américaine en 1941, elle chante durant la Seconde Guerre mondiale aux Indes, en Chine et en Birmanie pour les soldats alliés[6]. Dans ses Entretiens avec André Parinaud en , Marlene Dietrich affirme que Lily Pons était la seule artiste avec elle au front pour soutenir les troupes américaines en France pendant l’hiver 1944. Lors d'une émission radio avec John Ardoin (The Collector's Corner)[Quand ?], Lily Pons confia avoir parcouru 100 000 miles (env. 160 000 km) à cette époque. C'est dans ce contexte qu'elle célébra aux États-Unis l'annonce de la libération de Paris : « En août 1944, on apprit à New York la libération de Paris. Ce fut un jour de prodigieux bonheur […]. Toute la Cinquième avenue fut pavoisée de drapeaux bleu, blanc, rouge. Une cérémonie fut improvisée sur la plaza du Rockefeller Center. Lily Pons chanta La Marseillaise[8]. »

Choisie comme marraine par la 2e DB, c'est également à Lily Pons — qui se trouve à Paris pour interpréter Lakmé à l'Opéra-Comique le — que le gouvernement français demande de chanter La Marseillaise au palais Garnier le 8 mai 1945 en présence, entre autres, du maréchal Juin ; le concert étant retransmis au-dehors, l'enthousiasme des Parisiens fut tel qu'il fallut sortir un piano sur le balcon de l'Opéra de Paris, et c'est ainsi que Lily Pons rechanta l'hymne français, mais cette fois pour 250 000 personnes[réf. nécessaire].Fin , elle chanta à nouveau au balcon du palais Garnier devant un énorme public massé sur la place et profondément dans l'avenue de l'Opéra.

Le Metropolitan Opera organise pour elle un grand concert le , le Lily Pons Gala, à l'occasion du 25e anniversaire de sa présence dans la maison.

À nouveau divorcée, Lily Pons se produit pour la dernière fois au Met en 1958[3] avant de mettre un terme définitif à sa carrière en 1962 à Fort Worth, dans le rôle de Lucia, aux côtés du jeune Plácido Domingo.

Dernières années

Sépulture de Lily Pons à Cannes.

Elle n'apparaîtra plus sur scène que lors de deux ultimes concerts en 1972 puis en 1974 (elle a alors 76 ans). Elle se retire à Dallas où elle meurt d’un cancer du pancréas deux ans plus tard, mais est enterrée au cimetière du Grand Jas à Cannes, selon sa volonté.

Lily Pons n'a pas eu d'enfants. L'une de ses nièces, Viviane, épousa le chanteur Gérard Sabbat.

Distinctions

Lily Pons a reçu une étoile sur le Walk of Fame d'Hollywood, ainsi que les insignes d'officier de la Légion d'honneur, de commandeur du Mérite national et de commandeur des Arts et Lettres.

Une ville du Mariland porte le nom de Lillypons en son honneur[6].

Filmographie

Anecdotes

  • Le cri de Tarzan interprété par Johnny Weissmuller serait un mixage de sons comportant entre autres un contre-ut de Lily Pons[réf. nécessaire].

Bibliographie et sources

Notes et références

Notes

  1. Elle ne s'y produira qu'une fois la célébrité acquise en 1935 dans les rôles de Gilda et Lucia, puis en 1953 à nouveau dans Gilda.
  2. Selon Réal La Rochelle[source insuffisante], la reprise de La Fille du régiment le 28 décembre 1940 marque la première affirmation de l'engagement des États-Unis aux côtés des Alliés dans le conflit qui les oppose à l'Allemagne nazie : à la fin de l'opéra, Lily Pons s'avance sur le devant de la scène en brandissant le drapeau tricolore, et chante quelques mesures de La Marseillaise, qui ne figurent pas dans la partition de Donizetti.

Références

  1. Acte de naissance no 57 (vue 89/192), en ligne sur le site des archives départementales du Var.
  2. Sylvain Reissier, « Pékin-Paris 1907. L'épopée improbable », Le Figaro, samedi 5 / dimanche 6 août 2017, page 13.
  3. Grove 2001.
  4. Pâris 2004, p. 701.
  5. Philippe Flon est indiqué par Lily Pons elle-même lors d'une interview radiophonique (The collector's corner) accordée à John Ardoin en 1967. En revanche, Reynaldo Hahn à qui l'on attribut à tort la direction de ce concert, accompagnera Lily Pons lors de concerts au Théâtre du casino de Cannes. (M. ARMENTE. RCF Méditerranée)
  6. Baker 1995, p. 3248.
  7. (en) Opera at the Hollywood Bowl sur hollywoodbowl.com.
  8. André Maurois, Mémoires 1885-1967, Paris, Flammarion, , p. 378

Article connexe

Liens externes

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